52.
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Gabriel.
« Après maintes avertissements sur votre comportement à l'université et les nombreuses plaintes de votre colocataire Tony Bogota, j'ai décidé de vous expulser de la résidence universitaire. Vous faites vos bagages et vous déguerpissez.
-Putain, c'est sérieux-là, m'énervai-je en me levant brutalement de la chaise dans le bureau du président de l'université.
-Si j'étais vous, je resterai calme. Vous avez dépassé les limites et c'est une chance pour vous que je ne vous vire pas de la faculté.
-Fais chier, murmurai-je à moi-même en me dirigeant vers la porte.
-Vous remercierez le professeur Hood. C'est lui qui m'a convaincu de vous garder élève ici. »
Putain de merde, je ne lui avais rien demandé à ce connard de professeur. Je claquai presque la porte du bureau du président et marchai de manière furibonde dans les couloirs du dernier étage de l'université. A vrai dire, j'étais dans une colère noire. En premier temps, j'étais toujours aussi remontée contre Kate, je ne me suis jamais autant senti aussi humilié par une fille et putain de merde, j'ai quand même réussi à garder le contrôle. Je remis en place mes cheveux bruns qui tombaient en masse sur mon front. J'avais également la haine d'être foutu dehors parce que ce fils de pute de colocataire a balancé que je l'ai cogné. Un poing dans la gueule était tout ce qu'il méritait et je me retenais de ne pas lui mettre la raclée de sa vie à cet enfoiré. Je descendis quatre à quatre les marches de l'université en ce samedi matin. J'étais énervé qu'il puisse me demander de passer dans son bureau de merde un samedi matin. J'arrivai à ma BMW et claquai violemment ma portière derrière moi. Je sortis une cigarette de mon paquet. J'avais fumé une dizaine de cigarettes depuis hier soir après ma violente dispute avec Cathy. Pourquoi je pense à elle putain ?
« Fais chier, putain. J'en ai plus que marre bordel ! »
Je tapai violemment sur le volant de ma caisse en continuant de jurer toutes les insanités possibles. Je démarrai sans m'attacher et j'ouvris mon carreau pour continuer de fumer librement. Je dépassai les limites de vitesse et ne respectait rien, après tout vu où j'en suis aujourd'hui, je n'en ai plus rien à foutre de tout. Sur la route, j'envoyais un message à mon meilleur ami :
La fac m'a viré de la résidence.
Quelques minutes plus tard pendant que je conduisais sur la voie rapide, Martin répondit :
Quoi ?
Je soufflai et tapai rapidement au volant :
Je n'ai plus de logement, c'est tout. Je peux venir chez toi ?
Martin était la seule option que j'avais avant de me décider à retourner chez mon père. Je venais d'arriver au pied du campus lorsqu'il m'envoya :
Vu comment tu as parlé à ma copine mardi, je ne suis pas chaud pour t'accueillir et vous voir vous entretuer à longueur de journée.
Décidément, tout le monde a décidé de me foutre de mauvaise humeur. Même mon meilleur ami me lâchait et me laissait dans ma merde. Un coup de poing s'échappa sur le tableau de bord. J'étais vraiment dans un état second et prêt à tout démolir sur mon passage. Je grimpai les marches lentement tout en jurant des insultes pour baisser la tension qui m'avait envahi. J'entrai brusquement dans ce que j'appelle ma putain d'ancienne chambre de merde. Cette balance de Tony squattait encore le lit lorsque je débarquai. Il me toisa avancer jusqu'à mon bureau et je l'agressai :
« Détourne le regard parce que je te jure je vais te massacrer. Tu es qu'une sale balance de merde, je suis viré de la chambre. »
Je ne calculais plus cette petite merde, je sens que je vais le cogner encore plus et j'ai assez d'emmerdes comme ça. J'attrapais mon gros sac de voyage en haut de la penderie et vidai rapidement l'armoire ainsi que les tiroirs. Je ramassai mes livres favoris sur ma table de chevet et les fourrai n'importe comment dans mon sac à dos de sport et terminai par les affaires de mon bureau. Mon sac de cours fut rapidement plein et n'ayant plus de place, je prévins brutalement :
« J'ai pas assez de place pour tout prendre. Je repasserai dans la semaine. Touche à mes affaires et je te défonce, c'est clair ?
-Dégage, me siffla Tony en attrapant son téléphone portable sur sa table de chevet. »
Je posai mes sacs d'un seul coup et bondit en furie sur lui pour le chopper par le col de son tee-shirt. Je lui crachai d'un ton dur et glacial :
« Ce n'est pas parce que je dégage de la chambre que ça te donne le droit d'ouvrir ta gueule. Ta face, je la refais quand tu veux. »
Je le repoussai et reprit mes affaires en claquant la porte de la chambre derrière moi. Je pestai :
« Sale fils de pute va. »
Et je quittai ce campus merdique pour retourner vers un endroit où je ne pensais jamais revenir : la baraque de mon père. Je montai dans ma BMW beaucoup plus lentement que la première fois. Revenir chez mon père me calmait et me terrifiait. J'étais son unique enfant et après notre dernière altercation, je serai bien étonné qu'il m'accueille à la porte les bras ouverts. Et pourtant, j'embrayai la marche arrière dans le parking et le quittai prenant la route de ma ville. Cette ville si jolie qui s'était transformée en mon pire cauchemar. Je roulais et je réfléchissais à la manière dont j'allais formuler ma venue ici. Je ne pouvais pas mentir le fait que je me sois fait virer du campus, il sera bien au courant un jour ou l'autre. Lorsque j'arrivais devant mon ancienne maison, une grosse nausée m'apparut. Merde, c'est si dur que ça de mettre sa fierté de côté et de revenir habiter ici ? J'inspirai un grand coup, ma colère s'était évanouie d'un seul coup. Je pris les affaires que j'avais déposé dans le coffre et lentement, je traversai l'allé. Rien a changé en un an. Les feuilles mortes jonchaient au sol. Il y avait toujours ces volets marron très laids et cette pelouse mal tondue. Des mauvaises herbes avaient poussé sur le gravier. J'arrivai devant l'immense porte en bois de chêne et frappa plusieurs fois. Je n'avais qu'une seule envie : Me casser d'ici. Et pourtant, mon géniteur apparut au seuil de la porte, surpris de ma visite. Il y eut un long blanc avant qu'il prononce :
« Tu rentres à la maison ?
-On dirai bien, soupirai-je mal à l'aise. »
Mon père se mit sur le côté et tira la porte pour m'inciter à rentrer. J'attrapai mon gros sac gris et posa un pied dans le hall. Le carrelage a été changé. Ce n'est plus ce blanc ennuyeux mais un carrelage noir assez moderne. Je posai mes affaires au pied de l'escalier et refit lentement le tour du propriétaire. J'observai chaque recoin de la maison de mon enfance. Je peux encore apercevoir ma mère disparaître de la maison du haut de mes cinq ans. Le salon et à la salle à manger sont toujours agencés de la même façon. La cuisine semble un peu plus grande : les murs ont été repeints de couleur pastel pour changer cette impression d'étouffement. La porte vitrée donnait sur notre petit jardin. Au fond, la cabane était toujours en mauvaise état et ma balançoire accrochée à l'érable. Je soupirai à l'idée de devoir à nouveau vivre ici. Lorsque je pivotais pour gagner l'étage, mon père fut en face de moi. Il se gratta la tête et je savais que j'étais comme lui : j'étais gêné. Il m'indiqua :
« Je n'ai rien touché à tes affaires. J'ai seulement fait le ménage.
-Ok, murmurai-je incapable de dire quoique ce soit de plus. »
Notre dernière longue discussion remonte à septembre où nous nous disputions à la sortie du commissariat sur cette affaire de plainte. Je pris le chemin des escaliers en attrapant le sac le plus lourd à mes pieds. Mon deuxième fit le chemin sur mon épaule et le dernier pendouillait autour de mon poignet. Je grimpai lentement les escaliers grinçants et ouvrit la porte au fond du couloir qui donnait sur mon ancienne chambre. Rien n'avait bougé. Ma bibliothèque était restée tel que je l'avais laissé il y a deux ans. Mon bureau était bizarrement bien propre. Mon lit deux places était face à la fenêtre. Mon armoire était en face de moi. Je posais tous mes sacs sur mon lit et rangeai quelques affaires. Après tout, c'était peut-être que provisoire. Je pensais pouvoir ranger mes affaires tranquillement et dans le silence lorsque mon père se pointa à nouveau pour me demander :
« Est-ce que tu reviens habiter ici ?
-Pour le moment, répondis-je froidement en posant mes pulls sur une étagère.
-Ecoute, je-
-Non, arrête-toi là. On m'a viré de la chambre, c'est pour ça que je suis ici.
-Qu'est-ce qu'il s'est passé, me demanda mon père en déglutissant.
-Tu le sais très bien. »
Je fis allusion à mes antécédents de bagarreur, je cognais tout le monde dès qu'on me vexait, m'énervait ou qu'on osait mal me regarder. J'étais un sale gosse. En grandissant, je n'ai pas été plus sage comme le prédisait mes tantes pour rassurer mon père. Mon géniteur baissa les yeux, abattu. Je savais qu'en essayant de me parler, il voulait recoller les morceaux mais j'étais dur comme de la brique : je refusais tout contact avec lui, je lui en voulais encore d'avoir eu le culot de me dire qu'il avait honte de moi.
**
Vers dix-neuf heures, je repris ma voiture pour aller à la fraternité. J'avais besoin de me soûler pour oublier cette affreuse journée. Habitant en retrait de la fraternité, la route fut prolongée d'une demi-heure, ce qui fait que vers vingt heures, j'entamai ma première clope de la soirée en entrant dans le hall de la fraternité. Je n'avais pas pris le temps de me changer. Lorsque j'arrivais au sofa, je remarquais que le groupe était déjà au complet. Martin et Claire étaient en face de moi en train de boire un verre de vodka. Claire était fringuée comme une chaudasse, comme d'habitude. Je levai les yeux au ciel et observai deux punks assis avec nous en train de s'échanger un joint. Arsène et Lucas étaient assis sur le fauteuil. Lorsque le regard de Lucas croisa le mien, j'aperçus le regard le plus froid qu'il ne m'ait jamais lancé auparavant : clairement, il m'en veut pour quelque chose. Je compris rapidement en voyant que Kate était parmi eux. Elle évita mon regard et perdit son sourire. Je soufflai et m'assit à l'opposé d'elle en prenant soin d'éviter de l'observer même si j'en mourrai d'envie. Léa, la vieille folle, pote de Kate, n'était pas là ce soir et j'en étais bien content. Claire proposa à Kate et les garçons :
« Ça vous dit de jouer à « je n'ai jamais. » ? »
Le groupe approuva et je partis quelques instants me prendre deux bouteilles de bière et un verre de vodka noir. J'ai décidé d'être bourré ce soir. Quand, je revins les bras chargés, le jeu avait déjà commencé. J'écoutais chaque réponse des différents joueurs. Je restais en retrait à écouter. Claire racontait :
« Je n'ai jamais fait pipi dans la piscine municipale. »
Arsène avait été le seul à boire et tout le groupe l'avait insulté de crasseux. Kate avait esquissé un sourire et ça me bouffait de savoir qu'elle était de bonne humeur ce soir alors qu'elle s'était mal comportée avec moi. La haine recommença à s'installer. Martin ajouta :
« Je n'ai jamais été à la patinoire. »
Evidemment, les rires de Kate s'amplifièrent à l'idée qu'Arsène puisse la faire marrer en racontant ses vieux souvenirs d'enfance où ils ont été patinés à leur ville merdique parisienne. Putain, elle me rendait fou même quand elle ne me parlait pas. Lucas avoua :
« Je n'ai jamais pris l'avion. »
C'est au tour de Kate de boire un verre avec Martin et ils racontèrent leurs fabuleuses péripéties aux Etats-Unis et je levai les yeux au ciel. J'avais carrément les boules. Je terminai d'une traite ma vodka et commençai la bouteille de bière posé sur la table basse. Je sortis une cigarette par la même occasion. J'écoutais encore un peu la conversation et je sentais la colère et la jalousie grandir au fur et à mesure que je pouvais voir le bonheur de Kate s'élargir grâce aux garçons. Dans un élan qui m'était inconnu, je me penchai vers eux. Le groupe s'arrêta de rire pour écouter mon « je n'ai jamais. ». Avec sadisme, je balançai en fixant Kate droit dans les yeux :
« Je n'ai jamais couché avec quelqu'un. »
Le sourire qui était présent sur le visage de Kate s'évanouit instantanément. J'étais carrément fier de la voir se briser face à moi. Je croisais les bras. Martin et Claire étaient silencieux. Kate mordit ses lèvres pour ne pas pleurer. Chiale bordel, tu feras que booster mon égo, me dis-je intérieurement. Au lieu de ça, elle se leva et renversa son verre sur ma figure me surprenant totalement. Elle me cracha :
« Tu es un gros connard, je te déteste. »
Je clignai plusieurs fois des yeux, incapable de réagir à ces propos et le fait qu'elle m'ait littéralement jeté son verre à la gueule. Je n'eus pas le temps de la rattraper qu'elle s'est enfuie dans la foule suivi de près par Arsène. Putain de merde. Je grimaçai et me levai en tanguant bizarrement. Lucas s'était levé et m'avait repoussé brutalement sur le canapé en criant :
« Putain mais tu es vraiment con ! Tu te rends compte de ce que tu viens de faire ?
-Oh ça va, ce n'était pas méchant, répondis-je léger et sans once de culpabilité.
-Tu me prends pour un débile ? Pourquoi tu as menti ? »
Je fronçai les sourcils et Martin se mit à me fixer gravement en comprenant que je venais de mentir sur ma virginité. J'haussai les épaules et ne répondis rien. Cela énerva un peu plus Lucas qui haussa un peu plus le ton :
« Tu viens de lui briser le cœur le jour de son anniversaire et ça je ne te le pardonnerai jamais. »
Mon visage passa de la fierté à de la honte. Je me sentais nul, c'est le cas de le dire. La fille qui me rendait complètement dingue venait de fêter ses dix-neuf ans et je lui ai brisé le cœur en mentant sur ma première fois : notre première fois. Elle s'était dévoilée à moi et je l'ai repoussé par égoïsme, par ma fierté blessée de savoir qu'elle pouvait aller voir d'autres mecs que moi. J'étais fou de jalousie. Je m'essuyai mon visage imbibé d'alcool et criai à mon tour :
« Attends... Quoi ?
-Ouais, c'était son anniversaire espèce de trou du cul ! »
Je n'avais jamais vu Lucas dans une colère pareille et je me rangeai, abasourdi. Je ne savais plus placer un mot et je baissai la tête en chuchotant :
« Je ne savais pas... »
Le blond ne se calma et cracha avec plus de violence :
« Tu réfléchiras deux fois avant d'ouvrir ta gueule maintenant. Bref salut, les mecs. »
Lucas quitta le petit salon pour sûrement rejoindre Kate avec Arsène et je me levai à nouveau pour le suivre lorsque Martin attrapa durement mon bras. J'essayai de m'échapper de son emprise mais il me dit calmement :
« Je pense que tu devrais la laisser tranquille. Tu as merdé.
-Elle a essayé de me tromper Martin, scandai-je brutalement les yeux dans le vide.
-Tu es sûr de ça ? Tu l'as vu tenter de te tromper ? »
C'est là que je me sentis encore plus con que je ne l'étais déjà. J'ai tellement été aveuglé par la colère que je n'ai même pas voulu entendre ce qu'elle avait à me dire. Je démarrais très mal ma première relation et je me rendis compte que je venais de tout foutre en l'air tout seul. Je tremblai et murmurai :
« Non... »
Martin soupira et posa une main sur mon épaule. Il demandait des explications. Je regardais Claire qui nous écoutait derrière et j'avouai le plus bas possible pour pas qu'elle m'entende :
« Mercredi, j'ai voulu essayé une relation sérieuse mais je ne pense pas être réellement prêt finalement.
-Il faut que tu te canalises si tu la désires vraiment. »
Je ne répondis rien et je me rassis lentement, impuissant. Je venais de tout gâcher. Je faisais clairement pitié avec ma bouteille de bière, ma vielle clope et mon caractère de merde. A bout de contrôle, j'envoyer valser d'un gros coup de pied la table basse devant moi. Les verres tombèrent brusquement. L'alcool dégoulinait au sol. Je serrai les poings. Je voulais tout démolir. Martin vint se placer en face de moi en me suppliant de me calmer. Je le repoussai violemment et lui crachai :
« Retourne voir ta pute et fous-moi la paix.
-Non mais je t'emmerde Gabriel, répondit cette dernière en rejoignant Martin.
-Ferme ta grande gueule toi, lui criai-je au bord de la crise de nerfs.
-Non mais tu vas te calmer, scanda t'elle en réduisant l'espace qui nous séparait, ce n'est pas de ma faute si elle t'a jeté comme une grosse merde. Tu ne la mérites pas de toute façon. »
Il ne faut pas un mot de plus pour que je balance un nouveau coup de pied dans la table de basse, brisant le verre en mille morceaux. J'avais amené du monde autour de nous. Je ne pouvais pas m'en prendre à la copine de Martin même si j'ai atrocement envie de lui en mettre une. Au lieu de ça, je détruisis toute la table basse en me répétant intérieurement à quel point je suis une grosse merde et que je ne la méritais pas. Contrairement à ce que je pensais, Martin me défendit :
« Arrête de l'enfoncer Claire !
-Pardon ? C'est lui qui m'insulte et me rabaisse et il faut en plus que je garde ce que je pense pour moi ?
-Ca ne le calmera pas putain ! C'est mon meilleur ami, je me dois d'être là pour lui.
-Quoi ? Et moi je suis qui ?
-Ce n'est pas la même chose putain, s'énerva Martin au bord des nerfs lui aussi. »
A les entendre se disputer, ma nervosité augmenta et je me plaçai aux côtés de Martin décidant d'ouvrir ma bouche également pour lui fermer son clapet à cette gourde :
« Très bien, je ne mérite pas Kate mais toi tu ne mérites pas mon meilleur ami. Je sais que tu lui feras beaucoup de mal. Allez, va te faire voir. »
Je pris mes affaires et m'enfuis de cette putain de fraternité à la con. J'en avais le ras de bol de ces soirées de merde, je préférais encore m'enfermer dans ma chambre chez mon père. Je claquais la porte de ma BMW et démarrai en trombe du parking. Fais chier.
**
Je vous laisse découvrir le point de vue de Gabriel sur cette histoire ainsi que ses mésaventures.
-Elo
PS: Bonne St Valentin pour ceux/celles qui sont en couple.
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