49.
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Gabriel.
Ce matin, Arsène était resté avec moi pour surveiller mon état général. J'ai effrayé la bande avec mes conneries et je me sentais comme un gamin. J'étais l'un des plus vieux du groupe et c'était moi le moins mature. J'étais vêtu d'un des joggings de Lucas et un de ses tee-shirts bleus très moche. Bon, je ne peux pas me plaindre : je ne vais pas garder mes fringues bouseuses qui ont vécu toute une nuit sur un banc dans un parc miteux.
J'étais dans le salon avec Arsène et après maintes négociations, j'avais enfin eu son feu vert pour jouer à la play avec lui. Nous étions en train de nous disputer un match de football lorsque je lui demandai, beaucoup trop curieux depuis quelques temps :
« C'était quoi ta relation avec Kate ?
-Avec Kate ? Depuis quand est-ce que tu t'intéresses à une fille et surtout la meilleure amie de Lucas, tu veux ta mort ?
-Ne pose pas de questions et réponds à la mienne. »
Ce n'est pas parce que je suis malade que je vais me montrer plus ouvert à la discussion. J'étais maussade ce matin, je voulais des réponses. Je ne savais pas ce que je voulais : Est-ce que je tente une relation amoureuse ? Je l'ignorai, elle me plaisait et j'étais fou de jalousie de savoir qu'elle avait eu un flirt avec Arsène. Le bouclé soupira :
« Qu'est-ce que tu veux savoir exactement ?
-Tout.
-Très bien. Je connais Cathy depuis les couches. J'avais un an de plus qu'elle et Lucas. Nous étions allés dans la même école primaire, le même collège et le même lycée. Nous étions toujours collés à trois. A vrai dire, à l'époque moi et Lucas n'avons pas vraiment de succès avec les filles et Kate a toujours été un modèle pour nous. Elle nous consolait, nous grondait dessus lorsque l'on se dévalorisait. C'est une perle rare cette fille et j'espère sincèrement que tu ne lui feras jamais de mal Gaby. »
J'écoutais son discours en souriant. J'étais content de savoir qu'au fur et à mesure des années, elle a toujours cette fille débordantes d'énergie prête à aider le monde. Arsène perdit un peu son enthousiasme :
« Sa joie de vivre s'est pourtant éteinte un matin de février lorsque son père est décédé. Je ne sais pas si elle t'en a parlé.
-Elle m'en a parlé, lui confirmé-je presque silencieux.
-Elle te fait confiance alors. C'est une fille forte et courageuse et j'ai flashé sur elle au lycée. Je la trouvais tellement belle, elle me faisait monter mes premières hormones. J'ai flirté avec elle durant un an mais Lucas a fini par tout découvrir et n'a pas supporté le fait que je puisse être attirée par sa meilleure amie.
-J'ai eu le même sermon par Lucas, lui avouai-je les yeux rivés sur la télévision. Il m'a prévenu que si je touchais à sa meilleure amie, j'allai le payer cher. Au final, il me laisse l'approcher d'assez près.
-Kate a du te valoriser. »
Me valoriser ? Je suis étonné qu'elle puisse bien parler de moi. Arsène reprit plus fermement :
« Aujourd'hui, Kate est ma petite sœur et si tu lui brises le cœur, je ne te le pardonnerai jamais. »
Je déglutis. Avec moi, personne n'est à l'abri de s'en prendre plein la gueule. J'ai très mauvais caractère et mon impulsivité a blessé de nombreuses fois mon entourage. N'étant pas un fada du sujet, je demandai :
« Tu as des cigarettes ?
-Non et même si j'en avais, tu n'en fumeras pas.
-J'ai besoin de fumer, lui répondis-je en toussant, j'ai besoin de ma dose de nicotine.
-Cette merde va finir par te tuer. Tu te ruines les poumons et le médecin de Martin suspecte une pneumonie.
-Qu'est-ce qu'on s'en bat les couilles de mes poumons, je veux fumer.
-Kate va t'étriper et moi avec, scanda Arsène en faisant mine de mourir. Je ricanai en toussant. Arsène observa mes mains encore blessées et me dit plus sérieusement :
« Il va falloir que tu apprennes à te contrôler également niveau violence. Tu la rendras malheureuse et je t'avoue je ne veux plus me prendre un poing dans la gueule de ta part.
-Ah ouais mais tu l'avais totalement mérité.
-Ce n'est pas faux, j'ai été un connard. »
Je mis un but à Arsène sur FIFA le faisant rager. Il m'insulta gentiment :
« Sale con de profiteur, tu as triché.
-Tu es juste nul Arsène. »
**
L'après-midi, j'étais avec Martin à l'appartement de Lucas et Kate. Ils ne rentraient qu'à dix-huit heures trente ici et j'étais bien content que mon meilleur ami passe l'après-midi avec moi au lieu d'être avec Claire. Il avait un petit sachet de pharmacie dans la main lorsque je lui ouvris la porte de l'appartement. Marti m'indiqua :
« J'ai tes résultats sanguins, tu fais une pneumonie à bactérie pneumocoque.
-Oh calme-toi, le coupai-je en massant mes tempes, parle français.
-Tu t'es choppé un truc aux poumons.
-Oh juste ça, répondis-je en haussant les épaules.
-Ne prends pas les choses à la légère. Tu as une semaine d'antibiotiques pour ta pneumonie et du paracétamol pour ta fièvre.
-Ok. »
Je m'installai dans le canapé, les mains tremblantes. J'avais besoin de fumer. Je réclamai au blond :
« Tu as pas des clopes ?
-Attends, est-ce que tu es sérieux ? Tu es malade et tout ce que tu trouves à dire, c'est me demander des cigarettes.
-J'ai envie de fumer Martin.
-Au diable tes cigarettes Gabriel, tu n'es pas raisonnable. »
Je levais les yeux au ciel et baillais furieusement. J'en avais marre d'être ici à ne rien faire. Je me résignais à faire une pause de cigarettes le temps de rentrer au campus malgré que je sois content de partager le lit de Kate avec elle. J'étais un fumeur compulsif qui pouvait aller jusqu'à vingt-deux cigarettes. A bout de nerfs, je réclamais :
« Achète-moi au moins des patchs de nicotine. J'ai besoin de ma dose.
-Bon d'accord, j'irai te les chercher. »
Je souris de satisfaction et m'affalai dans le sofa suivi par Martin. Il me parla de Kate :
« J'ai beaucoup discuté avec Kate ce week-end.
-Qu'est-ce que tu avais d'intéressant à lui racontai-je, le brusquai-je de mauvaise humeur à l'idée qu'il puisse parler à celle qui me rend complètement taré.
-Kate est celle qu'il te faut.
-Ne recommence pas avec ça Martin, le prévins-je durement, je ne veux rien savoir.
-Pour elle, tu es quelqu'un de bien, me coupa-t-il et je me figeai.
-Elle a dit ça ? »
Je pâlis, ne voulant pas croire que pour la première fois de ma vie, une fille me voit comme une bonne personne. Martin poursuivit :
« A ces yeux, tu es une personne avec un grand cœur.
-Je ne suis pas fait pour elle, chuchotai-je tristement.
-Pourtant, elle t'a choisi donc maintenant à ton tour de me dire la vérité. Est-ce que tu as un faible pour elle réellement ? »
Mes mains étaient moites. Mes genoux tremblèrent tout comme le reste de mes membres inférieurs. Mon menton était posé sur une de mes mains. J'avais le regard avide de tout émotion. Je détournai lentement le regard vers mon meilleur ami et pour la première fois, je lui dis la vérité :
« Ouais, j'ai sérieusement craqué pour la meilleure amie de Lucas et cette fois, c'est un vrai coup de cœur. »
Martin hocha lentement la tête et me sourit :
« Tu peux faire d'elle ta copine.
-Ma copine ? Je ne sais déjà pas m'y prendre avec une fille alors me caser, c'est une autre histoire. »
Je n'étais pas sûr de pouvoir la rendre heureuse. Je continuai sur ma lancée :
« Je suis un jaloux maladif. Je ne supporte pas qu'un garçon puisse l'approcher ou la faire rire. Je suis même devenu protecteur ce week-end lorsque cette trainée l'a approché. Je suis violent Martin, j'ai peur de la blesser.
-Elle le sait et tu ne l'effraies pas.
-Je ne sais pas où j'en suis. Je ne suis jamais tombé amoureux de quelqu'un Martin.
-Je me doutais que tu tomberais amoureux d'elle un jour. Je te l'ai dit dès l'instant où tu m'as raconté qu'elle a eu l'audace de te frapper.
-Oh ta gueule, ricanai-je en souriant niaisement, j'ignore si je suis prêt à me mettre avec elle.
-Laisse-lui une chance d'entrer ta vie réellement. Tu ne pourras pas toujours tourner autour du pot, me répond Martin avec sagesse.
-Tu as raison. »
Je surprenais de jour en jour mon meilleur ami. Je lui donnai rarement raison mais cette fois, je ne voulais pas trop me planquer derrière ma carapace. Je rajoutai avec certaine méfiance :
« Ne raconte pas à Claire que j'ai craché le morceau. »
Je faisais allusion à ces nombreuses demandes soulantes pour découvrir si je craquais sur la meilleure amie de Lucas. Je m'engageais désormais dans un terrain dangereux et il fallait que j'assure dans ce domaine.
Martin me rassura avec un coup dans l'épaule :
« Ne t'en fais pas frangin, je ne raconterai rien. »
Je souris lentement et il m'indiqua qu'il allait me chercher ces fameux patchs pour la nicotine et je le remerciai d'un signe de tête avant de me plonger dans mon téléphone.
**
Le deuxième jour, je n'ai pas pu me retrouver en tête avec Kate. Elle avait énormément de travail et elle n'avait pas pu m'accorder beaucoup de temps pour s'occuper de moi. Ce matin, j'étais avec Lucas. A vrai dire, il a fait grasse matinée et j'ai squatté une bonne partie de la matinée la PlayStation sur Call of duty. Il avait pris une longue douche et nous avait préparé des sandwiches. Je n'avais pas très faim et les antibiotiques me coupaient l'appétit, ils sont infâmes. Ma fièvre était toujours présente mais elle était supportable. J'avais retiré mon orthèse, mes mains n'étaient plus douloureuses et je me sentais capable de les mobiliser à nouveau correctement. La matinée s'était rapidement déroulée et vers midi et demi, celui avec qui j'allai passer le reste de l'après-midi se pointa. Mon sourire fanât lorsque je découvris que j'allai devoir passer l'après-midi avec Claire. Je sens d'avance que cela allait être un mauvais moment avec cette tarée. Je la snobai presque lorsqu'elle vint me saluer. Elle commenta :
« Toujours aussi poli.
-Casse-couille, chuchotai-je en traînant sur les réseaux sociaux.
-Je t'ai entendu Hood.
-Je m'en bats les couilles. »
Elle leva les yeux au ciel et je quittai le salon pour aller dans la chambre de Kate. Je comptais mater un film sur Netflix le temps qu'elle rentre des cours de facultés. Je vais devenir dingue si je dois supporter Claire toute l'après-midi. J'étais vraiment colérique cet après-midi et je n'avais qu'une seule envie : qu'elle se casse de là. Avant de mater mon film, je décidai de m'amuser un peu. Elle était dans le salon en train de refaire sa manucure lorsque je lâchai méchamment :
« Je ne sais pas ce que Martin te trouve, tu es banale.
-Je sais ce que tu cherches à faire Gabriel Hood.
-Tu ne me connais pas.
-Toi non plus et je peux te renvoyer le compliment : je ne sais pas ce que Kate te trouve non plus, tu es un sale con. »
Touché dans mon égo. Sale pute. Je crachai un peu plus mon venin :
« Tu es qu'une pauvre fille mal-baisée. Personne ne veut de toi ici sauf ce pauvre Martin.
-Je ne répondrai pas à tes provocations minables Gabriel.
-Je sais qui tu es sale garce. Tu vas lui briser le cœur et ce jour-là, je te broierai tes os par la même occasion.
-Reste loin de moi, vociféra Claire en se levant brutalement, tu es un grand malade.
-Tu n'as rien à faire ici. Tu es qu'une sale hypocrite.
-Mais va te faire foutre, je t'ai rien fait. »
Je m'approchai dangereusement d'elle. Ce n'est pas ma pneumonie de mes deux qui va m'empêcher de me sentir supérieur à elle. Je pris un air hautain :
« Ah ouais ? Tu veux que je te rappelle le jour où tu as voulu me sucer dans les toilettes ?
-Quoi ? »
Claire blanchit et j'en jouais. Cette pétasse était bien trop bourrée pour s'en rappeler. Je voulais vraiment qu'elle déguerpisse d'ici. Je remuais le couteau dans la plaie comme j'ai l'habitude de le faire pour qu'elle me fuit :
« Si tu ne dégages pas d'ici, c'est simple : je balance tout à Martin et entre une relation d'un moi et son meilleur ami, je te laisse deviner qui il va croire.
-Tu es une ordure putain, hurla Claire les larmes aux yeux, tu es un vrai connard ! Tu ne mérites rien, j'espère que Kate se rendra compte à quel point tu es une pourriture.
-Je m'en bats les couilles. »
Mon sourire en coin s'agrandit à l'idée qu'elle soit totalement sous mon emprise. Claire ramassa ses affaires et se dirigea vers la porte en criant les yeux baignés par les larmes :
« Tu as gagné Gabriel. Je m'en vais. »
Enfin ! Bon débarras ! J'affichai le plus grand sourire de satisfaction et une fois que la porte fut claquée derrière elle, je repartis m'installer dans le lit de Kate pour regarder un film. Je me suis comporté comme un vrai connard avec Claire mais je m'en fichais, ce n'était qu'une vulgaire fille à mes yeux qui ne méritait. Je savais son passé tumultueux et dès le départ, je le savais qu'elle apporterait des problèmes au groupe en incitant un peu tous les gars à picoler.
**
Voilà la suite, en espérant que cela vous plaise. Je vous laisse patienter jusqu'au chapitre 50 qui sortira vendredi prochain :)
-Elo
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