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Cathy
Je bouclais ma ceinture dans la BMW. Une odeur de cigarette se faisait sentir dans tout le véhicule. Malgré le froid, j'ouvris légèrement la fenêtre passager pour que l'odeur s'échappe un peu. Je croyais étouffer. Gabriel démarra abruptement sans regarder le domicile de ses parents. L'ambiance entre nous était tendue. Je venais d'apprendre énormément de choses en quelques heures sur la relation qu'entretient Gabriel avec son père, la rage qu'il abrite en lui, son caractère difficile. Le fait que le père de Gabriel m'ait utilisé pour parler à son fils n'avait pas plu du tout à ce dernier. Il était plus qu'énervé. La pilule de leur dernière dispute n'avait toujours pas été digéré. Gabriel était rancunier contre son paternel. La radio émettait une sorte de bruit de fond. Je coupai ce long silence :
« Est-ce que ça te dit que l'on sorte plutôt que rentrer à l'appart' ?
-Si tu me parles d'aller à la fête, non. Avec ce qu'il s'est passé aujourd'hui, je n'ai aucun courage et aucune envie d'y aller, me répondit Gabriel en fixant attentivement la route.
-Non, juste nous deux. »
Je lui proposais en quelque sorte un vrai rencard. Les doigts de Gabriel serrèrent un peu plus le cuir du volant. Il me regarda quelques instants en me questionnant :
« Nous deux ? Où ? »
Je fis mine de réfléchir alors que je savais très bien où est-ce que voulais aller :
« La patinoire. Depuis que je suis ici, j'ai envie de l'essayer.
-C'est mort, je suis une grosse merde, renchérit Gabriel en riant légèrement.
-S'il te plaît ! Je t'apprendrai et ca comptera comme une revanche au bowling !
-Ça n'a aucun rapport.
-Si. Tu m'as emmené faire une activité où tu étais très fort pour m'humilier ! »
Il fit mine de bouder. Au fond, ça lui faisait plaisir de sortir, de faire autre chose que de boire de l'alcool tous les week-ends à une fraternité en compagnie de nos amis et de gens déchirés. Dans quelques jours, nous fêterons nos deux mois de relation. C'était récent mais j'ai l'impression que nous sommes ensemble depuis toujours. Nous n'avions jamais été réellement amis. Nous nous étions embrassés plusieurs fois, dormi, fait les préliminaires avant de nous caser officiellement.
Gabriel céda :
« Très bien. Mais si j'ai une cheville pétée, ça sera de ta faute. »
Il avait dit ça sur le ton de la plaisanterie. J'envoyais un petit rictus amusé. J'avais hâte de voir comment Gabriel se débrouillerait avec des patins à glace.
**
« Rappelle-moi pourquoi j'ai accepté, paniqua Gabriel en avançant lentement sur la glace. »
Je ricanais. Il se tenait, mal à l'aise et peu sûr de lui sur la glace. Ses jambes tremblotaient sur le sol glissant. Son bras droit s'accrochait comme il pouvait à la paroi à côté de lui. Il avançait péniblement alors que je patinais tranquillement. Dans la région parisienne, j'allais souvent patiner avec mes parents et j'en avais gardé un bon souvenir et de bonnes capacités. J'étais à l'aise sur la glace. Je disais à Gabriel :
« Tes jambes sont trop écartées, tu ne sauras jamais garder l'équilibre. Rapproche tes jambes et déplace légèrement tes chevilles vers l'intérieur.
-Hey plus difficile à dire qu'à faire, j'en ai jamais fait. »
Il râlait et manqua de tomber en déplaçant sa jambe gauche. Je me retins de rire et m'approchai de lui. Je lui proposai :
« Prends mon bras, je vais te guider. »
Il hésita comme s'il sentait un mauvais coup venir de ma part. J'envoyais un immense sourire et il attrapa finalement ma main. Contrairement à d'habitude, elles étaient moites. Il suait d'angoisse à l'idée de chuter et je caressais le dos de sa main avec mon pouce. Il galérait et je trouvais ça tellement adorable. C'était une facette que je ne connaissais pas chez lui : il était stressé sur la glace. Lentement, j'avançai et il crit :
« Arrête, c'est trop rapide. »
Nous avions à peine bougé. J'essayais de rassurer mon copain en serrant un peu plus sa main. Il ne se détendait pas mais tentait de suivre mes conseils.
Durant une vingtaine de minutes, Gabriel longeait le mur difficilement pour s'habituer à avoir les pieds sur la glace. Lorsqu'il chuta la première fois sur ses fesses, il bredouilla :
« C'est la faute des patins de toute façon, ils sont cassés et les lacets ne tiennent pas. »
Ce qui était complètement faux, aucune patinoire ne donnerait des patins défectueux. Ce râleur avait juste besoin de trouver une excuse bidon pour justifier sa chute. J'avais bien rigolé tandis que lui grognai le cul à terre :
« Arrête de rire, merde. Ces trucs m'ont défoncé le trou du cul. »
Avec les gros mots, mes rires s'amplifièrent avant que je ne me décide de l'aider à se relever. En attrapant ma main, je devinais qu'il essayait de se venger en me tirant vers le bas mais je me stabilisais et contrais son geste habilement en me foutant de lui une nouvelle fois :
« Gros débile, je le savais que tu allais le faire ! C'était trop prévoyant.
-Tu me gaves et j'ai mal au cul. »
Il rechigna tout en essayant de se remettre debout. Il continuait de geindre :
« J'ai froid aux fesses. »
Logique, c'est de la glace, lui répondis-je intérieurement. Après plusieurs mouvements maladroits, Gabriel retrouva un minimum d'équilibre. Ses mains étaient tendues tel un oisillon prêt à s'envoler pour la première fois et il gigotait dans tous les sens pour ne pas tomber une nouvelle fois. En reprenant quelques pas, ses patins glissèrent et s'accrochèrent entre eux le faisant tomber une seconde fois sur les genoux. Il lança agacé :
« C'est clair, je déteste le patin à glace. »
Il avait du se faire mal car son visage était crispé de douleur et sa chute l'avait mis dans une position inconfortable. Il renouvela l'expérience en se relevant. Je m'accroupis pour bien positionner ses jambes pour se lever et après une impulsion, il tint enfin sur ses deux jambes.
Pendant une demi-heure, je lui apprenais à patiner et petit à petit, il s'éloigna du mur et attrapa ma main. Nous ressemblions à un vrai couple amoureux. Nos mains étaient enlacées et Gabriel semblait plus réceptif à plaisanter. Il s'était même mis à rire des autres qui tombaient en lâchant quelques vannes :
« Il a du s'arracher le trou de balle lui. Je compatis à sa douleur. »
Je gloussai comme une idiote.
Nous passions une bonne soirée et nous avions pris plusieurs photos. Nous sortions de la patinoire vers vingt-deux heures, affamés. Gabriel s'arrêta à une restauration rapide. Nous étions dans la BMW en train de choisir nos menus. Nous décidions de partager un Bucket de Tenders ensemble. Le garçon au teint hâlé commanda et paya pour nous deux ( il avait refusé que je paye.)
Nous étions dans le canapé à nous goinfrer de poulet devant Netflix. Nous regardions la dernière saison de la Casa De Papel. Nous commentions les personnages. Gabriel mâcha son Tenders tout en parlant :
« Non mais Tokyo m'insupporte. Elle est toujours en train de péter les plombs et foutre la merde.
-Palerme m'énerve aussi. Il change de camp tous les jours. »
Après le repas, je passai mes mains sous l'eau pour les laver avec du savon quand mon téléphone vibra plusieurs fois sur la table du salon. Je criais à Gabriel :
« Qui c'est ?
-Lucas.
-Tu peux décrocher. »
Il haussa les épaules et accepta l'appel en mettant le haut-parleur. Il commença :
« Ouais ?
-Gaby ? Tu es avec Kate ?
-Ouais, elle se lave les mains.
-Vous êtes où ? On vous attend depuis trois heures, on vous a laissé plein de messages. »
Je revins au salon et Gabriel regarda rapidement son iPhone. Son écran était rempli de plusieurs textos. Aucun de nous deux n'avions été sur notre portable pendant notre sortie et notre déjeuner. Gabriel répondit :
« On a dit à Léa qu'on ne venait pas.
-Elle ne me l'a pas dit, balança Lucas froidement.
-En même temps, ça fait deux semaines que tu l'ignores, ajoutai-je un peu sèche. Arrête de bouder pour rien et va la voir pour t'excuser et pour lui parler.
-Pour rien ? Tu es sérieuse ?
-Quoi ? Si c'est par rapport à Maxence, tu es vraiment con d'avoir agi comme ça.
-Non mais Kate... »
Il essayait de se justifier et ça m'énervait. Sa première crise de jalousie n'avait pas lieu d'être. Je le coupais :
« Arrête de te chercher des excuses et va lui parler.
-Euh...
-Si tu l'aimes, fais le. »
Lucas ne répondit pas et changea de sujet en rebondissant sur une question :
« Pourquoi vous ne venez pas ?
-Je suis fatiguée. »
Je ne voulais pas raconter à Lucas notre après-midi éprouvante chez Gabriel et ce dernier voulait aussi garder ça secret et je comprenais. Il avait beaucoup souffert : son père lui avait menti, il se sentait abandonné et il avait accumulé beaucoup de colère avec tous ses évènements de vie.
Lucas rajouta :
« Gaby, viens s'il te plaît. Martin a besoin de te parler. »
Mon petit ami m'observa un moment comme si je l'aidais à prendre une décision. Il soupira :
« Je passerai chez lui demain. »
**
Voilà un petit moment que je n'avais pas publié.
Je viens vous informer que d'ici quelques semaines, vous pourrez retrouver cette histoire sur la plateforme Dreame.
Je vous souhaite une bonne lecture et à très vite.
-Elo
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