30.
30.
Gabriel
J'étais en phase deux du week-end. C'était début octobre. J'ai passé le samedi matin à décuver dans la fraternité avec mes potes avant d'aller chez Arsène me déchirer à la bière à nouveau. Je suis allé me racheter du tabac, j'ai entamé toute ma consommation en une semaine. J'étais un fumeur compulsif. Après quelques bières chez Arsène, les mecs avaient décidé d'aller en boîte. Seuls Martin et Claire sont rentrés. Depuis qu'ils sont en couple, je ne les vois plus beaucoup rire et ça me mettait le seum. Je ne pouvais plus passer autant de temps avec mon meilleur ami comme avant, cette emmerdeuse de Claire lui avait monopolisé toute son attention. Je levai les yeux au ciel rien que d'y penser : c'est une connerie les relations amoureuses, une perte de temps et un ramassis de conneries. Que rapporte l'amour à part de la souffrance et de la destruction ? Pourquoi passer autant de temps avec une personne avec le risque qu'elle t'abandonne un jour ?
Je fumais ma cigarette lorsque nous arrivons devant le videur d'une discothèque. Ce dernier me stoppe :
« Pas de cigarettes à l'intérieur.
-Je la termine, répondis-je en appuyant mon dos contre le mur. »
Qu'est-ce que ça peut me foutre que je n'aie pas le droit de fumer dans une boîte ? Ce n'est pas un costaud de vigile qui va m'en empêcher. Je termine en deux-trois lattes le mégot et le dépose dans la poubelle avant de suivre mes potes. La techno résonnait de manière assourdissante et ça me faisait kiffer. J'aimais cette ambiance. Arsène était en mission pour décotter un avion de chasse pendant que deux autres garçons du club de football allaient sur la piste. Je me retrouvais seul au bar avec mon téléphone et mes clopes. Le barman me proposa de boire un verre. Je le remballe :
« Tu as cru j'allais payer dix balles pour boire trois centilitres de ton bazar ? »
Pas que je suis radin mais je n'ai pas envie de ruiner mon fric dans un alcool de merde. J'étais tranquillement posé sur mon tabouret en bois massif lorsqu'une brune arriva vers moi comme une furie en m'hurlant :
« Tu n'as rien à faire ici toi. »
Putain, c'est qui cette connasse qui me brise les tympans. Je me tourne vers cette fameuse fille et je reconnais instantanément cette fille. Cette fille qui a porté plainte contre moi il y a trois semaines. Je lui réponds sarcastique :
« Arrête de caqueter. »
Elle était en colère et je ne vais pas tarder à l'être si elle continue de me faire chier :
« Qui c'est que t'as payé pour t'en sortir comme ça, espèce de pourriture.
-Je n'ai payé personne. »
Je la regarde avec un air condescendant. Je ris avec une certaine mesquinerie. Je vais la faire tourner en bourrique. Je rajoute :
« C'est toi, tu as menti sale hystérique.
-Tu es un putain de misogyne !
-Je m'en bats les couilles. Allez, retourne à la maternelle, je n'ai pas le temps pour une pleurnicheuse de gamine.
-Tu es vraiment qu'un sale... »
Je vois sa main se lever et je la stoppe net. J'ai une emprise sur son poignet et je sais que je peux le briser à tout instant. Je le serre avidement pour lui foutre la plus grosse peur de sa vie et elle chouine :
« Lâche-moi.
-Tu as voulu me gifler. Salope. »
J'étais cru dans mes paroles mais j'en ai rien à branler de cette petite pucelle. Un sourire narquois apparut et je la pousse légèrement en lâchant :
« Dégage de là avant que je te frappe.
-Essaye tiens ! »
La brune faisait la maligne et ça commençait sérieusement à me gonfler d'avoir un cafard dans mes jambes. Je répondis toujours aussi calme :
« Casse-toi parce que si je m'énerve, je t'envoie à l'hôpital. »
Elle blêmit légèrement en me voyant capable de la tabasser au point de finir hospitalisé. Evidemment, je ne vais pas le faire, j'ai dit à Cathy que j'essaierai de me tenir à carreau mais cette hystérique ne m'en laisse pas l'occasion à geindre de tous les côtés. Je rajoute des infamies :
« Allez, va te faire trouer, tu es dans mon espace vital là. »
Les copines de la fille vinrent à sa rescousse et je murmure :
« Oh misère, elles ne vont pas s'y mettre elles aussi. »
Heureusement pour moi, elles convinrent leur amie de me laisser tranquille et d'aller m'amuser parce que je suis qu'un gros con et qu'un jour la roue allait tourner. Bande de pisseuses. Je marmonnai avec une certaine haine :
« Je vous emmerde. »
Je tapais du poing sur la table et trouvai Arsène en train d'embrasser une belle brune quand je lui empoigne le bras pour sortir rapidement de cette boîte. Ce dernier râlait :
« Qu'est-ce que tu fous Gaby ? Tu ne vois pas que je suis occupé !
-On se barre, répondis-je rageusement.
-Tu rigoles ? On vient d'arriver, scanda Arsène en me repoussant.
-Elles me prennent la tête ici.
-Qui, elles ? »
Arsène était en colère que sa proie se sauve presque sous ses yeux à cause de mon interruption. Mes bras faisaient de grands gestes et je crachais :
« Les filles. »
Arsène s'énerva encore plus lorsque je prononce que je suis agacé à cause des filles. Il crie un peu plus fort :
« Putain mais tu ne sais pas te comporter normalement pour une fois ? Tu es en train de tout gâcher ! »
Je pâlis. C'est moi qui gâche tout ? Je recule de quelques pas. Le rejet, c'est ce qui a de pire comme sensation. Mes propres amis me rejettent à cause de ce que je suis. Je crache mon venin, blessé :
« Ferme ta gueule Hermenz ! Tu es qu'un sale con, tu sais très bien que j'ai toujours été comme ça.
-Putain mais j'en ai rien à faire Hood ! Va te faire foutre et rentre tout seul. »
J'essaie de me contrôler pour ne pas lui éclater mon poing dans la gueule et je continue de reculer sans répondre lorsqu'il prononça :
« Tapette. »
Je me figeai instantanément. Je me tourne avec fureur vers lui. Mes yeux devinrent noirs et mon visage empestait la colère. Je parle avec un certain calme mais d'un ton menaçant :
« Qu'est-ce que tu as dit ? »
J'avais bien entendu mais je voulais l'entendre une fois pour bien le faire regretter ensuite. Arsène me fixa intensément avec un certain mépris avant de répéter :
« Tapette. »
Ni une, ni deux, je bondis sur lui et lui assénai un immense coup de poing dans la joue avant de le cogner une nouvelle fois lui donnant une coupure au niveau de l'arcade sourcilière. Lorsqu'il fut à terre, je me baisse à sa hauteur et lui chuchote :
« Tu ne diras plus jamais que je suis une tapette, c'est clair ? »
Il ne répondit rien et je choppe ses cheveux bouclés d'une poigne en insistant fermement :
« C'est clair Arsène ?
-Clair, maugréa-t-il avec certaine douleur.
-Bien. »
Je lâche ma poigne et recule. Je réajuste ma veste et sortit de la boîte de nuit le laissant au sol. Je ne sais pas comment je vais rentrer, ma voiture est en bas de l'appartement d'Arsène. J'attrape mon téléphone portable et cherchai rapidement un taxi sur Internet avant de l'appeler. Il est trois heures du matin et je n'ai aucune distraction pour calmer ma rage. Je fume une cigarette en attendant l'arrivée du taxi. Comment est-ce que mon propre pote peut m'insulter sans aucune raison ? Je prévins mon meilleur ami en lui envoyant un message :
J'ai pété la gueule d'Arsène Hermenz.
Je crache une longue fumée blanche en regardant le ciel noir étoilé s'offrir face à moi. J'ai une boule dans la gorge à l'idée de me faire remballer encore une fois à cause de mon comportement. Je suis un sale type, une ordure. Je m'assis sur la bordure du trottoir dans la nuit noire. Je fais pitié. Je me intérieurement : « Regarde-toi Gaby, tu es qu'une merde. Tu ne mérites pas qu'on t'adresse la parole tellement que tu es un sale con. » Mon enfance a fait ce que je suis aujourd'hui et je ne peux changer le passé.
Des phares apparurent dans mon champ de vision. Une vieille Peugeot s'arrêta face à moi et je grimpai à l'arrière du véhicule. Mon taxi était là. Je dicte l'adresse d'Arsène au chauffeur et il démarre. Je regarde une dernière fois la boîte de nuit avant de me tourner vers la banquette du véhicule. Je croyais que Martin dormait lorsque son nom apparut sur mon iPhone. Il essaye de me joindre via un appel et je décrochais. Mon meilleur ami était en panique :
« Tu as frappé Arsène ? Pourquoi ?
-Il m'a insulté.
-Gaby, tu ne peux pas continuer à taper tout le monde dès que quelque chose ne te plaît pas. »
Je serre les dents et explique tout ce qu'il s'est passé dans la discothèque en incluant cette connasse qui a porté plainte contre moi pour coups et blessures. Je pouvais entendre Claire derrière lui demander ce qu'il se passe mais Martin lui réponds qu'il ne peut pas en parler. Il doit garder le secret et je m'en assure :
« Ne lui dis jamais.
-Je te l'ai promis, tu as ma parole. »
Je me ronge les ongles nerveusement. Personne de cette université ne devait savoir ce secret. Ca serait causer ma perte. J'ai trop souffert de ça.
« Où es-tu Gaby, me demanda plus sérieusement Martin.
-Dans un taxi, je récupère ma voiture.
-Putain mais sale con, tu ne peux pas rentrer au campus à cette heure-ci. Tout est fermé pour la sécurité des étudiants.
-Je sais, répondis-je agacé.
-Où est-ce que tu vas aller, me questionne-t-il inquiet.
-Nulle part, je dormirai dans ma caisse. Hors de question que j'aille chez mon père. »
Je le voyais venir avec sa proposition. Je ne lui pardonnerai jamais ce qu'il m'a dit en sortant du commissariat. Tout est de sa faute si je suis cet homme monstrueux. Martin soupira et insiste alors :
« Viens chez moi, je ne veux pas que tu dormes dehors. »
De toute façon, je fais bien assez pitié comme ça. J'étais assez éméché à cause de l'alcool que j'aie ingurgité plus tôt dans la soirée donc ce serait le comble : un petit sans-abri de vingt ans, bourré. Je râlai et terminai par accepter.
Le taxi me déposa devant l'immeuble d'Arsène. Je récupérai ma voiture et mit le contact. Je décidai de couper la musique volontairement. Je n'ai pas la tête à écouter de la musique. Il n'y avait personne dans la rue et de manière inhabituelle, je roulais doucement espérant que la conduite calmerait ma colère.
La nuit était drôlement calme et j'étais en ébullition. Dans cet état, j'étais capable d'insulter la Terre entière et démolir tout ce qui me passe par la main. C'est la vie d'adolescent que j'aie mené.
J'arrive dans la maison luxueuse de Martin. Son père est PDG d'un entreprise et sa mère est sa secrétaire. C'est le cliché des couples riches. Martin est fils unique et il héritera sûrement de la boîte à papa lorsque son père n'aura plus l'âge de l'entretenir et de la diriger. Je pouvais voir la voiture de Claire garée devant chez lui. Je savais bien que j'allais devoir supporter cette pimbêche. Je me garai rapidement et descendit en claquant un peu trop fort la portière. Les lumières du perron s'allumèrent lorsque mes pieds entamèrent une marche sur les pontons de bois. Martin ouvrit. Il était torse nu ne portant qu'un simple short gris. Il me chuchote :
« On t'a entendu arriver. »
Je ne répondis rien et entrai dans sa grosse baraque de bourge. Je retire mes chaussures rageusement et montai à l'étage. Il me demande avec légère inquiétude dans sa voix :
« Ça va mieux ?
-Je crois. J'ai besoin de dormir, ça passera.
-Tu connais le chemin.
-Ouais. »
Avant qu'il disparaisse dans sa chambre, je le rappelle. Il me regarde et je lui dis :
« Merci. »
Il me fit un sourire compatissant et ferma la porte pour rejoindre Claire. Je vais dans la chambre ami. Après avoir retiré mes vêtements, je me glisse dans le grand lit et essayai de fermer les yeux. Impossible à trouver le sommeil. J'appréhende déjà ma mauvaise humeur du matin.
**
Je vous envoie le 30ème chapitre suivi du 31ème.
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-Elo
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