27.
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Cathy
Vendredi soir.
Lucas et moi sommes dans le train pour rentrer à Villette. C'est la mère de Lucas qui passe nous prendre à la gare. Carmen, la mère de Lucas, a refusé que son fils chéri fasse trois heures de route en voiture pour rentrer à la maison. Nous voilà donc, tous les deux dans le train. Je n'ai pas vu Gabriel de la semaine. Personne ne l'a vu. Il était introuvable depuis dimanche matin. Je vais devoir trouver une solution pour cette histoire de baston.
Lucas textote sur son téléphone pendant que je lis mon livre. Nous avions préparé nos bagages la veille et nous sommes partis directement après les cours vers dix-huit heures. Ce soir, ma mère a invité les Hermenz à déjeuner, elle disait que ces diners lui manquaient et qu'elle avait besoin d'avoir du monde à la maison. J'avoue, être un peu stressée de ce retour brusque à la maison, ma mère n'est pas dans son état normal. Ce diner va bien se passer, ce diner va bien se passer, me répétai-je inlassablement dans le train.
« Lucas, l'appelai-je le faisant interrompre son chat avec je ne sais quelle personne.
-Oui ?
-Surtout, dis-moi si tu trouves ma mère bizarre.
-Ok, je ferai attention. »
Il stoppa son activité et sortit un jeu de cartes. Nous faisions une bataille à l'envers comme au bon vieux temps. On avait fixé nos propres règles. Les petites cartes prenaient les grosses. Je suis contente qu'il se souvienne encore de ce jeu.
Nous arrivons à l'arrêt Beaux Bois à 19h. Le break de sa mère nous attendait sur le petit parking en face de la gare. Elle était sortie de sa voiture pour pouvoir directement enlacer son fils qu'elle n'a pas vu depuis le quinze août. Lorsqu'elle le vit, elle le serra fort dans ses bras. Lucas grogna :
« Maman, tu me serres trop fort.
-Je ne peux pas m'en empêcher, tu m'as trop manqué. »
Carmen était une femme de goût, habillée avec un style classe et branché. Elle était avocate et gagnait très bien sa vie. Lucas avait hérité des ses cheveux blonds et de ses yeux bleus. Sa mère était une dame très respectée. Je restai un peu en retrait pour leurs retrouvailles mais elle ne fut pas de cet avis :
« Oh ! Kate ! Viens ici que je te serre dans mes bras toi aussi ! »
Je rigolai et sautai dans ses bras pour une longue étreinte. Elle pleura presque :
« Oh mon dieu, mes enfants ! Vous voilà tous les deux à l'université.
-Maman, je suis en deuxième année je te rappelle.
-Eh bien, ça me fait toujours quelque chose de revoir mon grand garçon revenir de l'université. »
Lucas lève les yeux au ciel et nous grimpons dans la grosse voiture après avoir chargé nos affaires dans le coffre. Sur le trajet, Carmen me demande :
« Alors Kate, tu t'y habitues à l'université ?
-Oui, c'est super ! Les professeurs sont sympas, il y a beaucoup de travail mais j'adore l'ambiance. »
Je n'étais pas ravie au départ mais j'ai fini par trouver mes marques et je suis contente des études supérieures. Carmen continue :
« Et ta chambre, elle te plaît ?
-LA décoration est parfaite, tu as toujours su trouver les bonnes affaires et je la trouve parfaite.
-Tant mieux, ça me fait plaisir. Lucas, tu ranges ta chambre, j'espère. »
Ce dernier quitta deux secondes son téléphone pour lui répondre un « oui » grognon. Sa mère lui prend son téléphone des mains le faisant râler :
« Rends-moi mon portable !
-Arrête d'être sur ton téléphone et profite de ta vieille mère. Ce n'est pas quand je serai morte qu'il faudra vouloir passer du temps avec moi. »
Et c'est reparti pour un tour. Madame Hermenz aimait en faire des histoires et Lucas disait toujours :
« Maman, tu n'es pas morte là. »
Au début, cela me faisait rire mais lorsque mon père nous a quitté ma mère et moi, j'ai culpabilisé. Je me disais que pendant que je squattais trop mon téléphone portable, j'ai manqué d'énormes moments avec mon père. Je fis un sourire forcé pour ne pas gâcher l'ambiance.
Carmen reprend :
« Alors, tu as pu rencontrer les amis de Lucas ?
-Oui, oui.
-Alors ? Comment ils sont ?
-Sympa. »
Arsène était son cousin, je n'avais pas besoin de définir sa personnalité, il n'a pas changé ce fêtard. Martin était quelqu'un de gentil aussi malgré que l'on ne se soit jamais beaucoup parlé depuis la rentrée.
Claire était une fille extravagante qui aimait s'amuser, boire, f aire des jeux et danser. Elle est assez curieuse.
Quant à Gabriel, c'est beaucoup trop compliqué. Il est grossier, beau, indéchiffrable, lunatique mais qui peut se montrer extrêmement doux et attentionné.
J'ai répondu simplement, je ne voulais pas étaler nos fréquentations à la mère de Lucas. Ce dernier grogna :
« Bon, t'as fini tes questions ?
-Rabat-joie, dit-elle en riant. »
**
Je suis nostalgique lorsque ma maison apparaît dans mon champ de vision. Rien n'a changé depuis mon départ. Les feuilles de chêne commencent à tomber, les lumières du salon sont allumées. J'étais stressée à l'idée de revoir ma mère. Je descends doucement du break et attrape mes affaires dans le coffre avant de me diriger vers mon chez-moi avec la famille Hermenz sur mes talons. Est-ce que je sonne ? J'hausse les épaules et baisse la poignée. La porte d'entrée s'ouvrit et je rentre avec difficulté à cause de cette valise encombrante. Lucas et Carmen ferment la porte derrière nous et nous allons au salon. J'entendais ma mère chanter de la cuisine. Je souffle de soulagement : elle va bien. Je pose tout au sol et crie :
« Maman ? On est là ! »
Immédiatement, j'entendis les talons de ma mère claquer sur le sol et sa petite carrure arrive vers moi avec un grand sourire pour me serrer fort dans ses bras. Je la câline fortement, elle a besoin de moi aujourd'hui. Elle éclate avec bonheur :
« Je suis tellement contente que tu sois là
-Moi aussi, chuchotai-je dans ses cheveux. »
Elle avait lâché ses cheveux et ça lui allait super bien. Elle avait son petit tablier de grand-mère comme je lui disais souvent pour la taquiner. Elle observe mon visage et me dit :
« Tu as l'air radieuse. »
Je suis juste contente de te voir maman. Intérieurement, je suis inquiète de cette fête et de cette baston. Ma mère, Catherine senior, se pressa subitement, gênée et nous invite :
« Asseyez-vous, j'amène l'apéritif. »
Je fronce les sourcils. Comment ça, apéro ? Alcool ? Je déglutis et j'allais m'assoir avec Lucas au salon pendant que Carmen part aider ma mère dans la cuisine. Lucas s'assoit et me montre un message d'Arsène de son téléphone :
Grosse teuf ce soir et demain ! Dommage que vous ratiez ça !
« Je suis dégoûté, on aurait pu s'amuser.
-Je serai resté à l'appartement, lui répondis-je peu confiante. J'ai un peu peur des soirées maintenant.
-Je serai resté avec toi. »
J'hausse les épaules et Carmen revient avec une assiette de chips et des coupes de champagnes dans un plateau. Je lève les yeux au ciel, il y a quatre coupes, elle n'est pas raisonnable de boire alors que ça fait à peine un an qu'elle est sortie de cure. Je fis semblant de rien et prit la coupe dans mes mains et en tendit une à Lucas. Il a enfin lâché son téléphone portable pour suivre la discussion. Ma mère me demande à peu près les mêmes questions que Carmen et je réponds à peu près la même chose puis comme tous les ans, cette fameuse question :
« Il y a des beaux garçons ?
-Ah ça oui, il y en a, riais-je en buvant une gorgée de mon champagne. »
Lucas marmonne un peu dans sa barbe mais je ne comprends pas ce qu'il dit. En répondant ça, je pensais qu'à un seul garçon en particulier. Je ne suis sûrement qu'une distraction mais je ne peux pas m'en empêcher d'être attirée par lui, c'est physique. Ma mère me demande plus de détails :
« Qui c'est ?
-Un des mes potes, répondit Lucas en ne me laissant pas parler.
-Ah oui ? »
Evidemment, ma mère veut en savoir plus. Je ne sais pas pourquoi Lucas fait ça.
« Il s'appelle Gabriel.
-Eh bien, j'espère qu'il te rend heureuse ma fille. »
Ma mère boit une trop grosse gorgée à mon goût et je dis plus calmement :
« Nous ne sommes pas ensemble maman.
-Pour bientôt ! Quand un garçon veut une fille, il fait tout pour l'avoir.
-Oui mais là, ça n'arrivera pas, répondis-je assez directe.
-Ces jeunes d'aujourd'hui, rit-elle en regardant Carmen. Avec ton père, ce n'était pas comme ça... »
Oh non, pas ça.
« Je me souviens encore de notre rencontre. Il était tellement marrant avec son bermuda et ses claquettes à la piscine. Je me moquais mais j'ai vite eu un coup de foudre pour ton père, poursuit-elle avec difficulté. »
Et ça y est...Elle se met à pleurer. Putain, ce n'est pas vrai. Je serre les poings. Je ne suis pas rentrée pour qu'elle ravive les souvenirs de mon père, je n'en ai pas la force, c'est encore trop frais pour moi. Carmen la console alors que je reste stoïque sur le fauteuil. Je chuchote à Lucas :
« Ne parle plus de Gabriel ou de n'importe quel mec devant elle, elle est trop fragile encore.
-Ok, désolé, me chuchote-t-il en retour, je ne pensais pas que son deuil était si difficile.
-Pour ça que je suis inquiète de la laisse seule ici.
-Je comprends. »
La suite du déjeuner fut un fiasco. C'était l'enfer. Ma mère n'a fait que parler de souvenirs poignants de mon père. Elle a parlé de son mariage, ma naissance en vitesse et des fabuleux moments qu'elle a passé avec lui durant vingt ans avant qu'il ne décède brutalement d'une tumeur au cerveau. Tous ces récits avec de l'alcool bien évidemment. J'ai à peine mangé, elle m'avait coupé l'appétit. Carmen semblait prendre goût au récit tandis que j'en suffoquais presque de la voir déblatérer ces déprimes à la con sur sa vie amoureuse sans m'inclure dedans. Blessée, je me lève :
« J'en ai assez entendu, je monte me coucher, je suis fatiguée. »
Je quitte la table et je peux l'entendre dire tout d'un coup :
« Qu'est-ce qu'il lui prend d'un coup ? »
Une chaise grinça et je peux entendre Lucas me suivre dans la cage d'escalier. Je me retenais de pleurer. Entendre tous ces souvenirs m'a rendu malheureuse. Je me jette sur mon lit et attire mon oreiller contre moi. J'aurai du prendre mon raton laveur en peluche. Teddy m'aurait consolé. Lucas arrive dans ma chambre. Il vient s'allonger à côté de moi, comme avant. Il me chuchote :
« Je suis désolé.
-Ce n'est rien, tu ne pouvais pas savoir qu'elle est devenue comme ça.
-Je comprends ton inquiétude, me comprend Lucas, elle est bourrée.
-C'était horrible cette période. J'ai dû faire mon deuil, gérer ma mère qui buvait et faisait une dépression.
-Je me souviens, susurre Lucas, ta mère ne se rend pas compte qu'il lui reste une fille formidable et attachante. »
Lucas resta encore une petite heure avec moi avant de rentrer avec sa mère. J'ai entendu ma mère monter lentement et aller directement dans sa chambre en titubant. Je ne ramasserai pas son vomi et ses débris de bouteilles dans la maison. Heureusement, Lucas a pu me consoler de cette mauvaise soirée. J'étais en train de mettre mon pyjama lorsque tout d'un coup, je reçus un message d'un numéro que je n'avais pas répertorié :
Salut, c'est Gaby.
Ga...Gabriel ?
**
Et voilà, je vous laisse avec un petit suspense. Que va t'il se passer dans le prochain chapitre?
J'attends vos avis :)
PS/ Pour patienter, je vous laisse consulter mon profil pour découvrir mes autres histoires.
-Elo
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