21*
21.
Cathy.
Je poussai la porte des vestiaires. Le téléphone de Gabriel se trouvait sur un banc à moitié fissuré. La première chose que je fis, ce fut de prendre son portable. Eteint, comme je m'en doutais. Si Gabriel éteignait son téléphone, c'était pour une seule raison : il était en colère.
J'arrivais vers la grande piscine. Il ne me fallut que très peu de temps pour le trouver. Il vidait ses réserves de clopes, les pieds dans l'eau. Je me fis discrète et avançai lentement. Très vite, j'aperçus une grande bouteille de vodka presqu'entièrement consommé à côté de lui. En plus d'avoir un Gabriel vénère, j'allai supporter son côté saoul et je n'avais pas envie de me battre aujourd'hui. Je décidai de m'assoir à côté de lui espérant pouvoir l'apaiser mais il ne fut que plus cassant :
« Fous-moi la paix. »
Je décidais de jouer la carte de l'humour et je ricanai en répondant :
« J'ai décidé de passer du temps avec mon petit ami. »
Ma réponse avait l'air subitement de le mettre en colère puisqu'il se leva presqu'immédiatement et m'aspergea de gouttes en extirpant ses pieds de l'eau.
« Retourne avec tes potes pour picoler, je t'avais dit que c'était une mauvaise idée. »
Je fronçais les sourcils. Mais qu'est-ce qu'il racontait encore ?
« Gabriel, j'ai bu qu'un...
-Putain ne me le fais pas. Tu es juste venu pour ça. Et c'est moi le canard. »
Gabriel n'avait plus les idées claires et il tanguait. Il passait du coq à l'âne et je crus qu'il allait s'effondrer plusieurs fois à force d'essayer de rester debout. Il avait la tête qui tourne, cela se sentait. Son haleine fétide dégageait d'alcool pur et je fis une grimace.
« On peut dire que tu as bien plus abusé de l'alcool que moi. »
Je croisais les bras contre ma poitrine. Gabriel levait les yeux au ciel et déblatéra :
« A qui la faute ? C'est toi qui nous a traîné ici.
-Rien ne t'obligeait à venir et garde tes jugements de valeurs pour toi.
-Arrête de te prendre pour une fille facile alors. »
Je décidais de ne pas prendre en compte cette insulte misogyne et je lui répondis avec un certain calme :
« Donc un mec qui boit est un fêtard et une fille qui boit, c'est une pute ? »
Gabriel sourit mesquinement et se lécha les lèvres de manière sadique avant de se moquer :
« Ouais, tu as tout compris.
-Cool que tu penses que ta copine est une pute parce qu'elle boit un verre.
-Je ne suis pas un canard.
-C'est quoi le rapport ? »
J'essayais de comprendre alors que je ne devrais pas. Le ténébreux m'insultait ouvertement et il n'avait aucune empathie. Gabriel ne savait quasiment pas aligner trois mots sans bégayer :
« C'est que...Oh et puis merde. Je ne te dois rien.
-Je me fais insulter tout de même. »
J'étais blessée mais je ne devais pas flancher. Pas devant lui.
« On pense que je suis un canard.
-Et pourquoi ? Parce que tu aimes ta copine ? »
Je mimai des guillemets et repris durement :
« Si tu ne m'aimais pas, notre relation ne mènerait nulle part. Ce que les gens pensent, tu t'en fous. Tu sais ce que tu vaux et si ca les amuse, ignore-les. Crois-moi qu'ils s'en lasseront.
-Ça leur donne raison. »
Sa voix se détendit légèrement mais c'était loin d'être gagné.
« Non mais par contre s'ils te voyaient actuellement, tu leur donnerais raison. Regarde-toi, tu tiens à peine debout.
-Garde tes leçons de morale pour toi.
-Tu as raison, fais ce que tu veux. Je m'en vais. »
Le visage de Gabriel blêmit. Il n'était pas habitué à ce que je me défile. Habituellement, j'entrai directement dans le conflit mais je n'avais ni l'envie et ni la force. Je regagnai les escaliers et il m'attrapa brusquement le bras en me criant :
« Reste-là. »
Je le fixai. Cet imbécile finit par s'accrocher au mur, incapable de rester debout sans se tenir et d'un renvoi, il éjecta toute l'alcool qu'il avait ingéré. J'hésitais mais je finis par rester à côté de lui sans pour autant l'épauler pour vomir. Je soupirai :
« C'était une mauvaise idée, oui. Tout ce que je voulais, c'était passer du temps avec mes amis et me voilà encore avec toi à éponger tes conneries. Je ne supporterai pas ça longtemps, tu le sais. »
Il ne répondit rien, trop concentré à vomir ses tripes sur le vieux sol. L'odeur âcre commençait à se répandre et je me pinçais le nez pour éviter que cela me donne la nausée. Sans demander son avis, je composai le numéro de son meilleur ami. Ce dernier me répondit à la dernière tonalité. Il était encore à peu près sobre.
« Kate ?
-Ce gros débile est complètement mort, faut le ramener. »
Je pouvais l'entendre souffler et il me répondit !
« Où êtes-vous ?
-Vieille piscine, au sous-sol. »
Il raccrocha et Gabriel me demanda entre deux haut-le-cœur :
« Tu as appelé qui ? »
Je l'ignorai. J'en avais assez de son comportement pour ce soir. Il insista :
« Alors ? »
Je grognai :
« Martin. Hors de question que tu décuves chez nous, on parlera demain quand tu seras sobre. »
Le faux blond choisit son moment pour débarquer. Il s'agenouilla près de Gabriel en lui demandant :
« Eh mec, tu sauras te lever ? »
Et là coup de poker, Gabriel se mit à pleurer pour notre plus grand étonnement. Il geint :
« Kate ne m'aime plus. »
Notre expression changea. Qu'est-ce qu'il était lourd. Martin me rassura :
« Ne fais pas attention, ça lui est déjà arrivé. Demain, il sera complètement différent et il n'assumera pas d'avoir chialé. »
Je hochais la tête silencieusement. Martin appuya sur ses jambes musclées pour soulever son meilleur ami dans un seul long mouvement. Gabriel appuya sur l'épaule de Martin et il grimaça :
« Merde, il a de la gerbe partout. »
J'accourus dans les vestiaires de la piscine pour prendre du papier toilette. Je frottai son visage avec une mine dégoûtée. Je le suppliai :
« Fais le décuver chez toi et ne le fais pas revenir tant qu'il s'est pas douché. Il empeste l'alcool, la clope et le vomi.
-Je ne comptais pas te le laisser. »
Nous traversâmes la fraternité avec Gabriel sur le dos jusqu'à la berline de Martin. Il allongea Gabriel à l'arrière et claqua la porte. Je soufflai, exténuée et lui demanda tout de même inquiète :
« Est-ce que ça va aller ?
-J'ai connu pire avec lui. Et toi ?
-Oui, je vais bien. »
C'étais faux. Les larmes me trahirent et le baraqué me prit dans ses bras en me soufflant avec gentillesse :
« Relax, tout va bien. On est là pour toi.
-J'en ai juste assez. Tout part en vrille en ce moment. Ma mère dans un lit de réanimation, le fait d'avoir cette impression de ne pas être assez là et le comportement de Gabriel. Je n'en peux plus de l'entendre m'insulter, de prendre sur moi tout le temps.
-C'est une mauvaise période mais je t'assure que ça va s'arranger. Arme-toi de patience, profite de voir les potes, aère-toi et change-toi un maximum les idées. Quant à cet abruti, laisse-moi m'en occuper, je vais le remettre à sa place à son réveil.
-Je suis désolée de craquer comme ça devant toi.
-On a tous déjà eu des moments comme ça et moi le premier.
-J'aurai du comprendre que toi et Claire ça n'allait pas. »
Martin m'envoya une moue triste et fixa brièvement la vitre arrière de sa berline. Gabriel avait l'air de dormir. Il me répondit avec une petite voix :
« C'est un égoïste qui ne pense qu'à sa souffrance. J'ai cassé avec Claire mais je l'aime. Je pense que j'ai rompu pour récupérer mon amitié avec Gabriel. Je le sais qu'il est toxique mais c'est l'ami que j'ai depuis tellement d'années. Je ne peux pas l'abandonner.
-Je sais ce qu'il a vécu mais parfois rien n'excuse son comportement.
-Son père a ruiné son enfance, me lâcha Martin avec tristesse. Il est jeune et à la fin de la semaine, c'est son anniversaire. »
Et ça m'était complètement sorti de la tête. Le jeudi, Gabriel fêtait ses vingt-et-un ans. Je fis semblant de m'en souvenir et souris légèrement :
« Tu veux qu'on lui prépare quelque chose ?
-Petit comité. Chez moi, par exemple. »
Je hochais la tête et je le saluais :
« Bon, je te laisse rentrer. Je vais voir pour ramener Arsène chez lui en même temps, il n'est pas très frais. »
C'étaient sur ces dernières paroles que nous nous séparâmes avec un léger sourire.
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