20.

Cathy

Shopping vendredi après-midi après les cours, ça te dit ? On se contera nos vies autour d'un café viennois ensuite.

Et c'est comme ça que je me retrouve à visiter le centre commercial avec Léa. Lorsqu'elle m'avait parlé de faire les magasins, j'ignorai que ça allait être aujourd'hui. J'avais pris les transports en commun et nous avons pris comme point de rendez-vous la porte principale. Je portais un parka beige avec des petites bottes noires. J'avais mis un jeans bleu marine et un pull rouge, les yeux maquillés de far à paupières et de mascara. J'échangeai des textos à ma mère concernant ma virée shopping et elle était très heureuse pour moi. Je n'ai pas encore pensé à lui parler de ma sortie de demain avec Gabriel. Je ne lui ai encore jamais parlé de lui d'ailleurs.

Léa arriva cinq minutes après moi. Elle était élégante. Elle avait coiffé ses cheveux d'un haut chignon et portait une jupe noire ainsi qu'un pull de la même couleur. Elle me fit des grand signes auquel je répondis. Elle s'excuse de son retard :

« J'ai fini le cours à 12h30 au lieu de 12h et malgré que je me sois grouillée pour manger, je suis quand même en retard.

-Ce n'est pas grave, ne t'en fais pas. Je venais d'arriver. »

Léa sourit et nous entrons dans le centre commercial. Nous commençons par les magasins de vêtements. Elle voulait absolument se trouver une robe pour le bal d'hiver de la fac. Je n'étais pas au courant de ça. Elle m'explique :

« Pour fêter Noël et le Nouvel An, l'université fait un bal d'hiver ! Il faut venir accompagné, c'est hyper bien ! J'ai toujours rêvé d'avoir un bal au moins une fois dans ma scolarité, j'espère que tu viendras, je ne connais personne.

-Je vais en parler avec mes amis pour qu'ils viennent mais pourquoi pas, cela pourrait être cool. »

On se dirige vers le rayon des robes. Léa en piocha deux un peu hors de prix. La première était bleu foncé avec de la dentelle sur les bretelles, assez décolleté, un jupon assez large. La deuxième était plus simple mais le tissu blanc état plus léger. Je choisis plus une petite robe noire avec des manches courtes. Elle arrivait à peu près au-dessus des genoux. Léa me pousse vers la cabine d'essayage avec elle. Je me déshabille et enfile la robe tout en observant mon reflet dans le miroir. Je tourne autour de moi-même et je complimente la robe la trouvant radieuse sur moi. Léa me fit signe de sortir pour qu'on puisse s'admirer ensemble. Lorsque je la vis avec la robe bleue, je craque immédiatement :

« Tu es magnifique, il faut absolument que tu la prennes ?

-Tu crois, me demande-t-elle peu sûre d'elle-même.

-Absolument ! »

Léa observa ensuite ma tenue et jugea mon apparence avec goût :

« J'adore, elle te va comme un gant, je te conseille de la prendre aussi. »

J'écoute ces conseils et je me rhabille avant de poser l'article à la caisse. Léa n'essaya pas la deuxième robe, le premier modèle avait conquis son cœur. Nous payons et nous nous dirigeons vers une autre boutique.

**

« Deux cafés viennois s'il vous plaît et deux meringues, commanda Léa au serveur »

Nous avions fait pas mal de boutiques pendant deux heures : chaussures, bijoux, beauté et maquillage, sacs, décorations de maison. Je me suis achetée une petite paire de talons suivant avec la robe, un rouge à lèvres et un petit carnet pour remplacer mon journal intime que je n'aie toujours pas retrouvé. Le serveur partit chercher nos commandes pendant que nous bavardons gaiement. J'ai appris qu'elle étudiait le droit comme Lucas, qu'elle faisait de l'athlétisme depuis le début du collège et qu'elle n'avait pas de petit copain. Elle a deux petits frères très usant comme elle dit et un chien nommé Spot. Je me présente à mon tour :

« J'ai dix-neuf ans, je suis en première année de littérature. J'ai redoublé ma terminale. Je n'ai jamais eu d'animaux, ma mère déteste ça. Je ne connais rien de cette ville. Je suis fille unique, je n'ai pas grand-chose à raconter. »

Léa ricane. Je ne peux pas raconter mes embrouilles de frère et sœur ou raconter à quel point je suis débile si « mon chat » se lave et que je trouve ça mignon. Ma nouvelle amie me demande :

« Est-ce que tu as un petit copain ?

-Non, je n'en ai jamais vraiment eu d'ailleurs, ce n'était que des amourettes sans importance. Et toi ?

-Célibataire, elle s'esclaffa. Mais je t'avoue, j'ai eu une longue relation durant le lycée mais le fait que l'on soit dans une autre université, ça ne nous convenait pas donc on s'est séparé cet été.

-Ah mince, et tu tiens le coup ?

-Oui ne t'en fais pas. Maxence est un gars gentil, on s'est séparé en bon terme, on se donne souvent des nouvelles et on est resté ami.

-Ah c'est super les relations comme ça.

-Je suis d'accord. Alors, quelqu'un te plaît dans cette université ?

-Oh je ne sais pas trop, dis-je un peu embarrassé.

-Oh, allez ! Il y a bien quelques garçons dans cet université qui te plaisent !

-Ce sont des amis de Lucas.

-Lucas ? C'est le blond de la dernière fois qui est venu te parler parce que vous étiez fâchés, quelque chose comme ça ?

-Oui, c'est lui, riais-je, c'est mon meilleur ami.

-Il est mignon.

-Oui mais c'est devenu un con avec les filles depuis qu'il fréquente ces gens de soirée. On s'est un peu éloigné.

-Je suis sûre que ça va s'arranger avec le temps, me rassure-t 'elle. Il a l'air sympa en vrai.

-Il parle des filles comme un morceau de viande.

-Je suppose que certaines filles le font aussi, s'exclame-t 'elle. Bon, je veux les noms de ceux qui te plaisent réellement.

-Il y a bien Martin, tu sais le...

-Le mec musclé du groupe ? Crois-moi, toutes les filles de l'athlétisme ont flashé dessus l'autre jour et je ne suis pas étonnée, c'est un Don Juan ce mec.

-Mais je ne tenterai rien avec lui, Claire, la seule fille du groupe craque réellement dessus et je ne veux pas lui prendre.

-Je n'ai pas confiance de le voir sortir avec une fille pareille.

-Comment ça, dis-je en fronçant les sourcils.

-Ca a l'air d'être une garce. »

Elle a un franc-parler que j'apprécie beaucoup. Elle dit ce qu'elle pense sans se soucier de l'avis des autres. Je pouffe de rire :

« Elle est sympa en vrai.

-C'est à voir ça. »

Elle s'habille de manière extravagante mais du peu que je lui aie parlé, elle est sympa.

« Bon, tu ne vas pas me dire que tu kiffes que Martin Callens ?

-Non, son pote est beau aussi.

-Lequel ? Il traîne avec Arsène et Gabriel.

-Arsène, c'est le cousin de Lucas.

-Quoi ? Mais non !

-Je te jure, lui dis-je du même ton, je le connais depuis toute petite. On a fait les quatre cents coups ensemble, on a même échangé notre premier baiser ensemble pendant l'adolescence.

-Je suis choquée ! »

Ses mains se posèrent sur sa bouche. J'ai vite compris que le groupe de Lucas était assez connu dans l'université, tout le monde connaissait leur prénom.

« Arsène te plaît alors, me demanda Léa avec un sourire en coin.

-Ah non, je le considère comme mon grand frère, ce n'est pas possible de voir plus avec lui.

-C'est donc Gabriel qui te plaît !

-Oui voilà, avouai-je en devenant rouge. Mais, je n'attends rien de lui. Il est trop difficile à cerner et ne respecte pas les filles.

-C'est ce que j'aie cru comprendre, me dit-elle tristement.

-Et pourtant, il est comme un aimant qui m'attire vers lui. Je t'avoue, on a déjà passé du temps ensemble, c'était cool mais c'est toujours pour jouer avec moi.

-Tu penses qu'il joue avec toi ? Tu es la seule fille avec qui Gabriel se montre sympa.

-Parce que Lucas lui a demandé. Au départ, il était odieux.

-Je ne suis pas sûre. S'il voulait vraiment être odieux avec toi, il le ferait derrière son dos.

-Ce n'est pas faux. »

Léa avait l'air de mieux comprendre ce garçon que moi et j'en étais jalouse. J'aimerai lire en lui comme elle. Mon amie reprit :

« Vous n'êtes pas vraiment ami, n'est-ce pas ?

-On essaye mais ça dérape toujours. Soit on se dispute, soit...

-Soit ?

-Soit on s'embrasse, lui avouai-je timidement.

-Tu as embrassé Gabriel Hood ? Notre équipier d'athlétisme ?

-Plusieurs fois même, continuai-je, mais généralement c'est pour son propre intérêt. »

Je n'ai envie d'étaler la vie privée de Gabriel à Léa. Je lui annonce juste en plus :

« Gabriel a envie de booster son égo, c'est ce qu'il me dit. »

Je ne raconte pas la réelle raison de ses rapprochements.

« C'est dommage, il a l'air de t'apprécier, me répond tristement Léa.

-Je l'apprécie aussi. On fait une sortie ensemble demain.

-Une sortie ? Genre, un rencard ?

-Entre amis, la rectifiai-je.

-Je te le dis encore une fois, c'est dommage. Vous irez bien ensemble. »

**

Vers dix-huit heures, Léa et moi sortons du centre commercial. Ma nouvelle amie avait insisté pour me raccompagner jusqu'à mon appartement. Elle me disait qu'elle saurait rentrer sans problème. Nous voilà donc en bas de l'immeuble. Je lui propose de visiter mon chez-moi et d'y rester un peu autour d'un soda. Elle accepta avec joie. Nous allons au cinquième étage. Je tourne la clé dans la serrure et nous voilà dans l'appartement. Ça pue la clope bordel. J'entrai dans le salon et vit Gabriel et Lucas en train de fumer dans le salon. Je râlai:

« Sérieux les mecs, il y a un balcon dehors ! Ce n'est pas pour rien.

-Et toi, tu étais où ? »

Lucas ignora ma réflexion et tel un papa poule me quémande où je suis sortie.

« Elle était avec moi. Shopping entre filles, lui répondis mon amie, au fait, moi c'est Léa.

-Lucas, enchanté. »

Il se leva et vint lui faire la bise avec un sourire charmeur. Gabriel resta dans son siège à fumer, sans prononcer un seul mot. Léa me donna un coup de coude discrètement pour me pousser à aller lui parler mais je lui fis signe que je ne ferai rien. Je pose mes sacs et propose :

« Qui veut à boire ?

-Moi, crie Lucas dans mon oreille, ramène des bières pour moi et Gaby.

-Trois, ajouta Léa.

-Bande d'alcoolo. C'est dégueulasse la bière, répondis-je répugnée en prenant trois bouteilles fraîches du frigo. »

Je me serre un verre de coca et apportai les boissons ainsi qu'un ouvre-bouteille. Je m'assis dans le canapé dans la diagonale de Gabriel et à côté de Lucas. Mon meilleur ami fit la conversation :

« Qu'est-ce que vous avez acheté ?

-La tenue du bal d'hiver, annonçai-je fièrement.

-Tu vas au bal d'hiver toi, remarqua Gabriel qui jusque-là n'avait prononcé aucun mot.

-Oui, ça pourrait être sympa, tu devrais y aller aussi.

-Sans façon. »

Il leva les yeux au ciel et but une gorgée de sa bière. Lucas le taquine :

« Allez Gaby ! Tu pourras nous montre ton déhanché.

-Ta gueule. »

Je bus une gorgée de mon coca et observai Léa en train de faire connaissance avec Lucas. Elle est si sociable, elle parle avec tout le monde. Gabriel observa la scène lui aussi, agacé. Il avait remarqué le bras de Lucas bouger pour se mettre derrière les épaules de Léa. Il semblait l'envier. Ils avaient l'air occupé à parler donc je me levai tout en continuant de fixer Gabriel. Il comprit. Je m'éclipse dans ma chambre, lui sur mes talons. Je m'enferme avec ce garçon dans ma chambre.

« Qu'est-ce qu'il y a, me susurre-t-il doucement.

-Tu as besoin de contact, on dirait.

-N'importe quoi. »

Stupide fierté. J'ai vu son regard envieux. Je m'approche de lui et posai mes mains sur ses paumes le surprenant.

« Qu'est-ce que tu fais ?

-Je pose mes mains sur les tiennes, idiot.

-Pourquoi ?

-Parce que j'ai envie. »

Il se laissa faire. Je suis tout aussi surpris que lui lorsqu'il se mit à caresser mon pouce avec le sien avec une certaine douceur. Il avait maintenant son regard posé sur nos mains enlacées. Je lui remarque :

« Tu n'es pas habitué à ce genre d'attention.

-En effet. »

Gabriel n'est pas très bavard et je ne lui en veux pas. Je repense au bisou sur la joue qu'il m'a fait dans sa voiture la veille et aujourd'hui, je lui rends. Je me mets sur la pointe des pieds et pose mes lèvres sur sa joue hâlée. Il sourit en sentant mes lèvres se mouvoir sur sa joue et me lâcha un petit :

« Merci. »

Je souris à mon tour et il termine :

« Je finis ma bière et je m'en vais. On se verra demain. Quatorze heures ?

-Quatorze heures.

-Parfait ! A demain Kate. »

Je ne connaissais pas ce Gabriel adorable mais il me plait beaucoup.

**

J'espère que cette facette de Gabriel vous plaît malgré qu'elle soit de courte durée.

-Elo