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2.
Gabriel.
Mars 2004
C'était un soir de printemps. Je ne me rappelais plus exactement l'heure mais je savais qu'il était tard. J'avais dîné vers dix-neuf heures. C'était l'heure habituelle où ma mère me faisait à manger. Elle m'avait donné un bain et lu une histoire avant d'éteindre la lumière. C'était normal. Je m'étais endormi un moment. La dispute de mes parents m'avait sorti brutalement de mon sommeil. J'avais ouvert la porte de ma chambre, vêtu de mon petit pyjama ''Le Roi Lion'' et à pieds nus. Je m'étais engagé dans le couloir de l'étage, alerté par toutes les portes qui claquaient. Mes petits pieds dévalèrent les escaliers. Je croisais ma mère dans le hall d'entrée, les bras chargées de valises. Vu la quantité qu'elle avait, c'était un long voyage. Du haut de mes cinq ans, je n'avais pas compris qu'elle partait et qu'elle ne reviendrait jamais. Ma mère, Esther, s'agenouillait devant moi pour me prendre dans ses bras. Je ne comprenais pas grand-chose à cette époque-là. Je savais juste que j'aimais ma maman. J'étais un enfant facile jusqu'à son départ. Avant de quitter la maison, elle m'avait dit :
« Je suis désolée mon petit Gabri'. Tu vas grandir, avoir ta propre famille. Sois un homme bon. Papa sera toujours là pour toi. »
Elle avait ensuite pris ses dernières affaires et avait quitté la maison. Je n'avais pas essayé de la retenir. Pour moi, elle allait revenir.
Et pourtant... Trois semaines étaient passés. J'avais complètement changé. De l'enfant facile, j'avais commencé à réclamer après ma mère. J'en avais fait voir à mon père. J'avais enchaîné les bagarres en classe. Je frappais mes camarades. J'étais intolérant à la frustration. Je demandais quelque chose qui n'était pas possible : le retour de ma mère. Chaque camarade qui m'énonçait ma maman se prenait des coups de pieds. J'avais forgé mon mauvais côté depuis tout petit.
J'avais guetté la porte d'entrée pendant très longtemps. Je passais des heures assis dans le couloir à attendre son retour. Et ça avait duré trois mois. C'était ce que mon père me disait lorsque je commençais à grandir. Quelque chose s'était brisé en moi ce jour-là, j'avais compris que ma mère m'avait abandonné.
J'avais énoncé le début de ma mauvaise enfance par le départ de ma mère. Je ne lui avais jamais tout détaillé cette partie mais il fallait que cela sorte. Son état montrait que cela la faisait souffrir et garder tous ses secrets avaient fini par me pourrir de l'intérieur. Je m'étais contenu mais par colère, j'avais peur de la frapper et je ne le voulais pas. Avec quelques pleurs, je lui racontais un début fructueux de ma vie. Kate m'avait écouté d'une oreille attentive sans jamais m'interrompre. Pour me donner du courage, elle m'avait pris la main. Je fis une longue pause et elle se permit de se livrer :
« Tu n'es pas le plus facile à vivre Gabriel. Tu débordes de colère, tu as besoin de parler. Je comprends désormais pourquoi tu as une hantise à l'idée d'être abandonné. Son départ t'avait traumatisé, tu t'étais créé inconsciemment un mur pour te protéger. Je te soutiendrai. Je ferai le maximum pour raviver la lumière qu'il y a en toi. Je sais qu'elle existe. »
J'avais les yeux rivés dans celle que j'aime. Elle arrivait à trouver le mots pour que je puisse me sentir bien. Elle avait été invasive en insistant pour rencontrer ma famille. Désormais, c'était fait. C'était une chose en moins mais je devais affronter le plus dur : lui raconter ce qui me ronge depuis des années. Je répondis :
« Je suis tellement mauvais, j'ignore comment tu peux trouver quelque chose de bien chez moi.
-Je suis ta petite amie. Nous voulons toutes le bonheur pour nos copains. »
Elle était mignonne. Je reniflais. Avec la manche de mon sweat, j'essuyais mes larmes. J'avais honte de pleurer devant elle. En grandissant, je ne pleurais plus. Je n'avais pas pleuré depuis des années et je venais à me demander si mon enfance ne m'avait pas dénué de tout sentiment ? De ne plus rien ressentir ? Kate avait rallumé cette flamme.
Je posai tendrement un baiser sur sa joue et je repris mon récit de vie avec difficulté...
Avril 2009
Je venais d'avoir 10 ans. J'étais au CM1. J'avais un an de plus, j'avais redoublé mon CP quelques années avant. J'étais la terreur de la primaire. Mon père était souvent convoqué pour mes nombreux écarts et en particulier avec les filles.
C'était un moment de ma vie. Mon père venait de plonger dans la boisson. Au départ, il était triste à cause du départ de ma mère. C'était la continuité de ma mauvaise personne qui se créait. Lorsque je rentrais, je me faisais toujours insulter pour mes conneries. Et je n'avais jamais arrêté. Je lui faisais porter le chapeau, tout était de sa faute si ma mère était partie. C'était devenu comme un jeu pour moi de tester ses limites. Ma haine n'avait aucun point. J'étais sans cesse en colère contre lui et l'alcool avait amplifié le dégoût que j'éprouvais pour lui.
Mes dix ans ont été une entrée précoce dans l'adolescence. J'étais difficile pour l'ensemble du personnel enseignant. Lorsque le nom de « Gabriel Hood » apparaissait dans leur liste de classe, c'était déjà le cauchemar.
Avec les filles. Je les enfermais dans les toilettes. Je m'amusais à regarder sous leurs jupes. J'avais fini par comprendre que ce n'était pas bien de faire ça.
« Qu'est-ce que ton père avait pu faire pour qu'encore aujourd'hui, tu le méprises à ce point ? C'est le fait qu'il soit avec un homme ?
-Non, Charles ne me dérange pas. Qu'il soit avec un homme, je m'en tape. Chacun sa sexualité. »
J'étais honnête. Je n'avais absolument rien contre les sexualités des autres. Je voulais juste que l'on me foute la paix. Avec un peu de colère, je crachais :
« Si ma mère s'est cassée, c'est entièrement de sa faute. Il l'a trompé, l'a manipulé pour qu'elle lui fasse un gosse. Moi. Et quand il a eu ce qu'il voulait, il s'était enfermé dans son mensonge. Il n'arrivait plus à lui avouer que c'était pour pouvoir faire sa vie avec Charles. Qu'il la quitte parce qu'il est amoureux d'un homme, j'accepte. Mais qu'il la manipule pour avoir un enfant, lui mentir et la larguer en lui annonçant qu'il la trompe depuis des années, c'est au-dessus de mes forces. »
Janvier 2016
J'étais au lycée lorsque tout cela s'est passé. J'étais en seconde. Je venais de me prendre une exclusion de trois jours lorsque je rentrais à la maison. J'avais répondu et insulté la professeure de mathématiques lorsqu'elle m'avait accusé de tricher sur mon voisin de classe. J'étais un élève perturbateur mais pas un tricheur. J'en avais toujours eu rien à battre de l'école, les bonnes notes ne m'intéressaient pas.
J'ouvris lentement la porte d'entrée. Je pensais savoir ce qui m'attendait : une bonne dispute avec mon père où je pourrai lui cracher à la gueule. J'étais en pleine adolescence. Je dépensais mon argent de poche dans la clope depuis mes quatorze ans. J'avais presque dix-sept ans. Je déposais mon sac dans l'entrée lorsque je surpris une conversation entre mon père et mon beau-père à mon sujet.
Ma copine m'interrompit quelques instants en me demandant avec curiosité :
« Tu as toujours vécu avec le Professeur Hood ? »
Je réfléchis quelques instants. C'est vrai que je ne lui avais pas tellement raconté la façon dont mon père m'avait présenté Charles. Je passais ma main dans mes cheveux noirs en soupirant :
« J'étais au collège quand il m'a parlé de son orientation sexuelle. Je m'en foutais. Il m'avait présenté Charles peu de temps après. Je ne vais pas te mentir, il ne mérite pas que je le traite comme une grosse merde. Il a toujours été sympa avec moi malgré mes conneries et il raisonnait toujours mon père dans ses paroles. Je n'étais qu'un gamin en colère. »
Charles avait été le père que je n'avais jamais eu. Il n'avait jamais remplacé ma mère, personne ne le fera. Mais il avait essayé de m'apaiser. Je me sentais coupable de l'enfer que je lui avais fait vivre durant plusieurs années. Ma copine me câlinait toujours. Elle était présente pour moi. Les mots semblaient plus faciles à prononcer. Pour me donner un peu plus de courage à ce que je vais lui raconter, je pris son visage en coupe et claquai nos lèvres ensemble avec force. J'avais besoin de ce contact.
Je m'approchais lentement de la porte menant au salon. Je tendais l'oreille. Je pouvais tout écouter de là où j'étais. Elle était entre-ouverte et ils étaient dos à moi. Ayant fait peu de bruits, ils ignoraient que j'étais rentré. Mon cœur se serra à l'entente du prénom de ma mère :
« Esther Orlando ne t'a jamais contacté pour avoir des nouvelles du petit ?
-Non, elle avait rejeté tous mes appels. Elle ne voulait plus de nous dans sa vie. »
C'était difficile pour moi d'évoquer le sujet de ma mère. Cela m'avait fait beaucoup trop souffrir et mon inconscience avait dissimulé cette souffrance au plus profond de mon être pour me protéger et le mal faisait une nouvelle fois surface. J'avais serré le poing. Mon père reprit :
« Gabriel ne doit jamais l'apprendre. Nos rapports sont déjà assez difficiles. »
Je lui avais mené la vie dure. J'avais toujours ce sentiment qu'il était coupable. Il l'avait rendu malheureuse et elle était partie à cause de lui. J'en voulais également à ma mère de m'avoir laissé seul avec lui. Je me demandais ce que je ne devais pas savoir. Je déglutissais lentement et me concentrais un peu plus sur cette conversation intime :
« C'est vrai que votre relation père – fils est compliqué mais tu ne pourras pas lui cacher longtemps
-Tu penses que c'est facile de lui dire que j'ai trompé sa mère avec toi pendant des années ? Que j'espérais avoir un enfant pour pouvoir l'élever avec toi. »
Je me figeais. Ce n'était pas possible. Alors toute mon enfance était un mensonge ? C'était lui le fautif comme prévu ? J'avais raison de lui en faire baver pendant toutes ces années. J'hésitais à intervenir. Je gonflais mon poing, prêt à intervenir s'il allait plus loin dans ses explications. Ma colère débordait :
« J'ai utilisé sa mère pour avoir Gabriel et elle s'est enfuie quand elle a su toute la vérité. Elle a abandonné son enfant, elle ne désirait plus me voir. »
Par égoïsme, ma mère m'avait empêché d'avoir une présence maternelle. Elle ne se remettait pas de la trahison de mon père et elle avait préféré me laisser avec un traître plutôt que me prendre avec elle. Ma haine augmentait. Désormais, ma mère n'était qu'une vulgaire connasse comme toutes les autres. Elle m'avait laissé. J'entendais Charles demander avec curiosité :
« Est-ce que tu sais où elle est Esther ?
-Oui. Elle est retournée dans sa famille. Elle est anglaise. Elle est repartie à Cheshire. »
C'en était trop pour moi. Mon père savait depuis longtemps où se planquait ma mère et il m'avait menti pendant des années. Ma mère était beaucoup trop loin. J'avançais dans le salon et je criais avec haine :
« Vous êtes des menteurs ! »
Mon père s'était tourné vers moi, alerté. A son visage, il se doutait que je n'avais pas perdu une miette de leur conversation. Je reculais d'un pas lorsqu'il s'approcha de moi. Je lui hurlais les pires horreurs du monde. J'avais ensuite fugué de chez moi durant plusieurs jours pour me réfugier chez Martin.
« Ce qui a été horrible, c'est de grandir avec un mensonge. Je voulais revoir ma mère. Je l'avais attendu pendant des années. Elle m'avait abandonné, je le savais mais j'avais toujours une trace d'espoir. L'égoïsme de mes parents m'a fait souffrir. C'est pour cette raison que je n'arrive pas à leur pardonner. Je ne désire plus rencontrer ma mère, elle m'a laissé tomber. Et mon père m'a menti toute ma vie sur les raisons du départ de ma mère. »
Kate avait le regard figé sur le mien. Elle semblait peinée par mon triste passé. Je n'avais jamais raconté à qui que ce soit toute cette histoire. Ma petite amie m'enlaça fortement. Mes pieds faisaient balancer lentement ma vieille balançoire. Je profitai un maximum de ce contact. Mon menton reposait sur son cuir chevelu. Mes mains passèrent dans ses longs cheveux bruns. Ils étaient si doux, si fins. Je sentis son shampooing aux fruits. Je pensais à quel point je l'aimais. Elle était tellement jolie. J'avais de la chance de l'avoir. Kate me lança :
« Je suis désolée de ce qu'il y a pu t'arriver lorsque tu étais enfant. J'arrive à mieux comprendre ton caractère dur, limpide et destructeur. Tu as grandi dans le mensonge, l'abandon. Le pardon n'est pas le plus facile, mais parler avec ton père ne te ferait pas du bien ? Vider ton sac ? »
Je pinçais mes lèvres et levai la tête vers le ciel nuageux. Je sortis mon paquet de cigarette de mon sweat. Je logeai la clope superficiellement à mes lèvres. Je fis craquer le Zippo et inspirai une longue bouffée. En expirant, je répondis :
« J'en sais foutre rien. Rien ne pourra me soulager, le mensonge est trop gros.
-Est-ce que tu lui as déjà donné sa chance ? »
Je bégayai quelques mots incompréhensibles. Elle me posait une colle. Je ne lui avais jamais vraiment laissé le temps de s'imposer en tant que père et améliorer notre relation père – fils. Ma colère m'avait trop rongé. Je haussais les épaules. Durement, je tranchai :
« Non et cela ne me donne pas envie de lui donner sa chance. »
Martin avait su la sexualité mon père lorsque j'avais été me réfugier chez lui pendant plusieurs jours...
Je logeais chez Martin depuis une semaine lorsque mon père avait frappé chez lui. Nous jouions une partie sur la PS4. La mère de Martin était allée ouvrir et elle avait eu affaire à mon géniteur fou furieux et complètement alcoolique. C'était la goutte de trop pour moi. Je m'amusais bien chez mon meilleur ami.
Enoncer que Martin est mon meilleur ami m'a fait prendre conscience que je devais mettre ma rancœur de côté. Je désirais le pardonner, passer plus de choses avec lui, lui montrer que sans lui je ne suis rien. Le rugbyman était beaucoup trop important pour que je le perde.
Martin trouvait toujours les bons mots pour me rappeler qui je suis, pour me valoriser. Je n'avais pas toujours été gentil avec lui mais il avait toujours tout supporter parce que...
« C'était un véritable ami, continua Kate avec un sourire timide. »
Je pinçai le bout de son nez et repris mon récit.
C'était un véritable ami. Ce jour-là, mon père était entré dans le salon et c'était l'un des moments les plus gênants et les plus humiliants de ma vie. J'avais la honte de mon père et gêné de m'être battu avec lui de cette façon. Je n'étais qu'un gosse en colère, trahi et j'avais de la haine à revendre. J'avais seize ans merde et lui quarante. C'était lui l'adulte.
« Gabriel Hood, tu vas me suivre immédiatement et rentrer à la maison.
-Même pas en rêves ! »
Je m'étais levé brutalement du tapis du salon. Mes rires s'étaient tus et transformés en un visage colérique. La mère de Martin était alertée. Sous le boucan, le père de Martin était carrément sorti de son bureau. Il était PDG de sa propre entreprise et il fallait immédiatement que nous soyons discrets. Son père était un homme très occupé par son travail et il aimait bosser dans le calme. Mon père m'avait empoigné le bras et m'avait entraîné vers le hall de cette immense maison. Brusquement, je m'étais écarté de lui en criant :
« Laisse-moi tranquille et va-t'en !
-Assez joué, tu rentres tout de suite ! »
J'étais en colère. Martin essayait de me calmer en m'appelant et j'étais comme sourd. Je refusais tout contact. J'avais qu'une seule envie : insulter mon père de tous les noms pour avoir eu le culot de mettre les pieds ici.
J'avais commencé une violente crise de colère lorsque le père de Martin sortit de son bureau pour calmer le jeu. Il allait tenter de raisonner mon père lorsque je crachai à la gueule de mon géniteur :
« Tu es qu'un putain de mytho, une sale raclure de merde. »
Et là... Je m'étais pris la plus grosse gifle de ma vie. J'étais tellement choqué qu'il m'ait frappé que je n'avais pas su riposter. J'étais resté cloué sur place, mort de honte. La rage s'était amplifiée par dix mais je n'avais plus rien dit. Les parents de Martin étaient choqués par la claque que je venais de me récolter. Martin ne savait plus où se mettre. Il n'avait que quinze ans et j'étais physiquement plus grand et plus costaud que lui à l'époque.
Dans un calme absolu, mon père reprit :
« Maintenant rassemble tes affaires. Charles nous attend à la maison. »
Je buguais un instant. C'était comme ça que Martin avait su que mon père était avec un homme. A vrai dire, je m'en foutais qu'il en parle. Cela m'importait peu pour le moment qu'il affiche sa relation avec un homme.
« Qu'est-ce qu'ils ont fait les parents de Martin après cette gifle, me questionna Kate pendant que je tirais une nouvelle latte de ma cigarette. »
J'expirai une nouvelle fois...
Après négociation, mon père avait fini par partir. Tandis que les parents de Martin m'avaient fait comprendre que j'étais toujours le bienvenu ici, que j'étais un bon gamin avec Martin. Ils ne savaient pas le quart de mes conneries. Ils m'avaient accueilli aussi longtemps que je le voulais mais que je ne pouvais pas rester indéfiniment chez eux. Je comprenais. Mais après tout, j'avais créché chez plusieurs potes avant de rentrer. Avec mon caractère, j'avais fini par tous les perdre et Martin était le seul à ne pas m'avoir tourné le dos.
« Kate, je sais que je suis une personne toxique. C'est un miracle que nous soyons ensemble, lui confiai-je lentement, je suis instable. J'ai très mal grandi et même avec la plus grande volonté du monde, je ne serai jamais celui qui sera bien aux yeux des gens. Je ne suis pas fait pour les longues amitiés ou les longues relations mais je veux essayer. »
La seule amitié que j'avais réellement était avec Martin. Avec les années, je m'étais retrouvé de plus en plus seul. J'étais prisonnier de mon passé, je n'en voyais pas le bout. En contant mon récit, je me rendis compte que mon cœur était déjà plus apaisé, plus léger. Kate avait une oreille attentive. Elle observait toutes mes mimiques. Elle attendit quelques secondes avant de me répondre :
« On ne change pas, c'est vrai. Mais on peut se remettre en question, décider d'avancer. Parler à des professionnels comme les psychologues peuvent aider.
-Hors de question, la coupai-je vivement, je n'ai pas envie de raconter ma vie chez es crétins qui vont lever les yeux au ciel à la moindre de mes paroles.
-Tu as déjà essayé ?
-Non, soufflai-je bruyamment.
-Alors cela ne te coûte rien d'essayer. Tu peux passer gratuitement au CMP. J'y avais eu recours avec ma mère quelques mois après le décès de mon père. L'infirmière nous avait redirigé vers un psychiatre puis un psychologue.
-Cela ne m'intéresse pas, la coupai-je à nouveau impoli et têtu.
-Laisse-moi terminer. Je te disais que pour nous, ça nous avait aidé. Ils ne sont pas là pour te juger mais t'écouter, apporter une aide. Ils te proposent de différentes solutions. Quand tu me parles de ton père alcoolique, je comprends ce que tu as vécu. Je suis passé par là moi aussi.
-Ah oui ? »
J'étais curieux. J'en racontais beaucoup sur moi et le fait que Kate me conte une nouvelle chose sur sa vie passée me mettait plus à l'aise. Elle continua :
« Lorsque mon père est décédé de son cancer, ma mère est tombée en dépression et l'alcool. Chaque soir, je devais la ramener dans son lit et le lendemain matin, j'épongeais son vomi. Elle était vraiment bien éméchée, elle tenait très mal à l'alcool. »
J'étais silencieux. Kate était tellement différente de moi. Elle en avait vu beaucoup durant son adolescence avec sa mère. Je me sentais coupable car elle débordait de joie de vivre. Elle avait fait face à ses problème, forgé une vie stable et fait de son mieux pour tourner la page. Moi. J'avais grandi en me comportant comme un con avec tout le monde. Invivable avec la planète entière pour une histoire de famille. Elle avait perdu son père. Je me sentais horrible car je rêvais qu'il arrive malheur au mien. Ma mère avait disparu depuis 2004 tandis que Kate avait encore la sienne. Nous avions qu'un parent tous les deux désormais. La maladie avait emporté son père mais sa disparition n'avait pas fait d'elle une mauvaise personne. Je m'insultai :
« Je suis vraiment con de penser à comment serait ma vie sans mon père. Un psy ne m'aidera pas. Tu es là, c'est tout ce dont j'ai besoin.
-Je suis ravie de t'aider Gabriel mais voir quelqu'un pourrait t'aider...
-N'insiste pas s'il te plait.
-Ok, d'accord. »
Elle abdiqua et j'en fus ravi. Kate m'avait complètement calmé. Je me mis à l'embrasser. C'était intense, fiévreux. Elle me passionnait et me rendait putain d'heureux. Je me répétais une nouvelle à quel point je l'aimais. J'étais réellement fou amoureux de cette fille. Je le sentais au plus profond de mon être. Elle faisait naître de nouvelles sensations comme l'amour. Mon cœur ratait un battement dès le matin face à sa superbe beauté. J'attrapai des fourmillements dans tout mon organisme lorsque nos lèvres s'entrechoquaient ou quand elle passait sa main dans mes cheveux, mon torse, ... Après quelques minutes à s'embrasser, je lui soufflai :
« J'ai une dernière chose à te raconter sur mon passé. »
C'était l'une des choses des plus difficiles. Je faisais le fier, je montrais que cela ne m'atteignait pas mais j'étais en réalité brisé. Un peu plus en colère. J'avais perdu toute confiance en moi. Cela avait commencé un soir de printemps en 2017. Mon père m'avait annoncé qu'il allait se marier avec Charles...
**
Coucou, chapitre pas du tout corrigé, j'ai préféré avancer sur l'histoire. J'ai pris un peu d'avance.
-Elo
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