19*
19.
Gabriel.
Nous étions actuellement dans le train, direction Grenoble. L'ambiance était bien trop tendue. Pesante, lourde, infernale, toute cette situation me cassait juste les couilles. Depuis notre dernière visite à l'hôpital, Cathy avait brutalement décidé de rentrer sans m'en dire plus. Sur le long de trajet, elle n'avait prononcé aucun mot. Les sourcils froncés, la tête contre la vitre, écouteurs dans les oreilles, elle était dans ses pensées et je ne voulais pas faire cet effort de discuter le premier. Ce n'était pas à moi de faire le premier pas. Depuis notre altercation chez elle, je sentais que la discussion était loin d'être terminé. Nous nous étions tous les deux retenus de nous balancer des horreurs.
De plus, mon anniversaire approchait à grands pas. J'allais sur mes vingt-et-un ans le deux février. Je ne pensais pas le fêter et je ne pouvais rien prévoir. Dans cinq jours, j'atteindrai la majorité internationale.
Lucas avait choisi de rentrer avec nous également. Il n'eut pas plus de chances que moi pour obtenir une conversation avec sa meilleure amie. Elle avait fermé sa bouche. Habituellement, elle qui adorait l'ouvrir pour des conneries, le fait qu'elle soit mutique me dérangeait énormément. J'implorai Lucas du regard pour qu'il détende l'ambiance et ce dernier haussa les épaules avant de proposer à Kate :
« Quand on rentre, tu veux qu'on aille à la fraternité ? »
Je ne m'attendais clairement pas à ce genre de propositions pour lancer la conversation. Je râlai :
« On est en pleine semaine et je ne pense pas que-
-Ouais, ok, répondit Kate rapidement en me coupant la parole. »
Quoi ?
« Kate, ce n'est pas raisonnable surtout en cette période. »
Je faisais référence à sa mère qui sortait petit à petit du coma.
« Justement, j'ai besoin d'oublier et une fête me fera le plus grand bien. »
Je ne reconnaissais pas ma petite amie. Elle qui avait toujours la hantise des fêtes et dès la première, je savais que ce n'était pas son truc.
Je l'avais longuement observé ce soir-là. Dans ses simples tenues de ville, je ne pouvais m'empêcher de faire un commentaire désobligeant sur ses fringues :
Laisse tomber, elle a cru que c'était soirée pyjama.
Elle m'avait giflé et donné une des pires humiliations de ma vie : me faire recaler devant tous mes potes. Je ne l'avais pas dragué mais même pour un jeu, je m'en étais pris une. Ayant un caractère très sanguin, je ne l'avais pas épargné.
J'avais passé le reste de cette soirée à picoler dans les vestiaires d'une vieille piscine du sous-sol comme un demeuré. J'avais fini par avoir un appel de mon père me demandant si j'avais préparé ma rentrée et je l'avais envoyé chier complètement bourré. Elle était là, je le savais. Elle barbotait dans l'eau et regrettait sa soirée. Elle m'intriguait mais beaucoup trop torché, j'avais balancé la bouteille et je m'étais barré.
Cathy n'était jamais partante pour faire des jeux d'alcool et encore moins les soirées. Je savais que Lucas la traînait et elle venait pour lui faire plaisir même si le blondinet finissait pour la plupart du temps bourré et au bras d'une autre.
Je me moquais tout le temps d'elle, je la provoquais, j'adorais jouer avec ses nerfs quitte à jouer avec les miens. Il y avait toujours cette tension électrique entre nous à nous engueuler à la première occasion. Puis on avait fini par passer de nombreuses soirées merdiques de fraternité en tête à tête. C'est en étant en côtoyant cette même fille seul à seul pendant des mois qui ont fait que je suis tombé amoureux. Je ne comptais pas changer mais juste la posséder et la garder rien que pour moi...
Qu'elle s'oppose à moi me rendait fou, je serrai le poing et lâchai :
« Ca ne te ressemble pas de faire ça.
-Et toi encore moins de refuser une fête. J'ai envie d'autres choses que cette odeur d'hôpital. Je veux me sentir normale une fois dans ma vie. »
Elle souffrait, je comprenais, j'étais comme elle. Je buvais pour fuir mes problèmes. Avec la musique, la clope et l'alcool dans le sang, j'arrivais à m'en échapper mais seulement pour quelques heures. Au bout de quelques heures, c'était la décadence, un effet de dégradation. Chaque particule d'OH se cassait et notre taux d'alcool redevenait proche de zéro et c'était l'obscurité qui se présentait.
« Je te dis que c'est une mauvaise idée, c'est tout. »
Je ne pouvais m'empêcher d'être tranchant avec elle. L'amour ne sauvera pas mon âme.
**
Bad Bunny et Jhay Cortez résonnait en dehors de la fraternité. Je restais en retrait. Lucas et Kate s'était empressé d'y entrer sachant très bien que j'aimais fumer une première clope seul dehors. J'aimais ma tranquillité pour me détruire les poumons. Je squattai mon téléphone lorsque quelques potes de facs me rejoignirent. Jules me donna une claque sur l'épaule en expirant la fumée tout en me saluant :
« Yo, ça fait un moment qu'on ne t'a pas vu, tu as stoppé la fac ? »
Ce n'était pas pour me déplaire cette idée mais je haussais les épaules en répondant brièvement :
« J'étais sur Paris.
-Avec ta dame ? »
C'en était ridicule de désigner ma copine comme ça. Je soupirai :
« Ouais.
-Sacré Gaby, tu sèches la fac pour des escapades amoureuses.
-Ouais bof, c'était merdique. »
Personne n'avait besoin que la mère de ma copine était en réanimation. Je ne voulais pas m'étaler plus que ça et je balançais ma cigarette consumée sur le gazon avant de rentrer. La chanson se terminait et j'aperçus la bande sur les fauteuils. Arsène discutait avec Kate dans un coin. Martin buvait une bière avec Lucas. Je m'approchais du groupe lorsque Claire, l'ex de Martin me fonça dessus sans le faire exprès. Immédiatement, elle s'excusa :
« Pardon, je n'ai pas fait exprès. »
Habituellement, je l'aurai dégommé et envoyé chier pour m'avoir frôlé mais je répondis à la place :
« Ce n'est rien. »
Elle avait l'air aussi surprise que moi. Je cherchais souvent les merdes en soirée et me voilà en train d'être raisonnable. Préoccupé, j'essayais de garder un œil sur ma petite amie. Je remarquai rapidement que Claire était accompagnée de Léa et que cette dernière me dévisageait. Détestant ce genre de comportement, je devins tout de même agressif :
« C'est quoi ton problème à toi ? Va te trémousser. »
Elle n'eut pas le temps de m'insulter que j'étais sorti de la foule pour rejoindre Martin. Ce dernier me tchéqua tout en me demandant des nouvelles de ma petite amie :
« Comment elle va ? Je suis étonné de vous voir ici. Vous n'étiez pas sur Paris ?
-Si, sa mère est sortie du coma hier et elle a directement voulu rentrer après.
-Vous venez de rentrer ?
-Ouais, répondis-je suivi de près par Lucas qui s'ajouta à la discussion. »
Martin but une nouvelle gorgée au goulot avant d'ajouter :
« Ouah, elle a l'air d'aller bien. »
Il fixa ma copine discutant toujours avec Arsène lorsque nous répondîmes du même ton :
« Tu déconnes ? Quelqu'un qui vient en soirée après une telle merde est là pour se souler et oublier.
-C'était ton idée Lucas, je te rappelle, grognai-je.
-J'ignorais qu'elle serait d'accord ! »
Je pestai et jetai un nouvel œil sur ma droit pour découvrir Arsène... SEUL ? Où était passé Kate ? Fou de rage, je quittai les garçons pour attraper Arsène par le col et lui crier :
« Putain de merde, elle est où ?
-Oh détends-toi le romantique, ricana Arsène avec son rire de deux-trois verres d'alcool vite enfilées.
-Ta gueule, où est-elle ? Réponds !
-Tranquille l'interrogatoire, elle a rejoins les filles sur la piste de danse. Depuis quand tu es un gros canard comme ça ? »
Je vis rouge. Moi ? Un putain de canard ? Je reculai et crachai :
« Un canard ? Ca ne va pas ou quoi ?
-Roh, il est amoureux, c'est tout, répondit Martin en posant son bras sur mon épaule. »
C'était la chose à ne pas ajouter. Je ne supportais pas parler de ce que je ressentais et encore moins dans une soirée alcoolisée. Je dégageai mon bras en râlant :
« Fermez vos grandes gueules, vous faites chier.
-Elle est avec les filles, qu'est-ce que tu veux qu'il lui arrive à ta chérie ?
-Vous êtes vraiment cons. Mais vous avez sûrement raison. Je vais aller profiter. »
Mon côté connard reprit le dessus. J'attrapai une bouteille de vodka et m'éclipsai une bonne partie de la soirée...
**
coucou, un petit moment que je n'avais pas publié. donnez moi vos impressions ahah
-Elo
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