16.

Cathy

Nous nous esclaffons près de la porte à moitié nu, le corps trempé à cause de la piscine. Nous sommes restés un moment dans la piscine avec Gabriel à nous éclabousser, nous disputer en nous jetant de l'eau sur la figure. C'était un très bon moment. A présent, nous essayons de monter à l'étage pour nous sécher. Il y avait plein de monde, heureusement tous bourrés mais aucun de nous deux voulait traverser la fraternité dans cette tenue :

« C'est de ta faute si je dois courir torse nu dans toute la frat', rit Gabriel avec son paquet de vêtements dans la main.

-Tu t'es moqué de moi.

-Pas vrai.

-Bon...Un, deux, trois, premier arrivé a gagné. »

J'ai l'air d'une gamine mais je poussais la porte comme une tarée pour me précipiter à l'étage suivi de près par Gabriel. Ça me rappelle notre première soirée où il voulait me cogner parce que je l'avais humilié avec une gifle. Je pris la porte au fond du couloir qui menait à une chambre. Je m'amusais bien, c'était une bonne façon de se rapprocher. Gabriel me rejoignit dans la chambre. La pièce était plongée dans l'obscurité, il était 3h du matin. Le garçon ouvrit une penderie et sortit deux serviettes. Ce qui est bien à la fraternité, c'est que si on se salit, on peut se changer...mais avec les fringues de quelqu'un d'autre. Je remis ma robe. Elle n'était pas mouillée. Gabriel piqua un tee-shirt gris au garçon qui logeait dans la chambre et s'installa dans le grand lit. Je le rejoignis et m'allongea fermant les yeux.

« Tu veux dormir, me demande-t-il.

-Nuance, je repose mes yeux. »

Il leva les yeux au ciel et ramassa son téléphone, qui était toujours dans sa chaussure. Il était sur Instagram et regardait des comptes de joueurs de foot. Je l'espionnai légèrement en l'imitant. Gabriel fixa le plafond et me posa la question :

« Tu es vraiment vierge ? »

Qu'est-ce que ça peut faire ?

« Oui. »

Il hocha lentement la tête. Cool. Il tourna son buste vers moi et planta ses yeux bruns dans les miens avant d'avouer :

« Je le suis aussi. »

Je ne sais pas pourquoi je souris. Je ne sais pas s'il est sérieux, je lui demandai :

« Tu es vraiment vierge aussi ?

-Oui, je n'ai jamais rien fait avec une fille et je ne regrette pas. Je n'aime pas le comportement des filles.

-Je ne suis pas comme elles.

-C'est ce qu'elles disent toutes.

-Tu es déjà tombé amoureux d'une fille ?

-Non. »

Il était très bref dans ses réponses. Je relançai :

« Pourquoi est-ce que tu es comme ça alors ?

-Mêle-toi de tes affaires. »

A ces mots, il me tourna le dos et resta sur son téléphone. Je fis de même, tout est gâché à cause de mes questions. J'ouvris le message d'Amandine :

Il est beau !

Je souris et mon cœur battit un peu plus vite. Je répondis :

C'est vrai.

J'imagine déjà les 30000 questions d'Amandine. D'ailleurs :

C'est ton mec ?

Je souris et je tapai à vitesse folle sur mon clavier.

Non, ce n'est pas mon copain.

C'est qui alors ?

Je ne sais pas vraiment. On essaye d'être ami malgré nos caractères.

Aïe, je le plains

T'es cruelle, il est pire que moi

Je ne crois pas :P

Je lève les yeux au ciel, je n'ai pas mauvais caractère. Je me remis sur le dos et je posai mon téléphone sur la table de chevet. Gabriel s'était à nouveau tourné vers moi. Il me fixait de manière étrange et cela en devenait stressant.

« Qu'est-ce qu'il y a ? »

Gabriel avança son visage près du mien et me chuchota calmement et timidement :

« Tu me plais aussi. »

Je ne répondis rien et il rompait de plus en plus cette distance. Son corps se retrouva légèrement au-dessus du mien me bloquant sur une partie de mes mouvements mais je le laissai faire. Gabriel inspira un moment avant de crier presque :

« Et j'aimerai t'embrasser encore une fois. »

Cette fois, ce n'est pas lui mais moi qui joins nos lèvres ensemble. C'était un peu maladroit mais nous avons été à l'aise plus rapidement que la première fois. Nous lèvres se joignirent un long moment et plusieurs fois. La température de la pièce avait augmenté d'un seul coup, nous étions un peu comme dans notre bulle et j'aimais ça. Mes doigts se nichèrent dans ses cheveux bruns, ils sont si doux. Je n'avais aucune excuse, je n'avais pratiquement pas bu d'alcool, j'étais consciente de ce que je faisais. Je sais qu'il se moque sûrement de moi mais ma naïveté me dit d'avoir confiance. Je m'attire dans un jeu dangereux. Lorsqu'il stoppa le baiser, c'était un peu plus chaud entre nous. La respiration de Gabriel était forte tout comme la mienne. Je sentais mon cœur tambouriner dans ma poitrine. Ce n'était pas désagréable. Gabriel sourit et se replaça sur le dos à côté de moi.

« Je vais chercher un truc à boire, me dit-il en sortant du lit. »

Je murmurai rapidement un « d'accord » et il partit de la chambre. Je repensais à la soirée de ce soir. Malgré que Lucas m'ait un peu déçu, j'ai tout de même passé une agréable soirée avec Gabriel, il n'y avait eu aucun cri de toute la journée et c'était sympa. Je me réjouis pas trop vite, je sais que son comportement peut vite changer. En repensant à cette soirée, je finis par m'endormir...

**

Le soleil était déjà levé depuis longtemps lorsque mes paupières s'ouvrirent lentement. Mes yeux se fermaient instantanément et je clignai plusieurs fois le temps de m'habituer à la luminosité de ce milieu de matinée. Je m'assis sur le lit deux places et je me rendis compte que j'étais seule. Je me remémorai de la veille : j'avais passé une agréable soirée en compagnie de Gabriel. Je me demande si nous avons dormi ensemble. Je me souviens seulement de m'être assoupie avant lui. Je réajustai ma robe et me levai lentement. Les chaussures de Gabriel étaient toujours au pied du lit, il n'est donc pas très loin. Mon téléphone n'avait plus de batterie et je n'ai pas pris mon chargeur. J'ai hâte de rentrer pour pouvoir le recharger. Je baillai et m'avançai au niveau de la porte lorsque j'entendis une conversation très intéressante :

« Gaby, tu sais où est ma meilleure amie ? »

Lucas. J'en avais presque oublié de son attitude de petit con hier soir. Je roulais des yeux, il s'inquiète d'où je suis que maintenant et ça m'agace.

« Là. »

Quelques secondes passèrent. Je suppose qu'il montrait la porte qui se trouve en face de moi. Lucas lui demanda avec une certaine méfiance :

« Vous avez dormi ensemble ?

-Ouais. »

Gabriel approuva de manière complètement indifférente. Je rougis. C'est la première fois que je dors avec un mec que je connais à peine. Bon sang, qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ? Lucas le prévint durement :

« Je te jure que si tu lui as fait quoique se soit...

-Tranquille mec, je ne l'ai pas touché. »

Un frottement se fit entendre en bruit de fond : Gabriel craquait son briquet pour pouvoir fumer sa cigarette du matin. J'exprimai une grimace de dégoût.

Gabriel n'a pas précisé que nous nous étions embrassés dans ce lit la veille avant que je m'endorme et je souris en repensant au contact que j'aie pu avoir de ces lèvres douces et pulpeuses.

« J'espère bien que tu ne l'as pas touché. »

Lucas reste dur. Je pense qu'il n'a toujours pas digéré le fait que nous avons échangé un baiser l'autre jour dans notre appartement. Gabriel grogna et balança :

« Tu m'emmerdes, j'ai dormi avec elle pour qu'elle puisse témoigner en ma faveur chez les flics c'est tout ! C'est juste dans mon propre intérêt. »

C'est quoi cette histoire de flics encore ? Je grognai. Je le savais qu'il me prenait pour une imbécile et je me suis fait avoir une deuxième fois. Je pestai sur place. Je remis mes talons avec rage et marchai rapidement dans la pièce en récupérant le reste de mes affaires. Je te déteste Gabriel.

« Tu es vraiment un connard. »

Lucas insultait Gabriel et ce dernier ouvrit la porte de ma chambre pour la refermer derrière moi. Son expression agacée se changea en un sourire...que je peux qualifier d'hypocrite vu ce que je viens d'entendre. Ma mine contrariée ne le laissa pas dupe :

« Pourquoi tu fais la gueule dès le matin ? Tu t'es levé du pied gauche ?

-Je t'emmerde. »

Il n'apprécia pas du tout ma réponse et sa carrure fut soudainement menaçante. Il crie :

« Putain, mais qu'est-ce que tu as bordel ?

-Tu es un sale con. Tu peux aller te faire foutre pour que je témoigne je ne sais quelle connerie en ta faveur. »

Gabriel mit quelques secondes pour comprendre de quoi je lui parlais et lui aussi se mit en colère :

« Tu écoutes aux portes maintenant ? »

Non mais c'est une blague ?

« Tu rigoles là ? C'est toi qui joue avec moi et c'est moi la fautive ? Ne me parle plus jamais Gabriel.

-Non mais attends. »

Il tentait de me rattraper mais je me dégageai de son emprise d'un violent coup de bras. Je crie plus fort :

« Laisse-moi tranquille. Je ne suis pas ton putain de pantin, trouve-toi une autre greluche pour faire joujou. Je m'en balance de ton amitié en carton. »

J'étais à l'embrasure de la porte. Gabriel était resté intact, dans la même position. Il inspira un bon coup avant de me cracher à la figure :

« Je t'embrassais juste pour ton cul mais faut avouer que tu es dégueulasse. »

Je ne peux pas me l'avouer mais il m'a blessé.

**

Je vous enverrai les prochains chapitres la semaine prochaine. J'aime bien vous faire patienter :P

-Elo