Elyon caressait la tête du loup, celui-ci la laissait faire et collait son long corps contre les jambes de l'elfe. Elle dégagea la neige qui restait emmêlée dans les poils de l'animal et s'avança doucement vers le sentier, lorsque ses pieds se posèrent sur l'une des grosses pierres du chemin, elle hésita. Sa tête s'agita de gauche à droite, faisant glisser ses cheveux sur ses épaules, tout d'abord légèrement puis son geste devint frénétique. Elle caressa plus vivement l'animal puis finit par baisser la tête vers lui. Ses yeux rencontrèrent ceux du loup, quelques secondes leur suffirent pour constater qu'ils étaient perdus.

La neige avait recouvert leur pas et ils avaient fait beaucoup de route pour atteindre ce lieu. Elle savait que souvent les promeneurs se perdaient dans cette forêt après l'avoir parcourue. Elle ne s'inquiétait pas de sa situation, il faisait encore jour, elle pouvait même dormir dans les bois, il n'y avait aucun danger.

Elyon décida de suivre le sentier, il la mènerait bien quelque part. La neige poursuivait son travail et recouvrait de nouveau les pas de l'elfe et ceux du loup, celui-ci balançait sa queue de gauche à droite pour enlever les flocons qui se déposaient dessus. Les arbres étaient toujours les mêmes, tout se ressemblait, la neige rendait la forêt immobile, elle fixait les détails de la nature.

Elyon donnait l'impression de glisser sur le sol et non pas de marcher, sa déambulation était fluide, et ses gestes, aussi léger que la brise. Ses cheveux n'accrochaient pas les branches des arbres même lorsqu'elle passait à quelques centimètres d'elles. Le temps passa, le chemin leur avait fait parcourir bon nombre de ses virages, le loup s'arrêta et tendit l'oreille. Elyon fit halte derrière le loup et attendit.

Un lapin surgit d'un buisson, les observa sans même frétiller la queue puis s'enfuit sans demander son reste. Elyon patienta, voulant voir ce que son animal allait faire, voyant qu'il ne bougeait pas, elle s'approcha du buisson duquel venait de sortir le lapin. Elyon était d'un naturel prudent mais ce qu'elle avait vu l'intriguait, elle voulait en voir plus, elle ne comprenait pas pourquoi le lapin était parti presque effrayé. La curiosité s'était insinuée dans tout son corps. Elle venait d'emplir l'esprit de la jeune elfe. Déjà Elyon s'avançait.

Ce qu'elle vit était aussi beau que les reflet d'un diamant : une source. Mais pas une simple source, de là où elle se trouvait elle pouvait apercevoir une cascade d'eau qui s'écoulait de la roche d'une montagne, et son eau scintillante allait se perdre dans un trou qui lui paraissait immense et qui formait la source. Les arbres couraient tout autour du point d'eau comme s'ils la protégeaient des regards indiscrets, le spectacle qui s'offrait à ses yeux était éblouissant. Son regard fit le tour de la source et se posa sur ce qui semblait être un cheval.

Elle s'attarda sur lui et le trouva magnifique, sa croupe était blanche mais quelques reflets dorés venaient doucement attirer le regard et rendait sa vue encore plus plaisante. Elle ne pouvait encore distinguer son museau mais elle avait une forte envie de le caresser et, peut-être, de faire une balade avec s'il la laissait lui monter dessus. Il buvait tranquillement l'eau de la source et Elyon avait peur de l'effrayer. Elle ne voulait pas encore s'approcher, elle préférait l'observer.

Le loup poussa du museau la main d'Elyon, celle-ci ne réagit pas, elle attendait de voir cette belle créature se relever et pouvoir l'admirer entièrement, elle ne se souciait plus de savoir où elle était, de retrouver son chemin, elle ne voulait qu'une chose : voir le cheval de toute sa splendeur. Quelle fut sa surprise lorsque le bel étalon se releva et s'ébroua...sa croupe était bien celle d'un cheval mais le reste de ce corps était autre, ce n'était pas un museau mais une tête, une véritable tête d'homme sur un torse, lui aussi, définitivement masculin.

Elyon avait les yeux écarquillé et ses mains pendaient le long de son corps, même dans cette attitude elle semblait rayonner. Son loup lui lécha les doigts et se mit devant elle, pour la protéger. Le centaure ne remarqua sa présence que lorsque le loup bougea, cependant il resta immobile à l'observer.

Les quelques mètres qui les séparaient semblaient bien peu à Elyon dès lors qu'elle avait compris qu'il n'y avait pas de cheval. Aucun des deux êtres ne réagirent. La brise vint caresser les cheveux d'Elyon et le centaure s'avança. L'elfe ne bougeait pas, elle attendait de voir ce qui allait se passer. Quand le centaure arriva à un mètre d'elle, il se stoppa. Les deux créatures s'observèrent.

Le centaure paraissait assez vieux, ses longs cheveux bruns avaient des reflets d'or comme sa croupe, ses yeux étaient noirs, il semblait être taillé pour un travail manuel, son torse était nu mais un symbole était imprégné dans sa peau, sur le haut de son buste, près de son épaule droite. Il portait des bijoux : un collier et un bracelet, mais Elyon ne les distinguait pas assez bien. Lorsqu'il leva son bras gauche, il ferma sa main puis l'ouvrit de manière à ce qu'elle arrive au milieu de son buste, lorsqu'il eut fait ce geste, il parla.

-Ki Neqqimmi Zénalyas, Ki Tyot Yp Dipveysi, Ryi Geot Vy Odo ? [Je m'appelle Zénalyas, je suis un centaure, que fais-tu ici ? ]

Les minutes s'écoulèrent puis son geste prit fin et referma sa main, il regarda Elyon comme si elle devait maintenant s'adresser à lui mais elle resta statique, elle n'avait pas compris un mot de ce qu'il lui avait dit. Lorsqu'elle se mise à parler, le centaure parut perplexe, il la regarda avec insistance puis tourna les sabots et trotta dans la direction opposée à Elyon. L'elfe jeta un coup d'oeil à son loup puis ils se mirent en route, suivant le centaure dans les sous-bois.