Elle fuyait. Elle traversait les couloirs. ILS ne semblaient pas être derrière elle. ILS pensaient donc qu'une sécurité dans les allées n'était pas nécessaire ? Tant mieux pour elle. Les murs défilaient sous ses yeux. Elle avait peur de se perdre. Peur ne jamais trouver la sortie. Peur d'y retourner.

Retourner dans la chambre blanche. Cette maudite chambre blanche. Ce moyen de torture "propre", comme les gens l'appelaient. Elle ne voyait pas comment une torture pouvait être propre. Elle s'était fait arrêter du jour au lendemain. ILS l'avait menotté, assise dans une voiture. Et ILS l'avaient conduite dans la chambre. Pour actes terroristes, qu'ILS avaient dit. ILS voulaient la torturer pour avoir des renseignements. ILS faisaient partie du gouvernement apparemment. La porte s'était refermée derrière elle. Elle se dit que personne ne pouvait savoir à tel point cette torture était horrible avant de l'avoir vécue.

ILS l'avaient  enfermé dans une pièce blanche. Entièrement blanche. Cette sorte de torture, si elle se souvenait bien, c'était de la privation sensorielle. Du blanc. Rien que du blanc. Aux repas on lui servait du riz dans une assiette en carton. Blanche. Et c'était tout. 

Elle commençait à perdre son souffle. Les couloirs n'en finissaient plus.

Elle n'y était pas restée longtemps, mais elle avait largement eu le temps de perdre toute notion du temps. Tout se mélangeait dans sa tête. Elle n'avait aucune idée de l'ordre dans lequel les choses arrivaient. Tout était flou.

Et elle avait eu des hallucinations. Quand elle cherchait le sommeil, elle revoyait les victimes de l'attentat. Elle pleuraient et lui demandaient pourquoi elle leur avait fait ça. Dans ses pensées, elle leur répondait qu'elle n'en avait pas la moindre idée, qu'elle était sûrement folle. Leurs sanglots étaient insupportables, elle aurait voulu crier. Mais elle ne pouvait pas. ILS l'avaient bâillonnée. Il ne fallait pas qu'elle puisse entendre le moindre bruit.

Elle courait. Elle courait dans les allées blanches. 

Elle n'avait pas pu leur offrir de renseignements. Ils voulaient savoir qui était son chef. Elle n'en avait pas. Elle avait fait ça toute seule, et les armes, elle ne se souvenait plus comment elle les avait acquises. Elle avait l'impression que c'était une autre personne qui avait commit ce crime. 

ILS allaient la rattraper. 

Ce blanc. Tout ce blanc. Elle aurait voulu poursuivre sa course les yeux fermés. Les murs semblaient bouger. Elle craignait d'être devenue folle, du moins plus qu'elle ne l'était avant. 

Oui. ILS allaient la rattraper. Il n'y avait aucun doute possible. Elle pensa même qu'ILS l'avaient sûrement laissée fuir exprès. Faire miroiter l'espoir pour le retirer plus tard. La détruire encore plus. ILS allaient la rattraper. Mais le plus tard serait le mieux. 

La sortie. Elle était là, devant elle. Elle ouvrit la porte. Les sons, couleurs et odeurs furent autant de coups de poignard.