Pdv inconnu

Assise sur ma chaise dans la salle d'attente, j'attends. Bizarre non ? Enfin de compte pas tellement, une salle d'attente c'est pas fait pour ça ? Bref, j'attends que les médecins reviennent vers moi, m'indiquer l'état de mon père. Oui, mon père. J'ai seize ans et un père atteint d'un cancer des poumons. Ma mère ? Je n'en ai plus depuis l'âge de six ans; elle est partie dans les bras d'un autre. Pour en revenir à mon père, il est au bloc en train de se faire opérer d'urgence après qu'il ait subitement eu du mal à respirer il y a un peu plus de deux heures. Deux heures qu'il y est ... Je ne sais pas si je survivrais à un second départ, surtout celui de mon père. Pour moi mon père c'est toute ma vie, mon confident, celui qui me prend dans ses bras quand je vais mal, mais c'est surtout la personne que j'aime le plus au monde avec ma soeur biensûr. Justement, en parlant d'elle, elle est en chemin, il y a trente minutes elle m'a appelé pour me dire qu'elle arrivera  

Soudain, du mouvement attira mon regard : un jeune homme -peut-être un peu plus grand que moi- était en train de crier sur une infirmière.  -Monsieur, vous devriez rentrer chez vous, votre amie ira bien, nous nous en occupons. Ses parents sont en chemin, disait l'infirmière. 

-Ils ne sont pas là pour le moment alors je reste, EN AUCUN CAS JE NE LA LAISSERAI ENTRE VOS MAINS SACHANT QU'ELLE EST ENTRE LA VIE ET LA MORT. JE N'AI AUCUNEMENT CONFIANCE EN VOUS, BANDE D'INCAPABLES !! hurlait à pleins poumons le garçon. 

Maintenant tout le monde le regardait, ... assez mal je dois avouer. Je décidais d'aller m'asseoir à côté de lui. À peine m'étais-je assise, qu'il me dévisagea. Je n'en fis rien et me présentais. 

-Salut, moi c'est Kaylee Belsy. Ça a pas l'air d'aller, lui dis-je.

-Non ça ne va pas, expliqua-t-il, plus calmement. Ma ... j'ai eu un accident de voiture avec une amie et  ils ne veulent plus me laisser entrer dans sa chambre ces sales cons de médecins. 

-Ho, comment s'appelle-t-elle ? Demandais-je. 

-A ... Alix, répondit-il. Moi c'est Jake Miller. 

-Viens, je sais comment faire pour que tu puisses aller la voir. Attends-moi dans le couloir qui mène à sa chambre. 

Il s'en alla tandis que moi je m'occupais de ce que j'avais à faire. Je le rejoignis cinq minutes plus tard, devant la chambre de cette dénommée Alix. 

-Comment t'as fait ? Demanda-t-il.

-Mystère ..., dis-je en souriant. 

Je laissais Jake entrer en premier puis le suivis mais restais un peu à l'écart, ne souhaitent pas être de trop. En le voyant s'asseoir sur le lit d'une fille aussi belle, je ne pus que sourire. C'était sûr qu'il en était éperdument amoureux, ça se lisait dans ses yeux. 

Il était là à la regarder, les larmes aux yeux. Soudain, il se tourna vers moi. 

-Et si elle ne se réveille jamais ou qu'elle meurt ? Je fais quoi moi ?

-Ne penses pas à ça. Parles-lui plutôt. Dans le coma, on entent les gens parfois. Peut-être que c'est la cas pour elle. Je vais te laisser, si tu as besoin de quoi que ce soit, tu viens me voir, je serai juste dehors, dans le couloir. 

-Merci Kaylee. 

Je sortis, le laissant seul. 

Pdv de Jake

Il faut que je me lance. Depuis plus de cinq minutes je suis là à regarder Alix, sans bouger.

Bon allez !

-Alix, je sais que tu m'en veux pour ce qu'il s'est passé mais tu sais, au début je ne savais pas que j'allais t'apprécier, enfin tu vois quoi ... Depuis ces quelques semaines, j'ai appris à connaître une Alix joyeuse et gentille. J'ai commencé à me soucier de toi alors qu'au début je devais seulement gagner ta confiance. Mais comme tu l'as appris, j'ai voulu tout arrêter parce que ... parce que j-je t'aime. Oui voilà je l'ai dit mais s'il te plait Alix, ne me laisse pas, réveilles-toi. Tu pourras me détester si tu veux, je l'ai bien mérité mais ne laisse pas seul ta famille, ton frère, ta sœur et tes amis.

J'entendis du mouvement derrière moi donc je me retournais : Théo. 

-Alors comme ça c'est de ta faute si elle est dans cet état là ? Dit-il. 

-O-oui. On était sur la route, je la raccompagnais chez elle et j'ai voulut éviter un animal et on a fini dans le décor. Mais tu as entendu tout ce que je viens de dire ? 

-Ouais et si ça peut te rassurer, c'est le cas pour elle aussi. On a beau ne plus se parler, mais je la connais trop pour ne pas remarquer comment elle te regarde à chaque fois. Malgré la connerie que tu as pu faire, je suis sûr qu'elle arrivera à te pardonner. On ne dit pas que l'on pardonne tout par amour ?

Il allait s'en aller mais je le retins :

-Reste. 

Il me regarda et vint s'asseoir de l'autre côté du lit.

-J-je m'en veux tellement, tu peux pas savoir comment.

-Non je ne peux pas savoir mais il y a une personne ici qui le sait, m'expliqua Théo. Alix s'est souvent reprochée la mort de Léa mais ce n'était et n'est toujours pas sa faute. Alors elle te comprendra quoi qu'il arrive. 

-Ouais ... j'espère, chuchotais-je. 

Je pris la main d'Alix dans la mienne et posais ma tête sur son bras. J'entendis des pas qui s'éloignais et soudain une phrase : "surveilles-là pour moi. Je reviens demain matin." 

C'était Théo. Je murmurais un petit "oui" avant de sombrer dans un profond sommeil. 

Le lendemain matin

Je me réveillais et ouvrais les yeux en laissant ma tête sur le bras de ma bien aimée. Je pris  soudainement conscience de cette main qui me caressait les cheveux. Je relevais ma tête et LA vit. Elle était réveillée. Enfin ! Je voulus avertir les infirmières mais elle me retint et dit :

-Hé, attends un peu avant de les prévenir. Je voudrais te parler. 

Je la regardais avant d'hocher la tête et de m'asseoir à côté d'elle, sa main dans la mienne.

-Je ...

-Chut, me coupa-t-elle, écoutes moi sinon je n'aurais pas le courage de te parler. 

-Attends, fis-je, je peux te poser une question avant ? 

-Vas-y.

-Alors voilà, commençais-je, ça me trotte dans la tête depuis que tu es dans le coma. Je ne sais pas si tu t'en souviens, ce qui m'étonnerai vraiment mais bon ..., juste avant que l'on s'explose dans l'arbre tu m'as ...

-Je m'en souviens, me répondit-elle. Je t'ai dis que je t'aimais et c'est toujours le cas, sauf que maintenant je ne sais pas si je peux te faire confiance. Après tout je n'étais rien pour toi. 

-Oui mais c'est fini, j'ai tout arrêté.

-Comment je peux en être sûre ? 

- ....

-Tu vois, même toi tu ne sais pas. Tu sais, j'ai entendu ta conversation avec Théo. Et je ne suis pas d'accord avec lui. L'amour peut tout pardonner, c'est ce que l'on dit, mais il y a des choses impardonnables. Je suis désolée Jake mais malgré ton amour pour moi et le mien pour toi, je ne peux pas. C'est impossible. J'ai pardonné beaucoup trop de choses et là c'est trop dur. Il va me falloir du temps avant que je te refasse confiance. 

-Je comprends. Bon je vais aller voir les infirmières. 

-Approches, me dit-elle. 

Je fis ce qu'elle me dit et elle prit mon visage entre ses mains. Elle me regarda droit dans les yeux avant d'appuyer ses lèvres contre les miennes. Elle mit fin à ce baiser avant de me sourire et de me lâcher un petit "À plus tard, Jake." 

Je la regardais encore quelques secondes, les courbes de son visage si bien dessinées, ses lèvres, ses yeux de toute beauté, avant de m'en aller de la chambre pour aller prévenir quelqu'un. Je m'arrêtais devant son docteur. 

-Encore vous ! Qu'est-ce que vous voulez, j'ai beaucoup de travail alors arrêter de me déranger avec vos infantillages ! 

-Wow, vous me parlez sur un autre ton ! Je suis pas de votre famille et encore moins votre ami alors vous me devez du respect ! 

À présent tout l'étage nous regardait. Je continuais :

-Je suis pas un gamin alors vous allez redescendre de vos grands chevaux tout de suite parce que j'ai remarqué comment vous parlez à tous ces infirmiers et infirmières qui n'ont rien demandés. Je sais pas si vous savez mais mon père est un grand avocat et je suis sûr qu'il se ferait une joie de licencier un médecin ingrat comme vous. Pour finir, vous allez arrêter de crier sur tout le monde sinon je vais m'en mêler et je suis certain que cela de vous plaira pas. C'est compris ? 

-O-oui. 

-Bien. Maintenant allez vous occuper de Mlle Alix Heart, elle s'est réveillée. 

-Quoi ?? Vous pouviez pas me le dire avant ? 

-Je préférais vous engueuler avant, dis-je avec un grand sourire. 

Il s'en alla jusque dans la chambre d'Alix, tandis que je sortais de l'hôpital sous les applaudissements des autres personnes présentes dans l'étage.