Chapitre 8
J'avais déposé la lettre sur mon oreiller, pour qu'elle soit visible par la première personne qui entrerait dans ma chambre. Et je pensais que cela serait probablement un de mes parents.
Je savais qu'ils la trouveraient car chaque matin, même si je suis une jeune femme, mes parents venaient dans ma chambre pour notre câlin matinal. C'était comme un rituel. Un moment à nous qu'on aimait partager pendant quelques minutes. C'est comme ça que notre famille était soudée.
J'avais mis mon sac à dos, qui ne contenait que quelques affaires, de quoi tenir quelques jours. Je ne savais pas combien de temps j'allais rester là-bas, mais si besoin, j'achèterais quelques petites choses sur place. Je partais à l'aventure, sans savoir si j'allais trouver un logement, un travail. Je partais dans l'inconnu et cela m'excitait terriblement. C'est tout de même à ce moment très précis, que j'ai senti qu'un poids horriblement collé sur mes épaules s'envolait.
J'avais pris mon billet d'avion sans retour dans ma main. Je m'étais dirigée vers la chambre de mon frère et ma sœur en faisant le moins de bruit possible. J'avais ouvert doucement la porte. Ils étaient tous les deux sur leurs tapis en train de dormir, ils s'étaient endormis pendant qu'ils jouaient. Ils faisaient tout le temps ça, sauf quand ils se lançaient dans la construction de cabane entre leurs lit avec leurs draps respectifs.
J'avais laissé échapper un petit rire moqueur, puis je les avais pris à bout de bras pour les remettre dans leurs lits. Je leur avais fait un bisou sur le front et leur avais murmuré :
- Je vous aime mes petits anges, vous devrez être des enfants sages. Occupez-vous bien de papa et maman et ne pleurez pas, je reviens très vite, on se téléphonera c'est promis. Je serai toujours là, dans vos cœurs. Le temps va passer très vite croyez-moi. Je vous aime.
J'avais accompagné ma promesse, d'un croisement de doigts, c'était notre truc, c'était notre signe de confiance. Si on croisait nos doigts, aucun secret ne devait être divulgué. Aucun d'entre nous ne devait trahir cette promesse.
Je les avais regardé une dernière fois, et j'étais sortie de la chambre en fermant doucement la porte.
J'avais descendu à contre cœur l'étage qui séparait leur chambre de la porte d'entrée. Mon regard s'était figé sur la porte, pour ne pas croiser le regard de mes parents, car cela aurait juste annulé mon départ. Je n'aurais jamais réussi à affronter leurs regards. Même si j'étais heureuse de partir, je voulais qu'ils viennent avec moi.
J'avais ouvert la porte d'entrée d'une main tremblante et moite, j'avais traversé le seuil sans regarder derrière moi. Un petit vent faisait voler mes cheveux. Il faisait froid, ce qui me fit frissonner.
J'avais fermé les yeux pendant quelques secondes, je sentais enfin le goût de la liberté. J'avais ouvert le portillon pour sortir de mon jardin et je l'avais refermé derrière moi, posant un dernier regard sur ma maison.
Mon cœur battait tellement fort que ma poitrine le tiraillait. Mon souffle s'était emballé, et était devenu saccadé. J'aurais pu tomber dans les pommes à tout moment.
J'hésitais réellement à partir, car j'aimais ma famille et je détestais être loin d'elle.
J'espérais seulement que mon départ changerait ma vie, du moins me ferait oublier tout ce que j'avais vécu jusqu'à maintenant.
J'espérais surtout secrètement que cette petite escapade sauvage me ferait oublier la peur qui me hantait, la peur de retomber amoureuse de quelqu'un. Surtout de retrouver cette confiance que j'avais envers les gens. Il fallait que je me reconstruise.
J'avais marché pendant de longues minutes, car mes jambes étaient mon seul moyen de transport et je ne voulais pas que mes parents me voient partir.
Le soleil s'était levé, il brillait d'une couleur rose orangé. Les premiers rayons du soleil me réchauffaient le visage.
La route était de plus en plus fréquentée et une voiture grise s'était arrêtée à côté de moi, la vitre teintée en noir côté passager s'était ouverte, et une voix féminine m'avait interpellée.
- Tu veux que je te dépose quelque part ?
- Oui, je veux bien, je vais à l'aéroport.
Elle m'avait ouvert la porte, et j'étais montée à l'intérieur sans me soucier de quoique ce soit, j'avais coupé la musique que j'avais mis dans les oreilles, cette musique qui parlait d'amour d'un homme à sa femme, l'amour que je n'avais jamais reçu en plusieurs mois de relation.
La voiture était silencieuse, cela devait être une électrique.
Aucune de nous deux n'avait osé parler. Une quinzaine de minutes plus tard, la voiture s'était arrêtée, elle m'avait déposée devant l'aéroport.
- Je peux savoir où tu vas ?
- Non, fin, soufflais-je, en réalité j'ai juste pris un vol simple pour Londres, je verrais où le vent me mène je veux juste quitter cet endroit, un petit moment.
- Profites, crois-en mon expérience ce sont les meilleurs moments de ta vie, les plus décisifs.
Elle avait baissé les yeux, puis avait grossièrement lâché un soupir avant de me dire de faire attention, elle ferma la vitre juste après m'avoir lancé sèchement un petit billet.
Elle avait sûrement eu de la peine pour moi.
Effectivement je n'étais pas coiffée, et je n'avais absolument pas fais d'effort pour ma tenue vestimentaire.
Elle était repartie aussi rapidement qu'elle était arrivée. Mon téléphone sonna, c'était ma mère, j'avais laissée volontairement mon téléphone sonner jusqu'à ce que ma mère raccroche.
J'étais rentrée dans l'aéroport, pour attendre mon vol, mon téléphone se remit à sonner.
- Maman, je t'en prie ne me demande pas de revenir, je ne peux pas ne m'en veux pas.
- Pas du tout ma fille, je t'appelle juste pour te dire que je t'aime, et que tu fasses attention à toi, je ne veux pas savoir ce que tu vas faire à Londres, je veux juste que tu prennes soin de toi et que tu saches que je t'aime.
- Merci, maman ne t'inquiète pas tout ira bien, je sais que tu m'aimes et je t'aime encore plus, ne te préoccupe plus de moi, fais plus attention à Hel et Max. Bisous.
J'avais raccroché sans qu'elle ne réponde, car je sentais que sa gorge se nouait. Je ne voulais pas me trouver une excuse pour faire demi-tour.
Je ne voulais pas revenir sur ma décision.
C'était l'heure, j'étais montée dans l'avion, après avoir passé le portique de sécurité.
J'avais le cœur lourd. Les portiques n'avaient pas sonné, de toute manière je n'avais rien dans mon sac de voyage.
J'essayais de retenir mes larmes, je ne voulais plus pleurer. C'était une nouvelle expérience qui m'attendait en Angleterre. Je ne connaissais absolument rien de ce pays.
Pour être honnête pour mon escapade, j'avais pris le premier pays d'Europe que je n'avais jamais visité.
Une fois arrivée à Londres, il était dix heures du matin, je savais que je venais à peine d'arriver mais il fallait obligatoirement que je trouve rapidement un travail et un logement.
Je suis sortie de l'aéroport pour me jeter dans la bouche de Londres, les rues étaient bruyantes, et elles étaient remplies de passants. Je sentais que ce n'était pas la même mentalité. Les gens étaient souriants, et ne dévisageaient personne.
Je n'avais encore jamais ressenti ça pour une ville.
Quelques jours plus tard, aussi étonnant que cela puisse paraître, j'avais réussi à décrocher un travail dans un coffee shop. Effectivement j'avais beaucoup plus de chance car j'étais bilingue, je n'avais absolument pas la barrière de la langue. En période estival, tous les pubs, cafés étaient à la recherche de personnel.
Il m'avait suffit seulement de faire la demande, et j'avais immédiatement eu un entretien.
Bon c'est le genre de travail qui demande beaucoup d'effort pour peu de rémunération mais j'étais heureuse, et c'était pour moi l'essentiel.
Grâce au travail que j'avais rapidement trouvé.
J'ai pu dénicher un endroit pour dormir, une genre d'auberge.
C'était une sorte de logement pour jeune, peu cher et très sollicité pour les fêtes étudiantes. Un peu délabré, pas très coquet, mais avec un lit hyper confortable.
C'était absolument tout le contraire de la tranquillité. C'était plutôt un coin de débauche et de bruit indécent.
Mais je m'y étais habituée, et je finissais par ne plus rien entendre.
J'avais quand même beaucoup de temps libre.
J'en avais profité pour appeler ma famille pour les tenir au courant et leur dire que tout allait bien et que je commençais à me sentir mieux.
- Maman, j'aime tellement cet endroit.
- Je suis si contente que tu te sentes bien.
Même s'ils me manquaient déjà affreusement.
Ma mère dans sa grande finesse essayait de me soutirer quelques infos pour savoir si je trouvais les londoniens à mon goût.
- Bon, tu vas revenir avec un petit anglais, un petit mangeur de gelée?
Je lui avais répondu que je n'y avais pas fait attention et que de tout façon je n'étais pas partie pour ça, puis je restais quelques semaines c'était complètement idiot de commencer une histoire d'amour.
En réalité, je n'en avais absolument pas envie.
J'étais si bien seule. Sans avoir à rendre de compte à personne.
Les jours passaient et les jeunes clients étaient devenus des amis. C'était des jeunes qui sortaient de l'université qu'il y avait en face.
J'avais rapidement compris que ce pub était réputé grâce aux étudiants.
Il y'avait Victoria, une fille intelligente, très instruite le genre de fille que tout le monde rêve d'être. C'était un peu ma meilleure copine de Londres et Milly une fille adorable.
Même si je n'avais pas la barrière de la langue et que j'avais des copines je n'arrivais pas à m'adapter. Ma famille me manquait terriblement. J'étais meurtrie entre deux décisions, je voulais rentrer mais j'aimais tellement être loin de tous mes souvenirs.
Mes journées étaient assez basiques.
Je me levais le matin entre six et sept heures du matin.Je mettais un jogging pour courir à Hyde park. C'est un immense parc orné de verdure. Je prenais rapidement une douche et je filais au travail. Je me démenais pour ne penser à rien. Le soir je buvais un petit verre avec les filles. Je rentrais ensuite le soir vers 21h et je ruminais jusqu'à ce que je trouve le sommeil.
Milly et Victoria s'efforçaient pour me sortir de chez moi, mais en réalité « chez moi » c'était ma famille en France. Je n'étais jamais contente. Je me détestais de ne jamais savoir ce que je voulais.
Je voulais tout de même être forte. Je ne voulais pas que tous mes efforts fournis jusqu'à présent ne servent à rien.
C'est pourquoi je continuais tranquillement ma petite vie londonienne, en comptant les jours qui me restaient avant de rentrer. En vérité à partir de ce moment-là le temps était passé à une vitesse folle.
Il me restait seulement trois semaines, et je devais tout de même en profiter. J'étais sortie du travail. Les routes que je prenais pour rentrer chez moi étaient très peu éclairées et très étroites. Même si ces rues me faisaient peur, j'adorais le fait qu'elles soient pavées, je les trouvais si jolies.
Tous les soirs quand je rentrais je marchais à vive allure, c'était un rituel qui une fois rentrée chez moi qui me faisait sourire. Perdue dans mes pensées, et mes souvenirs de France, mon téléphone s'était mis à sonner. C'était un message de Victoria :
« Hey, miss ce soir petite soirée chez moi, et évidemment ta présence est obligatoire ! Ne me dis pas que tu en as pas envie sinon je viens te chercher de suite, tu n'y échapperas pas, il te reste pas beaucoup de temps ici, je sais que ta famille te manque, mais nous on t'aime bien ici, tu n'as pas le choix, on t'attend. Puis tu es venue ici pour te changer les idées donc change-toi les idées pour de vrai ! »
Je ne pouvais rien refuser à Victoria, d'un côté, elle n'avait pas tort, j'étais partie pour une seule raison, profité des vacances, me changer les idées je n'en avais aucun envie, mais d'un autre côté, il n'y avait aucun intérêt à ce que je reste à la maison. Je déverrouillai mon téléphone, j'acquiesçai un léger sourire, et lui répondis :
« Heeumm... Bon d'accord je viens, je serai là vers 21h.»
J'avais choisi une robe assez légère, qui harmonisait ma taille, je m'étais attaché les cheveux vite fait en chignon dont quelques mèches retombaient pour souligner mon visage. J'avais pris mon sac et je m'étais dirigée chez Victoria, j'étais entrée dans son pallier en prenant une très grande respiration, et en me remettant les cheveux en place, j'avais sonné à la porte, et quelques secondes plus tard, on m'avait ouvert la porte, et c'était James.
- C'est une blague ! Tu fous quoi ici ?!
- Bah, c'est Victoria qui m'a invité c'est le principe d'une fête.
- Je trouve ton sarcasme ridicule, Numéro 23.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro