Chapitre 10
J'avais reconnu très rapidement cette voix arrogante. J'avais essayé de me lever du canapé sur lequel j'étais allongée. Je voulais me mettre face à lui. Je voulais me mesurer à lui.
J'étais prise instantanément d'un sentiment de colère. Je n'avais qu'une seule envie : le réduire en pièce. Comment avait-il pu revenir ici devant moi, après tout ce qu'il m'avait fait vivre? Il n'avait donc aucune honte.
Je décidais de me faire moins timide malgré ma petite taille et mon poids faible face au sien.
Je ne voulais pas me montrer inférieur face à lui. J'avais changé. Je pris mon courage à deux mains et le fixais d'un regard noir qui effaçait mon visage d'ange. J'essayais d'être la plus convaincante possible. Bien plus qu'intimidante en réalité, mais je ne voulais absolument pas montrer que j'avais peur de lui.
C'était de l'histoire ancienne, et je décidais de lui tenir tête quoi qu'il en coûte.
J'étais vaillante mais je savais très bien que je n'étais pas crédible, je tremblais comme une feuille. J'avais les larmes aux yeux. Je dirais même que je m'étais éloignée de lui car je ne faisais pas du tout le poids.
- Qu'est-ce que tu fais là Julien? Tu n'a pas honte de venir me voir? Vas-t'en et ne me fait pas répéter cette demande.
Il était imposant, même sur la pointe des pieds j'arrivais juste à son torse. Il n'était pas du tout intimidé, bien au contraire il avait pris ma prise de courage pour une sorte de défi.
Il s'approcha de moi, me pris par la gorge.
J'avais fermé les yeux et les souvenirs d'il y a quelques mois me remontèrent en tête.
Je l'avais déjà vécu, je voulais m'en sortir, et me voilà coincée encore une fois ici.
C'était un éternel recommencement, Julien me serrait la gorge de plus en plus fort et ma respiration se faisait de plus en plus rare.
Je n'en pouvais plus, je retenais de toutes mes forces mes larmes, je ne voulais pas lui montrer que j'étais soumise. Je fermais tout de même les yeux. J'étais prête à encaisser une fois de plus le coup.
La porte d'entrée avait claquée contre mur.
James arrivait en courant, il poussa Julien et accompagna la bousculade d'un coup de poing au visage. J'étais extrêmement soulagée, je savais que cette fois-ci c'était réellement terminé. Il fallait que cette fois je le dénonce à la police pour que le point final de cette histoire soit donné.
Julien était tombé au sol d'une telle violence, tout en essayant de se retenir au bras de James, qu'il en avait le visage ensanglanté.
- Tu t'approches encore une seule fois d'Amy, et tu es mort.
- Je ne voulais pas, c'est plus fort que moi.
- Ferme-la. Casse-toi et sort de la vie d'Amy.
James avait pris ma main, et me fit un bisou sur le front avant de rajouter, 'crois-moi c'est fini'. Il avait sorti Julien assez sèchement, et ce dernier avait disparu dans la nuit.
James m'avait tiré jusqu'au commissariat pour porter une main courante. J'ai dû expliquer à la police ce qu'il s'était passé.
- Très bien Mademoiselle Smith, ne vous inquiétez plus. Tout est terminé votre agresseur recevra un courrier et des mesures sévères seront prises s'il venait de nouveau à s'en prendre à vous.
J'étais soulagée, tout ce poids qui s'était accumulé depuis des mois s'était tout bonnement envolé.
James m'avait raccompagnée jusqu'à chez moi, dans ma chambre. Je voyais son visage qui saignait à cause du coup de Julien, sa lèvre était violine et un peu enflée.
Je m'étais assise sur mon lit, Je culpabilisais, car c'était de ma faute.
- Bien sûr que non ce n'est pas de ta faute.
James essayait tant bien que mal de me rassurer, je n'étais pas retombée sur Julien depuis la petite altercation et à vrai dire je ne m'en préoccupais pas, je le chassais au mieux de mon esprit. Pour moi, cette histoire était terminée. Au fond de moi je savais que quelque chose s'était produit, et que je ne le reverrai plus jamais.
Chaque jour qui me rapprochait de mon départ était de plus en plus nostalgique.
Les quelques jours restants étaient pour moi les meilleurs. Je ne voulais plus partir.
Je m'étais réveillée un peu tard, mais je profitais de chaque jour qu'il me restait.
J'avais pu visiter quelques musées grâce à leurs gratuité.
Effectivement je n'avais plus trop d'argent, à dire vrai je n'avais fait aucune économie.
L'argent que j'avais gagné, je l'avais aussitôt dépensé pour me faire plaisir dans des restaurants, des soirées. Mais je n'ai jamais regretté cette décision.
J'avais visiter la National Gallery, un musée où on découvrait plus de 2000 tableaux sur une ligne temporelle du Moyen-Âge au vingt-et-unième siècle. Un musée qui réunissait des hommes de talents comme Van Gogh et Léonard de Vinci.
J'avais eu un petit coup de cœur aussi pour le British Museum, qui ressassait toute sorte d'objets de la préhistoire à nos jours.
J'étais bien, je prenais enfin mes marques mais j'avais hâte de rentrer. Je devais partir pour reprendre mes études et retrouver enfin ma famille. J'avais tellement de chose à leurs raconter. Les jours passaient et mon cœurs se serraient de savoir qu'il ne me restait que quelques jours.
Je ne changeais pas les habitudes que j'avais adoptées depuis que j'étais arrivée, je travaillais toujours, mais je sortais un peu plus, je me sentais à présent chez moi. Surtout que mon patron me laissait un peu plus d'heures de tranquillité en aménageant mes horaires. Je commençais plus tôt pour profiter des sorties les après-midi. Avec James on profitait des jours de repos que j'avais, jusqu'à ce qu'arrive le dernier jour.
Lors de ma dernière journée, on était allé se balader à Hyde Park, on marchait main dans la main, pourtant je n'étais pas « amoureuse » j'étais simplement la plus heureuse et ça me suffisait amplement.
Pour ma dernière soirée, nous avions organisé une petite soirée avec Milly, Victoria et James.
On avait commandé quelques pizzas et nous avions passé notre soirée à parler et à revivre nos moments depuis que j'étais arrivée.
Nous avions marché jusqu'au bout de la nuit pour profiter une dernière fois du London Eye magnifiquement illuminé.
- Amy, tu vas tellement me manquer.
- Toi aussi, Victoria. Milly merci d'avoir été là.
- C'est normal, on pensera à toi à chaque bière.
J'acquiesçai un léger sourire pour cacher ma larme de tristesse, le chemin du retour se fut en silence mais sous une tension immense.
Une grande accolade signifia le départ et le dernier au revoir avec mes copines londoniennes.
Le lendemain James m'avait emmené à l'aéroport.
Au moment de l'embarquement, il me tira le bras, et me serra fort dans les siens.
On savait que c'était le dernier, et qu'on ne se reverrait sûrement jamais.
Je profitais du moment de bonheur que je vivais. Je voulais que le temps s'arrête mais paradoxalement j'étais soulagée de rentrer enfin chez moi.
Il mit ses mains chaudes sur mon visage, et me chuchota :
- Tu vas me manquer, tu sais que tu resteras toujours une personne qui compte pour moi, toujours n'oublie jamais ça.
- Merci pour tout, merci d'avoir été la, de m'avoir épaulée même si je te disais que j'étais pas amoureuse de toi.
Je me baissais et pris ma valise à mes pieds et entra dans le compartiment qui menait jusqu'à l'avion sans me retourner.
Le vol fut incroyablement rapide et excitant.
Je comptais chaque seconde qui me rapprochait de mes parents et de mes frères et sœurs. L'avion touchait à peine le sol, que j'étais déjà debout prête à sortir.
C'est sans aucun doute qu'une des hôtesses de l'air, m'avait rappelée à l'ordre pour que je reste assise jusqu'à l'arrêt complet de l'avion.
- Maman, Papa je suis là.
Je m'étais mise à courir au sein même de l'aéroport.
J'attrapais toute ma petite famille dans mes bras, un câlin qui fut interminable.
- Je suis si heureuse d'être rentrée!
- Alors raconte à ton vieux père, si je dois sévir contre un anglais.
- Non, lui dis-je en souriant, il n'y a pas d'anglais.
Il avait soufflé pour montrer son soulagement
- Bon dit tout à ta mère, comment c'était ?!
- Amy, laisse-moi porter ta valise.
- J'espère que tu as apporté des super gâteaux? Sinon je ne suis plus ton frère.
Toutes ces questions me donnaient le tournis. On était rentré tranquillement, et j'avais donc pris quelques jours pour leur raconter Londres dans les moindres détails. Mon père était furieux pour Julien, mais j'avais immédiatement calmer la situation.
Je profitais de ma petite famille avant de reprendre mes études.
J'étais plus heureuse et encore plus proche d'eux. J'aimais être dans le sud, chez moi même si je pense que je ne retrouverais jamais cette incroyable mentalité de Londres.
Ce sont des personnes qui ont une tolérance inexplicable. Pourtant je ne suis pas restée si longtemps, mais ce pays m'a toujours étonné par cette ouverture d'esprit. Les personnes ne se moquent pas d'autrui. J'aimais cet endroit pour ça. Mais mon chez moi restait mon chez moi, et je n'y changerais pour rien au monde.
- Maman, j'ai peur de reprendre mes études.
- Crois-moi, tout ira bien.
Mes inquiétudes s'agrandissaient au fur et à mesure que la date s'approchait, elle me serrait fort dans ses bras, et je ressentais la chaleur qui se dégageait de sa poitrine.
Elle me réchauffait le cœur, et toutes mes peurs étaient devenues inexistantes.
- Tu es forte, tu as déjà surmonté plein d'épreuves, ce n'est pas un livre et des exercices qui te font peur dis moi.
J'adorais ma maman, elle savait quoi dire.
Elle le savait toujours. Début Octobre, une nouvelle vie avait commencé pour moi, j'étais désormais étudiante, et j'avais retrouvée pleinement goût à la vie. J'avais retrouvé mes meilleures amie du lycées, et Sarah. Je passais la plus part de mon temps, quand je n'étudiais pas avec elle. Mes journées étaient assez basiques en semaine je finissais les cours à 18 heures, je mangeais aux alentours de 20h, je bossais très rapidement pour ne pas être une élève dissipée et je dormais. Les études en langues étaient plutôt simples pour moi. J'avais de l'avance par rapport à des personnes qui avait suivit un cursus normal. Ce qui me permettait d'échapper à certain cours plutôt basiques.
Les week-ends, je sortais souvent avec mes copines pour décompresser de nos semaines respectives, pour nous retrouver entre filles. On faisait rien de méchant.
Surtout on sortait pour nous divertir et faire de nouvelle rencontre, on ne s'était pas perdu de vue malgré qu'on ai chacune choisit un chemin différent pour nos études. On trouvait que cela faisait notre force, nous avions nos habitudes de restaurant et nous avions installé un rituel de se voir tous les weekends.
On ne passait pas un week-end l'une sans l'autre. Mes parents me voyaient un peu moins à leur plus grand regret, mais au moins j'étais heureuse.
On avait notre QG, c'était un bar très peu connu où les clients étaient toujours les mêmes, c'était des habitués ce qui fait qu'au final, au bout de quelques semaines tout monde était nos amis y compris les barmans.
Ce bar était original, car c'était un bar un peu gaming, malgré le fait que nous n'étions pas de grandes joueuses toutes les quatre. On aimait cet endroit.
La musique à mon grand malheur était un peu trop forte mais cela me faisait du bien de rencontrer de nouveaux visages.
Avec la distance je ne parlais plus avec James, (ni les filles d'ailleurs) il était quelqu'un d'important à mes yeux, et je sais qu'il compterait toujours malgré le fait qu'on ne se donnait plus de nouvelles. Même si il y avait plus de 2500 kilomètres qui nous séparaient et quelques jours sans aucun écrit c'était mon seul souvenir de mon ancienne moi que je voulais garder.
J'adorais ma nouvelle vie étudiante. Cependant même si je sortais très souvent, j'arrivais à ne pas mettre mes études de côté. Je n'étais pas la première de ma promo certes, mais j'arrivais à concilier les deux.
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