Élisa, elle s'ennuie toujours en classe.
Pour passer le temps, elle joue avec ses stylos, ou regarde les nuages passer par la fenêtre.
Ça se fait pas trop, mais c'est plus intéressant que d'écouter le monologue du professeur de français, le même depuis plusieurs années.

Élisa, elle chante, aussi.
Des comptines pour enfants, avec fascination.
On dirait qu'elle rêve quand elle marche, seule dans la cour, en fredonnant un air, ou murmurant des paroles que nous, les ados, on trouve un peu débiles.

Élisa, on peut pas dire que c'est une adolescente, elle.
Perdue dans ses pensées, elle nous observe,
Et je crois qu'elle nous méprise, au fond.
Elle a raison : avec nos jeux de rôles, on est ridicules.

Élisa, je sais pas si elle a des frères et sœurs, pour chanter comme ça.
Si elle emmène des enfants jouer au parc tous les samedis,
Ou si c'est juste qu'elle veut pas grandir.
Je penche pour la troisième option, parce que sinon, je suis sûr qu'elle serait plus joyeuse.

Aujourd'hui, la prof m'a mis à côté d'Élisa, en cours.
Avant, elle était toute seule, alors quand je suis arrivé, elle a poussé ses affaires qui occupaient tout le bureau double.
En silence, elle a imité un sourire pour m'inviter à m'asseoir.
Mais je sais qu'elle s'en fiche, de son voisin de classe, de toute façon, elle ne pourra jamais avoir une conversation sensée avec l'un d'eux.