1.4
Nick retrouva son sérieux pour poursuivre :
– Je rêvais de voir mes dessins publiés. C'était un but que je m'étais fixé : illustrer un livre avant mes trente ans.
– Et tu as réussi.
– Yep. J'aurais trente ans la semaine prochaine.
– Bon anniversaire en avance, alors. Et félicitations, sourit Robin.
Nick la remercia d'un hochement de tête.
– Tu vas devoir te trouver de nouveaux rêves. L'ascenseur, le livre, c'est fait.
– L'ascenseur n'est réalisé qu'à moitié. Qui sait, peut-être qu'ils vont oublier qu'on est là et on devra se résoudre à créer notre propre pays d'Ascensoria qu'on sera obligé de peupler.
Nick arqua un sourcil suggestif et Robin lui frappa doucement la cuisse du pied.
– C'est pas drôle !, gloussa-t-elle. J'espère qu'ils sont en train de résoudre le problème. Je commence à avoir des fourmis dans les jambes.
Elle remua les mollets en grimaçant. Elle avait hâte de sortir de sa boîte de conserve.
Pas vraiment hâte de quitter Nick, par contre. Elle ne s'était jamais si bien entendue avec un inconnu.
– Tu as une idée, pour ton nouveau rêve ?, s'enquit-elle.
Nick réfléchit quelques instants et haussa les épaules.
– Pas vraiment. Maintenant que j'ai le job idéal et un appart', je suppose que la suite logique, c'est la fille dont je tomberai follement amoureux, le mariage et les bébés. Mais je suis pas pressé.
– J'aimerais que Mme Turner le comprenne, ça, que j'ai le temps avant de me dégoter un mari. C'est la première chose qu'elle me demande, à chaque fois qu'elle me voit : « Alors, Mlle Miller, toujours pas la bague au doigt ? ». Je préfère être sûre d'avoir trouvé la bonne personne.
– Je peux te demander quel âge tu as ?
– Bien sûr que oui.
– Je sais pas, au cas où tu voudrais entretenir une part de mystère, répliqua Nick en haussant les épaules.
– On a parlé de nos plus grands rêves et je sais que tu veux faire l'amour dans un ascenseur. Le mystère, ça fait longtemps qu'il a disparu, le nargua Robin.
Nick pouffa en levant les mains.
– Tu n'as pas tort.
– J'ai vingt-sept ans.
– Mon Dieu, tu es toute jeune pour un presque trentenaire comme moi, plaisanta Nick. Plus sérieusement : mon frère s'est marié à vingt-sept ans. Six ans plus tard, il divorce, parce que finalement, lui et sa femme ont des buts différents dans la vie. Tu n'auras qu'à le donner en exemple, la prochaine fois que Mme Turner t'embête.
– Je prends note, dit Robin d'un ton solennel. Bon, il faut que je me lève, je ne sens plus mes fesses.
Elle esquissa un mouvement pour se redresser, mais Nick fut plus rapide qu'elle. Une fois sur ses pieds, il lui tendit une main pour l'aider à se relever. Elle l'attrapa sans rechigner – se lever seule, avec une robe et des talons pareils, aurait été encore plus difficile à faire élégamment que s'asseoir ne l'avait été.
– Merci, souffla-t-elle, alors qu'elle se mettait debout.
Elle se retrouva face à Nick, sa main dans la sienne, à quelques centimètres de lui. Son regard fut happé par celui de son compagnon d'infortune, et elle eut l'impression que ses jambes allaient lui faire défaut. Elle s'éclaircit la voix et Nick cligna des yeux, avant de lui lâcher la main et de faire un pas en arrière.
– Si on m'avait demandé ce que je pensais faire ce soir, avoir une discussion sur mon futur avec une inconnue n'aurait même pas été en lice, déclara-t-il, un air hébété sur le visage.
– À qui le dis-tu. Je devrais être en train de boire un verre avec le mec idéal, renchérit Robin.
– J'espère qu'il sera compré..., commença Nick, avant d'être interrompu par un grincement provenant de l'ascenseur.
Robin écarquilla les yeux, avant de lever le nez vers le plafond, puis chancela lorsque l'ascenseur se remit à bouger. Nick la rattrapa encore par le bras et elle le remercia d'un sourire embarrassé – depuis quand était-elle le genre de personne qui portait des chaussures dans lesquelles elle ne savait pas marcher, encore moins tenir debout ?
– Bon, on dirait qu'Ascensoria n'existera pas, regretta Nick avec une moue faussement déçue, tandis qu'il récupérait sa veste sur le sol.
Il l'épousseta avant de la mettre et Robin haussa les épaules.
– Dommage.
Le sourire en coin qui étira les lèvres de Nick fit rater un battement à son cœur.
Elle enfila son manteau, sortit un miroir de sa pochette pour vérifier l'état de son maquillage, alors que les étages affichés sur l'écran diminuaient. Son rouge à lèvres fétiche avait tenu bon, ouf.
Nick se plaça face aux portes, déçu que cette soirée imprévue soit coupée courte, et comme Robin, attendit que l'ascenseur s'ouvre pour enfin les laisser sortir.
– Enfin !, s'exclama la jeune femme avec soulagement, quand ils furent libérés de leur cage d'acier.
Elle se précipita hors de la cabine, suivie des yeux par Nick, qui pinça les lèvres avant de sortir. Finalement, réparer l'ascenseur n'avait pas pris quelques heures, et il le regrettait presque amèrement. Robin s'adressait à un homme chauve et rondouillard – le gardien ? – et il traversa le hall de l'immeuble en silence.
– Hé, minute ! Tu vas vraiment partir sans dire au revoir ?, entendit-il derrière lui alors qu'il allait passer la porte.
Robin arriva derrière lui, et il haussa les épaules.
– Je voudrais pas te retarder plus que ça, dit-il en lui ouvrant la porte.
– Je suis plus à ça près.
Ils se retrouvèrent sur le trottoir, devant l'entrée de l'immeuble. Aucun n'avait envie de laisser l'autre, et ils restèrent silencieux un instant, à se regarder.
– Bon... on se croisera peut-être dans l'ascenseur, lança Nick, mains dans les poches.
Robin hocha la tête en souriant. Elle ferma son manteau, se retourna, et partit dans la direction du restaurant où Declan lui avait donné rendez-vous.
Nick la regarda partir, sachant pourtant très bien qu'il ne devrait pas la laisser filer entre ses doigts. Il se mordit la lèvre, se retourna, et sortit son téléphone pour envoyer un texto à Callum, pour lui annoncer qu'il était enfin libre et qu'il arriverait au pub bientôt.
– Nick !, appela-t-on alors qu'il tournait au coin de la rue.
Il fit volte face en entendant des talons claquer sur le trottoir, et un immense sourire lui fendit le visage lorsqu'il vit Robin s'approcher de lui.
– Qu'est-ce que tu fais ?, demanda-t-il. Et ton prince charmant ?
Elle haussa les épaules. Elle avait vérifié son téléphone : Declan lui avait envoyé un autre message, pour lui dire qu'il l'attendait, et qu'est-ce qu'elle fichait à la fin. Même à l'écrit, son ton n'avait pas l'air sympathique. Elle s'était rendue compte qu'il n'avait probablement pas lu les messages qu'elle lui avait envoyés. Et honnêtement, elle préférait rester avec Nick, qui avait réussi à tourner une panne d'ascenseur en moment agréable, plutôt qu'aller dans un restaurant de luxe guindé où elle ne se sentirait pas à sa place. Elle ne pouvait pas non plus ignorer l'alchimie évidente entre elle et Nick.
– Est-ce que ça te dérange si je me joins à toi ? J'ai bien peur que le prince charmant ne soit en fait qu'un crapaud, grimaça-t-elle.
Nick pouffa en s'avançant vers Robin. Il lui remit une mèche de cheveux derrière l'oreille, et elle sentit son rythme cardiaque s'emballer et ses joues s'enflammer. Il avait très envie de l'embrasser, mais il ne voulait pas risquer de gâcher une bonne chose. Alors, il se mit à côté d'elle, lui prit la main, et ils se mirent en route vers le pub.
FIN.
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