Chapitre 10-1
*Réécrit le 25.04.22*
Dès qu'il nous aperçut, le chauffeur descendit de voiture, en fit promptement le tour et vint nous ouvrir la portière arrière d'un mouvement ampoulé et cérémonieux à souhait.
— C'est une blague ? entendis-je Worth marmonner dans sa barbe en s'engouffrant maladroitement à ma suite dans l'habitacle.
Le cuir blanc des sièges était un peu tape à l'œil, mais pas autant que la mini boule à facette qui se balançait au milieu des deux rangées de sièges se faisant face. Effectivement, ce devait être une blague ! me dis-je en réprimant une grimace.
— C'est soirée disco ? Chouette la déco ! C'est ton idée ? ricana l'inspecteur en prenant place sur la banquette d'en face, un sourire moqueur sur les lèvres, bien que son regard analyse chaque centimètre carré de l'espace qui nous entourait.
— D'ordinaire, c'est plus... sobre. Ils ont dû faire un effort spécial juste pour toi ! lui répliquai-je, pince sans rire, en m'installant confortablement sur le cuir doux et moelleux.
— Tu veux dire que la limousine c'est... habituel ?
— À chaque gala officiel et médiatisé, oui.
— Waouh ! Tout ça payé par le gouvernement, je suppose ?
— C'était dans le contrat, je n'ai rien demandé ! me sentis-je obligé de me défendre malgré le ton moqueur de l'inspecteur.
— Tu ne nous a jamais vraiment expliqué en quoi consistait exactement ce « contrat » et pourquoi tu l'avais accepté si facilement ?
— Facilement ? répétai-je sur un ton morne et triste en fixant le vide. Ce n'est pas le ressentis que j'en aie eu, mais, si tu veux. Il fallait bien que quelqu'un si colle, de toute façon ! C'était leur condition pour nous relâcher, sinon, nous y serions sans doute encore.
— Tu aurais pu laisser la corvée à Jude ? C'était lui qu'ils voulaient au début, non ?
— Il faut croire, qu'ils ont vite compris que je porterais mieux la robe ! répliquai-je froidement, espérant mettre un terme à cette conversation forcée.
— Pourquoi tu ne veux pas admettre la vérité ? me demanda-t-il en s'avançant légèrement tout en me fixant de son regard pénétrant.
— Et quelle serait-elle cette vérité, selon toi ?
— Que tu l'as fait parce que tu as bon cœur, affirma-t-il d'une voix plus douce.
Durant quelques secondes je ne répondis pas, me contentant de le fixer de mon regard vide et inexpressif, du moins je l'espérais. Mais le petit sourire qui se dessina sur ses lèvres me dit que je n'avais dupé personne !
— C'était le plus logique ! Jude ne se serait jamais plié à toutes leurs exigences et puis avec sa bécasse de femme et deux mioches en route, bref, cela paraissait évident ! lui dis-je, voyant son sourire s'élargir à mesure que je m'embrouillais dans mes explications et mes justifications grotesques.
La vérité, c'était que j'avais fini par me proposer. Pas parce que je recherchais la gloire ou les projecteurs, bien au contraire, mais parce que Jude et Christina méritaient bien un peu de calme et de paix après tout ce qu'ils avaient traversé. Chose que je n'avouerai jamais de mon plein grès.
— Tu l'as fait pour Jude, c'est ça ? Tu as encore des sentiments pour lui ?
— Un moment, je croyais en avoir, lui avouai-je sans réfléchir, comme hypnotisée par son regard. Mais j'ai compris par la suite, que ce n'était qu'une illusion. Juste une projection de mon envie d'être amoureuse. Mais... pourquoi je te raconte ça ?! m'écriai-je soudain en me reculant dans mon siège. Ça ne te regarde pas !
Il partit d'un grand éclat de rire spontané, où il me sembla percevoir une pointe de soulagement.
— Très bien, comme tu voudras. Brief moi sur la petite fiesta de ce soir.
Soulagée de changer enfin de sujet, je me laissai aller plus confortablement dans mon siège et essayai de détendre mes épaules, nouées par la tension.
— C'est officiellement un gala de charité, sensé rassembler les partisans favorables au traité de paix entre humains et Métamorphes, et en attirer de nouveaux, lui répondis-je en fermant brièvement les yeux.
— Bizarrement, je sens un « mais » poindre le bout de son nez ! ironisa-t-il comme je m'y attendais.
— Ce n'est même plus un mais à ce niveau-là, ricanai-je ! Ces... réceptions ne sont en fait que des paniers de crabes où toutes les personnalités politiques importantes se retrouvent pour faire pencher la balance en leur faveur. Tous les opposants à la paix seront donc également présents, même s'ils n'ont pas été invités, tu peux en être sûr ! Alors une fois à l'intérieur, ne répond surtout pas aux provocations et laisse-moi gérer, j'ai l'habitude.
— Ok, aucun souci ! La politique et moi, ça fait deux.
Je souris malgré moi à sa remarque ironique, me reprenant aussitôt alors que la voiture ralentissait et se garait en douceur le long d'un trottoir. Nous étions arrivés à destination.
— Bon, alors, on la joue comment ? me demanda-t-il aussitôt sur le qui-vive. Je rentre par l'entrée de service et...
— Oh non ! lui répliquai-je, un sourire retors sur les lèvres. Tu as insisté pour m'accompagner... ce sera jusqu'au bout !
Devant son regard inquiet, mon sourire s'élargit. La portière s'ouvrit et je saisis l'inspecteur par le poignet, l'entraînant derrière moi vers le tapis rouge déroulé jusqu'à l'entrée du palace accueillant la manifestation.
— Souris, tu es filmé ! lui murmurai-je en sortant de la limousine.
Les flashs se mirent à crépiter à la seconde où mon escarpin se posa sur le sol. Je me redressai avec grâce, glissai mon bras sous celui de l'inspecteur et commençai à remonter l'allée bordée de journalistes et de caméras, mon plus beau sourire accroché au visage. Je sentis Worth hésiter une fraction de seconde, puis après avoir légèrement trébuché, il me suivit finalement le visage fermé et les lèvres pincés.
— Tu t'amuses bien, hein ? me chuchota-t-il d'un ton acide en resserrant son bras pour me rapprocher encore de lui.
— Tu ne peux pas savoir à quel point ! lui rétorquai-je sur le même ton, en faisant une pause en plein milieu pour prendre le temps de poser pour les photographes.
— Mais pu... punaise, à quoi tu joues ?!
— Quelque fois, c'est exposé aux yeux de tous que l'on est le mieux dissimulé ! lui rétorquai-je alors que nous parvenions enfin au bout de notre chemin de croix personnel.
La fraîcheur subite du magnifique hall en marbre me fit du bien, alors que je nous dirigeais vers l'entrée où deux jeunes femmes, vêtues de ridicules tenues en fausses fourrures pour l'une et fausses plumes pour l'autre, accueillaient les visiteurs. Crayons et listings en main, elles avaient juste l'air ridicule dans leurs costumes grotesques censés représenter les métamorphes. Deux paires de gorilles vigilants étaient postés en renfort sur les côtés, au cas où des resquilleurs tenteraient d'entrer sans invitation. Habituée, je ne pris même pas la peine de sortir la mienne, malheureusement ici, tout le monde me connaissait.
— Oh, bonsoir mademoiselle Moore ! s'extasia mademoiselle piaf, d'une voix de groupie horripilante. Vous êtes magnifique ce soir ! Votre... ami a-t-il une invitation ? demanda-t-elle en jetant un regard surpris et appréciateur à Worth après l'avoir reluqué de haut en bas.
L'inspecteur plissa les yeux, visiblement agacé de l'intérêt déplacé et à peine déguisé de la jeune femme.
— J'ai appelé pour prévenir que je viendrais accompagnée, lui rétorquai-je sur un ton polaire. Gabriel Worth.
L'écervelée brandit son listing et se mit à chercher avec application tandis que l'inspecteur me lançait un regard interrogatif, certainement surpris que j'ai osé donner son vrai nom.
— Ah ça y est, je vous ai trouvé ! minauda-t-elle en agitant ses plumes sous le nez de Worth, qui faillit éternuer.
— Ce n'est pas trop tôt ! grinçai-je en nous dirigeant enfin vers l'entrée surchargée de décoration, tout en lui décochant un regard glacial.
— Pas habituée à attendre, hein ? ricana l'inspecteur à mon oreille alors que nous pénétrions dans la salle bondée et bruyante.
— Et toi, habitué à être traité comme un casse-croute ? lui rétorquai-je aussitôt, un peu piquée par sa remarque.
— Touché, me répondit-il avec une petite grimace.
— C'est ça, rigole. Tu viens de pénétrer dans la fosse aux lions. Tu es prêt ?
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Ça y est, c'est la rentrée ! Je vais donc pouvoir reprendre un rythme plus régulier :-) Et retrouver mes petites habitudes :-)
Bonne rentrée à toutes et à tous et à très vite sur la suite de "Virgion Territory" ^.^
Kissssssssss <3
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