Chapitre 3
Le labyrinthe:
L'art et la manière de se retrouver dans un endroit totalement inconnu et y faire des rencontres improbables.
Je sors de ma chambre quelques minutes après Julia et Kyl. Quelques instants de solitude ne font pas de mal dans des moments pareils. J'ai l'impression que je suis comme le héros de chaque roman que j'ai lu. Il apprend qu'il est spécial et change totalement de vie. Puis je les rejoins. Kylanit a ouvert une étrange porte entre temps.
-Je suis désolé Eléanna, tu n'as pas de laisser-passer.
-De laisser-passer ?
-Tu n'es pas encore admise sur Sata, personne ne sait si tu es vraiment digne de passer la porte.
-Arrête tu exagères, c'est vous qui voulez que j'aille sur Sata.
-Non, c'est la vérité. Tous les nouveaux dontés venant de la Terre sont testés.
-Et comment ?
-Ils doivent trouver la sortie du labyrinthe. J'espère que Julia t'a trouvé une bonne excuse pour le collège.
-Au revoir Eléanna ! Bon courage. souhaite Julia.
-Au revoir. soupire-je cachant la tristesse intérieure que j'éprouve en quittant la maison et la ville où j'ai toujours vécu.
Un tourbillon glacé et chaud à la fois commence à m'engloutir et le vent m'envahit. Le décor derrière me devient flou et disparaît. J'atteris à l'entrée du labyrinthe qui est immense. Je me trouve dans une pièce à quatre murs/portes. Il y en a un qui est couvert de neige, froid et glacé jusqu'au bout. Le second fait de feu, est brûlant. Le suivant est liquide, c'est de l'eau. Le dernier est fleuri et végétal.
-Un mur représente un élément de la nature: la glace, le feu, l'eau et la terre. explique une voix
-Où est l'air ? demande Eléanna.
-On m'a dit que tu savais maîtriser l'air. Enfin, à ce qu'il paraît, j'aimerais bien vérifier. rigole la voix. Franchis tous les murs un par un et lorsque tu auras fini une porte s'ouvrira pour ton ultime épreuve.
-Une ultime épreuve ?
-Je ne sais pas, je n'ai pas le droit de tant dire plus. répond la voix avec malice. Pour l'instant tu peux juste utiliser l'air. Bonne chance. Mais avant de franchir le premier mur te doit retourner sur le sol.
Mes pieds décollent du sol et la pièce se retourne sous moi. Les portes sont désormais en haut et le lustre en bas. Je suis coincée dedans. Je me débats mais rien n'y fait, je n'arrive pas à sortir.
Je regarde mes mains et me concentre pour me faire léviter. Je ferme les yeux et je finis sur le sol à quatre pattes.
Je me relève et me dirige vers le mur de glace. Je le traverse. De l'autre côté, des monts enneigés m'entourent et le sol est verglacé.
-Il fait froid. me dis-je à moi même.
-Waouh, cela faisait longtemps que personne n'était venu. me dit une petite voix.
-Qui a dit ça ? demande-je en me.tournant sur moi même pour voir à qui j'ai à faire. Montre-toi !
-Je suis là. me répond la voix
Je me retourne encore et voit un petit personnage.
-Tu es ... es... un bonhomme de neige. brédouille-je. Pourquoi es-tu vivant ?
-J'ai été créé par une petite fille puis elle m'a donné vie. On jouait bien, elle a grandi et elle est partie.
-Je vais t'aider à la retrouver si tu veux. propose-je.
-Elle est allée par là. dit le bonhomme de neige en désignant un palais de glace. Elle l'a construit. Au fait, je m'appelle Glaçon.
-Moi, c'est Eléanna. A quel âge t'a-t-elle fabriqué ?
-Elle avait cinq, elle s'appelait Annaelle. A dix ans, elle m'a laissé en plan.
-Mon pauvre. Si tu veux la revoir il faut y aller.
Glaçon et moi nous mettons en route pour le palais. Lorsqu'on arrive à la porte d'entrée, j'observe la demeure de l'amie de Glaçon. Celle-ci est très grande. Elle est faite de glace, le motif principal est le flocon. Il est représenté sur tous les murs. Glaçon, lui est content et saute partout.
-Annaelle, ouvre ! S'il te plaît. hurle-t-il.
-Ce n'est pas la peine, la porte n'est pas fermée, regarde. montre-je en la poussant.
J'entre suivie par mon compagnon de voyage. Au centre de la pièce se trouve une fontaine glacée et sur son bord assise, une jeune fille magnifique aux cheveux blonds presque blancs, aux yeux bleus clairs et une robe blanche recouverte de flocons avec des manches bleues. Sur sa tête, une fine couronne de flocons comme celle des petites filles en fleurs.
-Annaelle, c'est moi Glaçon.
-Glaçon ? Mon bonhomme de neige. déclare-t-elle, surprise. Puis elle me regarde et demande.Qui est la demoiselle qui t'accompagne ?
-Je suis Eléanna. lui répond-je
-Moi Annaelle, la princesse des glaces. Tu pourrais m'aider à sortir. annonce-t-elle sans gêne.
-Oui, je pense que je suis là pour ça.
-Ne me quitte pas de nouveau. supplie Glaçon.
-Glaçon, commence la princesse en s'agenouillant, je veux quitter ce labyrinthe pour voir l'extérieur mais, continue-t-elle en souriant, je ne vais pas te laisser seul.
Elle crée un bonhomme de neige qui lui ressemble et lui donne vie.
-Oh merci Annaelle. remercie Glaçon
-Cette bonhomme de neige se nomme Neige. Moi, par contre, je ne peux pas sortir du labyrinthe seule.
-Si, tu le peux, si tu entres dans mon esprit. Enfin, je pense... Je ne sais pas trop. Je ne suis pas encore une experte avec ces trucs.
La princesse des glaces se métamorphose en une trainée de neige et entre en moi.
Je n'ai pas le temps de dire au revoir que je suis à nouveau devant les murs de mon départ. Je traverse le suivant. J'atterris enfin sur de la terre ferme après une traversée très désagréable due à la chaleur du feu. Cette chaleur m'envahit et je ne peux rien faire pour me rafraîchir.
Des volcans crachent de la lave autour de mon pauvre morceau de terre sous mes pieds. Une ombre gigantesque assombrit l'horizon. J'ai peur de me retourner alors je cours et saute d'un tas de terre à l'autre. Je dérape et me brûle la cheville ce qui m'arrête dans ma course.
Je gémis de douleur et me tient la cheville brûlée. Un vent glacé me parcoure et les rougeurs s'atténuent pour finir par disparaître. Mon collant est tout de même troué par la lave.
Mais mes problèmes ne sont toujours pas finis. Un monstre de feu se dessine sous mes yeux. Il me crache des boules enflammées au visage. Je les évite de justesse à chaque fois. Agacée, je m'envole et riposte. On m'a toujours dit de combattre le feu par le feu. Cette expression colle parfaitement à la situation. A l'aide de la lave environnante, je crée des cristaux brûlants et lui lance en pleine poitrine. Je réussis mon coup et il disparaît en même temps que je m'évapore.
De retour à mon point de commencement, je passe la troisième porte.
Ce monde d'eau est composé de sources, de cascades et de rivières. Le sol est légèrement recouvert d'herbe.
-C'est magnifique. me dis-je.
Je vais me regarder dans l'une des cascades et remarque que mes vêtements sont à moitié brûlés. Je déchire les manches de son pull qui est à moitié carbonisés. Mes bottines sont inutilisables alors je les enlève ainsi que mes collants blancs devenus noirs et encore en feu par endroit.
-Tant pis, je finirai pieds nus. soupire-je.
Soudain, l'eau gèle et Annaelle remplace mon reflet. Elle apparaît à mes côtés.
-Que fais-tu ? me demande Annaelle.
-J'étais en train de me débarrasser des parties brûlées. lui répond-je. Pourquoi ?
-J'aimerais bien parler avec toi. Je m'ennuie un peu.
-Si tu me parles de toi, je te parlerais de moi.
-D'accord. Je suis née en hiver. Je n'ai connu que ma mère.
-Connu ?
-Oui elle est morte le jour de mes dix ans. Enfin, elle a disparu et je pense qu'elle est morte. Elle me parlait toujours du monde extérieur. Elle me racontait son enfance, puis comment elle est tombée amoureuse de mon père. Par contre, elle ne me disait rien de plus sur lui. Ensuite, ils se sont mariés et je suis née.
-Donc, tu ne connais pas ton père. On est deux.
-Après ses histoires, je lui demandais pourquoi elle n'y retournait pas. A chaque fois, elle me répondait qu'elle voulait me protéger. Lorsqu'elle est décédée, j'étais effondrée et j'ai commencé à m'isoler du monde. Je voulais la rejoindre quelque soit l'endroit où elle se trouvait.
-Ma pauvre.
-Toutes les nuits, je rêvais d'elle et je me réveillais en pleurant et je constatais qu'elle n'était pas revenue. me raconte Annaelle avec les larmes aux yeux, je sens qu'elle a confiance en moi et qu'elle a besoin d'aide.
Je la prends dans mes bras pour la consoler.
-Ne t'inquiète pas. Ce ne sont que des cauchemars, j'en fait souvent moi aussi.
-Merci de m'écouter et de me comprendre. remercie Annaelle en reniflant. Plusieurs mois se sont écoulés et des voix ont commencé à me parler chaque soir. Ma mère me disait de ne pas essayer de la chercher par opposition à l'homme qui me tentait. Chaque nuit, il me parlait de Sata, des créatures fantastiques qui y habitent. Il me racontait comment faire pour en sortir.
-Et comment ?
-Selon lui, je devais attendre une jeune fille rousse aux yeux saphirs. Toi.
-Moi ?
-Oui, je ne sais pas pourquoi mais j'espère que cela ne te dérange pas.
-Non !
Pendant quelques instants ni l'une ni l'autre ne parle. Finalement, Annaelle brise le silence.
-Et toi ? Quelle est ton histoire ?
-Disons que je sais très peu de choses.
-Tu peux toujours me le dire.
-Julia m'a expliqué que mes parents sont morts dans un accident de voiture lorsque je n'avais que trois ans. Elle m'avait alors hébergée le temps que je grandisse. Il y a quelques jours, j'ai commencé à faire léviter des objets ou moi même dès que je levais les mains. Puis, j'ai atterri ici. Je ne sais pas comment ni pourquoi.
-Donc, tu ne connais rien sur tes origines.
-Non, mais je commence à croire que tout cela n'était qu'un mensonge. Je pense que mes parents sont toujours en vie.
Une jeune femme les interrompt brusquement.
-Que faites vous là ? Qui êtes-vous ?
-Vous m'avez fait peur. dis-je en essayant de me remettre de mes émotions.
L'inconnue nous observe avec un regard sombre sous entendant qu'il ne faut pas l'énerver. Ses yeux bleu nuit profonds nous regarde méchamment, ses cheveux ont la même nuance que mes yeux.
-Je suis Eléanna Lopin, je passe une sorte de test dans ce labyrinthe. dis-je en reprenant son calme et essayant d'être le plus franche possible. Et vous ?
-Je suis Blue, nymphe gardienne, je dois vous poser une énigme pour vous laissez passer. (Elle m'observe avec une pointe de défi dans le regard) En êtes-vous capable ?
-Allez-y !
-Bien, vous êtes prêtes ? C'est parti. Un jeune garçon a dans sa classe deux sœurs. Elles se ressemblent comme deux gouttes d'eau, sont nées le même jour, à quelques minutes d'écart et des mêmes parents. Pourtant, elles ne sont pas jumelles. Comment est-ce possible ?
-Euh... réfléchis-je.
Clara m'avait une fois raconté une histoire du même genre. Elle avait discuté avec son petit ami quand il l'aimait encore. Il avait deux sœurs qui n'avaient que quelques années de moins que lui. Elles étaient nées le même jour et des mêmes parents. Mais, elles n'étaient jumelles, elles étaient...
-Des triplées ! m'écrie-je.
Clara m'avait aussi dit qu'elles étaient trois mais la dernière était en pensionnat.
-Bonne réponse. Annaelle. Je dois te poser une question à toi aussi. Que te disait ta mère chaque soir avant de t'endormir ?
Annaelle est devenue toute blanche dès que la nymphe a parlé de sa mère.
-Elle me disait toujours : "Il existe plein de formes d'amour comme celui qu'on porte à sa famille et ses amis ou alors, celui qui est inexplicable. L'amour peut guérir les profondes blessures, rendre heureux, réconforter, aider... Mais il peut aussi te détruire lorsque tu le perds. Il te dévore de l'intérieur et te brûle à petit feu. Il te rend fou et peut même te tuer de tristesse. C'est une arme très puissante si on sait s'en servir". murmure Annaelle au bord des larmes.
-En effet. Je pense que vous devez toutes les deux vous en souvenir. Au revoir.
Elle part et une chute déferle sur moi, Annaelle a elle aussi disparu. J'inspire un grand coup pour éviter de me noyer. J'expire sous l'eau et une bulle se forme autour de moi. Je nage jusqu'à la surface pour sortir de cette eau glacée. Je m'attendais à voir le labyrinthe d'eau mais ce sont les quatre murs qui s'offrent à moi.
Ça y est plus que le labyrinthe végétal. Je ferme les yeux quelques secondes et découvre un tout autre univers de l'autre côté du mur. Des allées de fleurs, des chemins de terre, des rangées d'arbres... Un monde sans pollution, idéal pour les insectes. Les papillons volent dans tous les sens, les abeilles butinent en paix. La magie offre un lieu parfait.
Le petit problème, c'est que je suis coincée dans les branches d'un arbre.
-Eh ! Est-ce que quelqu'un peut m'aider ?
-Tu es seule, il n'y a que moi et tu me gènes. me répond une voix inconnue.
-Ehh ! Tu as qu'à m'aider au lieu de râler. rétorque-je.
-Descend ! ordonne la voix.
-Je ne peux pas. Tu m'énerves ! Aide-moi !
Tout à coup, je suis envoyée dans les airs et atterris sur les fesses.
-Aïe !!! Saleté d'arbre !
-Ne parle pas de moi comme ça ! Et puis, je t'ai fait descendre.
-Tu es un arbre ? demande-je confuse.
-Oui, et alors ! Enfin non, je suis l'esprit de la forêt mais un crétin de ton âge m'a enfermée dedans par je ne sais quel moyen.
-Je suppose que tu veux que je t'aide...
-Si tu veux bien. Cela sera aimable de ta part. me répond l'arbre et je sens une pointe d'ironie dans sa voix.
-Je ne garantis rien. préviens-je
Je récupère toute l'énergie que je peux et me concentre sur mon objectif. Autrefois, je n'avais jamais utilisé autant mes dons. Peu à peu une demoiselle apparaît devant moi. La douleur et le manque de force m'envahissent. Ma vue devient floue. Je m'effondre d'épuisement.
Je distingue une jeune fille au dessus de mon visage. Elle doit avoir dix-sept ans. De longs cheveux bruns tombent en cascade dans son dos et ses yeux sont aussi foncés que les feuilles de l'arbre dans lequel elle était enfermée.
-J'ai...J'ai réussi. murmure-je à bout de souffle avant de replonger dans un sommeil sans rêve.
Je crois que je n'ai jamais été aussi fatiguée. A côté de ça, les cours, c'est de la rigolade. J'ai découvert des muscles dont je soupçonnais même pas l'existence. Et pourtant, je n'ai pas fait de sport... Je pense que la magie utilise beaucoup trop d'énergie à mon goût. J'ai vraiment besoin dormir mais je suis dans un sommeil sans rêve. Je peux enfin me reposer sans cauchemarder et heureusement.
L'air est doux et les oiseaux gazouillent lorsque j'ouvre enfin les yeux. Je regarde autour de moi pour trouver un visage familier. Le seul que je vois ne me rappelle rien.
-Tu vas mieux ? lui demande l'inconnue
-Oui, je pense. Mais qui es tu ?
-Moi ? Je suis l'esprit de la forêt, je m'appelle Hortense. Et toi ?
-Eléanna. Eléanna Lopin.
-La fille de Ophélia et Paul Lopin ?
-Euh... Probablement... Je ne connais pas mes parents.
-Ah ! dit Hortense en se grattant la tête, gênée. J'espère que tu auras l'occasion de les rencontrer. Pour l'instant tu dois partir.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro