Elijah

Les applaudissements s'affolent, se condensent, explosent dans la salle en un tsunami alliant hurlements de folie et d'ivresse. 

L'exaltation parcoure le zenith, se transmet de buste en torse luisant, des cordes vocales aux gorges dilatées par l'extase.

Le concert bat son plein, les spectateurs exultent, et cette cacophonie vient m'alimenter comme une drogue insatiable qui ne parvient pas à tarir ma soif.
Leur jouissance se transforme en une aura ténébreuse qui circule dans mes veines et se décharge dans mon cœur qui tambourine aussi fort que s'il cherchait à s'enfuir pour s'éparpiller en une myriade de poussière dans la salle.
Mes genoux, douloureux d'avoir raclé le parquet lissé de la scène, demandent grâce. Mais impossible de me lever. Les bras écartés en croix, la tête renversée en arrière, je me laisse bercer par l'instant présent, par cette affinité que je partage avec mon public, par cette intimité que je viens de créer avec mes fanes en leur apportant trois heures orgasmiques dont ils ne sont pas prêt d'oublier le plaisir.

Les spectateurs se déchirent encore la voix lorsque, enfin, je trouve la force de me dresser sur mes jambes puissantes et pourtant flageolantes. Mon corps est parcouru de ce frémissement familier, si entraînant, qui me comble à la fin de chacun de mes concerts. Ce sentiment si caractéristique qui m'envahit m'embaume comme si je venais de vivre le moment le plus intense de ma vie. 

Cette osmose avec le public, je ne parviens à la ressentir qu'ici, lorsque je surplombe la foule en délire qui m'acclame comme un dieu.

Mais je ne suis pas un dieu.

Je suis mieux qu'un dieu.

Je suis une star mondiale.