Alva leva les yeux vers la silhouette qui planait, non, qui flottait dans le ciel au-dessus d'elle. Elle pouvait à peine distinguer la plus petite nuance de bleu foncé, car le soleil frappait juste aux bons endroits. Au sommet de son loyal ikran était assis un Tsu'tey tout aussi loyal. Un jour, elle espérait qu'il serait aussi loyal envers elle qu'il l'était envers son ikran, qu'il gagnerait cette loyauté et cette confiance.

La sensation de l'écorce dure et des branches sous ses pieds la ramena au sol, même si ses yeux désiraient danser à nouveau avec le duo de danseurs. Car c'est ce qu'ils faisaient, une danse magnifique et mortelle dans le ciel, là où on ne peut les toucher. Une danse de contrôle et de confiance absolue, une confiance que les humains ne peuvent même pas imaginer, tant elle est profonde.

Elle détourna le regard à contrecœur une fois de plus et se concentra sur sa destination. Sa part du marché n'avait pas encore été respectée et elle voulait l'impressionner comme il l'avait fait avec elle. Kida les attendait quelque part dans la forêt, non pas qu'Alva sache exactement où se cachait son palulukan, mais c'était quelque part dans la forêt. La première rencontre entre son professeur et Kida avait été une déception, mais il fallait s'y attendre. Le palulukan était l'une des plus grandes menaces pour les Na'vi et la peur et le respect qu'ils leur inspiraient étaient ancrés en eux depuis avant leur naissance. Comme les lions ou les tigres, mais plus gros, plus dangereux et plus mortels, comme tout ce qui existe sur Pandora. Mais elle espérait qu'avec le temps, il serait capable d'oublier cela pour elle.

C'était sa partie préférée de la forêt. Elle était pleine de grands arbres qui avaient tous un nombre impressionnant de branches parfaites pour courir, et la vue était fantastique. Elle pouvait voir les montagnes, les lacs et les différents kelutrals de la région. Du vert, du vert et encore plus de vert. Cinquante et plus de nuances d'un beau vert. Si ce n'était pas sa couleur préférée avant, c'était maintenant. Une autre chose qu'elle aimait dans cette partie de la forêt, c'était la quantité de branches qui rendait presque impossible de voir le sol à certains endroits et qui se chevauchaient tellement qu'elles se transformaient presque en de grandes plates-formes où se trouvaient les fleurs et les plantes les plus merveilleuses et les plus colorées. Elle pouvait passer des heures à courir dans cette seule forêt de Pandora sans jamais se fatiguer et sans jamais cesser de trouver de nouvelles choses à admirer. Un paradis, son paradis.

Un coup, deux coups, trois coups et elle était au sommet de l'arbre. Les mains tremblantes, elle lâcha la branche sur laquelle elle se tenait et se redressa de toute sa hauteur. L'arbre oscille doucement sous l'effet de la brise et, pendant une seconde, elle craint de tomber. Alva laissa échapper un souffle avant de laisser ses bras se balancer au gré du vent comme s'ils dansaient ensemble, et d'une certaine manière, c'était le cas. Un faux pas et la danse devenait mortelle mais c'était un risque qu'elle était prête à prendre.

Ses boucles coulaient dans son dos comme une cascade et ses yeux étaient fermés tandis qu'elle se balançait. Toutes les pensées de Tsu'tey, de la RDA et de Jake s'estompaient lentement et à la place, un sentiment de satisfaction bouillonnait. Pendant une précieuse minute, il n'y avait qu'Alva et Eywa, dansant au sommet d'un arbre, ensemble une fois de plus.

"Qu'est-ce que tu fais ?" Une voix interrompt son calme.

Alva gloussa doucement et ouvrit les yeux. "Je danse, bien sûr. Tu veux te joindre à moi ? Mon partenaire est très populaire aujourd'hui." Une lueur de mystère s'alluma dans ses yeux à sa plaisanterie.

"Tu pourrais tomber." Tsu'tey l'informa, un peu d'inquiétude s'infiltrant dans ses mots. "Et mourir, sans honneur." Il poursuivit sans ambages, caressant d'une main le cou de son ikran lorsque celui-ci poussa un cri d'impatience.

Elle roucoula et posa sa main droite sur le cou de l'animal, à côté de celle de Tsu'tey, le faisant hésiter dans sa caresse régulière. "Je suis désolée, Yllä. Tsu'tey est un grand méchant, n'est-ce pas ? Hmm ? Tu veux continuer à voler, n'est-ce pas ? Je sais que tu le veux, mon joli."

Pendant qu'Alva avait une conversation très unilatérale avec l'ikran de Tsu'tey, il profita du peu de temps qu'il avait pour l'examiner. Ce n'était pas souvent qu'il pouvait la regarder comme ça sans qu'elle le remarque. Elle avait une façon de savoir les choses qui le plaisait et le troublait à la fois. La première chose sur laquelle ses yeux se posèrent fut les nombreuses ecchymoses qu'elle avait sur tout le corps, probablement dues au fait qu'elle grimpait et jouait avec les enfants du clan, mais aucune n'était grave ou inquiétante. Ensuite, son regard se porta sur les vêtements particuliers qu'elle portait : bien que Na'vi dans le style et les couleurs, elle y avait mis sa propre touche humaine, subtile mais qui faisait toute la différence. Ses nombreux accessoires furent la troisième chose qui attira son attention et il ne passa pas plus d'une seconde à les regarder. S'il y avait une chose qui était constante chez Alva, c'était son amour pour les accessoires et donc il les avait vus assez souvent pour s'y être déjà familiarisé. Ses cheveux avaient toujours été fascinants pour lui, bouclés certains jours, raides d'autres et parfois en désordre. La plupart du temps, Alva portait une sorte de fleur ou un autre objet dans ses cheveux, aujourd'hui elle avait une grande fleur bleue assortie aux vêtements qu'elle avait choisis. Dans l'ensemble, Alva ne changeait jamais et c'était quelque chose qu'il appréciait. Une constante dans une vie qui s'accélère au fur et à mesure que le conflit grandit.

"Tsu'tey ?" Elle a appelé son nom doucement, effleurant brièvement ses doigts avant de saisir audacieusement sa main. "Fixer est impoli."

Il s'est hérissé à ses mots et a laissé son air renfrogné se mettre en place. "Je ne fixerais jamais un démon." Tsu'tey aboya et serra sa main une fois avant de se retirer.

Alva haussa les épaules et avant de commencer à descendre de l'arbre puissant, elle lui lança un insolent "Comme tu veux, mon puissant guerrier. Retrouve-moi à cet endroit, j'ai une surprise."

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Et ce fut une surprise.

Kida, qui était auparavant couché paisiblement à côté d'Alva, grogna tout bas et se leva sur 6 pieds. Lentement, le palulukan s'accroupit, grognant toujours contre l'intrus, et était sur le point de se jeter sur l'homme Na'vi avant qu'Alva ne lève une main.

"Je pensais que tu savais qu'il ne fallait pas se faufiler derrière un thanator." Elle a ri et s'est levée, laissant une de ses mains caresser le côté de Kida avant de laisser tomber sa main une fois qu'elle a marché devant l'animal accroupi. "Ils sont facilement effrayés." Alva fit un geste en direction de Kida, qui grognait toujours, avant de se retourner vers son professeur. "Mais ne vous inquiétez pas." Elle sourit, montrant une partie de ses dents. "Je ne la laisserai pas te faire du mal."

Tsu'tey s'était arrêté brusquement en voyant le palulukan allongé, ne remarquant même pas Alva à ses côtés alors que la bête s'était immédiatement levée de toute sa hauteur et avait laissé échapper des grognements tonitruants en guise d'avertissement. Cette peur profondément ancrée du prédateur suprême le fit geler avant de le pousser à fuir. Sans rien pour se défendre, à part des flèches, il serait un casse-croûte facile pour un tel animal.

Un sifflement s'éleva dans le fond de sa gorge et tout son corps se tendit tandis qu'il fixait le puissant prédateur. Il est né guerrier et il mourra en guerrier. Ses mains se serrèrent en poings, ses yeux se rétrécirent, sa queue se déploya et il s'accroupit. Un grognement résonna autour d'eux lorsque le palulukan creusa le sol avec l'une de ses pattes avant.

Alva fit la moue, comme si elle n'avait pas remarqué l'état de tension dans lequel il était, quand il ne répondit pas. " Tu l'as déjà rencontrée, 'Sey " gémit doucement le pilote avatar et fit quelques pas vers l'homme. "Chut, Kida." La femme dit à son fidèle compagnon et avec un dernier grognement menaçant, l'animal se calma et se recoucha.

Elle fit un geste en direction du palulukan maintenant calme avant de lui adresser un sourire plein d'espoir.

"Non." Il a secoué la tête avec de grands yeux.

Alva grimaça avant de s'élancer vers lui, lui saisissant les mains et le forçant à se diriger vers l'animal. "Oui." Elle insiste avec un sourire éclatant. "Vous deux, vous auriez dû être présentés depuis longtemps, vous ne pensez pas ? Je ne peux pas laisser mes deux favoris se détester."

"Je suis le favori ?" Il a demandé avec une rare touche de douceur dans sa voix.

Elle gloussa et agita une main dans les cheveux comme si ce qu'il disait était ridicule. "Bien sûr que tu l'es, 'Sey. Tu es mon puissant guerrier."

Tsu'tey a ouvert et fermé sa bouche plusieurs fois avant de lui lancer un regard. "Je... ne te déteste pas." Il a fini par s'extirper avec une grimace.

"Merci." Alva a incliné sa tête. "Je suis honoré, professeur. Maintenant." Elle a tapé dans ses mains avec enthousiasme et a attrapé sa main libre. "Voici Kida-Kida, voici Tsu'tey."

Les deux hommes se sont regardés sans être impressionnés. Tsu'tey pouvait encore sentir tous ses instincts lui hurler de s'enfuir, mais il avait suffisamment confiance en l'humaine pour lui faire plaisir pour cette fois, et il ne pouvait pas lui montrer de faiblesse.

Plus il se rapprochait de l'énorme bête, plus il doutait de la santé mentale de la jeune fille. L'animal le regardait avec des yeux sombres qui lui promettaient la mort s'il sortait du rang. Il lui rendit son regard, lui aussi promis à la mort si l'animal sortait du rang. Il n'hésiterait pas à le protéger... ou à la protéger, réalisa-t-il avec une petite dose de colère. Quand l'idée de protéger ou de prendre soin d'un humain a-t-elle cessé de le dégoûter ? Quand cela a-t-il cessé d'être un concept impossible et quand cela a-t-il commencé à être la chose la plus évidente à faire ?

Si ce n'était pas pour la femme à côté de lui, il n'aurait jamais rêvé de s'approcher aussi près d'un palulukan de son plein gré. Bien sûr, il respectait les bêtes, mais sa peur l'emportait sur sa curiosité. Cela faisait si longtemps qu'il n'en avait pas vu un de si près et il avait oublié la taille de ces bêtes. Ses mâchoires étaient ouvertes, montrant les rangées de dents mortellement aiguisées qui n'attendaient que de s'enfoncer dans sa chair. Il ne voulait pas penser à la mort et aux dommages que ces dents avaient causés, et encore moins à ce qu'elles lui feraient.

Sa main chaude le maintenait au sol et, tout doucement, elle le rapprochait de la bête qu'elle appelait son amie. Et la bête, Kida, la laissait faire. Tsu'tey pouvait voir qu'ils avaient un lien similaire à celui qu'il partageait avec Yllä, mais pas aussi permanent.

"Shh." Elle l'a apaisé, en passant un doigt sur le dessus de sa main. Il détestait qu'elle tremble autant et il détestait à quel point son contact l'affectait. Quand son contact a-t-il cessé d'être répugnant pour lui ? "Tu n'as pas confiance en moi ?" Si, mais il n'était pas encore prêt à l'admettre à elle.... ou à lui-même.

Une peau dure, semblable à du cuir, touchait sa peau douce et, lentement, il laissa échapper le souffle qui était resté bloqué dans sa gorge. Tous les membres étaient encore attachés et ils étaient tous les deux encore en vie. Une autre expiration et il pouvait sentir les battements de son cœur ralentir et le tremblement de sa main se stabiliser.

"Tu vois", murmura Alva en lâchant sa main, choisissant plutôt d'enrouler ses bras autour de lui par derrière, appuyant sa joue contre son dos. "Je t'ai dit que je ne te laisserais pas être blessé. Cette feuille ne ment pas."

A contrecœur, il dut admettre que toucher la puissante bête n'était pas aussi mauvais qu'il le pensait et qu'avec sa présence, la bête semblait plus docile que le nantang que son ami avait apprivoisé lorsqu'ils étaient enfants.

"Je n'aime toujours pas ça. C'est une bête dangereuse, tsaheylu ou pas." Il marmonna d'un air bougon et arracha sa main du palulukan comme s'il l'avait brûlée. Kida grogna doucement à l'insulte mais resta silencieux. S'il pouvait parler, il imaginait qu'il lui dirait qu'il ressentait la même chose. Et c'était bon pour lui.

Tsu'tey secoua la tête et fit quelques pas en arrière, ayant besoin de s'éloigner d'eux deux.

"Et c'est bien ainsi." Alva fit écho à ses pensées et le laissa s'éloigner d'elle. Aussi naïve qu'elle puisse être, elle pouvait toujours voir quand quelqu'un avait besoin d'espace. "Merci d'avoir essayé. Cela signifie beaucoup pour moi." Elle lui a fait un sourire et a balancé ses bras timidement autour de son corps. "Je suppose que je t'en dois une maintenant."

Ils passèrent les minutes suivantes en silence, Alva dansant toute seule et Tsu'tey la regardant, elle et son compagnon. De faibles grognements et sifflements provenaient toujours du mâle agité, mais l'avatar et le palulukan l'ignoraient, lui et ses frustrations.

Alva grogna doucement lorsque son agitation devint trop grande pour être ignorée et que l'envie de réconforter son professeur la submergea. Elle ne pensait pas que la présence de Kida l'affecterait autant, mais elle avait manifestement mal calculé la façon dont il réagirait en voyant la grande bête. Elle grimaça lorsqu'elle réalisa son erreur et la chance qu'elle avait que la situation n'ait pas dégénéré.

"Hey, Tsu'tey." Alva l'a appelé en s'approchant de lui.

Il a grogné.

"Je suis désolé." Sa tête s'est légèrement inclinée avant que son visage ne s'illumine à nouveau. "Mais maintenant que tu as rencontré Kida, nous pouvons faire des balades ensemble. Oh, tu vas adorer ça !" Elle s'est mise à jaillir et a sauté vers lui.

Il recula d'un pas, une grimace gênante sur le visage. "Alva..." Tsu'tey l'a mise en garde, mais comme d'habitude, elle les a ignorés et a préféré enrouler ses bras autour de son milieu, le faisant se figer et laisser échapper un son étouffé.

Alva a appuyé sa joue contre sa poitrine et l'a serré plus fort. "Serre-moi en retour." Elle lui ordonna doucement et lui lança un regard doux qui promettait des farces sans fin, avant qu'il ne s'enroule lentement, et pas à contrecœur comme il le pensait, autour d'elle. Alva soupira doucement et se serra encore plus contre lui, appréciant cette proximité tant qu'elle durait.