𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 ₃₈
➠ ❛Une mauvaise impression❜
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Shōta ne pouvait pas retourner chez lui pour ne pas déranger ses parents. Chōko Yamada avait alors accepté de le garder jusqu'à midi, heure à laquelle il pouvait rentrer sans déranger
Hizashi, lui, dans la voiture, se mit à réfléchir sur la raison pour laquelle les deux Aizawa s'étaient retrouvés dans la même pièce après avoir demandé le divorce... Ne voulaient-ils justement plus se voir ? Il n'y comprenait décidément rien à ces problèmes d'adultes.
« C'est quoi en fait, la dissolution d'un régime matrimonial ? demanda Hizashi qui été accoudé contre le bord de sa portière, ses yeux trop verts rivés en direction du ciel bleu avec un air rêveur.
- C'est quand tu sépares en deux tout ce que tu possèdes en commun avec quelqu'un d'autre grâce à un contrat de mariage au moment du divorce, expliqua brièvement Shōta à côté de lui.
- Ah, okay. »
Il s'inquiétait vraiment à propos de son meilleur ami, il avait peur qu'il soit contraint de déménager ou pire, qu'il change de lycée. Même si ce serait ridicule, comme il était dans le plus prestigieux de tout le Japon, mais Hizashi restait Hizashi, et ses craintes restaient ses craintes. Il risqua la question qui lui brûlait tant les lèvres :
« Et toi, tu as déjà choisi avec qui tu voulais vivre ?
- Je pense rester avec ma mère. Mon père veut retourner à Tokyo, alors c'est plus logique de rester ici. »
Le blond eut un large sourire lorsqu'il recroisa les yeux onyx de son cadet. Ce dernier ne sembla pas saisir pourquoi cette question, jusqu'à ce qu'il comprenne.
« Tu ne déménages pas, hein ?
- Non, je veux rester là, confirma-t-il une nouvelle fois, un peu plus durement que la première. »
Hizashi se pencha le long de la banquette pour le serrer fort dans ses bras, ce à quoi le plus jeune eut du mal à répondre sous la surprise. À ce moment-là, l'automobile fit halte dans un petit parking en face d'un centre médical. Aizawa jeta un coup d'œil à l'extérieur.
« On est où ?
- Devant chez l'ophtalmologue, tu sais, pour le contrôle des yeux.
- Ah, oui, je vois ce que c'est. »
Les trois sortirent de la voiture. Un vent chaud fit agréablement sourire le blond, il leva la tête vers la coupole bleue et inspira une grande bouffée d'air. La femme aux longs cheveux blonds les invita à la suivre jusqu'à l'infrastructure aux murs blancs, où une grande double-porte automatique s'écarta à leur passage. Shōta frissonna désagréablement à l'odeur qui y régnait, sans pouvoir s'empêcher de jauger les fresques colorées qui comblaient le mur de la salle d'attente. Quelques plantes agrémentaient l'intérieur et rendaient l'aspect plus agréable à regarder. Lorsqu'il tourna la tête vers les deux Yamada, il surprit Chōko, qui s'était éloignée, échanger avec un beau jeune homme à l'accueil. Aizawa fixa l'inconnu, ses cheveux vénitiens, ses yeux clairs, son petit sourire tendre, peut-être la trentaine, et se dit qu'il serait parfaitement son style de gars. Il sursauta lorsque Hizashi l'interpela dans son dos.
« You can wait here with my mum, j'en ai pas pour long ! »
Le noiraud perdit quelques secondes à comprendre ses dires avant d'acquiescer d'un hochement de tête. L'énergique sourit de plus belle et le salua de la main pour disparaître avec une dame en blouse. Shōta détourna le regard pour scruter attentivement la maquette grandeur surdimensionnée d'un œil. Puis il aperçut la mère de son meilleur ami s'assoire près des magazines, et par réflexe, il s'installa près d'elle. Elle était vraiment magnifique avec ses grands yeux émeraude et son visage fin. Et lorsqu'elle tourna la tête vers le jeune garçon, elle ne put s'empêcher de sourire discrètement, et tourna la main vers le plafond. Une petite boule d'énergie vert pomme se développa dans la paume et modifia sa forme pour prendre l'apparence d'un petit papillon délicat, qui se mit à vibrer légèrement avant que ses ailes ne se mettent à vivre. Le lépidoptère effectua quelques battements avant de se poser sur le nez de Shōta qui, surpris, s'enfonça dans son siège avant d'éternuer, suite à quoi le papillon se dématérialisa dans un souffle de poussières d'étoiles. Le jeune Aizawa tourna la tête vers la maman d'Hizashi, et la vit éclater d'un rire si doux qu'il sentit ses joues prendre quelques degrés.
« Quel est votre alter, Yamada-san ? »
L'interpelée calma son amusement et le regarda, un éclat de malice dans son joli regard.
« Je peux faire matérialiser des insectes à ma guise. Tu m'avais l'air un peu ailleurs, alors... »
Alors elle a voulu lui jouer un drôle de tour, Shōta l'avait compris. Il ne put s'empêcher d'avoir un petit rictus en retour.
« J'imagine l'horreur pour Hizashi.
- Il est entomophobe depuis tout petit, expliqua Chōko. Je ne sais pas pourquoi il a si peur des insectes, mais ça a toujours été le cas lorsqu'il me voyait utiliser mon alter pour m'amuser. Depuis, j'évite de l'activer lorsqu'il est avec moi.
- C'est dommage. C'est un bel alter.
- Tous les alters sont beaux, rectifia-t-elle avec un peu plus de sérieux.
- ... Non, il y a des alters qui sont davantage liés aux vilains. Comme la capacité à manipuler le sang ou la vie d'autrui... »
Il se renfrogna et serra ses doigts sur ses rotules. Yamada eut un petit sourire triste, et posa tendrement sa main sur la tête du garçon. Si celui-ci ne s'y attendait pas, il ne la chassa pas pour autant après avoir reculé son corps sur le côté, venant même reprendre sa place initiale. Chōko caressa doucement ses cheveux ébènes avec mélancolie.
« Je sais que tu es un garçon tourmenté, mais ne te laisse pas sombrer dans des pensées pareilles. N'importe quel alter peut être utilisé à escient aussi bon que mauvais. Tout dépend de son utilisateur. Prends pour exemple mon pouvoir ; il effraye Hizashi, mais toi, tu le trouves fabuleux. Tout dépend de ce que j'en fais, si je veux faire peur ou faire rêver. »
Elle laissa tomber sa main sur sa cuisse. Le noiraud releva doucement la tête, et croisa un regard nouveau chez son interlocuteur. Un regard triste qu'il ne lui connaissait pas.
« Tōya, mon mari, a toujours voulu être un super-héros. Mais il n'arrivait pas à utiliser correctement son alter, il était... comme dépassé par sa puissance. Il a toujours été un garçon hyperactif et bruyant, et lorsqu'il a tenté la filière super-héroïque, il blessait tout le temps ses camarades autant durant les entraînements qu'en dehors. Et malgré les encouragements de son enseignant, il a décidé de poursuivre ses études dans les langues. Il a fini par me rencontrer, en filière artistique, par un hasard monumental lors de notre dernière année d'Université. »
Elle eut un petit sourire en effleurant sa lobe d'oreille, bercée par ses souvenirs qui lui revenaient et que Shōta buvait avec la plus grande des attentions.
« Lorsque j'ai appris que j'étais tombée enceinte une première fois, Tōya m'a demandée en mariage... Notre fille est née cinq mois après nos célébrations. »
L'adolescent tiqua.
« Une fille ? »
Chōko hocha doucement la tête.
« Elle était magnifique, un adorable petit ange. Mais à l'âge de trois ans, lorsque son alter s'était déclaré, elle... (Sa gorge se noua.) Elle avait hurlé... Si fort, tellement elle avait eu peur... Elle n'aimait pas le bruit, alors l'apparition de cet alter l'avait bouleversé à un point critique. Elle était à la crèche, les éducateurs n'avaient pas réussi à la calmer. Elle s'est d'abord détruit les tympans et la douleur l'avait fait hurler de plus belle... »
Yamada regarda devant elle en respirant difficilement.
« Elle a fait effondrer le plafond au-dessus de sa tête, et blessé tous ceux qui s'étaient retrouvé à proximité. »
Il eut un moment de silence durant lequel Shōta n'osa piper mot. Il était tout simplement abasourdi par la révélation, un long frisson s'était emparé de son corps. Puis enfin, inespérément, la mère de son meilleur ami reprit la parole, plus doucement que précédemment.
« Quelques années plus tard, j'ai appris que j'attendais un nouvel enfant, et j'ai eu tellement peur que je voulais avorter. »
Les probabilités d'avoir eu un enfant comme lui étaient si infimes, si inexistantes, que le simple fait de repenser à l'avortement les effraya.
« Mais on a fini par le garder. Et ce fut la meilleure décision que j'ai prise de ma vie entière. »
Elle daigna enfin un regard vers le meilleur ami de son fils.
« Les alters sont tous beaux. Mais il faut en faire un ami, pas un ennemi.
- Je comprends... »
Et des bruits de pas brisèrent leur échange visuel. Hizashi apparut dans la salle d'attente, souriant de toutes ses dents, comme un rayon de soleil qui pointait le bout de son nez dans la nébulosité de l'avant-l'aube.
« I've done !!
- Sa vue a légèrement baissée mais il est inutile de changer de verre tout de suite, expliqua gentiment la dame à la peau matte et aux joues rebondies qui le suivait juste derrière lui. Vous pourriez peut-être prendre rendez-vous l'an prochain ?
- Merci beaucoup, Morizono-san, dit la seconde adulte en se levant. Je m'en occupe.
- On se revoit l'an prochain alors, souffla la nommée Morizono à l'attention d'Hizashi, dont la bonne humeur ne pouvait faillir pour rien au monde.
- Yeah ! »
Il sautilla jusqu'à Shōta et celui-ci remarqua qu'il ne portait plus ses lunettes, de plus, ses pupilles étaient curieusement dilatées.
« On dirait un chat. »
Le jeune Yamada éclata de rire, comprenant de quoi il parlait.
« C'est à cause des gouttes, tu sais !
- Ah ? Et pourquoi tu ne mets pas tes lunettes ?
- Parce que je ne vois plus rien !
- ... Bah, mets-les ?
- No, I can't ! T'as jamais été chez l'ophtalmologue, Shō-chan ?
- Pas dans mes souvenirs.
- C'est simple, s'imposa Morizono en jetant un rapide coup d'œil vers la mère Yamada qui échangeait avec le beau jeune homme à l'accueil. Ces gouttes servent à dilater la pupille pour mieux voir son intérieur à la machine. Par conséquent, sa vision devient floue durant un certain temps et sa sensibilité à la lumière augmente. Une heure ou deux, tout au plus. Tout dépend des patients. Par conséquent, porter les lunettes accentuent la mauvaise vue.
- Ah, d'accord.
- Mais toi, Shō-chan, tes gouttes ne te font pas cet effet parce que c'est pour hydrater tes yeux ! »
Aizawa hocha doucement la tête en simple répartie. Le blond parut avoir un éclair de génie, et se tourna vers l'ophtalmologue.
« Ah mais j'y pense ! Il n'ose pas se les administrer tout seul, ses gouttes, vous pourriez peut-être le conseiller ? »
Le noiraud fronça des sourcils et cachant le bas de son visage dans le col de son sweat-shirt.
« La ferme ! chuchota-t-il, mécontent. »
Le Dr. Morizono hocha la tête avec bienveillance.
« Je suis en pause, viens donc me voir dans la salle, il y a un miroir incliné pour que tu puisses mieux voir tes manipulations. »
Shōta n'eut pas le temps d'hésiter plus de cinq secondes car son aîné se mit à le pousser jusqu'à la pièce citée.
« Vas-y, je t'attends ici ! »
Et alors qu'Aizawa disparaissait du couloir avec la femme, Hizashi entendit sa mère s'approcher de lui par derrière.
« Que se passe-t-il ? demanda-t-elle à son fils, sans détacher son regard de l'allée.
- Je lui ai demandé de l'aider avec ses gouttes ophtalmiques ! Y'know, contre la sécheresse oculaire !! »
Elle hocha la tête, souriant légèrement.
Quelques minutes plus tard, Shōta rejoignit les deux Yamada, les yeux rougies de larmes sur son air plutôt inexpressif. Morizono le suivait de loin, un large sourire sur son visage rebondi. Elle leur envoya un thumbs up.
« Il y est parvenu ! »
Hizashi, ravi pour son ami, lui sauta au cou sans aucun ménagement.
« Je savais que tu pouvais le faire !! »
Aizawa détourna le regard sans rendre l'étreinte. Il ne le remercia que silencieusement, en le pensant fort, mais pas suffisamment pour que le mot traverse la barrière de ses lèvres. Chōko sembla tout aussi fière.
« Je suis très contente pour toi, Shōta-kun. (Elle jeta un regard sur sa montre.) Oh, nous devions y aller.
- JE PRENDS LA PLACE DE DEVANT !
- Non, Hizashi ! »
L'interpelé éclata de rire alors qu'il décampait à toutes jambes par la porte principale, laissant derrière lui le fils Aizawa, las de ses enfantillages. Il se tourna vers la mère Yamada et tergiversa un court instant.
« Je suis désolée pour votre fille.
- Elle aurait eu vingt ans cette année, dit-elle en souriant légèrement. Promets-moi de veiller sur Hizashi pour qu'il vive encore longtemps... Je veux le voir traverser ces âges, comme le rayon de soleil qu'il est. »
Shōta hocha la tête et partit à la poursuite de son meilleur ami, soudainement remontée d'une agréable sensation de bonheur. Il était heureux, car Hizashi existait. Qui sait ce qu'il serait devenu s'il n'avait pas fait sa connaissance.
Il avait peur d'y penser...
[...]
Shōta restait cloîtré dans sa chambre depuis le début de l'après-midi, peu d'avis à se confronter à sa mère. Il repassait en boucle les instants où il pouvait considérer sa famille comme telle, lorsque tout allait encore bien entre ses parents. Son père avait fait ses valises. Il lui avait dit au revoir un peu plus tôt, espérant d'avance recevoir sa visite pour les prochaines vacances. À moins que ce ne soit lui qui parte à Tokyo pour le voir dans son nouvel appartement ? Et s'il tombait nez à nez avec une potentielle future belle-mère ? Le noiraud tressaillit d'écœurement, et roula sur le flan pour cacher son visage dans son coussin afin d'extérioriser son dégoût par un cri de rage. À tous les coups ses parents allaient refaire leur vie, se persuader aimer un autre et beurk, se marier, et puis quoi encore, lui faire un petit frère ou une petite sœur ? Ah ça non. Pas cette hantise. Il ne le voulait pas. Il ne voulait pas d'un petit humain qui doive supporter la honte d'avoir un grand frère comme Shōta. Ce bon à rien aux parents divorcés et sans carrière prédéfinie. Ce looser qui a peur du vide et qui se croit en futur-héros. Et puis, il préfère les enfants des autres. C'est normal, il ne les voyait pas tout le temps. D'ailleurs depuis combien de temps n'avait-il pas été sollicité par la famille Iida pour garder le petit Tenya ? Et Seiun, la petite sœur d'Oboro ? Comment allait-elle ?
Il était beaucoup plus simple de s'intéresser à la vie des autres de temps en temps. Lui qui devait constamment prendre sur lui-même les horreurs de son monde, pourquoi devrait-il partager avec un autre ? Il s'imaginait un petit garçon qui le ressemblait traits pour traits, à quelques exceptions près. Un enfant de fort caractère et souriant comme une personne qui aimait croquer la vie à pleines dents. Et lui, que ferait-il ? Que dirait-il ? « Frérot, ne fais pas attention à moi, j'ai l'habitude de leurs remarques... » Mentir aux autres étaient une chose. Mentir à ses parents était faciles. Mais avoir quelqu'un d'âge similaire qui traînait constamment dans les pattes... Difficile d'en faire abstraction. « Va jouer ailleurs. » « Ne laisse pas tes jouets traîner dans ma chambre. » « Laisse-moi tranquille. » « Laisse-moi seul. » « Laisse-moi vivre-... »
Shōta écarta brusquement le coussin de son visage lorsqu'il entendit trois coups à la porte de sa chambre. Grommelant un 'oui' enrouillé, il se mit en position assise et passa la main dans ses cheveux pour les discipliner de sorte que sa vue ne soit plus obstruée par ses mèches noirs d'encre. Mais dans l'obscurité, personne ne remarquera sa coupe désordonnée, ses volets accomplissaient leurs fonctions d'une virtuose remarquable.
« Chaton ?... Je t'ai réveillé ?
- Je ne dormais pas. Qu'est-ce que tu veux ? »
Makura avait ouvert la porte, pas suffisamment grand pour laisser la lumière du couloir l'éclairer d'une lueur indésirable, mais assez pour qu'il puisse la reconnaître.
« Il y a quelqu'un qui veut te voir. »
Shōta cita trois noms en tête, ou peut-être quatre, ou cinq... Combien d'amis considérait-il comme tel ? Il n'en savait trop rien. Finalement, après avoir douté un bon coup, il dit :
« Je ne veux voir personne.
- Même pas moi ? »
Il écarquilla les yeux en reconnaissant la seconde voix.
« Oboro-kun ? »
La silhouette du nuageux se détacha du dos de la mère Aizawa, tandis que cette dernière reculait pour le laisser entrer. Il referma la porte derrière lui et chercha à tâtons l'interrupteur, en vain. Seuls les tapotements énervants de ses doigts contre le mur comblaient l'absence de lumière en ajoutant un bruit supplémentaire et quoiqu'un tantinet superflu.
« Bah ouais, qui d'autre ? Shōshō, nom d'un cumulus mais où t'as fichu l'interrupteur ? (Il finit par poser l'index dessus et la lampe s'éveilla, venant même aveugler le noiraud qui dut se cacher le visage avec l'avant-bras.) Trouvé ! Mec, faut trop que je te raconte un truc de dingue !
- On s'est vu rien que ce matin, ça ne pouvait pas attendre la rentrée ?
- Shō, la rentrée c'est pas pour aujourd'hui !!
- Excuse-moi de ne pas trouver de priorité pour ce fait incroyable dont tu dois absolument me communiquer. Mais comme tu es là, je t'en prie.
- Alors !... »
Shirakumo fit les cents pas dans la chambre faussement grande - illusion due à l'absence apparente de meubles encombrants et inutiles - en prenant son menton entre son pouce et son index.
« En fait, quand je suis parti de chez Zash' ce matin, je suis tombé sur un mec, mais pas n'importe qui ! C'était Rin Kyoku, un terminale ! Tu l'as forcément déjà vu, il a des cheveux couleur ocre et son alter lui permet d'imiter n'importe quelle mélodie de cloche qui envoute son adversaire ! Bref. Tu vois de qui je parle ?
- Non. Viens-en à l'essentiel.
- Il est dans la même classe que Nemuri, et comme c'est un chic type il m'a filé quelques tuyaux pour l'aborder !
- Tu veux aborder Kyoku ?
- Mais non !! Nemuri Kayama, notre pote !! »
Aizawa arqua un sourcil.
« Donc si je résume, tu viens me déranger pour m'annoncer que tu as croisé un étudiant de dernière année qui veut bien t'aider à te rapprocher d'elle ?
- C'est ça !! C'est pas trop excitant ?!
- Euh... Eh bien... Je suppose que oui ? bégaya-t-il sans être séduit par la nouvelle. »
Shiramuko, tique vexé, souffla du nez et passa son bras par-dessus les épaules de Shōta. Sans qu'il ne s'en rende compte, à moins qu'il ne s'agisse là d'un rapprochement fourbe pour le faire réagir un peu plus, son meilleur ami prit quelques couleurs et détourna le regard.
« Je sais bien que tu t'en fiches, mais sois un peu plus convainquant dans ton mensonge alors ! »
Aizawa se redressa presque imperceptiblement.
« Je ne te mens pas.
- C'est pas à moi que tu mens ! »
Oboro ne se détachait aucunement de son sourire. Non, au lieu de perdre sa bonne humeur, l'ancien étudiant de la filière générale pinça le menton du noiraud entre le pouce et l'index, et l'intima sans autoriser de résilience un nouveau contact visuel. C'était de la pure torture de le regarder dans ses grands yeux bleu ciel, si bleu qu'on aurait dit la voûte céleste, la grande coupole pers que se plaisait Shōta à étudier comme à la recherche d'une réponse. Ce bleu qui faisait tant battre son petit cœur d'introverti renfermé. Il déglutit. Que voulait-il dire par là ?
« Pourquoi tu te mets dans des états pareils, Shōta ?
- De quoi tu me parles... ? »
Oboro arqua un sourcil, et baissa le regard de quelques millimètres pour simplement regarder ses cernes, puis le releva jusque dans ses iris décolorés.
« Ce n'est pas à moi que tu mens, Shō. Moi, je connais déjà la vérité.
- Tu...
- C'est à toi que tu mens, et ça te fait du mal. Dis-moi, pourquoi tu ne m'as rien dit ?
- Dire quoi ? »
Silence. La question du plus jeune était sèche, et sa tête avec brusquement été tournée en direction du sol, quand bien même la main de son meilleur ami se tenait toujours sur son menton. Et si ce dernier pouvait le voir, il aurait juré pouvoir se faire tuer par le noir de son regard. Cette fois, ce fut Oboro qui déglutit. Sa lèvre inférieure tremblait à la recherche de quoi répondre.
« Bah... D'Hizashi, qui d'autre ? Pourquoi tu t'énerves comme ça ? Il y a autre chose que tu ne veuilles pas me dire ? »
Les yeux de Shōta s'ouvrirent grand et sa bouche entre-ouverte accompagna son regard qui remonta d'un cran. Son visage plus pâle que d'ordinaire voulait tout dire. Il bégaya quelque chose, puis se ravisa, comprenant qu'il ne faisait que s'enfoncer. Finalement, il murmura :
« Va-t'en... »
Il chassa la main du nuageux et se leva de son lit.
« Va-t'en, s'il te plait. »
Sa voix était suppliante. Celle d'Oboro n'était plus.
« Casse-toi !! »
Oboro ne bougeait pas du matelas. Il se contentait de le fixer avec de grands yeux. Il ne s'attendait visiblement pas à ce que leur conversation prenne tournure pareille. Mais comme l'avait si bien ordonné Shōta, son invité indésiré ne s'activa pas pour qu'il puisse s'isoler. Alors sa colère grimpa davantage, et il attrapa fermement son ruban qu'il avait grossièrement enroulé autour de son sac d'école pour ensaucissonner son ami. Ce dernier eut un petit cri peu victorieux et tomba sur le flan, immobilisé. Avec peine, il tenta de relever la tête.
« Wow, je... Je t'avoue que je ne m'attendais pas à ça. Moi qui de base venais pour aider mes deux meilleurs amis à se mettre ensemble... Pourquoi tu t'énerves comme ça ? Qu'est-ce qui se passe ?
- Tais-toi. Juste, tais-toi. ... »
Il arriva à maintenir un contact visuel précaire avec le noiraud, et découvrit que celui-ci restait stoïque, le visage dur et froid.
« Il n'y a rien d'autre.
- Ah bon ? J'aime bien les ragots pourt-Hmpf ! (Shōta venait de tirer sur ses bandes et Oboro se retrouva coupé momentanément de son souffle.) D'accord d'accord. T'es en colère. J'y suis pour quelque chose ?
- ... Non...
- Alors libère-moi, tu me fais mal. »
Puis, comme s'il ne réalisait que maintenant, Aizawa se débarrassa de son arme sans la ramasser. Shirakumo se releva en soupirant de soulagement, s'épousseta les jambes, et prit les bandes pour les tendre à son cadet. Celui-ci l'ignora. Alors le nuageux resta bêtement debout avec un tas d'alliage dans les mains.
« T'es assez à sang chaud, il faut croire. »
Il ricana nerveusement lorsqu'il se rendit compte que Shōta ne prenait pas la pique à la rigolade. Il passa sa main derrière sa nuque.
« Shō, je t'adore, t'es mon meilleur pote, mais je t'avoue que je ne te suis pas, là... Qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour te mettre dans un état pareil ?
- R-rien... J'ai cru qu'il t'avait dit que...
- Que quoi ?
- Que je... »
Que je t'aime.
« Que j'ai besoin de soutien avec le divorce de mes parents, lâcha-t-il à la place de la véritable vérité. Mais je peux me débrouiller seul. »
Non, je t'aime.
« Mais, Shō, fallait me le dire tout de suite, inutile de t'énerver !... Tu as toujours été là pour moi depuis que j'ai intégré la classe et tu m'as aidé comme pas possible pour remonter mon niveau ! »
Ses yeux azurs dévisagèrent quelques secondes encore l'arme avant de la poser sur le lit afin de prendre les mains de Shōta aux creux des siennes. Ce dernier n'osait pas ouvrir la bouche. Il n'arrivait pas à formuler la raison qui l'avait poussé à l'aider. Il repensa à Nao et l'échec qu'il a été pour elle. Car il n'a pas su l'aider. Et sa non-réaction l'avait poussé à quitter le lycée.
« Je suis ton meilleur ami avec Hizashi. Nous sommes là pour toi. Comme tu as toujours été là pour nous. »
Il ébouriffa les cheveux de Shōta et recula de quelques pas.
« Viens demain jouer à la console si tu veux, j'ai ACNH. Je pense que ça pourrait te remonter le moral, j'ai cru savoir que tu aimais ce jeu. Treize heures chez moi ? »
Aizawa hocha machinalement la tête sans même réfléchir.
« Super ! À demain Shōshō ! »
Suite à un dernier geste de la main, Oboro s'effaça de la pièce, emportant avec lui toute la joie de vivre qu'il avait partagé à son cadet. Après un moment à contempler le vide, troublé, le jeune adolescent de première année se laissa lamentablement tomber sur le matelas de son lit, et se prit la tête entre les mains.
J'aurais tellement voulu te le dire. Je suis amoureux de toi, Oboro. Mais je ne suis qu'un gros nul.
[...]
Hizashi tressaillit désagréablement, serrant un peu plus fort sa fourchette dans la main. Son père, qui jusque là dînait et papotait joyeusement avec sa femme et leur fils, tourna la tête vers ce dernier, les traits de son visage prenant une expression légèrement soucieuse.
« You alright, sunshine ?
- Ouais. Un frisson, rien de plus. Je dois avoir un peu froid. »
Hizashi reposa son regard dans son assiette en réfléchissant.
Tiens, il avait comme une mauvaise impression...
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J'ai failli oublier de poster ce chapitre, parce que je travaille et je voulais le publier pendant ma pause mais... Haha, j'ai presque failli oublier d'aller en pause 😂😭
Bref, j'ai deux choses à vous dire !
La première : Demain (30.12.20 donc) je publierai une seconde fiche avec les OC, cette fois spéciale parents ! Alors soyez au rendez-vous ;)
Deuxième chose : Vous aimez Effet Météore ? Alors vous allez aimer ce qu'écrit Chocopatate ! Elle tient un recueil d'OS Erasermic (des pépites ❤) et vient de commencer à publier une toute nouvelle fanfiction avec ce même ship ! Je compte sur vous pour y faire un tour, et sortez les mouchoirs 🥺❤
J'ai tout dit, à demain !
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