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𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 ₃₆

➠ ❛Les ampoules du ciel

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Shōta accepta les quelques billets que lui tendait Tensei, sans lâcher le petit Tenya qu'il tenait d'un bras contre son torse. Le petit saliva des petites bulles sans vraiment faire attention à quoi que ce soit.

« Merci beaucoup pour l'avoir gardé, Aizawa-kun. Ça te dérangerait de revenir à l'occasion pour dépanner ? »

Le noiraud secoua doucement la tête sans détacher ses yeux fatigués de la petite bouille du bébé. Il se gardait bien de dire qu'ils avaient passé les dernières heures en compagnie de Morphée, qui aura été meilleur baby-sitter que lui, finalement.

« Super ! Bon, rentre bien, on se revoit à la rentrée. Bonne soirée à toi !

- Merci... Bonne soirée à vous aussi. »

Sur cet échange bref, Shōta quitta le foyer des Iida et s'engagea difficilement, faute de ne pas si bien connaître le quartier, sur le chemin pour rejoindre l'arrêt de bus le plus proche. Sur la route, il répondit brièvement à un message de sa mère. Elle rentrait tard à cause du boulot, et son père, eh bien... Son père était souvent dehors dernièrement. À faire des choses d'adultes. Il n'en savait trop rien. Il était encore un peu trop jeune pour imaginer un adulte dormir chez un ami pour ne plus avoir à supporter les crises de sa future ex-femme. Shōta prévint Makura qu'il passait aux nouilles instantanées pour le dîner. Elle ne lui répondit pas, faute d'être trop occupée sûrement. Bien sûr qu'elle avait d'autres priorités dernièrement. Il souffla du nez et rangea son téléphone dans la poche de son sweatshirt noir. Il s'en fichait. Il se débrouillait très bien tout seul, aussi.

Alors, lorsque le bus le voulut bien, il s'arrêta près d'une ruelle encore bien éclairée par le soleil d'été. Après quelques minutes de marche, il parvint au niveau d'un genre de kiosque qu'il ne fréquentait qu'avec son père, autant dire, rarement. Un vieillard en toque et tablier l'aperçut, et le reconnut du premier coup d'œil.

« Shōta-kun, quel plaisir de te revoir. »

Il avait fait l'effort de l'appeler ainsi, et non avec le suffixe -chan. Aizawa se permit de se détendre un tantinet, quand bien même il se doutait que le vieil homme lançait cette phrase à tout va lorsqu'un client potentiel pointait le bout de son nez, et se mit sur la pointe des pieds près du comptoir pour arriver à sa hauteur.

« Vous avez quoi comme nouille, Chīfu-san ? »

L'interpelé se baissa légèrement pour le laisser lire des affiches. Le noiraud dévisagea alors les photos et les noms sans grand entrain, notant que le cuisinier n'avait pas relevé l'absence de salutation, avant de pointer un numéro du doigt.

« Un dix-huit pour Aizawa, un ! »

Il enclencha la plaque et versa les nouilles dans l'eau bouillante sous le regard calculateur du plus jeune qui ne le déstabilisait pas le moins du monde. Il se permit néanmoins de penser qu'à défaut d'avoir les mêmes couleurs de yeux, le fils avait exactement le même regard las que le père, seulement, le dernier n'en abusait pas, lui rendant même le petit air charmant qui avait su jadis séduire la femme qu'il quittait aujourd'hui. Le cuisinier de rue transversa le tout dans une boîte en carton trop chaude, et le tendit à l'adolescent qui la récupéra poliment, laissant sur la table une partie de l'argent fraîchement gagné. Il s'éloigna sans perdre plus de secondes, arrachant un léger soupir au vieil homme. Shōta n'aimait pas s'attarder sur de vagues connaissances pour parler du beau temps, il était comme ça. À calculer ses heures pour ne pas en perdre, et profiter du surplus pour la sieste.

Après quelques minutes de marche, il s'arrêta sur un petit muret en pierre et ouvrit le sommet plié du carton. Son téléphone vibra alors, sans lui arracher d'expression frustrée ou quoi que ce soit d'autre, non. Il referma la boîte, et récupéra son portable pour lire le message. En fait, non, ce n'était qu'une photo prise par Oboro, ce dernier ayant passé son après-midi à jouer aux jeux vidéo avec Hizashi et Seiun, à défaut de ne pas avoir la disponibilité du noiraud qui devait enrôler un statut de baby-sitter. Y songeant, il tâta ce qu'il lui restait dans sa poche en soustrayant ce qu'il venait de dépenser pour son dîner. S'il comptait juste, encore deux journées comme celle-ci et il pourra se payer une paire de chaussures neuves, ayant usé celles qu'il portait actuellement mais qu'il utilisait aussi pour s'entraîner. Il sépara ses baguettes et commença à manger les nouilles trop chaudes. Son regard sombre se focalisa sur les immeubles de la ville. Il réfléchit. Ce serait irrationnel... Mais... ? Il termina son dîner sans se presser, jeta la boîte en carton dans la première poubelle qu'il trouva, et se précipita vers un des grands bâtiments qui surplombait la cité. Il s'arrêta sous une échelle et hésita un instant.

Il secoua la tête, et il lui aura fallu un seul bond pour atteindre la poignée qui rallongeait les tiges métalliques. Un claquement résonna dans la ruelle lorsque les marches verticales heurtèrent le bitume frais du soir, et après nouvelle hésitation, il monta sur le toit de l'immeuble. C'est irrationnel, mais faisons-le.

[...]

« Merci pour cette aprèm, on remet ça quand tu veux ! s'exclama Hizashi à l'entrée du foyer des Shirakumo, réajustant sa banane autour de ses hanches.

- Bien plus vite que tu ne le penses, je tiens à ma revanche ! rigola le nuageux en lui donnant un coup dans l'épaule qu'il intercepta sans rechigner.

- Bye Seiun-chan ! »

La petite sœur aux cheveux galactiques, allongée sur le dos et la tête reposant sur l'accoudoir du canapé, lui sourit avec joie. Elle aimait beaucoup Hizashi. Shōta un peu moins, pour être honnête. Il était bizarre...

Elle salua le blond et rebaissa le nez sur sa manette de jeu. La porte se referma entre eux.

Un drôle de froid s'installa en cette douce soirée de juillet, un douze du mois qui annonçait une série d'orages à venir mais dont la nuit n'offrait qu'un bref préambule. Yamada réajusta sa jacket ouverte et pressa le pas jusqu'au métro. Assis sur un banc du quai, son billet coincé entre son index et son majeur comme une carte de pocker, il se permit un rapide détour sur le groupe de la messagerie qu'il tenait avec ses deux meilleurs amis. Shōta n'avait pas répondu à la photo envoyée plus tôt, mais le double-vue le rappela que ce n'était pas inhabituel qu'il laisse un message sans repartie. Il risqua tout du moins de relancer la conversation en privé pour savoir comme s'était déroulé le babysitting chez les Iida, mais telle fut sa surprise lorsqu'il reçut, pour toute réponse, une localisation bien curieuse... Il fronça des sourcils derrière ses lunettes triangulaires, et cliqua sur la référence. Il l'interrogea par écrit, mais la seule bulle informatique qui s'en suivit fut un « vite ». Vite ? Hizashi relut plusieurs fois ce mot, cet unique mot qui ne voulait rien dire mais qui signifiait tant. Lorsque le wagon s'arrêta devant lui, il s'y enfonça et sortit quelques arrêts avant le sien.

.
.
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S'en suivit une course épuisante jusqu'à la localisation envoyée une vingtaine de minutes plus tôt. Il regarda à gauche, puis à droite, sans ranger son cellulaire, cherchant l'introverti du regard. Mais sa présence était tout aussi fantomatique que sa respiration haletante qui l'avait rattrapé. Il lança un appel. Une sonnerie s'écoula. Puis une seconde. Puis une troisième. Il releva la tête. Une échelle avait été déverrouillée. Non, Shōta ne ferait jamais ça. Et pourtant, pourtant, après plusieurs minutes à attendre que son putain de meilleur ami ne daigne décrocher, il céda. Il enfouit son téléphone dans sa banane, et tira les barreaux contre lui aux mêmes rythmes que sa respiration. Et vite, bien plus vite qu'il ne pensait en être capable, il arriva sur le toit vertigineux, au vent d'une fraîcheur savoureuse. Il reposa les pieds à terre, les mains sur les genoux, ahanant, et dévisageait d'un seul œil mi-fermé un certain noiraud, allongé sur le dos, immobile, les yeux ouverts en direction de l'orange du crépuscule insignifiant. Yamada, bien que soulagé, se permit de prendre un air sévère et s'avança jusqu'à Aizawa.

« Shō, tu m'as fichu une de ses trouilles ! Qu'est-ce que tu fiches ici ?! »

Le noiraud ne lui répondit pas mais cela ne voulait pas dire qu'il n'avait pas remarqué sa présence. Les mains sur le ventre, il régulait sa respiration. Les muscles du bilingue se relâchèrent, se détendirent, et il accepta de s'approcher avec prudence de Shōta. Il s'accroupit au-dessus de lui, les pieds de chaque côté de son corps, et le dévisagea avec attention. Sa voix se fit plus douce, aussi, d'une maitrise incalculable.

« Tu as refait une crise de panique ? Qu'est-ce que tu fais sur le toit d'un immeuble ? T'es tombé sur la tête ?!

- J-j'en ai marre d'avoir peur. »

Son corps venait de se laisser parcourir d'un spasme qu'il ne contrôlait pas, et ses mots furent étouffés par sa gorge serrée. Diable ce que cela lui coûtait de parler. Son cœur chavirait de peur.

Hizashi soupira et tira son ami vers lui pour le serrer contre son corps. D'instinct, le plus petit nicha son visage dans le creux du cou du nippo-anglais et serra le bas de son tee-shirt visible par la jacket ouverte. Il tremblait comme une feuille.

« Come on, on va descendre d'ici et-...

- Non. »

Yamada sentit un long frisson parcourir son échine. Cette réponse était si soudaine qu'il en eut presque peur. Anxieux, il demanda :

« Why not ?

- Je... Je ne veux plus avoir peur. Je dois apprendre à la contrôler. »

Après un instant de silence, Hizashi se détacha brusquement du noiraud et recula de quelques pas, laissant pantelant le plus petit qui le lorgnait avec une certaine crainte perceptible dans son regard accoutumé à de la fatigue ou cette touche de fourberie que tous lui savaient si bien. Cette touche de panique que ne connaissait que Yamada, habitué à mettre sens dessus dessous l'expertise rationnelle de l'introverti. Ce dernier ne comprit pas à quoi jouait l'énergique. Celui-ci écarta simplement les bras.

« Alright. Je peux t'aider à surmonter ta peur, mais il va falloir commencer par me prouver que tu me fais confiance. »

Shōta regarda la courte distance qui les séparait, avant d'émettre un 'Tch' désabusé. Il l'écourta et se colla contre lui. Alors, levant la barre d'un niveau supplémentaire, Hizashi recula de plusieurs pas de géant, de sorte à s'approcher du bord. Il eut un sourire narquois qui déplut fortement au noiraud, et cette fois-là, il peina à se mouvoir.

« Je suis là, on ne tombera pas. Ce n'est même pas plus haut que le toit de Yuei.

- M-mais tu es plus près du bord.

- Toi aussi.

- C'est bien ça qui me fait peur.

- Come on ! »

Grimaçant un tantinet, le noiraud essaya néanmoins de parvenir au niveau du luron victime de la mode. Il s'arrêta à quelques pas de son objectif.

« J-je n'avancerai pas plus loin.

- Tu veux surmonter ta peur oui ou non ?!

- Ouais mais ça va trop vite pour-... (Hizashi bondit sur le rebord du toit et tourna le dos au vide.) P-putain de merde descends de là, Hizashi !

- Hm, nope, I'm fine here. ~ »

Le blond fit quelques pas sur le petit muret, veillant à ne surtout pas regarder à sa droite, là où un pas lui serait peut-être fatale. Moqueur, il commença à jouer avec ses bras et se tenir sur un pied. Shōta crut mourir mille fois durant un laps de temps proche d'une minute. Les dents serrées, de la sueur froide glissait le long de son visage presque aussi pâle que la face éclairée de la Lune.

« Bah alors, Shō-chan, tu comptes me laisser jouer encore longtemps contre le bord ? T'imagines si je tombe ?!

- Si tu tombes, je te tue, je te jure. Descends de là ! Comment fais-tu pour être un inconscient pareil ?! Je te dis que c'est dangereux !

- Tu ne peux pas m'y obliger !

- Hizashi, s-stop ! »

Yamada éclata de rire, presque accro à cette adrénaline. Il ne cacha pas quelques mouvements lents en direction du vide, comme s'il menaçait d'y plonger. Un sourire fourbe ourla ses lèvres lorsqu'il croisa le regard sombre de colère mais surtout d'inquiétude de son ami.

« Y'know, je gère parfaitement la situation !

- Bien sûr que non ! Là tu fais le malin, tu défies les lois qui nous gardent en sécurité mais tu vas voir, tu finiras par trébucher et à force de provoquer le danger tu vas en crever !

- Des lois ? Quelles lois, celles qu'on nous enseigne quand on apprend à marcher, comme quoi courir peut nous faire prendre un mur et sauter nous mène à tomber dans un gouffre ? There is no rules, Shō-chan ! C'est toi qui les inventes parce que tu as besoin d'un prétexte pour ne pas avoir à faire ce dont tu n'as pas envie ! L'univers s'en tape que je déambule ici, c'est pas son problème mais celui de mon équilibre !

- Hizashi, merde je vais te trucider si tu ne descends pas !!

- Et pourquoi c'est moi qui descendrais ? TOI viens pour me faire descendre, c'est pas à moi de faire tous les pas dans toutes les directions, I only have two feet ! »

Et là, ses yeux s'écarquillèrent, et il sentit son cœur faire un bond dangereux dans sa poitrine.

Il venait de poser le pied un peu trop à côté, et d'un coup virulent, son corps bascula en avant et il cogna son menton contre le bord surélevé du toit qui lui servait de base de funambule. Son genoux posé sur le béton l'empêcha de basculer dans le vide. Après un court instant à compter les oiseaux, il s'aida des deux mains pour se hisser légèrement afin de descendre de son perchoir de fortune mais une paire de bras qui n'était pas la sienne l'attrapa fermement par ses vêtements, et il se fit tirer sur sa gauche jusqu'à retomber lourdement contre le sol, en semblant de sécurité. Il couina de douleur et se releva légèrement, jusqu'à se rendre compte qu'en plus de s'être mordu la langue, sa blessure au menton s'était rouverte et la paume de ses mains picotait légèrement. Il releva ensuite le regard et... se reçut une gifle monumentale de la part d'un garçon dont il eut presque oublié l'existence tant il s'était focalisé sur cette brève frayeur due à son insolente outrecuidance. Il se massa la joue endolorie, qui devait bien remettre ses idées loufoques en place, avant de recroiser le trop noir d'une paire d'iris embrumées de larmes. Si en temps normal il aurait trouvé cette marque de violence inique, il comprit toutefois qu'il l'avait amplement méritée.

« J-je te déteste ! Je te hais, Hizashi Yamada, tu m'entends ?! Je te hais !! »

Le blond le fixa dans le blanc des yeux avec un léger hébétement, ne réalisant que maintenant la gravité de sa connerie. Puis il éclata de rire, rendant son vis-à-vis davantage choqué mais pas moins furibond. Il baissa la tête et ses cheveux mi-longs cachèrent son visage furieux. Il serra des poings... Et les desserra lorsqu'il sentit Hizashi le capturer brusquement dans ses bras.

« Look, si tu n'avais pas aussi peur du vide, tu aurais réagi plus tôt, n'est-ce pas ?

- ...

- Moi aussi j'aimerais que tu surpasses ta peur. C'est pour ça qu'Oboro et moi allons t'aider. Parce qu'on t'aime, y'know ?

- ...

- Je te promets qu'aucun de nous n'abandonnera les deux autres. Nous sommes les trois mousquetaires de la classe A !

- ... T'es trop con.

- Je sais. Maintenant on descend.

- Hizashi...(Il murmura derrière ses dents serrées.) Ne me refais plus ce que tu viens de faire...

- Yeah, j'aimerais pas refaire ça ! Je t'avoue avoir eu une grosse frousse !!

- Mais qu'est-ce que t'es con...

- Allez, le con veut bien t'inviter à dormir à la maison pour se faire pardonner !!

- Je vais juste déran-...

- Of course NOT ! Et les nuits suivantes aussi si tu en as envie, la porte des Yamada te sera toujours ouverte !! »

[...]

Chōko, les mains pleines de peinture, nettoyait son établit en chantant une douce mélodie que pouvait discerner à la quasi-perfection le noiraud, assis sur le couvercle des toilettes dans la pièce d'à côté. Pendant qu'il l'écoutait avec attention, Yamada collait un pansement neuf après avoir nettoyé la plaie, et se tourna vers Shōta, toujours en colère contre l'énergique.

« Tu as prévenu tes parents ? interrogea Hizashi en tendant une brosse à dents neuves à son meilleur ami.

- Oui.

- Je vais te prêter mon chargeur pour ton téléphone, je crois qu'on a le même modèle, ça te va ?

- Merci.

- Tu peux te servir dans l'armoire pour te changer pendant que je mange, tu es sûr que tu ne veux rien ?

- Non.

- OK, super. À toute Shō-chan. »

Il lui sourit avant de quitter la salle de bain pour dîner. Il se contenta d'une omelette et d'un peu de jambon pour passer la nuit, et après un bon verre d'eau, il retrouva sa chambre. Il devait bien être vingt-et-une heure passée, et quand bien même il n'avait pas du tout sommeil, il accepta de ne pas allumer son ordinateur pour écrire comme il avait tant l'habitude de faire avant de dormir pour profiter de la compagnie du noiraud. Ce dernier, alors vêtu d'un tee-shirt rose et d'un jogging gris, attendait sagement sur le matelas en position assise, les yeux rivés sur un point que seul lui pouvait voir. Hizashi lui tourna le dos et enfila un marcel blanc trop large par-dessus son caleçon. Il refit face à son ami, et leva un sourcil.

« Tu risques d'avoir trop chaud avec le jogging.

- M'en fiche.

- As you want ! »

Il se laissa tomber juste à côté de lui, faisant bien attention à prendre un maximum de place avec ses bras écartés. Aizawa grimaça et lui jeta son coussin en plein visage, ce qui n'attira qu'un éclat de rire chez l'orchidoclaste aux yeux beaucoup trop verts. Pendant qu'il se déplaçait grossièrement sous le duvet, le plus jeune, lui, se contenta de s'adosser contre le mur en croisant les jambes. Hizashi leva les yeux sur lui, et d'un coup, son énergie se recalibra, son sourire se fit plus tendre. Il lui prit la main et la serra dans la sienne, rougissant comme si c'était la première fois qu'il osait cet interdit qu'ils ne considéraient pas comme. D'un coup, Shōta se détendit, et il se laissa à son tour s'allonger, sans jamais lâcher la main du blond énervant, comme s'il faisait partie de son propre corps. Il ne tiqua pas lorsque son voisin plia son coude pour pouvoir poser ses lèvres sur le dos de la main du noiraud. Ce dernier ferma simplement les yeux, ironiquement rassuré d'être aussi proche de l'être qui était la source ultime de ses irritations.

Merde, Hizashi était chiant à en crever, mais lorsqu'il l'avait vu tomber sur le rebord du toit, il n'avait pu s'empêcher de ressentir une panique extrême. Il avait besoin d'Hizashi. Tout comme il avait besoin d'Oboro. Il n'osait imaginer comment il aurait réagi s'il perdait l'un deux. Juste sous ses yeux... Sans qu'il ne puisse réagir...

Il ferma un instant les yeux, puis les rouvrit, changeant ainsi le cours de ses pensées.

« Demain on pourrait inviter Oboro à dormir avec nous ? »

Sa demande n'avait rien de plus explicite et cela fit d'ailleurs ricaner le plus âgé. Il savait que le noiraud n'était pas connu pour le tact.

« Sure, et on pourra aller à la fête foraine tous ensemble !!

- ...

- Hé, t'as accepté de venir ENCORE HIER !!

- Hrmf. Ouais. Je viendrai. »

Hizashi sourit pour toute réponse, et s'appuya sur le coude pour se retrouver quelques centimètres au-dessus de Shōta. Ce dernier le dévisagea de sa position, la mine fatiguée, extrêmement fatiguée, et il ne lutta pas, et n'approfondit pas non plus le chaste baiser que lui arracha le blond. Lorsque leurs lèvres s'éloignèrent, il se permit toutefois une remarque qui se voulait désobligeante mais qui sonna plus préventive.

« Il ne faut pas qu'on s'y habitue.

- Mais j'adore t'embrasser.

- ...

- Mais tu n'es pas amoureux de moi, hein ?

- Pourquoi je le serais ?

- Parce que je suis une magnifique étoile, of course ! »

Hizashi se laissa rouler sur le dos et il appuya sa tête sur son bras. Ce fut au tour de Shōta de s'appuyer sur le coude pour pouvoir le regarder d'en haut. Ses cheveux mi-longs cascadaient et encadraient son visage comme l'auréole d'un Saint, sauf que du point de vue de Yamada, la lumière l'éclairait par devant d'une timide lueur violette à cause des rideaux. Mais il n'en resta pas moins magnifique, et le sourire du blond s'agrandit davantage en mille et un sous-entendus.

« Tu sais ce que c'est qu'une étoile, en fait ?

- Well, des ampoules dans le ciel ?

- Une étoile, c'est une boule massive qui irradie de la lumière plasmique. Son noyau, son cœur, est tellement chaud qu'il atteint plusieurs millions de degrés.

- C'est bien ce que je dis. Des ampoules du ciel.

- Pire que ça. Parce que tes ampoules, quand elles deviennent trop massives, elles s'effondrent sous leur propre poids et deviennent des trous noirs. Ou alors elles entrent en collision entre elles pour ensuite imploser et devenir cette chose immensément compact qui absorbe toute matière qui entre dans son champ gravitationnel.

- T'es en train de me dire que les trous noirs étaient des étoiles ?

- Ne fais pas l'ignorant.

- Donc toi aussi tu brillais ?

- Arrête avec cette métaphore.

- Pourquoi ?

- Parce que moi, je n'ai jamais brillé comme toi.

- Mais toutes les étoiles ne brillent pas de la même densité, c'est ce qu'on m'a toujours dit ! Et puis je suis sûr que même infime, tu avais une jolie lumière autour de toi !

- ... J'étais gamin.

- And then ?! Ce n'est pas parce que la vie est triste qu'il ne faut pas sourire ! J'suis sûr qu'avec un peu de bonne foi tu pourras être moins... sinistre !

- Autre chose que tu ne savais pas visiblement ; les trous noirs ne peuvent pas redevenir des étoiles. »

Silence. Le sourire d'Hizashi perdit en longueur. Il demanda :

« Que s'est-il passé quand tu étais gamin ?

- Rien de spécial. J'ai juste appris que la vie ne valait de la peine qu'à ceux qui voulaient la vivre.

- Sauver des vies mais pas soi-même... Hein ?

- Je n'ai jamais été matérialiste, et je ne m'attache pas à toutes les personnes que je croise au point de m'en rendre malade. Je dois tenir ça de ma mère.

- Tu l'aimes comment, ta mère ?

- ... Énormément, sans doute. Mais j'ai peur de lui faire du mal.

- Explique.

- ... Je suis un trou noir. D'accord ? Je n'ai pas eu une enfance horrible ou quoi que ce soit. J'ai grandi dans un foyer avec le strict nécessaire et l'amour de mes parents. Ils ne me gâtaient pas de cadeaux mais n'ont jamais oublié un seul de mes anniversaires. Mais je crois que j'ai compris que ce monde n'était pas le mien lorsque j'ai fait mon entrée à l'école primaire. Lorsque j'ai rencontré des enfants qui jouaient aux mêmes jeux et aimaient les mêmes choses. Je les ai trouvé bruyants et bêtes. Je voulais rester dans mon coin. J'avais une amie, enfin, je ne la considérais pas vraiment comme telle mais c'était le seul visage auquel je faisais réellement attention dans la cour d'école. C'était Ekoshi. Mais elle m'a vite laissée tomber pour d'autres enfants. Elle attirait les gens comme une étoile attire les planètes, et c'est là que j'ai su que pas tout le monde avait cette capacité d'interagir avec l'univers. C'était comme si... Comme si je n'avais absolument aucun impact sur les autres. Et je m'y suis fais. Parce que quand j'essayais d'interagir, quelqu'un finissait toujours par souffrir. Parce que je l'aurais blessé par un mot de travers ou peu importe comment encore. Je faisais du mal autour de moi sans que je ne cherche à le faire. Je suis un trou noir et les trous noirs sont des astres destructeurs, c'est un fait. Ils absorbent la lumière, l'espace, et même le temps. Tout ce qui s'en approche finit réduit à néant sans aucun espoir de Salut.

- Et si tu te trompais ?! »

Hizashi se mit à genoux et posa ses mains sur les épaules de son meilleur ami. Ses yeux brillaient d'une tristesse palpable.

« Qui a décrété que l'annihilation totale de toutes choses était le but ultime d'un trou noir ?! s'emporta-t-il sans le lâcher. L'autre jour tu m'avais dit que les trous noirs existaient sans aucune raison, qu'ils étaient destinés à détruire ceux qui l'approchaient, j'y ai réfléchi, et je pense que tu as tort sur toute la ligne. Peut-être qu'il cherche quelque chose, en fait, peut-être qu'il cherche à retrouver sa brillance d'autrefois et que c'est pour cette raison qu'il absorbe la lumière ! Il attire les météorites, les planètes, les étoiles, tout ça pour cesser d'être le monstre difforme et omnivore qu'il est devenu !...

- Tu me vois comme un monstre ?

- N-NO !! M-mais parfois ton manque d'humanité se lit sur ton visage et tes mots, et tu sais à quel point les gens peuvent avoir peur de ce qu'ils comprennent pas ! J'ai peur que tu te dissocies totalement du monde comme Pluton et que tu vagabondes dans une vie sans joie ni amour.

- Personne ne nous comprendra jamais, Zashi... Parce que si ce que tu dis peut être vrai, le trou noir a échoué, parce que je suis toujours aussi malheureux.

- Et moi, alors ? Je ne te rends pas heureux ?

- Si, tu me rends heureux mais je ne veux pas que tu t'approches trop, parce que je vais te faire du mal. C'est pour ça qu'on ne devrait pas s'habituer à s'embrasser.

- N'importe quoi !!

- Tu dis ça mais tu sais au fond que j'ai raison...

- Non, ce que tu dis n'a aucun sens ! It doesn't work like that, l'univers n'est pas une combinaison de lois à respecter et les gens sont et deviennent ce qu'ils veulent ! Je suis une étoile, je brille et je veux te comprendre pour que tu brilles toi aussi !

- Mais tu ne comprends pas, tu dis vouloir me comprendre mais tu n'essayes même pas de comprendre un traître mot de ce que j'essaye de t'expliquer ! cria-t-il pour la première fois depuis un certain temps. Je ne suis pas seulement destiné à passer ma médiocre vie seul, j'en suis condamné ! Je suis forcé de m'isoler pour ne pas blesser les autres, et toi, arrête de t'occuper de moi !

- I-I can't !

- Et pourquoi pas ?! Toi qui es si doué, toi qui te crois au-dessus des lois de l'univers, le putain de toi à qui on dit de ne pas franchir l'horizon du point de non-retour définit par les putains de lois du putain d'univers, pourquoi n'en serais-tu pas capable ?!

- B-because I don't know !! »

Et, criant ces derniers mots, Hizashi se jeta dans les bras du noiraud et le serra fort contre lui. Plus rien ne fut échangé durant l'espace d'une vie entière. Les tensions retombèrent. Leurs voix se firent plus tristes.

« Zashi... Je ne peux pas me laisser t'aimer... Toi et moi allons juste en souffrir...

- B-but I lo-...

- Non, ne le dis pas, je ne veux pas avoir à te mettre de râteau ! Tu crois que ça me fait plaisir de te faire du mal ? Bah c'est ce qui arrive quand on transgresse les lois de l'univers. Comprends-le, rien que ça, s'il te plait... »

Dans ses bras, la tête blonde éclata en sanglots. Shōta s'en voulait de son discours, mais il ne pouvait pas revenir en arrière.

« Zashi, tu sais que quand on s'embrasse, c'est mentir... Tu n'en souffriras que davantage... »

Yamada renifla.

« J'en prends le risque...

- Non, arrête, c'est irration-... »

Hizashi l'interrompit en l'embrassant, mais pas comme toutes les fois précédentes. C'était différent, doux et brusque, puissant et délicat...

Désespéré...

Et Shōta, même s'il savait que c'était une erreur, ferma les yeux et se laissa fondre contre lui.

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Merci infiniment à Chocopatate pour ton autorisation, car une partie du chapitre est un peu inspirée (voire complétement haha) d'un commentaire qu'elle avait posté, et que j'ai trouvé absolument magnifique.

J'ai un peu baclé là fin je trouve, ceci dit...

En attendant jeudi, je vous souhaite une bonne journée et de bonnes vacances ! ☃️

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