𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 ₃₅
➠ ❛Pourquoi s'infligeait-il ça ?❜
✷ · ˚ * . * * ⋆ . · ⋆ ˚ ˚ ✦
« Vous avez vu l'immense étoile filante hier soir ?
- Ça a illuminé tout le ciel comme en plein jour, c'était dingue !
- Nion, je dormais déjà ! ...
- Same... !
- Il reste du jus d'orange ? »
Quarante élèves dans la même salle de cantine, voilà ce que devaient supporter les cinq adultes du complexe sportif, eux-mêmes presque tout aussi bavards pourtant. Le troisième jour du camp semblait plus paisible, comme les étudiants avaient eu droit à un jour de repos pour la dure journée qui les attendait jeudi. Ils avaient enfin accès aux salles et installations du CSK ! Une table parlait de s'aventurer dans les potagers, une autre voulait faire du tennis... Celle d'Hizashi, composée de Shōta, Oboro, Ikuto, Ine, Mirai, Tensei, deux autres garçons de la classe B qu'il ne connaissait pas et lui-même, parlaient de s'aventurer dans la montagne. Enfin, surtout les sept derniers nommés, car un certain duo évitait de prendre la parole... Le plus âgé des deux souriait bêtement depuis son réveil, et le plus jeune, fidèle à lui-même, jubjotait à même la table après avoir repoussé son assiette vide des deux seules tartines qu'il s'était permis de prendre par absence d'appétit fulgurante, sûrement en lien avec le dîner copieux qu'ils avaient concocté la veille. Non, ils n'avaient pas jugé bon reparler du baiser qu'ils s'étaient échangé sur le toit. Hizashi se contentait de protéger ce souvenir et le chérir pour toujours. Il rougit rien qu'à cette pensée, et pour masquer sa gêne, il éclata de rire et rebondit sur une affirmation amusante d'un de leurs camarades. Aizawa grimaça un tantinet dans son demi-sommeil, peu ravi du bruit que générait le luron aux cheveux de gel, mais n'en fit aucune remarque. Après tout, il s'y habituait. Il le fallait bien.
« Et qu'est-ce qu'on y ferait ? demanda l'elfe noire en jouant avec une mèche de ses cheveux.
- Bonne question, Ine-chan, souffla son amie.
- Et si on faisait une cabane ?! »
Toutes les paires de yeux - à l'acception de celle de l'endormi - se posèrent sur Oboro. Tensei sourit.
« Ça peut être marrant. »
Son téléphone vibra au même moment. Pendant qu'il lisait son message, la table débarrassa leurs plateaux avant de se préparer pour sortir. Le garçon à l'alter engine fronça ses sourcils fléchés, attirant l'attention d'un certain noiraud qui venait de relever la tête de son coussin de fortune qu'étaient ses bras. Ils n'étaient plus que tous les deux autour de la table.
« Qu'est-ce qui se passe ? »
Iida tourna la tête vers son camarade de la classe parallèle. Il soupira.
« Mes parents me demandent de garder mon petit frère lundi, mais j'avais une sortie de prévue avec des amis. C'est dommage...
- J'ignorais que tu avais un petit frère.
- Il n'a que quelques mois, mais il est adorable comme tout ! Pas que cela m'embête de m'en occuper, mais avoir tant d'années d'écart avec lui, ça fait bizarre. Mais je l'adore, je ferais n'importe quoi pour lui.
- Vous n'avez qu'à trouver un baby-sitter, proposa Aizawa en baillant.
- Je ne sais pas à qui demander.
- Demanda à un de tes amis.
- Tu veux bien garder Tenya le lundi après-midi ?
- Je ne suis pas ton ami.
- Bien sûr que si.
- Demande à Hizashi, il se ferait une joie de se faire un peu d'argent de poche supplémentaire. Il se contenterait d'un paquet de Pocky en remerciement, le connaissant.
- Tu crois qu'il est à l'aise avec les enfants ?...
- Ce qui m'inquiéterait le plus c'est sa façon de gérer un problème. Il panique pour un oui ou pour un non et réagit au quart de tour sans réfléchir. »
Le plus grand souffla du nez. Shōta céda.
« Envoie-moi ton adresse par message et les horaires.
- C'est vrai ? Tu veux bien ?! Merci beaucoup, Aizawa-san ! »
Et ni une ni deux, le délégué de la classe B lui tendit son téléphone. Perplexe, le noiraud dévisagea l'objet, et comprit qu'il devait incérer son numéro pour ses contacts. Il récupéra avec précaution le cellulaire, et pianota la série de chiffres qui individualisait sa carte SD. Lorsqu'il le reposa sur la table, les deux garçons sursautèrent à la prise de parole trop puissante d'un certain énergique aux cheveux blonds.
« Je crois qu'on t'appelle, souligna malicieusement Iida en rangeant son téléphone.
- J'ai cru remarquer.
- On se retrouve sur la place du SCK, OK ?
- Hm hm.
- À plus tard, Aizawa-san ! »
Tensei et Shōta se séparèrent chacun de leur côté pour se préparer à leur sortie. Lorsque le second arriva à la hauteur d'Hizashi et Oboro, il remarqua que le dernier nommé forçait une moue. Il l'interrogea d'un sourcil levé.
« C'est vrai qu'il y a eu un météore hier soir ?
- Oui, tu dormais.
- Je sais bien que je dormais ! Pourquoi vous aviez fait si long ? Ça prend pas autant de temps pour mettre une machine en route, si ? »
Les deux plus jeunes s'échangèrent un regard, l'un mal à l'aise, l'autre sans expression déchiffrable qui disait pourtant 'Débrouille-toi pour lui expliquer que tu m'as tiré jusqu'au toit et que je t'y ai embrassé en étant objectivement ton meilleur ami et rien de plus'. Le jeune Yamada réajusta ses lunettes et tira Shirakumo sous son bras.
« On s'est fait pourchasser par un prof so on a essayé de fuir puis on s'est perdu dans le bâtiment ! Ya know, something like that.
- D'ac', et la vérité maintenant ?
- NO TIME TO DWELL ON EXCUSES !! WE MUST- (Shōta annula son alter en se bouchant les oreilles.)
- Trop fort trop fort trop fort !! répéta le nuageux en imitant le geste du noiraud. OK je ne pose plus de questions, allons-y ! Shōshō, tu peux désactiver ton alter ! Je vais à la vaisselle et je vous rejoins ! »
Le surnommé Shōshō se rendit alors compte que ses yeux étaient toujours carmin et ses cheveux toujours relevés. Il ferma les yeux en soupirant, les mains retombant le long de son corps. Il grimaça lorsqu'il sentit une tape dans le haut du dos, et foudroya du regard le luron aux yeux trop verts. Un jour il allait lui faire bouffer ses haut-parleurs.
[...]
La majorité avançait en tête du groupe, suivie de près par les trois mousquetaires de la classe A. Après avoir marché durant une bonne heure pour faire le tour des horizons, ils avaient enfin trouvé une place agréable pour construire leur cabane éphémère, non loin de l'établissement. Œuvrant chacun pour leur édifice commun de branches et de mousse, ils ne virent pas le temps passer. Et lorsqu'ils eurent terminé, Ine remarqua qu'une personne manquait à l'appelle. N'étaient-ils pas neuf au début de la journée ?
« Il ne manque pas quelqu'un ?
- Ah, je crois savoir, soupira Mirai. Aizawa.
- Où peut-il bien être ? »
Les paires d'yeux se posèrent sur les deux meilleurs amis de l'introverti dont l'absence faisait relever les interrogations.
« Pourquoi vous nous regardez comme ça ? ricana Shirakumo en croisa les bras devant lui.
- Vous ne savez pas où il peut être ?
- Bah non, on n'est pas tout le temps derrière lui.
- Ça fait combien de temps qu'on ne l'a plus vu ?
- Depuis onze heures je dirai à vue de nez, vue que c'est à ce moment-là qu'on s'était retrouvés pour la dernière fois, quand nous avions fabriqué le dernier mur.
- Il y a un moment, donc. On doit partir à sa recherche du coup ?
- Il est peut-être rentré ?
- Non, il n'est pas du genre à partir sans prévenir Yamada-kun ou Shirakumo-kun.
- Il en est capable, corrigea Yamada en se souvenant du festival de première année durant lequel il a passé le quart de sa journée à chercher le noiraud qui partait à gauche et à droite.
- Bref. Faut qu'on le retrouve.
- Yeah.
- Aizawaaaaa !!
- Aizawa-kuuuun !!
- Shō-CHAAAAAAAAAN !!! (L'alter d'Hizashi résonna entre les monts.)
- Shōtaaaaa !! »
C'est ainsi que les huit aspirants héros partirent à la recherche du fanatique de chat. Dix minutes. Vingt. Trente. Chacun s'était séparé par paire pour fouiller un maximum de zones. Hizashi et Oboro commencèrent par descendre vers la rivière, l'ont longé jusqu'à un amas de branches, ont remonté la pente pour regarder autour d'un vieil arbre biscornu, sont revenus sur leurs pas par les airs, ont escaladé le Mont Fuji, ont regardé à gauche puis à droite, sont passés chez Carrefour pour chercher des Pocky mais il n'y en a pas vraiment dans le coin, ont checké une sirène qui leur a donné une carte au trésor en échange, ont chassé un tigre végétarien, ont trouvé un coffre au trésor vide, ont cuisiné un tiramisu et ont retrouvé la cabane. Mais toujours aucune trace de Shōta. Le blond râla en remuant ses bras dans tous les sens, et le bleuté s'éloigna une nouvelle fois.
« Je retourne au SCK, il est peut-être effectivement rentré !
- Ok, j'attends les autres ici alors !
- À plus Hiz' !
- Yo man ! »
Yamada se pinça l'arête du nez et se tourna vers la cabane. Les branches, immobiles, étaient posées contre le tronc d'un gros arbre et plusieurs ramures de feuilles recouvraient les murs, le toit, en revanche, n'était encore qu'un trou béant par lequel les rayons du soleil pouvaient s'y immiscer avec facilité. En attendant le retour des sept autres, celui à l'alter vocal ramassa une branche bien feuillue pour boucher le trou. Comme il ne parvenait pas à atteindre le sommet depuis l'extérieur, il se baissa à quatre pattes pour entrer dans la cabane et s'y arrêta... Shōta était allongé dans l'herbe, dos à l'entrée, son épaule réchauffée par la douceur de l'étoile diurne. Yamada soupira et s'approcha de lui. Il le secoua doucement.
« Shō-chan, are you serious ? On s'est tous inquiétés. »
Aizawa marmonna d'une voix melliflue.
« Je sais. Je 'ous ai en'endu gueuler comme des cons.
- Pourquoi tu n'es pas sorti ? Tu nous aurais évité une crise de panique générale !
- Hmm... Flemme. »
Le noiraud roula sur l'autre flan pour faire face à son meilleur ami. Hizashi posa sa ramure à l'entrée pour la boucher de toutes curiosités, et s'allongea à la même hauteur que son cadet. Celui-ci arqua un sourcil.
« Où sont les autres ?
- Ils te cherchent.
- Et Oboro ?
- Pareil. T'es trop con.
- Toi aussi. (Le noiraud souffla du nez avec un petit rictus.) Pour ma défense, j'avais sommeil.
- Tu as toujours sommeil.
- Je suis en manque de fer. Je prends des cachets quand j'y pense.
- Prends en plus souvent, tu vas finir narcoleptique comme ta maman.
- Ça ne marche pas comme ça.
- Bien sûr que si.
- Non. T'es con.
- Mais le con est ton BFF.
- Malheureusement. »
Hizashi leva les yeux vers le ciel bleue. Il retira ses lunettes pour mieux en profiter, et un large sourire étira ses lèvres de bien-être.
« C'est vrai qu'il fait bon. »
Il tourna la tête vers Shōta pour voir si lui aussi profitait de l'atmosphère bienveillante de l'été. Il avait refermé les paupières, rougies par l'éclat du soleil, à deux doigts de s'assoupir une nouvelle fois. Le blond effleura délicatement sa joue, et ce contact suffit pour le raviver. Ils se fixèrent dans le blanc de l'œil l'espace de plusieurs battements de cœur, dont le rythme ne faisait que croître au fur-et-à-mesure que les secondes s'écoulaient. Aizawa fixait le ptosis de son meilleur ami, et Yamada fit vagabonder son regard jusqu'à ses lèvres.
« Est-ce que je... Je peux t'embrasser ? »
La question lui avait échappé si doucement qu'il n'était pas certain d'avoir formulé concrètement sa pensée.
« ... Si tu veux. »
Aizawa avait répondu simplement, sans interrogation, sans commentaire. Il tira ses lèvres en fermant les yeux, chose qui fit ricaner le blond. Il s'arrêta dans son mouvement, tique vexée.
« On dirait que tu vas jouer de la trompette.
- Ce n'est pas parce que tu embrasses tout ce qui bouge que cela fait de toi un exp-... »
Et Hizashi raccourcit la distance de leurs visages pour mettre un terme à sa raillerie, bien qu'amusé par celle-ci. Leurs yeux se fermèrent de concert. Leurs lèvres se comblèrent d'une caresse maladroite, sans aller plus loin parce qu'ils ne savaient pas comment faire, mais ils s'en contentaient, parce que c'était ça la jeunesse. On se satisfaisait de petites choses car les plus grandes nous échappaient encore. Leur découverte s'établissait par paire, ces 'trucs' qui s'apprenaient difficilement seuls, les deux adolescents voulaient l'essayer, le hasarder, le risquer... Fallait-il incontestablement attendre de se mettre en couple pour interpréter tous les petits plaisirs de la vie ? Pourquoi patienter de trop longues années si, au final, nous pouvions expérimenter ces délices innocents avec son meilleur ami ? Grandir ensemble, découvrir et faire de chastes premières fois à deux, n'est-ce pas mieux si l'attraction est plus vigoureuse entre deux camarades d'une même longueur d'onde qu'avec une petite copine ou un petit copain éphémère ?
Les trous noirs n'étaient pas des étoiles. Et les étoiles n'étaient pas des trous noirs. Les astres devaient briller avec les siens, convoiter les nébuleuses et réchauffer les planètes, mais surtout, se tenir éloignés des dangers du vide infini. Mais les étoiles étaient vicieuses, assoiffées de désirs et de curiosités, on ne pouvait pas leur interdire l'objet de leurs envies, de leurs intérêts. Qui n'a donc jamais songé à allumer une petite lumière dans un coin sombre de sa maison ? Il en allait de même pour les étoiles ; elles rêvaient de faire briller les trous noirs pour en découvrir leur contenu.
Ils se séparèrent après quelques courtes secondes, les pommettes rosies, ayant la vague impression que plusieurs éternités venaient de leur tomber dessus avec la puissance d'une étoile filante. Hizashi souriait bêtement, et se mit assis en passant sa main dans ses cheveux flavescents, ses lunettes toujours posées dans l'herbe grasse. Son cadet se redressa à son tour, sans détacher ses yeux couleur nuit de son meilleur ami. Ils restèrent ainsi plusieurs minutes de silence. À se dévisager, à s'étudier, à retenir chaque trait de son vis-à-vis. Le blond sursauta brusquement lorsque son téléphone vibra, ce qui le poussa à rompre tout contact visuel comme s'il n'en avait jamais été question, et la notification l'envoya sur le groupe de classe.
« Oh, ils demandent si on t'a retrouvé. Je leur dis que c'est OK ?
- Tu peux. »
Hizashi pianota rapidement sur son téléphone. Après quelques secondes, tous soulagés d'apprendre qu'Aizawa était retrouvé, décidèrent de se retrouver à la cafétéria pour déjeuner, et rappelèrent à Yamada que s'était au tour de son groupe de cuisiner. Il souffla du nez.
« J'ai pas envie d'y aller, avoua-t-il à voix haute.
- Au pire on reste ici, on n'est pas obligé de dire qu'on est à la cabane. »
Après instant d'hésitation, le bilingue pianota quelque chose sur son portable.
« Tu écris quoi ?
- Je préviens qu'on est trop loin pour que j'arrive à temps, pour qu'ils me couvrent si un prof demande où je suis.
- Oh. D'accord.
- Poof, sent. »
Il s'adossa au tronc de l'arbre et lâcha son cellulaire entre eux. Aizawa se réallongea, les bras croisés derrière la tête. Le sourire aux lèvres, Hizashi se mit à claironner lentement.
« Hey baby won't you look my way, I can be your new addiction. ~
- Addiction ? Comme la compote ?
- Hey baby what you gotta say ? All you're giving me is fiction. ~
- Euh... J'en sais rien ?
- I'm a sorry sucker and this happens all the time. ~
- C'est vrai que tu es nul pour t'excuser. Ça veut bien dire ça, non ? 'Sorry sucker' ?
- I found out that everybody talks, everybody talks, everybody talks... ~
- Zashi, tu chantes quoi ?
- It stared with a whisper, and that was when I kissed her... ~
- Ça veut dire quoi ?
- And then she made my lips hurt, I could hear the chitchat... ~
- Je comprends plus rien.
- Take me to your love shack, Mamas always gotta backtrack... ~
- J'abandonne.
- When everybody talks back. ~
- Chut. Tais-toi. Donne-moi ton téléphone je vais mettre de la vraie musique. »
Hizashi explosa de rire et lui tendit son cellulaire déverrouillé. Le fanatique de chat fit défiler les titres, jusqu'à s'arrêter sur une en particulier qu'il ne connaissait pas, las de voir passer des mots qu'il ne pouvait pas traduire.
'You got two black eyes from loving too hard
And a black car that matches your blackest soul
I wouldn't change ya, oh
Wouldn't ever try to make you leave, no'
« J'aime bien celle-ci.
- Ah oui ? interrogea le blond, surpris.
- Hm hm. Dommage que je ne comprenne rien.
- Surprenant, elle te correspond bien en plus. Je suis étonné que tu sois tombé sur celle-là. »
Yamada ramassa son téléphone et lit le titre plus attentivement, pensif.
« Un jour je te la traduirai et je la chanterais devant la foule rien que pour toi.
- Tch. T'es con. Tu ne veux pas chanter en public.
- Pour toi je le ferai. »
Il croisa le regard trop vert de son meilleur ami. Sitôt murmuré ces mots, Hizashi comprit qu'il avait parlé trop vite, sans réfléchir, encore, et sa douleur fut perceptible dans son regard vert. Pourquoi s'infligeait-il ça ? Pourquoi essayait-il à tous prix d'avoir cet amour voué à l'échec, de tromper son cœur et leur amitié ? Qu'est-ce que cela lui apporterait ?
« Je ne te crois pas. »
Son cœur cessa de battre le temps que la douleur de la réponse de s'estompe. Des bruits les alertèrent et empêcha l'aîné de riposter. Hizashi bloqua sa bouche avec les mains lorsqu'il se rendit compte que la voix d'Ikuto et d'un autre élève de la classe B passaient près d'eux en rigolant. Il ne leur suffit que de quelques minutes pour être certains d'être à nouveau seuls. Il ricana et Aizawa souffla du nez.
« Encore un peu et tu devrais partir pour cuisiner.
- Yeah ! Il était moins une ! s'exclama-t-il, ravi de pouvoir changer de sujet. »
Puis soudainement, la branche qui bloquait l'entrée de la cabane se retira, et la tête d'un garçon aux cheveux bleus fit son irruption, faisant crier les deux amis de concert. Shirakumo explosa de rire en se roulant dans l'herbe, se tenant le ventre des deux mains.
« Oh merde, oh la tête que vous avez faite !! J'en peux plus, c'était magnifique !! »
Shōta prit un air blasé.
« Comment tu as su qu'on était là ?
- C'était le dernier endroit où j'ai laissé Hiz', s'il t'a retrouvé ça voulait dire que tu étais forcément dans le coin ! Oh et je l'ai entendu crier ! Tiens, d'ailleurs, tu faisais quoi Shō ?
- Je dormais. »
À cette affirmation, quand bien même il aura lutté en se mordant l'intérieur des joues, Oboro réexplosa de rire et cette fois, la contagiosité de son amusement prit Hizashi à la gorge et il rigola lui aussi.
Lorsque tous furent calmés, le nuageux se permit de se faufiler dans la cabane, juste à côté de Yamada qui se resserra alors un peu plus contre Shōta. Bien que personne ne le cite à voix haute, les trois meilleurs amis étaient heureux de se retrouver seuls, ensemble.
Le jeune Yamada s'exclama alors, comme si un éclair de génie venait de lui traverser l'esprit :
« AH MAIS J'Y PENSE !
- Trop fort ! râlèrent les deux autres d'une seule voix.
- Ça vous dit de venir à la fête foraine la semaine prochaine ?!
- Mais grave ! Tu pensais à quel jour ?
- Lundi ça vous va ?!
- Lundi je ne peux pas, répliqua Aizawa, grimaçant de ne pas avoir pu donner son avis au préalable.
- Ah bon ? Pourquoi ? interrogea le nuageux avec malice.
- Parce que je dois garder le petit frère de Tensei Iida.
- Queeewaa ?? Sérieux ?!
- Ça te surprend ?
- Weeeeeell, yeeeeees ?
- Figure-toi qu'il a failli le demander à toi.
- Pourquoi il ne l'a pas fait ? rigola Shirakumo, intéressé.
- Parce qu'Hizashi n'est pas digne de confiance.
- PARDON ???!!! Je suis TOUT CE QU'IL Y A de plus confiancieux !
- Ce mot n'existe pas.
- LES ENFANTS M'ADORENT !!
- Tu n'aurais jamais dû lui dire ça, cria le nuageux à Shōta, par-dessus l'agitation des bras de l'énergique qui se trouvait entre eux.
- JE SUIS CAPABLE DE M'OCCUPER D'EUX, J'AI D'AILLEURS UNE PETITE COUSINE QUE JE GARDAIS RÉGULIÈREMENT PENDANT LE COLLÈGE !!
- Je crois aussi. (Il effaça l'alter du blond et lui tira l'oreille.) Tais-toi maintenant, on a compris. Tu adores les enfants. »
Une larme coula sur la joue d'Hizashi tandis qu'il remuait ses mains pour qu'il lui lâche l'oreille.
« I'm sowyyy it's huuurt stoooop...
- Bon sang mais t'es vraiment chiant quand tu t'y mets !
- Shō-chaaaan lâche-moiiiii... Mardi ça te vaaaa ??
- Je suis ami avec un démon et un maso, j'en peux plus, pleura Oboro, mort de rire. »
[...]
Vendredi fut une journée éprouvante pour tout le monde, leur programme n'avait rien de plaisant et ils n'en pouvaient plus de leurs entraînements sur mesure. Ils voulaient juste rentrer, et bonne nouvelle pour eux, samedi matin, neuf heures, le bus avait pris la direction de Musutafu. Les trois amis convinrent de faire la moitié du trajet ainsi : Oboro avec Shōta, puis Hizashi avec Shōta, afin de ne laisser personne de côté. La route aura certes été longue, mais l'arrivée ne fut que plus agréable à profiter. Le trio, tirant leurs valises jusqu'à la gare, papotaient et rigolaient de blagues en tous genres pour faire passer le temps, lorsque Yamada finit par apercevoir la petite Toyota rouge de Makura Aizawa. Comme son père devait passer le chercher, il se contenta de s'approcher d'elle pour la saluer, pendant que le noiraud rangeait ses affaires dans le coffre.
« Bonjour Aizawa-san ! s'exclamèrent en cœur Oboro et Hizashi.
- Bonjour les amis de Shōta. Est-ce que je vous dépose chez vous ?
- Nope, mon père doit arriver d'ici quelques minutes !
- Je pensais prendre le bus, mais si ça ne vous dérange je veux bien, répondit Shirakumo en souriant sincèrement.
- Viens mettre ta valise alors, dit alors le fils Aizawa à l'attention du nuageux. »
Le blond réajusta ses lunettes sur le nez et regarda tout autour de lui en espérant voir dans la foule le véhicule de son père. La brune bailla et s'enfonça contre son siège, gardant sa portière ouverte.
« Sinon, ça s'est bien passé le camp ?
- Yeah ! Un peu fatiguant mais c'était amusant ! Shōta se débrouille bien !
- Ravie de.... l'entendre... »
Makura laissa son corps basculer de côté et le blond eut le réflexe de la rattraper pour qu'elle ne tombe pas sur le béton.
« Tout va bien ? demanda celui à l'alter effaceur en ouvrant subitement la portière arrière.
- Euh... Ta mère s'est endormie !
- Ah. Heureusement qu'elle ne l'a pas fait au volant.
- Ça ne te fait pas peur de la laisser conduire alors qu'elle pourrait s'endormir à tout moment ?!!
- J'ai appris à garer la voiture au cas où ça arriverait, t'inquiète.
- BIEN SÛR QUE JE M'INQUIÈTE ! DEPUIS QUAND ON APPREND AUX TEENAGERS DE GARER UNE VOITURE ??
- Tu paniques pour rien. »
À l'entente de la voix puissante du blond, Makura se réveilla en sursaut et se redressa sur son siège.
« Oh, tu l'as réveillée avec tant d'aisance que j'en suis surpris, affirma Shōta sans expression de surprise.
- Ah parce que t'es surpris, là ? commenta Oboro en arrivant derrière lui, une fois le coffre fermé.
- Je suis en vie, dit simplement la mère Aizawa en regardant tout autour d'elle comme si elle était à la recherche de la porte du Paradis, en vain.
- Oui maman, tu es vivante, c'est pas pour tout de suite. On peut y aller ?
- Oui, on peut y aller. Tout le monde est attaché ?...
- Yup ! Bye Hiz' !
- Salut Zashi.
- CIAO LES GARS ! Et faites attention sur la route, Aizawa-san ! (Il aperçut alors son père lui faire signe de l'autre côté de la rue, et sourit.) My dad's here ! »
Après avoir salué tout le monde, ils se séparèrent. Hizashi tira sa valise jusqu'à la voiture de Tōya et bondit dans ses bras.
« Hi dad !
- Hi Hiza, comment était le camp ?
- Comme dit, fatiguant mais amusant !
- Te fatiguer ? Ils ont dû y aller vraiment fort pour arriver à épuiser un Yamada, tu pourras te reposer alors !
- Je t'avoue que je ne serais pas contre une heure de sommeil supplémentaire.
- Une seule ? Ta mère va te mettre de la morphine dans ton plat ce soir, on verra si tu vas résister à une nuit entière, plaisanta l'adulte en rangeant sa valise dans le coffre.
- Ha, ha, très drôle. »
Ils prirent place à l'avant de la voiture, et le chauffeur démarra.
« C'était la mère de Shōta avec qui tu discutais ?
- Yup ! Elle ramène Oboro aussi.
- Ça va mieux chez eux ? Je veux dire, chez les Aizawa.
- J'ai pas eu trop de nouvelles, je crois qu'on ne peut qu'attendre et voir comment ils s'organisent.
- Mais à ton avis, est-ce qu'ils vont déménager ? »
Hizashi bugga un instant.
« Déménager ?
- ... Eh bien, tu sais, quand deux adultes divorcent, ils laissent généralement leur maison en vente pour quelque chose de plus petit chacun de son côté...
- B-but Shōta ne peut pas déménager ! T'imagines s'il quitte Musutafu ?! T'imagines si je ne le revois plus jamais ??
- Je n'ai pas dit que c'est ce qu'il se passera ! Ce n'est que mon avis personnel, mais je ne pense pas qu'il irait bien loin, il fait le lycée à Yuei après tout. Ils peuvent aussi ne pas partir de la maison, ou alors... »
Le jeune blond fixait devant lui au bord de l'anéantissement. Le père planta ses dents dans sa lèvre inférieure, coupable. Il n'aurait peut-être pas dû poser cette question à son fils, il décida de changer de sujet.
« Sinon... Il y a du courrier pour toi à la maison !
- Ah... ?
- Elle est signée Ekoshi, nous avions trouvé l'enveloppe dans la boîte aux lettres le jour de ton anniversaire. C'est une amie à toi ? »
Hizashi releva subitement la tête. Nao Ekoshi ?
.
.
.
Lorsqu'ils arrivèrent au foyer, il laissa son père gérer seul ses affaires, au plus grand damne de ce dernier. Après avoir salué sa mère d'un gros câlin et répondu à ses quelques nombreuses questions à propos de sa semaine, il se rua enfin dans sa chambre, où il trouva la fameuse lettre sur le bureau. Il arracha le papier et déplia la feuille. Il se laissa tomber sur son lit.
'Salut Hizashi-kun ! :)
Je suis sincèrement désolée de ne plus avoir donné de nouvelles pendant neuf longs mois, mais ces derniers temps ont été éprouvants pour tout le monde dans ma famille... Lorsque j'ai annoncé ma grossesse à mes parents, tu ne peux pas imaginer la catastrophe que ça a engendré. Mais j'ai eu de la chance, ils sont plutôt contre l'avortement, et on a pris la décision de garder l'enfant. Pour des raisons de principe, mes parents ont tenu à déménager pour qu'on n'ait pas à me savoir mère aussi jeune, t'imaginerais la honte ? Je n'ai rien pu dire, et pour être honnête, je suis presque contente qu'on soit partis, je n'aurais pas supporté les moqueries ou les insultes vis-à-vis ma situation... Par contre j'ai plus de téléphone. C'est un peu le mauvais côté de ces choix, mais bon, je l'ai bien cherché, aussi. Fallait bien me punir d'une autre façon.
J'ai été envoyé chez ma grand-mère les premiers mois. Je me suis fait des amies un peu plus âgées, elles ont été pas mal compréhensive à mon sujet, grâce à leur maturité. Comme je suis plus mature que les filles de mon âge je me suis assez vite fait une place. Je m'y sens bien mais je veux tellement vous revoir... Toi, Shōta, Ine et Mirai... Puis Ayumu est enfin arrivé. Comme il est déjà majeur, il n'a pas eu tant de problèmes que cela avec ses parents, il avait surtout peur avec la justice. Finalement, après mes seize ans, tout était réglé et il m'a pris dans son appartement, pas loin de Tokyo où il fait l'université. Et deux mois après, le premier jour de juillet, poof ! Le petit est né. Je crois que c'est la pire chose que puisse ressentir physiquement une femme, crois-moi, je ne suis pas prête de revivre cette expérience tout de suite.
Bref. Donc voilà toute l'histoire. Tu me manques énormément. Les autres aussi. Mais je ne sais pas quand on pourrait se revoir, certainement pas tout de suite avec tout ce qui se passe. Je viendrais à l'occasion pour que vous puissiez faire connaissance avec ma petite famille... En attendant, voici ci-joint une photo de nous trois. Le petit bout de chou s'appelle Hitoshi, on dit qu'il a mes yeux et mon sourire, mais je vois surtout la beauté d'Ayumu et ses drôles de cheveux violets.
Bon anniversaire Hizashi, en espérant vous revoir bientôt !
PS : Ça me ferait plaisir que tu puisses partager la lettre à Shōta et les filles, je sais que tu le feras sans faute ;)'
Hizashi essuya ses larmes et serra le bout de papier contre son cœur, les yeux rivés sur la photo d'une mère prématurée aux cheveux bleus et aux traits exténués, un jeune adulte aux cheveux violets avec son grand sourire de bonheur, et un bébé aux grands yeux violines qui fixait autre chose que l'objectif de l'appareil photo. Bienvenue dans notre monde, Hitoshi Shinsō...
Hizashi prit son téléphone, et appela Aizawa pour tout lui raconter.
.
.
.
.
✷ · ˚ * . * * ⋆ . · ⋆ ˚ ˚ ✦
Ainsi je mets un point final au mystère de Nao ! Vous n'imaginez pas la galère pour lier toutes les informations concernant les dates, parce qu'il fallait que ça tienne debout entre le moment de l'annonce jusqu'au premier juillet où est né Hitoshi x) Mais je suis contente, j'y suis parvenue ! Est-ce que vous vous êtes doutés de cette parentée ?
Musiques de référence : Everybody talks (Neon Trees)
LA Devotee (Panic!at the disco)
Sur ce, je vous souhaite une bonne fin de semaine et à mardi prochain !
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro