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𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 ₁₈

➠ ❛Sans rancune ?

✷        ·   ˚ * .      *   * ⋆   . ·    ⋆     ˚ ˚    ✦

La pluie, puissante, frappait les tuiles des maisons avec chaos. Tandis que la mère Aizawa se reposait sur un breuvage particulièrement fort en dosage de caféine sur le canapé du salon, le père, lui, dévorait calmement son bol de céréale dans la cuisine, révisant ses fiches journalières. Lorsque l'heure fatidique l'appela, il se prépara avec lassitude, attrapa son parapluie, et sortit du foyer. Makura attendit l'heure suivante pour faire démarrer sa propre voiture, laissant le plus jeune la liberté de se lever seul pour partir à l'école.

Chez les Yamada, l'ambiance était toute autre. Sa femme étant déjà partie, Tōya, lui, courait partout dans la maison à la recherche de sa chemise. Hizashi se coiffait dans la salle de bain en riant, avant de percevoir l'objet des désirs de son paternel et le lui apporter dans sa chambre. Lorsque la porte de la voiture claqua après son passage express, le jeune blond se permit de déverrouiller son téléphone pour prendre connaissance de l'heure et aussi, les horaires de passage du métro. Il en profitait pour échanger par correspondance messagère avec deux de ses copains du collège. L'un d'eux avait déménagé au cœur de Tokyo pendant les vacances, là où est né Hizashi, dans un quartier que celui-ci connaissait plutôt bien. Il aimerait bien y retourner un jour ou l'autre pour refaire les skateparks de sa petite enfance, revoir ses camarades de primaire ou passer un après-midi avec son cousin maternel. Après courte réflexion, il décida de lui envoyer un message pour prendre de ses nouvelles. Ceci fait, ses yeux, trop grands et trop verts, dérivèrent sur l'horloge de la cuisine, et il se rua vers l'entrée pour se vêtir de sa veste en cuir et prendre son parapluie bleu. Dehors, la pluie de fin septembre tombait dru. Il prit la direction du métro avec son éternel sourire collé au visage, ne faisant que très peu attention au doux froid.

Shōta longeait les rues sous son parapluie transparent, la tête basse, le visage passif. Les chemins qu'il empruntait n'étaient que très peu convoités, si bien qu'il ne croisa personne. Il ne lui aura fallu qu'une quinzaine de minutes pour atteindre Yuei, grandissant dans toute sa splendeur sous les cordes translucides qui miroiraient contre sa paroie. En passant devant la zone où l'on cadenassait les vélos, il remarqua que le bolide orange fluo de son meilleur ami ne s'y trouvait pas. Il pénétra dans le bâtiment, monta d'un étage et traversa le seuil de sa classe. La table à côté de lui était vide, mais cela ne l'empêcha pas de prendre place. Ce fut au moment de sortir sa trousse qu'une fille aux cheveux bleus s'empressa de s'accouder devant lui, le sourire aux lèvres.

« Salut Shōta-kun ! Comment vas-tu depuis hier ?

- Sans trop de remarque.

- C'est bien un temps à déprimer, pas vrai ?

- Hm, fit-il avant de se rappeler que Nao ne saisissait pas la signification de ses onomatopées, et se corrigea. Un peu.

- Je regrette déjà les beaux temps... L'automne n'est pas vraiment ma saison préférée. »

Étonnamment, lui savait qu'Hizashi adorait l'automne. Pour ses couleurs, Halloween, l'anniversaire de son meilleur ami...

« C'est quoi ta saison préférée ? »

Il la dévisagea dans le blanc des yeux avec hésitation.

« L'hiver. »

Elle lui sourit, et soudain, frappa une fois des mains comme si un éclair de génie venait de traverser son esprit.

« Oh mais j'y pense ! Tu as pu lire les livres que je t'avais prêtés mardi passé ?

- Hm hm, fit-il en opinant du chef, tout en sortant l'un d'eux. Juste celui-ci. L'autre je peux te le rendre demain je pense.

- Pas de problème ! Est-ce que ça a pu t'aider ?

- Je pense, oui.

- Tu aimes bien les livres sur la psychologie, pas vrai ? fit-elle remarquer avec un sourire égayé, serrant son livre contre elle.

- Hm hm.

- Je peux t'en apporter d'autres, ma mère en a une bibliothèque entière.

- Je veux bien.

- Parfait ! Je t'apporte demain aussi, alors. T'es un vrai rat de bibliothèque en fait. »

Comme il ne répondit que par un haussement d'épaule, elle se permit de le saluer et tourna les talons pour rejoindre son bureau. Tsukushi Sutikkunori choisit ce moment pour l'approcher, la tête haute. Surpris de cette approche insoupçonnée, il lorgna la brunette d'un œil mauvais avant de l'interroger :

« Tu veux quoi ? »

Elle gonfla les joues, fit craquer ses doigts pour faire passer son agitation interne, et serra le bas de sa jupe.

« Est-ce que je peux te demander un service à la pause de midi ?

- Pourquoi ?

- S'il te plait. Je ne veux pas qu'on en parle ici, alors attends-moi à midi. »

Perplexe, il chercha sur son visage rosi une once de piège, avant d'hausser des épaules, acquiesçant. Mais il l'avait à l'œil ; au premier faux pas, il agira sans hésiter.

« HEEEEELLLO EVERYBODY ! salua joyeusement une tête blonde en ouvrant la porte avec le pied, son parapluie sur l'épaule et l'autre main dans la poche.

- La ferme Yamada-san !

- Mes oreilles...

- Yamada-kun !... »

Tout sourire, il reçut néanmoins un high five de quelques-uns de ses amis, visiblement amusés de cette habitude bien propre à leur camarade de classe, et fit halte devant la table de son meilleur ami.

« Hello Shō-chan !

- Salut Hizashi.

- How are you today ?

- J'allais bien avant que tu ne te mettes à hurler. Comment ça se fait que tu arrives à cette heure-là ?

- Le métro était bondé de ouf !

- Tu prends le métro toi maintenant ?

- Il fait trop moche pour le vélo, expliqua-t-il en se laissant tomber sur sa chaise, son parapluie au pied de la table avec son sac. »

Le titulaire arriva ensuite, et intima ses élèves de descendre en salle de sport, sous les interrogations de ceux qui l'avaient entendu.

« Votre professeur d'anglais est malade, nous allons donc passer le début de la matinée à faire un entraînement improvisé. »

[...]

Vêtus de la tenue de sport du lycée, sans accessoire, sans costume, les étudiants attendaient sagement les indications du professeur adjoint de celui de sport.

« Bon. Y'a-t-il des absents dans votre classe ? demanda ce dernier en fronçant des sourcils un tantinet.

- Tora Fukusei s'est cassé les deux bras à l'entraînement d'hier, Sensei. Il devrait revenir demain pour voir une dernière fois Recovery Girl.

- Donc vous êtes dix-neuf. Très bien. Je veux des groupes de trois alors. »

Il balaya la rangée d'adolescents du regard, et c'est là que les yeux dénués de pupille du professeur principal se posa sur le meilleur ami de Yamada.

« Aizawa, approche. »

Pris au dépourvu, il s'avança néanmoins jusqu'aux deux adultes avec les sourcils froncés.

« Un problème, Sensei ?

- Pendant que les autres vont faire les exercices, j'aimerais que tu t'entraînes à effacer leurs alters.

- Tout le monde à la fois ?

- Tout le monde et le plus longtemps possible.

- Je... Je vais essayer... »

Hizashi se tenait aux côtés de Tomoaki et Ine. Il craqua sa nuque et fléchit les genoux.

« Nous vous laissons vingt minutes pour faire sortir vos adversaires du grand cercle au centre de la salle. Tous les coups sont permis pour ce faire, les équipes avec le plus de membres toujours sur le terrain sont vainqueurs.

- Mais on ne risque pas de détruire la salle ?...

- Je compte sur Aizawa pour vous empêcher de faire des dégâts, alors. »

La soudaine montée de pression noua l'estomac du noiraud. Il n'était vraiment pas prêt pour ça, c'était la première fois qu'il allait s'entraîner à grande échelle avec son pouvoir.

Cinq secondes après le départ, l'étudiant cherchait déjà sa première cible. Il jugea plus judicieux de commencer par ceux qui risqueraient de faire le plus de dégâts avec leurs alters, c'était logique. Il en annula un, ses yeux tournant rouges et les cheveux un tantinet plus courts qu'à la rentrée dressés sur la tête. Se concentrant pour ne pas cligner des yeux, il chercha une nouvelle visée. Capturant ses camarades sur son passage visuel, il put augmenter le nombre de prises sans cligner des yeux. Au bout d'une minute vingt-quatre, il papillonna des paupières, jura dans sa barbe d'avoir aussi bêtement lâché prise, et répéta l'action, jusqu'à ne laisser plus personne capable d'user de leur pouvoir. Une minute et quelques secondes plus tard, il dut recommencer, évitant soigneusement les deux professeurs qui devaient très certainement juger sa médiocre performance... Puis arriva le moment où des tiques le poussaient à cligner des yeux, ses mêmes yeux rougis qui cherchaient désespérément à s'hydrater. Quinze minutes s'écoulèrent ainsi. Il ignorait combien de temps il pouvait tenir encore à enchaîner les secondes sans les fermer, son record n'étant que d'une malheureuse minute quarante. Il persévéra, mais alors qu'il luttait pour au moins atteindre les deux minutes, il commençait à voir flou et ses yeux de plus en plus secs ne voulaient que se faire frotter, toutefois il se força de s'abstenir. Trois minutes avant la fin des vingt imposées, il ferma les paupières sans aucun contrôle et se frotta le visage sans pouvoir s'en empêcher. Il n'en pouvait plus, c'était trop. Il devait activer de force ses glandes lacrymales, ce n'était plus tolérable.

« Aizawa, il te reste encore du temps. Reprends l'exercice. »

Le professeur de sport posa sa main sur l'épaule du titulaire qui venait de prendre la parole, et annonça patiemment aux élèves la fin de l'exercice. Le noiraud plissa des yeux pour chercher la position de son meilleur ami, mais sa vision, peu nette, ne lui permit que d'apercevoir à moitié une masse blonde hors terrain qui s'approchait de lui à grandes enjambées.

« Shō, tout va bien ? s'enquit-il en arrivant juste en face de lui, bien que flou encore pour le noiraud qui chercha à faire focus sur lui, en vain.

- O-ouais, ça va. J'ai juste les yeux qui me brûlent un peu, ça passera.

- Tu es sûr ? C'est tout rouge.

- ...

- Sensei, est-ce que je peux l'accompagner jusqu'à l'infirmerie ??

- D'accord, mais sois là avant la sonner-...

- Yes sir !! »

Il lia sa main à celle du plus jeune et le tira jusqu'à la sortie de la salle de sport. Longeant la voie sous le préau, à l'abri de la pluie, ils arrivèrent bien rapidement dans l'enceinte-même du bâtiment principal et le jeune Yamada guida son meilleur ami jusqu'à chez Recovery Girl. L'infirmière, presque aussi grande que lui avec un début de rides marqué, les accueillit d'un sourire poli.

« Alors mes petits, c'est pourquoi, cette fois ?

- He overuse his Quirk !

- J'ai trop utilisé mon alter. »

Il se laissa amener jusqu'à une chaise qu'il ne percevait que très mal, et s'y assit. Hizashi resta à côté de lui, les bras croisés derrière sa tête.

« Rappelle-moi le principe de ton alter, mon petit ?

- Il peut annuler l'alter d'une personne aussi longtemps qu'il maintient les yeux ouverts !

- C'est ça.

- Je vois ! Tu as juste les yeux secs, alors. Est-ce que tu prends un traitement ?

- Non... Mais ma mère utilise des gouttes pour les yeux, vu qu'elle a le même type d'activation que moi.

- Tu devrais lui demander de t'en procurer, tu risques d'en avoir besoin bien vite ! Malheureusement je n'ai rien de tel dans cette fichue pièce, le seul conseil que je peux te donner, c'est d'éviter les écrans et protéger tes yeux du vent ou de l'air conditionné. Avec le temps de chien dehors, il faudra que tu fasses vraiment très attention. Et ne touche pas ! précisa-t-elle en chassant brusquement la main de Shōta qui voulait se frotter à nouveau le visage. Vous pouvez retourner en cours.

- Merci madame...

- Merci beaucoup, il va bien appliquer vos conseils ! conclut Hizashi en passant son bras par-dessus les épaules de son cadet, le remuant amicalement. J'y veillerais personnellement ! »

Une fois dans le couloir de Yuei, les deux amis purent enfin souffler.

« Elle est autoritaire !

- Hm.

- Tu crois que ça va aller ? On peut passer à la pharmacie si tu veux !

- Sans ordonnance ? En plein cours ?

- Je peux y aller vite, le prof ne remarquera rien !

- Hizashi, c'est bon, je m'en occuperai ce soir avec mes parents.

- Alors appelle ta mère pour lui demander de t'amener un flacon de ce truc pour la sécheresse oculaire ! Qu'au moins tu n'aies pas à attendre la journée entière ! »

Aizawa grimaça, mais se dirigea néanmoins vers le vestiaire des garçons, dans le bâtiment voisin, dans l'optique de suivre l'indication bien pensée de son ami. Il récupéra son téléphone mais, aussi rapide que le son, la tête blonde le lui prit des mains.

« On évite les écrans, Shō-chan.

- Gmm. Très bien, fais-le. Va dans mes contacts et trouve ma mère. Déverouille-le, il n'a pas de code. »

Il opina du chef et fit défiler la petite dizaine de numéros avant de tomber sur la sienne, avec un nom de contact plutôt sobre. Il fit glisser le numéro sur le côté pour démarrer l'appel, et rendit le portable à son cadet pour qu'il puisse échanger avec Makura Aizawa. Au bout d'un certain nombre de sonneries vaines, il abandonna d'un geste de doigt précis.

« Elle doit travailler, elle me rappellera. »

Hizashi rangea le cellulaire d'Aizawa dans le sac de ce dernier, et se retourna vers lui.

« Il doit rester vingt minutes de cours, on les rejoint ?

- Tu devrais, c'est ce que le prof t'a spécifié.

- Mais toi alors ? »

Shōta baissa le regard sur ses mains toujours floues, incertain.

« Je reste ici me reposer un peu. Vas-y sans moi.

- Sûr... ?

- Ouais ouais. Dépêche-toi d'y retourner avant de t'attirer des ennuis. »

Celui à l'alter vocal hocha la tête à contrecœur, et quitta le vestiaire en courant. Le plus jeune prit pour assise un banc, et laissa tomber la tête en arrière contre le mur, les yeux fermés. C'était douloureux, comment sa mère faisait, elle, pour supporter l'effet de son alter quotidiennement ?

[...]

La cafétéria étant déjà remplie et la pluie ayant trempé les gradins à l'extérieur, Shōta et Hizashi se dirigèrent tranquillement vers un couloir peu convoité pour s'assoir et manger à l'abri des regards, mais une certaine brunette attira l'attention du noiraud, comme l'ayant suivi.

« Sutikkunori-san ? questionna celui aux lunettes teintés avec interrogation, surpris de la voir ici.

- Ah, oui. Tu voulais quoi ? demanda alors le second garçon en se tournant complétement vers elle, se rappelant qu'elle avait à lui parler.

- C'est... J'aimerais que tu m'aides pour... pour l'examen de rattrapage.

- Ah oui ?

- Comme vous le savez j'ai loupé l'examen de fin de semestre, et comme Aizawa a eu un bon résultat pour sa technique de combat, je voulais juste que tu me cites les points où je dois encore m'améliorer ! Je... j'aimerai ne pas me louper l'an prochain pour le permis provisoire ! »

Elle avait les poings serrés et le visage tourné vers le sol. Les deux meilleurs amis s'échangèrent un regard perplexe. Le blond était le plus confus.

« Je n'ai pas été très performant, tu sais, répliqua Shōta en détournant le regard.

- Tu es le seul qui essayes d'entraîner tes techniques au corps à corps à cause de ton alter, tu es la seule personne de cette classe à pouvoir m'aider ! Tous ceux dans le même cas que nous ont échoué, je veux vraiment réussir !

- Et j'y gagne quoi ? »

Elle releva le menton et dévisagea tour à tour ses deux camarades, dont celui qu'elle connaissait depuis leurs douze ans.

« Je ne sais pas...

- Moi je sais, s'imposa la tête blonde. Tu vas te battre contre moi. »

« Tu devrais attendre le prochain exercice de terrain pour régler votre différend dans les règles. Je ne sais pas pourquoi elle s'en prend à toi et ce ne sont pas mes affaires, mais si elle compte repartir du lycée avec un diplôme dans la poche, elle devra se montrer plus responsable. »

« Je ne veux pas me battre contre toi, Yamada, lâcha-t-elle avec mépris.

- I know, tu me détestes parce que mon alter est plus puissant que le tien, mais je veux seulement mettre les choses au claire avec toi. And too, j'en ai ma claque de tes remarques et moqueries ! »

Sutikkunori fronça des sourcils et figea ses yeux bruns dans le reflet que lui retournaient les verres de ses lunettes.

« C'est une vengeance ?

- Not really. Plutôt une remise en ordre.

- Très bien. Aizawa-san ? Deal ?

- Peu m'importe. »

[...]

Lorsque les cours d'entraînement sportif se terminèrent en fin d'après-midi, Hizashi et Shōta étaient toujours dans la salle de travail des étudiants de la filière assistance. Le plus grand discutait par-rapport au casque à bruit blanc qu'il avait enfin pu tester durant l'activité héroïque de la journée, ne manquant pas de complimenter le travail de cet élève, tandis que celui-ci revissait un boulon détaché d'un des deux haut-parleurs directionnels qu'il accrochait usuellement aux poignets. Aizawa, lui, parcourait la pièce avec scepticisme, avant de s'approcher discrètement d'une fille aux cheveux dorés et bouclés. Elle retira ses lunettes steampunk et lui sourit avec son appareil dentaire.

« En quoi puis-je t'être utile, Aizawa-san ?

- Comment tu connais mon nom ?...

- Ma sœur jumelle est en classe B, elle m'a parlé de ton alter. Il est impressionnant, elle en est presque jalouse ! Mais dis voir, qu'est-ce que tu fais dans notre bel atelier ?

- J'ai un alter de type déstabilisant... Je n'ai aucun moyen de me défendre ou d'attaquer. Est-ce que tu aurais une idée d'arme ou quelque chose comme ça ?

- Hm... Tout dépend ! Tu recherches quelque chose en particulier ? Bâton, bouclier, épée, lance, fouet... Ou alors une arme à longue portée peut-être ?

- Je voyais plus le corps à corps. Je n'ai pas d'idée précise encore... »

Il chercha autour de lui quelque chose qui pourrait le guider, et c'est là que ses yeux onyx se posèrent sur Hizashi, discutant toujours joyeusement avec l'autre garçon aux cheveux blancs. Lors de la seconde journée à Yuei, ils avaient combattu dans la forêt, et il avait utilisé une liane pour l'immobiliser. Avec le recul, il se souvenait avoir vu cette technique chez un autre héros professionnel qui maniait un long fouet sans manche. Il baissa les yeux sur son écharpe caramel à motif pattes de chat qui lui recouvrait le cou, et eut une idée bancale mais peut-être réalisable.

« Hm, un genre de longue attache suffisamment maniable pour immobiliser ses adversaires ?

- Une attache comment ?

- Une... Une corde, une chaîne ou... un tissu solide, je n'en sais rien.

- Hm, la corde, c'est un peu trop néandertalien pour une arme. La chaîne peut se révéler trop lourde et rouillera facilement. Le tissu, même solide, risque de ne pas l'être conformément, mais avec quelques matériaux supplémentaires je pourrais faire quelque chose... Oh je sais ! Tu sais ce qui serait bien ? Un alliage. Fils d'acier et de carbone pour la solidité. Et dis voir, tes cheveux se mettent à flotter quand tu utilises ton alter, n'est-ce pas ? Ce serait dingue si ce ruban faisait pareil ! Tu pourrais... Tu pourrais genre le lancer et le manier à souhait ! »

Il parut incertain.

« Pour ça il faudrait des échantillons de tes cheveux !

- ...

- Ne t'inquiète pas, je n'en demande pas beaucoup ! Ce n'est pas bien compliqué ! Laisse-moi juste trouver ma paire de ciseaux, et tu me retrouves en fin de semaine pour tester ! »

Il plissa des yeux. C'était une idée bien étrange mais il n'avait rien de mieux. Pourquoi ne pas essayer ? Il décida de lui laisser sa chance, après tout, c'est lui qui était venu la voir pour demander conseil.

Lorsque la montre d'Hizashi le précisa, le duo retrouva leur camarade à leur point de rendez-vous derrière le bâtiment, dans une cour réservée aux bennes à ordure, où suffisamment de place permettait aux camions de ramassage de se garer. Assis contre le mur du bâtiment, au sec, le jeune Aizawa attendait. Hizashi prit quelques respirations lourdes avant de visser son nouveau casque à bruit blanc sur les oreilles. Espérons qu'il n'ait pas besoin de l'activer, cela signifierait qu'un professeur allait les entendre et les punir sévèrement. Tsukushi Sutikkunori, elle, s'attacha les cheveux et retira son blouson à l'effigie de Yuei, en miroir avec son prochain adversaire, les laissant tous deux en chemise blanche. Il en profita pour dénouer sa cravate afin d'être plus à l'aise.

« J'imagine que vous pouvez y aller. Mais par pitié, faites en sorte qu'un prof ne vous entende pas.

- Relax Shō-chan, on gère !

- 'Shō-chan' ? Comme c'est adorable, ironisa la brunette en fronçant du nez, ce qui énerva le blond. »

La jeune fille bondit en avant, prête à porter un premier coup qu'il évita aisément, un peu trop, peut-être. Il lui envoya un coup de pied dans le bas du dos pour la faire tomber, mais il ne lui aura fallu qu'une roue avant pour se remettre sur les deux pieds. Yamada siffla, impressionné, mais l'attention biaisé, il ne fit pas immédiatement attention à la seconde tentative d'attaque de sa vieille camarade de classe. Il décida de prendre le dessus et activa son alter pour la repousser contre le mur, peut-être un peu trop près de son meilleur ami qui eut un sursaut. Elle se releva en grimaçant, frustrée de ne pas avoir son costume ou bien ses accessoires pour optimiser ses capacités offensives, et décida de foncer tête baissée, la paume enduite de colle liquide. Elle attrapa les avant-bras de son adversaire et, serrant fort, tourna sur elle-même pour l'envoyer contre le mur de tout à l'heure. Légèrement assommé, il réussit malgré tout à s'en éloigner, après avoir tiré de toutes ses forces sur ses bras pour les décoller du mur. Il se frotta la chair en fronçant des sourcils et soudainement, il déchaina son alter, malheureusement, sans ses haut-parleurs directionnels, son attaque s'évapora un peu partout autour de lui et força même son meilleur ami à se boucher les oreilles. Les bennes à ordure tombèrent à la renverse, et son adversaire fut projetée quelques mètres plus loin. Il se tut et prit de profondes inspirations pour recouvrer son souffle, et fut ravi d'avoir eu les oreilles épargnées grâce à cet objet que lui avait fabriqué l'élève de la filière assistance. Un sourire fier s'ajusta sur son visage, tandis qu'il s'approchait de la fille pour lui tendre la main. Elle comprit alors qu'elle avait perdu. À moitié allongée, elle fixa cette main amicale avec épouvante et la chassa subitement.

« Non ! Ce n'est pas juste ! Pourquoi es-tu meilleur que moi dans tous les domaines ?! Pourquoi est-ce qu'il faut toujours que tu te fasses remarquer ?! Je te déteste !

- Wha' ?? Mais je ne t'ai jamais rien fait, tu me détestes sans aucune raison !

- Bien sûr que j'ai des raisons, tu ne peux juste pas comprendre ! Toute mon enfance je devais faire attention avec les autres pour devenir leur amie et qu'on ne se moque pas de mon alter, et toi, tu déménages pour entrer dans la même école que moi et tu t'es fait plus d'amis en une semaine que moi en deux ans ! Et pourtant tu n'es rien d'autre qu'un gamin bruyant avec un alter puissant et un optimisme insouciant ! T-tu as de meilleurs notes que moi alors que tu papotes pendant les cours ! Tu fais chier, Yamada ! Tu es le genre de personne qui fout une haine immense à ceux qui essayent vainement de réussir !

- Ça suffit, laisse-le en dehors de tes caprices, interrompit Shōta avec sévérité, les yeux rouges et le visage fermé. Tu as raison. Certaines personnes doivent travailler plus que d'autres pour réussir, et je suis le premier à le dire. Mais c'est comme ça. Le monde est inégal, les gens n'en ont que pour leur pomme et les plus faibles doivent doubler d'effort. Mais c'est ce qui fait notre force. Parce que nous, on a eu cette volonté de réussir. Et Hizashi est loin d'être aussi fort que tu le penses, mais il a des capacités que tu n'auras sans doute jamais. Et c'est en le rabaissant comme tu le fais qui le pousse à devenir plus robuste, pendant que toi, et bien, tu stagnes à ton titre de pleurnicheuse sans valeur. »

Il fit un pas en arrière et enfouie les mains dans les poches de sa tenue de lycéen.

« Sinon pour info, j'ai relevé les points à améliorer pour le prochain examen. Il faut que tu entraînes ta coordination et ta technique défensive, si tu en as une. »

Il fit face à son meilleur ami. Sa colère n'était pas retombée.

« Par contre ton alter peut être utilisé différemment. Il pourrait être un bon piège pour immobiliser tes adversaires, avec un meilleur dosage de ta colle, personne ne pourra se libérer. »

Aizawa attrapa le poignet d'Hizashi et montra durement à la jeune fille la peau abîmée des avant-bras de leur camarade commun aux yeux verts.

« À quoi cela te sert de l'envoyer contre un mur s'il peut se dégager tout de suite après et renvoyer une attaque ? Travaille sur ça aussi.

- Wow, Shō-chan tu m'épates, souffla le blond en récupérant son bras.

- Et toi aussi, Hizashi, travaille ta technique défensive. C'est pathétique de se laisser avoir par des attaques pareilles. Bon. On y va, avant qu'il ne recommence à pleuvoir. Et je n'aimerais pas tomber nez-à-nez avec un prof.

- Yeah, you're right ! Oh, Sutikkunori-san... dit-il en se retournant vers la jeune fille qui se relevait péniblement.

- Quoi...

- Heh, sans rancune ? »

Elle le dévisagea avec dédain, avant de détourner le regard.

« Merci pour l'entraînement... marmonna-t-elle avec dégout, frustrée de s'être ainsi laissée emporter. »

[...]

Après avoir traversé l'enceinte scolaire, le duo s'engagea dans la rue, en direction du métro.

« C'était intense, fit remarquer l'aîné en s'étirant, quoiqu'un peu soulagé d'en avoir terminé avec elle.

- Hm, fit-il en sentant sa propre colère retomber. Comment vont tes bras, Hizashi ?

- En vrai ça va ! Un peu de pommade et on aura déjà oublié cette histoire ! Ni vu, ni connu ! »

Il perçut un sourire d'Aizawa, et ne put s'empêcher de l'interroger.

« Qu'est-ce qui t'amuse ?

- Rien. Je suis juste content qu'on soit tous les deux en vie. Ce qu'on a fait était illégal. C'est la dernière fois qu'on enfreint le règlement de l'école, comprit ?

- C'est toi qui me dis ça ?

- Je ne plaisante pas. Sécher pour papoter en cachette, c'est tolérable on peut dire, mais utiliser nos alters dans l'enceinte scolaire, en dehors des horaires de cours, pour des raisons plus personnelles que professionnelles, c'est déjà plus gros comme connerie.

- Alors en fait... Tu te fiches du règlement seulement quand ça t'arrange ?

- Seulement si je le juge sans importance. Dormir en cours est sans importance. Risquer de blesser un camarade en se battant sans surveillance dans une zone interdite n'est pas sans conséquence. Il y a des principes à respecter.

- Ooooh, I see ! »

Le vent se mit soudainement à souffler, forçant les deux jeunes gens à se protéger le visage contre la poussière et le froid.

« Wow ! T'as vu ce vent ? On devrait s'grouiller pour ne pas se laisser tremper par l'orage ! Shō-chan ? Shō ! Qu'est-ce que tu fais, avance ! Il va repleuvoir !

- Je ne vois rien Hizashi, ça me brûle... ! »

Il s'approcha du noiraud. Celui-ci avait les yeux fermés et les frottait du bout des doigts. Immédiatement, le plus grand serra ses poignets et les éloigna de son visage.

« Tu ne dois pas toucher, Recovery Girl a été très stricte ! Tiens, prends mes lunettes, on va trouver un abri. »

Imposant la paire triangulaire sur le nez d'Aizawa, il l'entraîna sans accepter aucune résistance jusqu'à un petit fleuriste où le vent ne pouvait plus les agresser. Essoufflés, les deux garçons regardèrent autour d'eux avant d'entendre un premier coup de tonnerre. La pluie tomba d'un coup, sous le regard ennuyé de la vendeuse qui jeta un vague regard à la vitrine, puis aux deux adolescents qui venaient de faire leur apparition dans sa boutique.

« Bonjour les enfants. Quel temps, n'est-ce pas ?

- B-bonjour madame !

- Bonjour...

- Ça ne vous dérange pas si on s'abrite un petit moment ici le temps que l'orage se calme ? demanda Yamada en serrant le manche du parapluie qu'il n'avait pas pu ouvrir à cause de la tempête.

- Non, bien sûr que non, cela ne me dérange pas. Restez autant que nécessaire, ce serait fâcheux de tomber malade pour si peu. »

Sur ce, la fleuriste disparut à l'arrière-boutique pour faire des trucs de fleuriste. Hizashi profita de son absence pour se tourner vers son meilleur ami, à qui ses lunettes n'allaient pas du tout.

« Tu arrives à voir sans ?

- Plutôt, mais mes yeux fatiguent vite quand je ne les porte pas pendant un certain temps, expliqua brièvement celui à l'alter vocal en passant sa main dans ses cheveux blonds dégoulinants. Je suis juste astigmate, it's fine, je vois bien de très près. Et toi comment ça va ?

- J'ai eu les yeux affreusement secs toute la journée, et quand je pensais que ça allait mieux, c'est reparti.

- Je vais appeler mon père pour qu'il vienne nous chercher.

- Ne le dérange pas, on va...

- On ne va rien faire du tout ! Je l'appelle, full stop. »

Il attrapa son téléphone portable sous l'indifférence de Shōta. Il n'avait pas encore la volonté de le contredire. Alors, le laissant échanger avec son parent, il retira les lunettes de vue de son camarade et essaya de bailler plusieurs fois d'affilée pour faire monter ses larmes et ainsi hydrater ses yeux. Il en voulait vraiment à son titulaire, mais d'un autre côté, sans cet exercice, il ne pourrait jamais améliorer l'utilisation de ce maudit alter qu'était le sien.

« Ok, mon père arrive dans quinze minutes. Du coup on ne bouge pas d'ici.

- D'accord.

- Je peux récupérer mes lunettes please ?

- Non, tu as l'air stupide avec. »

Il plongea dans le regard profondément vert de son ami.

« Ce n'est pas gentil de me dire ça, j'adore ces lunettes.

- Tu m'adores aussi, c'est pour ça que tu vas m'écouter.

- Arrête tes caprices et rends-les-moi.

- Jamais.

- Mais ce que t'es énervant !

- Je sais. Et toi tu es stupide. Rappelle-moi pourquoi je dois avoir une once de sympathie envers toi ?

- Parce que je suis génial, fantastique même, beau et talentueux ~ !!

- ... Ah oui, c'est vrai. »

Il évita soigneusement le large sourire du luron à côté de lui. Heureusement, le père Yamada ne tarda pas pour arriver. Après les salutations habituelles, les deux jeunes étudiants se laissèrent tomber sur la banquette arrière. Le chauffeur les félicita pour avoir eu le réflexe d'appeler plutôt que de marcher sous la tempête, tout en leur posant des questions sur leur journée. Aizawa n'écoutant qu'à moitié, préféra laisser vagabonder son attention sur les rues animées de vent et de pluie, les arbres penchants et les volets claquants, et il sursauta lorsque la main de son voisin d'assise se posa sur son épaule.

« Hé, Shō-chan, tu nous écoutes ?

- ... Non, désolé. Qu'est-ce que j'aurais dû entendre ?

- Je te demandais si ça te dérangeait qu'on passe vite à mon bureau avant, j'ai oublié mon ordinateur.

- Non, c'est ok, ça ne me dérange pas.

- Perfect ! »

Il comprit alors que la voiture avait pris la direction opposée de sa maison dès le début. Il avait vraiment mal aux yeux et à la tête.

Délaissés à l'arrière de l'automobile, le duo attendait patiemment le retour de Tōya Yamada. Le traducteur travaillait pour une agence depuis plusieurs années maintenant, raison principale pour laquelle ils avaient déménagés de Tokyo pour Musutafu. Shōta ne manqua pas d'admirer le bâtiment avec un certain mépris. Trop grand. Trop visible. Il se renfonça dans son siège et se frotta les yeux d'une main hasardeuse, mais son meilleur ami lui attrapa une nouvelle fois le poignet, et sans un mot, entrelaça leurs doigts entre eux deux. Le noiraud rosit légèrement des pommettes mais accepta toutefois l'étreinte. Il laissa tomber la tête sur l'épaule de son meilleur ami, cherchant un peu de réconfort auprès de lui, auprès de son meilleur ami, ce confident qui le rendait silencieusement heureux. Il aimerait que cet instant dure pour l'éternité, mais hélas, ce n'était pas une demande rationnelle qu'il faisait là à l'univers. Car tout avait une fin. Même ces moments de bonheurs s'arrêteront brusquement un jour ou l'autre... Il craignait simplement de savoir quand est-ce que cet univers allait leur retomber dessus.

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Yo, enfin une NDA ! (Aussi, quand j'ai rien à dire, inutile d'en mettre une quoi x3)
Donc, je me posais une question... Quand les chapitres font entre 5000 et 6000 mots (comme celui-ci), vous arrivez à suivre ou vous préférez que je segmente en deux parties ? J'ai conscience que j'ai tendance à écrire de plus longs chapitres que la moyenne, mais ce serait dommage de perdre des lecteurs en cours de route parce que j'écris trop :') Bref, dites-moi ce qui vous convient le mieux, et je me débrouille pour m'améliorer ! (Ps : dans le cas où la majorité votera pour diviser les trop longs chapitres en deux, les parties seront publiées sur deux jours (vendredi je pense)).

Si ma façon actuelle vous convient, je ne modifierai rien, bien évidemment !

À jeudi prochain ~

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