𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 ₇
➠ ❛Les trois règles❜
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Hizashi se réveilla en premier. Un rapide regard vers sa montre posée sur la table de chevet lui indiqua une heure pas vraiment réjouissante. Trop tôt... Beaucoup trop tôt. Il se retourna pour essayer de se rendormir, mais le couinement de son matelas l'agaçait quoiqu'un peu. Il chercha d'une main hasardeuse son casque sous la couverture pour le revêtir, avant de comprendre qu'il était tout simplement tombé du lit. Il souffla du nez, agacé, et se força de se lever pour le ramasser. La musique avait été coupée automatiquement après que la playlist eut fini de jouer ses morceaux, il en profita donc pour le brancher dans l'espoir d'avoir de la batterie pour la journée. Là, il était à onze pourcents.
Cinq heures du matin.
Il faisait extrêmement sombre dans la chambre, si bien que même l'éclat de la Lune n'osait s'y aventurer par peur de réveiller un esprit de sous son lit. La seule chose qui lui permettait de se déplacer fut l'éphémère pouvoir de nyctalope qu'il avait acquis après que ses yeux se soient habitués aux ténèbres. L'air, en revanche, se révélait plutôt frisquet, mais pas assez pour considérer cela comme froid. Un regard par la fenêtre lui arracha un bâillement de fatigue regrettable. La mer, si calme, s'allongeait sur la plage avec la flegme qu'il connaissait mieux chez son ami. D'ailleurs, dormait-il encore ? Il tourna la tête vers le sac de couchage pour s'assurer qu'il y était toujours. Son visage, seule partie du corps visible, semblait impassible mais sa sérénité ne le rendait que plus doux. Il n'allait pas le réveiller, ce serait un crime de mettre un terme à ses petits ronflements discrets. Éloignant cette lubie qui aurait pu lui permettre d'avoir un peu de compagnie, il prit la décision finale de quitter la chambre un temps pour se chercher un verre d'eau.
La maison de ses grands-parents étaient trop calme. Il repensa à sa petite enfance, lorsqu'il criait en sautillant partout et à l'unisson avec son parent masculin, de qui il avait hérité l'alter. Sa maman a toujours eut une tendance paisible et patiente, tout le contraire de son mari, moins posé et plus apte à agir sur le coup. Ouais, Hizashi était bien le fils de son père...
Il but cul-sec son verre d'eau et le déposa au fond de l'évier. Un bruissement de parquet le fit sursauter et un couinement de terreur lui échappa. Se retenant de justesse au plan de la cuisine pour ne pas tomber sous son mouvement, il se retourna et fit face à Shōta, les paupières encore collées, épaulé contre l'encadrement de la porte.
« 'Peux avoi'un verre d'eau, mo'aussi... ? »
[...]
Installés tous les deux sur la balancelle, dans le jardin, ils pouvaient voir le soleil pointer le bout de son nez au loin, faisant ressortir les lointains gratte-ciels de la ville à plusieurs kilomètres de leur position. Le duo avait une vue imprenable sur l'aube, n'écoutant que d'une oreille inattentive les houles de la mer dans leur dos. Le plus grand avait un pied sous lui, invitant quelques fois à avoir de désagréable fourmis dans la jambe qu'il chassait presque instantanément, et l'autre était posé sur la pelouse et faisait mouvoir doucement la balancelle d'avant-arrière. Son ami, les bras croisés, les jambes ramenés contre son torse en une position semi-allongée sur le côté, montrait une somnolence récupérative, bercé par les doux mouvements de va-et-vient que créait Hizashi, les bras derrière la tête et scrutant le paysage sans aucune signe de fatigue. Le plaid qu'ils se partageaient n'était là que l'unique source de chaleur jusqu'à ce qu'un premier rayon diurne ne vienne cajoler les orteils mis à nus de celui aux yeux trop verts. La rosée qui s'était délicatement posée sur sa chaire s'évapora un tout petit peu à ce contact éblouissant. Yamada s'étira et posa le second pied dans l'herbe, ce qui tira légèrement la petite couverture contre lui sans qu'il ne le veuille. À ce moment-là, Shōta ouvrit un œil, et baillant à s'en décrocher la mâchoire, chercha le bout de tissus qui avait glissé jusqu'au niveau de son coude.
« Hm... 'L'est qué'heure... ? marmonna-t-il encore à moitié endormi, sans réussir à retrouver l'objet de ses désirs.
- Il doit être six heures, ou un peu moins. Tu as bien dormi ? »
Aizawa se redressa en grommelant et en se frottant les yeux. Ses joues et le contours de ses paupières furent rouges juste après, mais il n'y prit pas garde, préférant s'étirer de tout son long, avant de se recroqueviller sur lui-même, blottissant son corps contre les coussins de la balancelle.
« Hm hm...
- Il fait bon, fit ensuite remarquer Hizashi en souriant, le regard tourné vers le ciel orangé dégradé d'azure.
- Hm...
- Tu veux rentrer ou on reste là encore un peu ?
- Qu'importe...
- Y'a encore personne debout, on sera tout seul.
- Peut-être dormir encore un peu...
- Comme tu veux, on est en vacances, profite. »
Shōta hocha vaguement la tête, les yeux déjà refermés, avant de la reposer sur le coussin. Il remonta le plaid jusqu'au-menton, les jambes légèrement plus étendues, juste assez pour ne pas toucher Hizashi avec ses pieds froids. Celui-ci attendit que l'astre de lumière soit entièrement visible pour glisser discrètement de la balancelle, faisant intimement attention à ne pas attirer la couverture avec lui, afin de chercher son téléphone chargé et son walkman. S'il devait rester dehors sans pouvoir se rendormir, autant s'occuper.
« Champagne and the discotheque... I was feeling king of alone 'till I heard that track... » Son claironnement n'atteignait que la barrière de ses fines lèvres, tandis qu'il recommençait à faire balancer leurs sièges, le regard vaguement fourvoyé au loin sur le Soleil levant...
[...]
La seconde fois où Aizawa ouvrit les yeux, il devait être huit heures passées et son estomac criait famine. Il se mit assis et constata qu'il était tout seul sur la balancelle. Un peu égaré à cause de son trop récent réveil, il ne remarqua pas tout de suite la porte s'ouvrir à côté de lui. Se hissant pour voir qui était à l'origine de ce bruit, il aperçut la maman Yamada qui touillait machinalement une tasse dans la main qui ne tenait pas la cuillère. Elle lui sourit patiemment, et il détourna la tête en rosissant, certainement peu habitué à cette marque d'affection pourtant infime. Il sentit alors un poids faire tanguer légèrement le siège à double places. Il eut un petit air surpris qui éclairait ses yeux lorsqu'il comprit que le chocolat chaud était en réalité pour lui. Il la remercia d'une petite voix avant d'en prendre une gorgée, appréciant les yeux semi-clos la chaleur sucrée qui coulait le long de sa gorge, et dont la maigre amertume lui procurait une sensation de plaisir discret.
« Hiza m'a prévenu que tu étais dehors. Il est déjà parti prendre sa douche, si tu voulais savoir où il était. »
Shōta hocha vaguement la tête à la saisie de l'information. Lui aussi aimerait prendre une douche, en y pensant. Et il aimerait aussi avoir un chocolat chaud tous les matins. Et des parents qui ne se disputaient pas. Et un père qui acceptait son choix de vie. Et une maison au bord de mer. Et une balancelle dans son jardin. Pourquoi sa famille n'en achetait pas un ? C'était injuste. La vie était injuste.
« Salut maman, salut Shōta, s'exclama gaiement Hizashi depuis le perron, deux bols de céréales dans les mains et les cheveux dégoulinants sur son tee-shirt jaune.
- Je vais vous laisser, souffla l'adulte en se levant et en embrassant son fils sur le front avant de disparaître dans la maison.
- ... Salut Hizashi.
- Sup man.
- ... »
Le blond se laissa tomber sur la place libre à côté d'Aizawa. Ce dernier, sans doute pas assez réveillé pour saisir ces mots, le lorgna avec un sourcil arqué.
« Tu sais, ça veut dire... 'Dis-moi un peu ce qu'il se passe', tu sais, dans ce genre-là.
- Pourquoi ne pas le dire en entier alors ? interrogea le noiraud en callant son bol de céréale entre les cuisses afin de pouvoir finir tranquillement sa boisson.
- C'est plus court et plus stylé, c'est tout ! Donc, sup, insista-t-il en enfournant une première cuillerée dans sa bouche.
- ... Rien de spécial. Je me suis réveillée, ta mère est venue. Tu crois que je peux prendre une douche ?
- Haha bah bien sûr, fais comme chez toi ! »
Pour une fois que ce n'était pas Hizashi qui changeait de sujet de conversation... À croire qu'il avait une influence sur son cadet.
[...]
Le programme de l'après-midi n'enchanta pas Shōta le moins du monde. Car en effet, le grand-père avait proposé de promener les deux chiens une petite heure ou deux pour prendre l'air, autant pour les deux bêtes que pour les garçons. Anzu était un petit épagneul japonais, très facile à prendre dans les bras ou ne serait-ce qu'attirer son attention. Oki, en revanche, était un magnifique shiba inu. Bien que très silencieux, il avait cette fâcheuse tendance de fourrer le museau partout et courir à tout va.
Hizashi tenait en laisse le plus gros et attendait que son ami comprenne comment débloquer le manche de la laisse qu'il devait tenir. Il ne promenait pas souvent les chiens, visiblement.
Une fois parés, les deux amis s'aventurèrent le long de la petite route sans circulation d'où ils pouvaient voir l'étendue aquatique sur leur côté. Oki tirait sur sa laisse pour se hasarder un peu partout comme si c'était la première fois qu'il empruntait ce chemin, tandis que son petit camarade le suivait non sans peine. Shōta veillait à ne pas lâcher la laisse de la seule main qu'il n'avait pas rangée dans la poche de son jogging. Ses yeux suivaient inlassablement son ami qui devait presser le pas pour suivre la cadence du shiba, et lorsque celui-ci voulut ralentir la rythme pour attendre son cadet, l'animal fit un demi-tour inattendu, comme s'il cherchait Anzu pour l'intimer de courir un peu, lui aussi. Aizawa laissa la corde se tracter alors que le plus petit sautillait en aboyant, et Hizashi, ne s'attendant certainement pas à un nouveau demi-tour du canidé en sens inverse, se retrouva avec les jambes paralysées, ensaucissonnées. Il ordonna à Oki de se calmer afin qu'il puisse se libérer, mais il perdit rapidement l'équilibre et tomba sur les fesses. Shōta s'approcha de lui, pas du tout inquiet mais par pure complicité.
« Ça va ?
- Bien sûr que ça va ! It's fine ! Juste... Oki !! Oki aux pieds !! »
Le shiba revint en baissant la tête et la laisse fut suffisamment détendue pour permettre au petit-fils de ses maîtres toute l'aisance nécessaire pour se remettre convenablement debout. Il s'épousseta les vêtements, et se tourna incognito vers son camarade.
« Ça te dirait une glace ? »
La proposition de son ami arracha un sourire à Aizawa.
Quelques minutes plus tard, les laisses déposées dans le sable pour que les deux animaux puissent courir à leurs guises près de l'eau, les deux garçons se retrouvèrent assis dans l'herbe sauvage pour ne pas se salir avec les gravillons dorés. Mangeant leurs friandises glacées avec bon cœur, Hizashi ne pouvait détourner le regard des deux chiens qui s'amusaient à faire des aller-retours dans l'eau. Il nota qu'ils devront faire attention pour le trajet du retour à ce que Oki ou même Anzu ne les mouillent pas. Il ne remarqua pas tout de suite que son ami le dévisageait, et lorsque leurs regards se croisèrent, un sourire étira les lèvres de l'aîné.
« Je suis content de passer mes vacances avec toi !
- ... Moi aussi. »
Et il était sincère. Cependant, quelque chose le tracassait...
« Je voulais savoir, pourquoi tu n'as pas invité un autre de tes amis ? »
Hizashi plongea à nouveau ses yeux trop verts dans le regard de son vis-à-vis.
« Parce que c'est toi que j'ai voulu inviter, LOL !
- Mais... Il y a bien une raison, non ? C'est parce qu'on traîne toujours ensemble et tu n'as plus le temps d'être avec les autres ? s'enquit Shōta qui, décidemment, n'arrivait pas à comprendre pourquoi lui et pas un autre.
- Une raison ? »
Le blond croqua dans le cornet et mâcha sa bouchée de biscuit, pensif.
« C'est pas que je n'ai plus le temps de traîner avec les autres, c'est que je veux traîner avec toi. On s'entend bien, tu penses pas comme moi ?
- Si ! Si, c'est juste que... La première personne qui m'avait accordé autant d'importance m'a oublié... Et la dernière m'a snobbé. Laisser tomber quelqu'un est très facile... »
Il haussa des épaules, les yeux posés sur sa glace.
« J'ai arrêté de m'attacher aux gens.
- Je ne vais pas te laisser tomber, moi !! »
Il tourna la tête vers Yamada qui s'était peut-être un peu trop précipité. Celui-ci répéta ses dires avec assurance, mais plus doucement.
« Je ne vais pas déménager, ou alors je reviendrais à dix-huit ans. Je ne vais pas t'oublier, parce que je me suis promis de toujours me rappeler de ce que tu aimes. Tu es important pour moi.
- Tu fais vraiment une liste des choses que j'aime ?
- Yes ! Ne trouve pas ça bizarre, c'est juste que... Je sais pas ! Je t'aime bien, t'es sympa et tu as ce petit quelque chose qui fait que... bah que t'es Shōta, quoi. Si je ne m'inquiète pas pour toi, qui le fera ? »
Hizashi se souvint des mots qu'avait employés Nao :
'Il est un peu froid mais ne te laisse pas influencer par son sale caractère. Il est... simplement... Bah c'est Aizawa, quoi.'
Aizawa pencha doucement la tête sur le côté tout en mordant dans sa crème glacée sans grimacer de froid. Il ne savait même pas quoi dire en réponse, et son silence invita son ami à poursuivre.
« T'es la première personne avec qui je suis aussi proche dès le début de notre rencontre. Même mon dernier meilleur ami ne t'arrive pas à la cheville ! Bon lui, aussi, il m'a lâché pour un autre type, mais tu vois où je veux en venir !
- Non, pas trop. »
Le noiraud eut un rire moqueur, ce qui fit râler le blond.
« Mais suis un peu la conversation, man !
- Je la suis, c'est toi qui ne sais pas t'exprimer. »
Il souffla du nez et lui envoyer un coup de poing dans le bras.
« Tu as cassé l'ambiance !! »
Pour se venger, Shōta le gifla et ses lunettes tombèrent dans le sable.
« C'est toi qui ne sais pas t'exprimer ! »
La main posée sur sa joue, il maintient un échange visuel avec son voisin et bien vite, il éclata de rire.
« D'accord. Ne pas chercher Shōta, règle numéro trois !
- ... C'est quoi les règles numéro une des deux ? lui demanda-t-il en lui tendant la monture triangulaire, comme s'ils avaient tous les deux déjà oublié leur petite controverse.
- La seconde règle est : quand Shōta voit un chat, il ne faut pas le déranger, dit-il en réajustant ses branches. »
Aizawa hocha doucement la tête.
« Elle me plait. Et la première ?
- Personne ne touche à un seul cheveux de Shōta, sinon je lui burst les tympans ! récita-t-il avec fierté.
Le plus jeune rougit mais lorsqu'il détourna le regard, ce ne fut que pour cacher son sourire, comme s'il était plus avilissant d'être ravi que d'avoir honte de cette affirmation. Et sa voix, craintive, se fit beaucoup plus légère.
« J'aime bien aussi cette règle. »
Il dit plus fort.
« Désolé pour la gifle.
- Désolé de ne pas savoir m'exprimer. Mais tout ça pour dire, t'es le meilleur gars sur lequel j'aurais pu tomber à Yuei !
- ... Pareil pour moi. »
Hizashi lui montra son poing, mais au lieu de le frapper, il attendit. Quoi exactement ? Le noiraud ne comprit pas immédiatement, jusqu'à ce qu'on ne lui explique.
« Il faut que tu fasses pareil avec ta main et boom ! Ça fait un check ! »
Shōta serra son poing, le regarda perplexe, et le cogna doucement contre celui de son interlocuteur.
« Boom ! s'écria le blond en riant. Tu vois, c'est easy ! »
[...]
Hizashi chantait dans la chambre, la télécommande dans la main et la musique à fond dans les enceintes de la télévision. Shōta, le walkman de son ami sur la tête et entortillé dans le plaid, se laissa égarer sur internet, ignorant au possible le bouquant que générait son ami à côté de lui. Il aurait bien voulu que quelqu'un vienne le mettre en sourdine, mais les parents et les grands-parents maternelles venaient de partir au restaurant pour le repas du soir, laissant tout seul les deux plus jeunes qui avaient gentiment décliné la proposition. Le plus grand des deux venaient de commander une pizza jusqu'à ce que cette lubie mélodique de le prenne à la gorge et ne le pousse à chanter du rock.
Son karaoké terminé et le cœur battant à tout rompre, il éteignit l'objet technologique et se laissa lourdement tomber sur son lit, où le noiraud demeurait allongé, pour s'intéresser un peu à ce qu'il faisait. Il baissa le casque des oreilles d'Aizawa pour lui parler, et celui-ci n'afficha qu'un air peur ravi.
« Hé Shōta ?! Qu'est-ce que tu fais ??
- ... Rien, marmonna-t-il le menton sous le plaid, faisant lentement défiler des clichés de chats sur google image.
- ... Je vois ça.
- ...
- Tu veux dessiner avec moi ?
- Hm.
- Aller ! Je veux améliorer mon costume de super-héros, peut-être que ça ne te ferait pas de mal d'avoir quelque chose de plus... original ?
- ... Hm.
- YEAAAAH !! »
Ni une ni deux, les voilà tout deux assis à même le sol pour redessiner leur costume. Les crayons de couleurs roulaient sur le sol à répétition, si bien que quelques fois ils devaient les repêcher sous le lit.
« Tu sais ce qu'il me faudrait ? Des épaulettes. Oh oui, cloutés ici, et là, ça serait tellement bien ! Sur ce veston, avec une ceinture trop stylée et des accessoires ! Et des maxi shoes ! Yeah, like that ! J'ai fini ! Regarde mon chef d'œuvres !! It's incredibly cool yeah yeah yeah ! »
Aizawa observa le dessin de son ami, sans vraiment de réaction, pendant que son interlocuteur dévisageait le sien en fronçant des sourcils.
« Tu as redessiné ton costume !
- Pas du tout.
- T'as noirci la feuille à quarante pourcents, Shōta.
- J'ai rajouté des manches un peu plus longues et une fermeture éclaire. J'aurais certainement un truc dessous.
- Ajoute une ceinture au moins ! ... Mais non ne prends pas le crayon noir !!
- Arrête de crier dans mes oreilles !
- Arrête de me dire ce que je dois faire !!
- Arrête d'être trop bruyant !
- Arrête d'être trop silencieux !! »
Le noiraud ne savait que dire de plus, mais ses sourcils froncés démontraient clairement son irritation, et à cet instant, la sonnette retentit.
« Pizzaaaaaa !! »
Hizashi disparut de la pièce à grandes enjambées, laissant en plan totale son ami avec les fournitures artistiques. Le noiraud dévisagea le brouillon de son costume amélioré, sceptique, avant de dessiner en gris une ceinture autour de la taille. Il lorgna le résultat quelques secondes, peu convaincu, jusqu'à ce que la voix puissante de son ami ne le pousse à quitter la chambre pour manger. Sans prendre la peine de ranger les feuilles et les crayons de couleur, il le rejoignit tranquillement.
« Pizza !! Pizza PIzaa PIZZAAA- bon appétit ! »
Yamada s'avachit sur le canapé et se pencha suffisamment en avant pour pouvoir ouvrir la boîte en carton, avant de couper l'objet de ses désirs maladroitement en quartier. Son ami prit place juste à côté de lui, et s'empara d'une part malformée qu'il enroula en semblant de calzonne avant de le fourrer dans sa bouche.
Le film qui accompagnait leur repas était d'un ennui mortel, mais les deux amis se forçaient de le regarder jusqu'au bout afin d'en connaître le dénouement. Une fois débarrassés de ce navet des temps modernes, l'un contre l'autre, ils cherchaient une chaîne intéressante avant d'opter pour un dessin animé de leur époque. Le froid nocturne se faufilait à la surface du parquet comme un souffle spectrale, si bien qu'ils durent partager le plaid pour se tenir chaud. Shōta trouvait décevant qu'il fasse aussi frisquet la nuit dans cette région de bord de mer, cette Camargue japonaise, mais supposément agréable d'avoir une source de chaleur humaine contre lui pour y remédier. Les chiens dormaient dehors, il pouvait donc profiter du calme, d'autant plus que son ami semblait être arrivé à un moment de la journée où son énergie se faisait moindre. Il garda sa tête sur l'épaule du plus âgé, les bras croisés devant lui. Il était assis bien trop confortablement pour que cela soit légal. Papillonnant péniblement des yeux, son coussin vivant luttait pour ne pas détourner l'attention de l'écran, de cette série qu'ils visionnaient, changeant quelques fois le son de la télévision en espérant que cela l'empêcherait de tomber de sommeil. Sauf que le plus jeune le remarqua, et lui arracha la télécommande des mains pour régler la tonalité sur vingt-trois.
« Pas un chiff' impaire... ! Ça va pas la tête ? ... Démon, rends-moi ça...
- Tu es fatigué, on va dormir.
- Mais 'veux pas do'mir... »
Il souffla du nez et se glissa hors du plaid, ne grimaçant que très peu au contact transissant du parquet en-dessous de lui. Il jeta la couverture par terre pour forcer le blond de se lever.
« Aller, viens. »
Hizashi soupira et se dégagea difficilement de sa confortable position. Ils éteignirent la télévision, déposèrent le carton de pizza à l'entrée, et se battirent contre la tentation de Morphée pour ne serait-ce que faire leur toilette. Une fois dans la chambre, Yamada se glissa rapidement sous son duvet pendant que l'autre poussait les crayons contre le mur avec le pieds avant de se faufiler dans son sac de couchage.
« Bonn'nuit...
- Bonne nuit Hizashi. »
Et cette fois-ci, ce fut l'adolescent à l'alter vocal qui s'endormit le premier, et rapidement, pour couronner le tout. Veiller jusqu'à minuit passé ne les réussissait définitivement pas. Shōta ferma les yeux à son tour, et se laissa doucement disparaître dans le pays des songes, bercé par les affreux bruits de ressorts du matelas de son ami...
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✷ · ˚ * . * * ⋆ . · ⋆ ˚ ˚ ✦
Je vous avoue ne pas savoir pourquoi j'ai écrit autant de lignes pour expliquer que le matin se levait x) Un peu de calme avant la tempête comme on dit... ;) *clin d'œil clin d'œil*
Et vous avez vu ? Nous venons d'atteindre les 1k vues ! C'est un truc de dingue, c'est monté super vite en deux mois de publication :3
Et comme nous connaissons tous la chanson à présent, laissez-moi simplement vous souhaiter une bonne journée/nuit et à jeudi prochain ! ^^
Ламы это круто* 🦙
Les lamas c'est cool ~
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