➠ ❛Brin de confiance❜

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« Je ne compte pas apparaître dans les médias, alors je m'en fiche de quel nom de code je porterai. »

Shōta dévisagea son banc avec harassement, peu inquiet par le cours d'aujourd'hui. Son ami, bien que surpris de cette nonchalance, eut un énorme sourire et se leva avec l'énergie d'une batterie surchargée. Il avait une idée splendide, et n'hésita pas pour le pointer en finger gun.

« All RIGHT ! Alors... Tu seras Eraser Head !!

- ... Ça me va. »

La tête blonde fut ravie que son idée super ingénieuse soit prise avec autant d'entrain... Il se rassit avec fierté et attira l'attention de leur Sensei, affirmant que son voisin ici présent était prêt à proposer un nom. Shōta Aizawa fut amené à venir devant la classe, sans trop d'intérêt vue sa démarche, et présenta le petit tableau noir où il avait inscrit blanc sur noir son hypothétique futur nom de super-héros. L'une des deux enseignants, une petite femme aux joues rebondies habillée de vert et de blanc, hocha la tête suivie d'un sourire en coin. Leur principal lui donna son approbation par un haussement d'épaules désintéressé.

On comprenait mieux à présent pourquoi il a fallu deux adultes pour approuver les choix de leurs élèves. Deux points de vues rendaient plus objectif le jugement d'un seul.

« Tu t'es pas cassé la tête mais ça passe.

- OH SENSEI VOTRE JEU DE MOT !! Vous êtes a GENIUS !

- Silence, Yamada-san.

- Je trouve qu'il est très bien, complimenta sa collègue. C'est parfait, ce pseudonyme colle avec ton alter et est très terre-à-terre. Quelqu'un d'autre ? »

Hizashi se leva promptement et prit la place de son ami, coupant presque la parole à un garçon plus timide qui voulait s'imposer, mais qui fut soulagé de ne pas se montrer immédiatement devant ses camarades.

« MOI, ça fait un moment que j'avais cette idée ! »

Il griffonna avec énergie sur la petite pancarte, comme il ne l'avait pas fait avant, et la brandit au-dessus de sa tête. On aurait presque dit que des étoiles survolaient son espace vital tant il en était fier.

« PRESENT MIC !!

- Moins fort. La tonalité de ta voix ne change pas le nom.

- Present Mic !

- Ça veut vraiment dire quelque chose ? chuchota une voix volatile à son voisin. »

Il n'écouta que d'une oreille l'approbation de leurs enseignants, les yeux préférant se river sur Shōta, qui avait donné au préalable son avis sur ce pseudo pourtant si significatif. Nao fut d'ailleurs la prochaine à présenter son nom.

« J'hésite encore, mais je crois que Sounder me convient plutôt bien. »

L'attention qu'il devrait porter aux autres élèves passa à la trappe. Notons qu'un des élèves a dû changer deux fois de nom car personne n'était persuadé par ses idées.

Comme tout cela commençait à être long et que Yamada se désintéressait pour de bon, il s'amusait à crayonner dans son cahier de cours des petits croquis, et le tendre à la table de gauche pour que le noiraud puisse voir ses dessins. Shōta prit le calepin sur les genoux, sans trop cacher son désintérêt, et baissa doucement les yeux pour dévisager les gribouillis du présumé artiste.

« Aucun talent, ma parole. »

La remarque n'était pas cinglante, mais accompagné d'un sourire si discret que l'on n'aurait pas dit qu'il existait. Hizashi sembla pantois un court instant, puis sourit en retour, ravi d'avoir pu lui arracher un brin d'amusement si rare sur son visage. Sauf que cela voulait très certainement dire que s'il devait choisir un second métier, ce ne serait pas dessinateur... Tch. Il ne comprenait rien à l'art, celui-ci ! Qui dit qu'il n'avait pas de talent, à par lui ?

Cela faisait d'ailleurs un mois qu'ils se considéraient comme plus que de simples camarades de classe. Et contrairement à ce que le noiraud pourrait laisser penser avec ses airs de rien-n'avait-d'importance, il apprenait à tolérer la présence rayonnante de la pile électrique. Et ces dernières semaines, bien qu'ils apprenaient encore à se connaître, lui permettait au moins de ne pas manger tout seul, les midis. On n'arrivait néanmoins pas à savoir s'il était ravi d'être l'ami d'Hizashi. Peut-être que ce n'était que l'autoproclamation de ce dernier...

« Psst, hé, Aizawa-kun, je peux ravoir mon cahier ? J'ai des idées de dessins, là.

- C'est quoi ? lui demanda-t-il en le lui rendant discrètement, sans le regarder pour qu'ils ne se fassent pas prendre par un des deux adultes.

- Tu verras, fais-moi confiance ! »

Aizawa leva les yeux au ciel sans trop insister, bien que de la confiance, et bien, il n'en donnait pas tellement à priori. Puis vint l'heure fatidique de se déplacer jusqu'à la cafétéria. À peine la sonnerie éteinte, Hizashi avait délaissé son œuvre d'art présumé pour se lever promptement, les deux mains cognant la table avec la puissance d'un enfant affamé.

« Maintenant les guys, on s'grouille avant que la cafét' soit blindée ! »

Lui, ainsi que quelques autres de ses amis pour de pas dire le tiers de la première A, se ruèrent vers la sortie de la classe en vitesse grand V. Les plus patients ricanèrent et les suivirent plus calmement, sous l'air las des deux professeurs, malheureusement habitués à ce cinéma. Le noiraud demeurait avec son expression impassible, et se leva mollement de sa place.

Hizashi évita de justesse de percuter deux élèves au moins, en tête de son groupe, et se prit un coin de mur lors d'un virage mal placé. Explosant de rire, il accepta la main d'une des filles qui les accompagnait et ils poursuivirent leur course jusqu'à leur Olympe. Ils jurèrent car la file était déjà préexistante, mais cela ne les empêcha pas de se ruer vers la queue d'ores-et-déjà trop longue avec un plateau ramassé à la va-vite. Ce ne fut qu'une fois posé dans la file d'attente, le souffle frénétique et le cœur battant la chamade, que le jeune Yamada aperçut Shōta enfin s'engager dans la salle commune, les mains dans les poches, blasé, comme bien trop souvent. Il lui fit de grands gestes très peu discrets qui attirèrent les rires de ses camarades non loin de lui, et sans plus d'attente, l'interpelé le rejoignit sans trop de gêne.

« Tiens, lui dit-il en lui tendant le second plateau qu'il avait chapardé avant de lui laisser l'espace nécessaire pour entrer dans la rangée. Tu crois qu'il y a quoi aujourd'hui au menue ?

- Je m'en fiche tant que ça se mange.

- OI ! Regarde, on dirait bien qu'on a du poulet au curry en tête ! Et de la compote de pomme au dessert ! Je te filerai ma part, je crois que tu aimes ça ! »

L'interpelait suivit son regard mais, étant légèrement plus petit que son ami de quelques centimètres regrettables, il n'avait pas l'aisance adéquat pour percevoir ce qu'il se passait en première ligne. Il laissa alors son regard fatigué vagabonder sur le paysage qui les entourait, jurant intérieurement contre la voix trop forte d'Hizashi.

Sa remarque attira l'attention de son ami.

« Il faut croire que le poulet au curry a beaucoup de fans. »

Hizashi suivit son regard et grimaça de mécontentement.

« Je t'avais dit qu'on devait se dépêcher. Jeudi, c'est le meilleur jour !

- Tu aurais pu arriver encore plus tôt, vue comme tu es parti de la classe. Une vraie fusée.

- C'est l'effet papillon ! Si ça se trouve, tu te serais dépêché et on serait déjà installés avec notre dessert !

- Demain je prendrais un bento.

- GOOD IDEA ! J'en ferais un, moi aussi ! »

Shōta ne fit aucune autre remarque, bien que cette histoire d'effet papillon aurait pu être approfondie, et reposa ses pupilles sur le devant de la fils tout juste perceptible. Quelques dizaines de minutes plus tard, ils se firent enfin servir et durent chercher une place de libre pour s'assoir. Ne voulant faire subir à son ami les joies de manger-serrés, Hizashi proposa d'aller dehors, avec son éternel expression énergique.

« Je ne pense pas que nous avions le droit de sortir quand on mange depuis la cafétéria.

- On s'en fiche, il fait beau dehors ! Enjoy ! Et puis on pourra toujours ramener les plateau avant la fin de la pause !

- ... Bon, ça me va. »

Ils s'éclipsèrent du bâtiment avec leurs repas et se posèrent dans les tribunes du terrain sportif. Il n'y avait personne, bien que le temps fusse radieux. Il fallait croire que les élèves n'avaient pas coutume de se déplacer aussi loin pour manger, surtout qu'ici, l'ombre manquait affreusement. Mais il faisait tellement bon que notre duo ne changea pas d'idée, et posa leurs plateaux sur les cuisses. Le plus jeune nota qu'en hiver, il serait plus judicieux de manger à l'intérieur. Peut-être un couloir... ?

« Tu te souviens de la première fois qu'on est venus ici ?

- Hm.

- Tu avais fini chez Recovery Girl, mais quand j'y pense, comment tu aurais fait pour lancer la balle avec ton alter ? Tu ne peux pas décupler ta force, ou que sais-je.

- Je t'avoue que je préfère encore maintenant me faire détruire les tympans plutôt que d'essayer de lancer cette foutue balle devant toute la classe.

- Ha ha ha !! Un mal pour un bien !!

- Hm. »

Il prit une bouchée de son plat sans trop faire attention à la grimace de son ami à cause de sa hausse de ton. Il allait bien finir par s'y habituer, à force.

« Tu aimes bien le poulet curry ?

- Ça passe.

- C'est quoi ton plat préféré ?

- Je sais pas trop.

- Aller, il y a forcément quelque chose que tu aimes plus qu'un autre !

- Rien.

- Pff, not funny ! Aaaaaah maintenant je rêve de poulet frits !! »

Il continua de monologuer à propos de son plat favori, de tout et de rien, de cours et d'autres choses sans importance, et son ami l'écoutait dans son éternel mutisme. Il faisait beau. Ils n'étaient que tous les deux, et ils avaient une petite heure de libre devant eux avant la reprise des cours. En un mot : agréable.

Et puis soudain, il s'arrêta net.

« Un chat. »

Shōta arqua un sourcil sans trop comprendre la réaction de son ami. Il avait décroché à partir du troisième changement de sujet, mais là, son attention avait été étrangement attiré, et pour quoi ? La tête blonde pointa ses baguettes en bas de la tribune pour imager ses dires.

« Un chat, là. Comment est-il entré dans le secteur du lycée ? Par l'entrée ?»

Comme aucune réponse ne lui venait, il tourna la tête vers son voisin pour l'interroger, mais ce dernier ne détournait le regard du petit animal. Une étrange lueur lui était perceptible, comme des étoiles dans ses prunelles, et il se leva.

« Aizawa-kun ? Tu fais quoi ? chuchota-t-il plutôt fort mais pas assez pour apeurer le nouvel arrivant. »

Le noiraud dévala les marches sans un mot et ralentit lorsque le félin le remarqua, de peur de l'effrayer. En tendant un peu l'oreille, celui aux yeux trop verts pouvait l'entendre essayer de l'attirer en tentant des bruits bizarres avec sa bouche. Le chaton renifla sa main tendue, et se laissa happer par une douce caresse dans un ronronnement melliflu. Impressionné par ce côté insoupçonné de chez son ami, Hizashi ne le dérangea pas, étant même attendri. Ce ne fut qu'après quelques instants que celui à l'alter effaceur revint vers lui, la petite boule de poiles dans les bras. Il ne remarqua que bien après le sourire attendri de son aîné.

« Quoi ?

- Je ne savais pas que tu aimais les animaux. »

Ses yeux noirs se reposèrent sur la petite créature qui jouait avec une mèche de ses cheveux.

« Juste les chats. »

Hizashi ricana.

« Quel sensible tu fais, Aizawa.

- Hm.

- Tu as un chat à la maison ?

- Hm hm.

- Dommage. Ça aurait été encore plus adorable. »

Il l'ignora simplement, plus d'avis à se laisser mordiller l'auriculaire que d'entendre les remarques de Yamada. Oui, il aimait les chats. Et non, ce n'était pas adorable. C'était... comme ça. Il n'avait pas de mal, n'est-ce pas ?

Le chat finit par se lasser du duo et décampa en miaulant, laissant penaud le plus jeune qui se retrouvant sans rien contre lui. Le blond posa sa main sur l'épaule de son ami.

« On va bientôt devoir retourner en cours. Et rendre les plateaux à la cafétéria, aussi.

- ... Hm. »

[...]

« Hé, le binoclard, c'est sur ma table que tu es assis. »

Les épaules de l'adolescent s'affaissèrent lorsqu'il croisa le regard de Tsukushi, s'arrêtant même de mastiquer son chewing-gum à la pêche pour s'excuser.

« Sorry, j'ai pas trop fait attention. »

Il changea de table d'appui, et fixa les mouvements de la brunette dans sa direction. Celle-ci songea un instant à quelque chose, avant d'approcher sa main de la tête du blond.

« Tu as une poussière dans tes cheveux, ne bouge pas, je te l'enlève.

- Ah, merci Sutikkunori-san ! »

Elle lui sourit malicieusement.

« Mais de rien, ça me fait plaisir d'aider un camarade de classe. »

Elle était curieusement gentille, aujourd'hui... Bah, elle devait juste être de bonne humeur.

Elle abandonna ses affaires à sa table, et partit rejoindre ses copines pour profiter de la fin de la pause de midi. Hizashi demeura seul encore un instant, comme son ami était allé ranger les plateaux à la cafétéria, avant de se lever pour jeter l'objet de ses mastications à la poubelle. Chose faite, il croisa la route de Shōta qui entrait dans la classe, les mains dans les poches. Ses yeux le dévisagèrent étrangement, et il fit une étrange fixette sur les cheveux blonds de son voisin de banc.

« Extravagant. »

Étonné, Hizashi passa une main dans ses cheveux sans comprendre et remarqua que la forme n'était pas habituelle. On aurait dit qu'ils avaient été fraîchement aplati et soudé. Confus, son sourire disparut.

« Je... j'ai...

- Tu ? ... »

Il fit un pas sur le côté, troublé, Shōta le laissa passer et le fixa courir jusqu'aux toilettes au fond du couloir, perplexe. L'adolescent n'y trouva personne et profita pour se pencher au-dessus du lavabo. Comme il s'en était douté, Tsukushi avait collé ses cheveux entre eux grâce à son alter. Cette histoire de poussière n'était donc qu'un prétexte pour lui jouer un mauvais tour... ? Il s'effondra sur le sol, paniqué. Il ne pouvait pas sortir comme ça, à la vue de tous. Pas du tout. Il faisait bien trop attention à son image pour se permettre le ridicule.

La sonnerie l'appela, mais il ne cilla pas. Il passa les premières minutes de cours à vouloir tenter de se laver les cheveux avec de l'eau et du savon liquide, mais rien n'y faisait. La colle ne partait pas. Il se réobservait à travers son reflet en cherchant l'ombre d'une solution, lorsque la porte des toilettes s'ouvrit dans un grincement insignifiant. Qui cela pouvait-il bien être ? Les cours avaient repris, on n'était pas sensé traîner dans le coin en dehors des heures de libre sans une excuse valable. Et en se tournant vers le nouveau venu, une certaine forme de soulagement l'envahie, rapidement chassé par le souvenir du présent.

« Aizawa-kun ? Qu'est-ce que tu fais ici ?! »

Il referma la porte derrière lui, et se pencha un peu en avant pour contrôler si les cabines étaient toutes vides.

« La prof s'inquiétait, elle te croit malade. Qu'est-ce qu'il se passe avec toi ? »

L'expression du noiraud changea un tantinet lorsqu'il comprit la vaine tentative de faire quelque chose avec ses cheveux. Il s'approcha de son ami et enfonça son indexe dans les mèches collées en pâté. Il confirma qu'il s'agissait de colle.

« Comment tu as réussi à faire ça en si peu de temps ? Je ne t'ai laissé seul que dix minutes.

- C'est Sutikkunori ! I promise it's NOT me ! Elle n'avait pas l'air de me vouloir du mal, je ne comprends pas comment elle a pu faire une chose aussi...

- Stupide ? Immature ?

- ... Yeah, c'est ça ! »

Il réfléchit un instant, puis commença à s'éloigner de son ami. Hizashi crut d'abbord qu'il allait l'abandonner mais fut bien surpris de voir son camarade l'attendre au pied de la porte des toilettes.

« On va arranger ça, viens. »

Son sourire se réajusta sur son visage, et il suivit précipitamment le noiraud jusqu'aux vestiaires. Là-bas, il y avait une boîte avec les objets trouvés et avec un peu de chance, ils trouveraient un affaire utilitaire pour camoufler le désastre. Comme ils n'étaient qu'au début de l'année scolaire, il n'y avait pas grand-chose dans le coffre, mais les deux adolescents tombèrent bien vite sur une vieille casquette de baseball datant très certainement d'une année antérieure, voire d'une autre époque. Dégoûté par la chose sale, Yamada accepta néanmoins de le mettre pour couvrir sa tête, toujours humide. Il se regarda dans la glace en se demandant s'il était possible d'attraper le typhus avec cette chose. Il se retourna, et constata que son ami s'était laissé tomber contre le mur, une jambe étendue devant lui, l'autre pliée sous son bras, et la tête reposant par-dessus.

« Alors ?

- Ridicule.

- Qu'est-ce que je suis sensé faire ??

- Raser.

- AH NON ! Non non NON NON ! répéta-t-il en secouant énergiquement la tête. »

Il glissa contre le mur à côté d'Aizawa, l'humeur maussade. Il n'aimait pas se couper les cheveux. Mais il ne voulait pas non plus s'exposer ainsi devant ses camarades, et surtout cette garce...

« On ne retourne pas en cours ? lui demanda-t-il dans un murmure.

- Flemme.

- Tu ne fais pas ça juste pour ne pas me laisser seul ?

- Toi non plus tu n'as pas envie d'y retourner.

- ... True.

- Alors restons là.

- On ne va pas s'attirer des problèmes ?

- C'est important ?

- Alors je reste avec toi.

- Tu n'es pas obligé.

- Un peu, si, c'est toujours mieux que de m'attirer les regards indiscrets des autres !

- Je croyais que tu aimais quand on te regardait ?

- C'est différent, je sens qu'ils vont juste se moquer de moi, duh ! Et je n'aime pas ça, comme n'importe qui de normalement constitué !

- Hm.

- Toi non plus tu n'aimerais pas qu'on se moque de toi !!

- Parle moins fort. Si quelqu'un nous entend, on est morts.

- Yeah, true !!

- Qu'est-ce que je viens de dire... ? »

[...]

Il tâchait de faire bonne figure à sa table de cantine, mais il se sentait coupable de l'inquiétude qu'il percevait chez Nao. S'étranglant à moitié avec son repas, elle finit par se lever et chercha du regard la coupable du mal-être de son ami. Sauf que Fujimi lui demanda de s'assoir bien sagement, et elle s'exécuta, les sourcils froncés.

« Et tu comptais faire quoi, Ekoshi-chan ? Ne joue pas à la justicière avant l'heure, ce n'est pas à toi de régler ce problème.

- Je voulais juste aider...

- Hé, y'know, je suis un grand garçon je peux me débrouiller seul ! Mais merci de te sentir si impliquée ! »

Elle sourit à la tête blonde sous le regard bienveillant de son aînée, à première vue ravie qu'elle soit écoutée avec tant de facilité.

« Tu devrais en parler au Sensei. C'est inadmissible d'avoir un comportement pareil, c'est anti-héros ! »

L'aînée des deux filles n'avait pas tort. Shōta, qui jusque lors n'avait participé à l'échange que par des regards discrets, posa une main sur la table comme s'il voulait faire savoir qu'il voulait prendre la parole. Chose demandée, chose due, on lui permit de s'exprimer avec grand plaisir.

« Je ne pense pas qu'il en aurait quelque chose à faire, le titu'. Au pire il l'a vire du lycée, et bien que cette idée ne me déplaise pas, elle n'en apprendra rien. Le mieux, c'est qu'elle prenne conscience que ce n'est pas avec une attitude pareille qu'elle deviendra une héroïne. »

Fujimi sembla pensive.

« Et tu proposes quoi ?

- Je ne sais pas. Se venger est stupide, et se plaindre est ridicule. »

Shōta leva le regard sur la personne devant lui et croisa les yeux trop verts de son ami. Comme celui-ci attendait une réponse utile, il haussa des épaules et proposa une solution plus intelligente à son goût.

« Tu devrais attendre le prochain exercice de terrain pour régler votre différend dans les règles. Je ne sais pas pourquoi elle s'en prend à toi et ce ne sont pas mes affaires, mais si elle compte repartir du lycée avec un diplôme dans la poche, elle devra se montrer plus responsable. »

Celui à l'alter vocal parut incertain, mais il n'y avait rien de mieux pour l'instant. Nao posa sa main sur l'épaule de son voisin pour le consoler.

« Aller, ressaisis-toi ! Elle est juste prétentieuse et jalouse parce que son alter, et bien, il est complétement nul ! Alors que le tien tu auras beau avoir de la peine à t'en servir, il est super cool et te permettra d'aller loin.

- Ekoshi a raison, tu ne devrais pas faire attention à elle. Et par pitié, cesse de tirer cette tête. »

Hizashi recouvra son sourire, heureux d'avoir des personnes pour le rassurer. Il en avait besoin.

« Yeah ! You're right, je ne vais pas me laisser atteindre par cette uncool jealous girl !! »

Shōta grimaça à la soudaine hausse du volume sonore de son camarade, mais au fond, c'était toujours mieux que de voir cet idiot de luron déprimer pour un massacre capillaire à cause d'une garce...

[...]

Chōko Yamada déposa la paire de ciseaux sur le bord de la baignoire, et souffla sur les restes de cheveux qui s'enjaillaient en solitude sur les épaules de son fils. Elle lui caressa la joue avec tendresse, et s'agenouilla près de lui.

« Et voilé, c'est coupé. »

Il ne daigna aucun regard vers elle. Son attention était rivée sur les mèches blondes qui jonchaient le sol de la salle de bain, la boule au ventre. L'adulte n'insista pas, comprenant la peine de son fils, et se releva en soufflant du nez.

« Je vais nettoyer tout ça, tu peux y aller. »

Sans un mot, il s'engagea tristement dans le couloir de l'étage et s'enferma dans sa chambre. Il tourna la tête vers le miroir et passa lentement sa main dans les cheveux. C'était court. Trop court pour lui.

Il se changea, se débarrassa de ses lunettes, enfila son walkman, et ferma les yeux. « Good music's still good even if no one is watching... Now you're on top of the world tonight... You can do anything you'd like... »

Et doucement, bercé par la mélodie dans ses oreilles, il s'endormie pour un monde meilleur...

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Je voulais savoir (meilleure transition de Wattpad), est-ce que ce format vous plait ? Un chapitre = une journée. Au début ce n'était pas fait volontairement, mais au bout de 3-4 chapitres je m'en suis rendue compte, et j'ai finalement adopté cette manière de raconter une histoire plutôt sympatique. Comme une série de One-Shot, j'ai envie de dire... Je trouve intéressent de voir les personnages évoluer au jour le jour. ^^

Et aussi, j'ai enfin trouvé un titre* qui correspondait mieux à cette histoire (comme celle que j'ai mis n'était que temporaire, vu que je ne savais pas trop dans quoi je me dirigeais x)) et j'en ai profité pour faire une cover plus travaillée ! Du coup pour ceux qui débarquent, nous avons tenu un mois avec ça :

Plutôt simple, sans trop d'effort, structuré mais le texte est trop petit et rend illisible.

Pour passer à ça :

Un peu plus coloré et plus dans l'esprit de ce que j'écris ^^ L'image n'est pas de moi, il faudrait que je retrouve la personne qui l'a dessinée duh -u-

Comme j'y suis, n'hésitez pas pour :

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^^ Ça encourage les Wattpadiens ces petits gestes (d'ailleurs mon Dieu on a déjà 500 vues ??)

À jeudi dans deux semaines pour la suite !

*Pour la petite histoire, "Effet Météore" était le titre que devait porter un vieux projet de roman d'il y a quelques années maintenant, qui traîtait de thématiques partiellement similaires et qui n'aboutira jamais pour beaucoup de raisons. Prenez-le comme un clin d'œil ;)

Musiques références : Big idea (AJR)