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𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 ₁

➠ ❛Une vision du monde vue par un mouton à cinq pattes

✷        ·   ˚ * .      *   * ⋆   . ·    ⋆     ˚ ˚    ✦

Il était sur le chemin de l'école lorsque la grille sous ses pieds attira son attention. Il s'arrêta, se pencha en avant, et apprécia d'un large sourire la ventilation qui lui éclaboussait en pleine figure. Ses cheveux blonds, des mèches flavescentes qui brillaient au soleil, avaient déjà la forme grâce au gel ; le vent en deçà de lui ne modelait aucunement sa coupe de cheveux, mais il ne le remarqua pas. Tout ce qu'il remarquait, c'était qu'il était belle et bien là. Devant la cour de Yuei. Qu'il était sur la voie pour devenir un héros. Oui, il était heureux, excité. Il flottait sur un nuage de bonheur, la tête pleine de rêves et d'étoiles dans les yeux, et ce petit rafraîchissement sous ses pieds, lui rappelant la brise maritime, n'était que la sensation qui lui rappelait qu'il ne rêvait pas. Que cela était bien réel. Qu'il existait. Que le ciel, les bâtiments, le goudron, les silhouettes de passage, ses baskets, son sac à dos, existaient. Que tout existait, que rien n'allait l'arrêter dans sa quête. Rien n'en était capable.

« Yamada ? Qu'est-ce que tu fous ? Hé, le haut-parleur sur pattes, redescends sur Terre. »

... Sauf que sa réalité n'était pas compatible avec la vision du monde de ceux qu'on appelle plus communément : les Autres.

Il se redressa brusquement, sursautant presque, pris au fait. Il se tenait face à une camarade qu'il connaissait depuis quelques années déjà, petite, brune et plutôt jolie fille, qui l'interrogeait d'un rictus sardonique. Il lui souriait bêtement, se retenant avec force pour ne pas dire quelque chose qu'elle pourrait retourner contre lui, et un certain temps passa alors, durant lequel il ne pipait mot. L'angoisse total. Si seulement ce n'était pas réel...

Elle finit par pouffer d'un rire moqueur avant de tourner les talons et entrer dans l'enceinte de Yuei, presque hautaine.

« D'accord, si tu veux, Yamada. Profite bien de ta première journée de lycée. »

L'adolescent la fixa s'éloigner, les yeux quelques peu écarquillés par l'hébétement dû à cette intervention, puis baissa un peu la tête. La grille d'aération ne semblait plus être aussi distrayante qu'auparavant, comme si la brise avait changé de direction, comme si la vision amusante qu'il en faisait avait viré en mille éclats de supernova. Alors, bercé d'un soupçon de bon vouloir qu'il récupéra difficilement, forçant un sourire à l'univers, la tête blonde remonta son sac, prit une profonde inspiration et remplit au passage ses poumons d'un peu de détermination. Il n'allait pas se laisser paralyser par cette garce. Il n'allait pas se laisser marcher dessus à partir de maintenant. Il était bien au-dessus de tout ça.

Sauf qu'au-dessus de lui, il n'y avait que la coupole aux yeux pers et un nuage en forme d'éléphant...

Il suivit le mouvement de cette fille, Tsukushi Sutikkunori, plutôt fière et intimidante. Il ne put cependant s'empêcher de rougir de gêne lorsqu'il franchit le portail du secteur scolaire, comprenant que deux ou trois élèves avaient été témoins de cet échange à sens unique où seules ses pensées avaient répondu. Son entrée dans le lycée partait sur un mauvais pied, mais il n'allait certainement pas se laisser écraser par les autres ! Il deviendra un héros ! Et un héros n'avait pas peur d'une adolescente... Même si on parlait là de celle qui se moquait de sa différence et sa légère excentricité...

La cour n'était qu'un rassemblement de visages et d'alters tous plus incroyables les uns que les autres, mais majoritairement anonymes à son égard. Les têtes tournaient tout autour de lui comme un tourbillon sans netteté, mais il n'avait pas de groupe d'amis auquel se rejoindre. Pas encore. Car visiblement, et à triste destin, aucun de ses copains n'avait été accepté dans la même filière que lui... Ni même dans le même lycée. En conséquence, il décida de pénétrer directement dans le bâtiment sans passer par l'étape 'traîner sous un arbre avec des potes en attendant la sonnerie', là où il pouvait situer sa nouvelle classe et fuir la réalité qui n'était pas la sienne. Sur place, il constata avec une pointe de soulagement que la moitié de ses camarades plaidaient déjà présents, en seconde A, et qu'il n'était par conséquent absolument pas le seul à se sentir ainsi. Il se permit de s'incruster dans une discussion visiblement passionnante sur des cartes de collection en espérant se faire rapidement de nouveaux amis, usant de son éternelle bonne humeur. Le duo qu'il avait choisi était le seul formé. Une pierre deux coups ! se disait-il...

« HEY ! J'm'appelle Hizashi Yamada ! »

L'un des deux garçons grimaça en se retournant, tandis que son copain sursauta, surpris du timbre aussi fort du nouveau venu.

« Salut... Toi. »

Et il se retourna pour poursuivre sa conversation sans plus faire attention à Hizashi, ce mouton à cinq pattes qu'il venait ouvertement de snober. Les épaules de l'adolescent s'affaissèrent. Se faire des amis risquait d'être compliqué cette année, à première vue... Allaient-ils tous se battre pour se surpasser les uns les autres ? Se serait donc la guerre ? Il se dirigea au milieu de la classe, un peu troublé, et se laissa tomber à une place de libre, toujours perplexe vis-à-vis ces derniers instants d'échec total de sociabilisation. Pourtant, il n'a jamais eu de souci pour parler avec les gens... Est-ce qu'il tombait simplement sur les mauvaises personnes, ou y'avait-il un réel problème avec le karma, aujourd'hui ? Peut-être qu'il avait fait quelque chose de mal. Mais quoi ? Il préféra ne pas y penser, car à sa gauche, contre la fenêtre, il aperçut d'un mouvement de tête hasardeux sa nouvelle voisine de banc qui avait ses yeux roses posés sur lui. Elle le dévisagea avec un certains sourire, rapidement imitée par le mouton à cinq pattes, avant de lui tendre la main avec toute la politesse dont elle pourrait faire preuve.

« Salut Yamada-san. Moi, c'est Nao Ekoshi. »

Il fixa cette main amicale, empli de soulagement, avant de la lui serrer avec vitalité.

« Ne fais pas attention à Tora, il n'a jamais été très... Amical. On dit qu'il a très mauvais caractère.

- Le garçon à qui j'ai parlé tout à l'heure ? Tu le connais déjà ? Vous êtes amis ?

- Anciens camarades, elle corrigea avec gêne.

- Il y a d'autres gens que tu connais, ici ? Je pourrais commencer à retenir les noms.

- Bien pensé ! Tu peux retenir son ami Tomoaki, il était avec moi l'année passée. Katasugi... Kuga... Tendo... ... »

Nao écarta une mèche de ses cheveux bleus, si courts qu'ils ne lui arrivaient qu'à peine aux épaules, tout en balayant la salle de classe du regard, visiblement pensive.

C'est alors qu'une nouvelle silhouette pénétra dans la pièce, nonchalante, les mains enfouies dans les poches de son pantalon noir, et c'est comme si le temps s'était arrêté sur son chemin. Personne d'autre ne s'était donné la peine de se tourner à son passage, comme s'il n'était qu'une ombre. Et cette ombre, Hizashi l'étudiait durant toute sa traversée, et il eut l'impression de se retrouver seul dans une pièce sans fenêtre et sans lumière. Ce qui l'éclaira, qui le ramena sur terre, furent les yeux de la jeune fille qui s'illuminèrent à sa vue. Comme si l'illusion n'était en réalité pas, ou alors, ils étaient tous les deux fous. Le temps reprit son rythme, et elle tapa une fois des mains comme si un éclair de génie venait d'éclaircir ses idées.

« Shōta Aizawa. Il était dans une classe parallèle du même collège que moi, et il habite dans mon quartier. Je ne savais pas qu'il avait postulé pour ce lycée... »

Yamada dévisagea son nouveau camarade en silence, cette démarche blasée qui l'entrainait sans trop réfléchir jusqu'à la table à la gauche du blond, sa petite taille chétive, son regard vide, sa cravate mal-faite. Ni une ni deux, il se présenta au nouvel arrivant :

« HEYYY ! Je m'appelle Hizashi Yamada ! »

Shōta, à peine reposé sur sa chaise, tourna lentement la tête vers le luron à côté de lui et lorgna la débordante énergie qu'il dégageait, en parfaite contradiction avec l'aura atone qu'il traînait derrière lui depuis qu'il s'était réveillé, ce matin-là, comme chaque matin, d'ailleurs. Un certain magnétisme les repoussa dès que leurs regards se croisèrent. Si l'aimant avait légèrement penché son corps en avant, son dissemblable tâcha néanmoins de paraitre respectueux et lui retourna sa présentation sans y faire davantage attention, non sans ponctuer sa pauvre prise de parole par une attention déviante.

« Shōta Aizawa.

- Et moi, c'est Nao Ekoshi. »

Le noiraud sembla surpris de la prise de parole de la jeune fille. Il avait marmonné son nom si doucement qu'il ne s'attendait même pas à être entendu deux tables plus loin. Il haussa des épaules, apathique, ses pupilles rivées sur la surface lisse de sa table.

« Je ne savais pas trop si tu te souvenais de mon nom, alors...

- Je vois qui tu es. Tu habites la maison violette au bout de ma rue.

- Oh ! elle sourit, visiblement ravie qu'il la reconnaisse. C'est ça ! C'est super qu'on soit dans la même classe, on pourra faire les trajets ensemble. »

Il grimaça mais ne dit rien. Durant ce maigre échange, davantage agrémenté par les dires que la fille, Hizashi observait Shōta et Nao à tour de rôle en essayant de retenir leurs noms respectifs. Mais il se sentait rapidement légèrement exclu, aussi, il décida de réintégrer la conversation comme il savait tant le faire.

« Alors comme ça vous avez tous les deux décidé d'aller en filière héroïque ? C'est inCREdibly COOL ! Vous devez avoir de supers alters pour avoir réussi l'examen d'entrée ! Vous savez que moins d'un élève sur trois-cents était admis à Yuei chaque année ?! TOO MUCH TALENT ! »

Le noiraud, déjà aplati sur lui-même, grimaça un peu plus à sa soudaine prise de parole. Yamada comprit qu'il avait, encore une fois, eut la voix trop forte, mais il ne pouvait faire autrement. C'était comme ça. Il avait besoin de parler fort pour être entendu. Se sentir exister. Et peut-être que le fait qu'il n'arrivait encore tout à fait à gérer son alter y était pour quelque chose... Mais se serait malhonnête que de tout remettre sur le dos de ce fait.

Nao, en revanche, n'avait pas tiqué à ce souci de langage. Elle se contenta d'un petit sourire impressionné.

« C'est exact, tu t'es bien renseigné, dis-voir ! Tu... »

Elle eut l'air de vouloir poursuivre sa prise de parole, mais une nouvelle voix les interrompit.

« Hé, toi, avec les cernes. »

Il s'agissait de Tsukushi Sutikkunori, et elle s'adressait directement à Shōta. Le blond jura dans sa barbe inexistante. Pourquoi devait-elle se trouver dans la même classe que lui, bon sang ?! Il allait passer une année mouvementée, c'était à prédire...

La fille le dévisagea un court instant, un tantinet surprise de le voir dans la même classe qu'elle, avant de revenir sur un Aizawa visiblement agacé d'être ainsi enseveli sous des discussions dont il n'avait que faire. Lui, il n'était pas là pour se lier d'amitié avec des énergumènes de ce genre, peu importe le genre dont il faisait secrètement allusion. Qu'il s'agisse d'un mouton à cinq pattes, d'une presque voisine ou d'une chipie.

« Tu avais échoué à l'examen pratique, je me trompe ? Comment tu as pu être accepté ?

- Sutikkunori-san, ça ne se fait pas de demander ça à quelqu'un que tu ne connais pas ! »

La brunette changea d'équilibre de jambe d'un coup de hanche sec, les bras croisés sur son buste.

« Je ne t'ai pas sonné, le binoclard. »

Il fronça des sourcils derrière ses verres teintés, les réajustant inconsciemment comme si ce geste pouvait améliorer la vision qu'elle avait du jeune blond. Shōta lui répondit sans plus faire attention à la raillerie autant destinée à son voisin qu'à lui-même. Est-ce qu'il s'en fichait ? Avait-il seulement écouté ? Fait attention ?

« J'ai réussi l'examen écrit, et je n'ai pas un alter qui me permettait de réussir la pratique. Si tu n'as pas d'autres questions, je te prierai de dégager. »

Tsukushi eut un rire désabusé et cala une mèche de cheveux bruns derrière son oreille. Ses yeux marron brillèrent d'un mépris plus acerbe qu'il ne l'était d'office, et son ton, mielleux, retranscrivit oralement ses pensées.

« J'ai une autre question. C'est quoi ton alter, hm ? Je suis curieuse de savoir contre qui je vais devoir me battre pour être le numéro Un de cette classe. »

Il détourna le regard sans plus de réaction. D'abord, Yamada ne comprit pas la raison de ce silence, mais décida malgré tout de partir à sa rescousse. Il était celui qui connaissait le mieux cette fille, c'était à lui de s'imposer pour qu'elle laisse tranquille leur nouveau camarade.

« Oi cOme On ! Leave him ! Ce n'est pas ici que tu trouveras un alter more nerdy qu'le tien. Le numéro Un de la classe ? Contente-toi d'arriver à la cheville de l'avant-dernier, déjà ! »

Il entendit Nao pouffer dans son dos comme s'il s'agissait de la meilleure réplique du siècle. Cette dernière ne devait certainement pas s'attendre à une répartie pareille, contrairement à sa vieille camarade de classe qui rougissait de rage à cette supposition. Elle s'étrangla avec ses mots, un étirement mauvais au coin des lèvres.

« M-mon alter n'est pas nerdy. En tout cas moins pourri que le tien ! Tu peux faire quoi, juste hurler ? Ah ! La bonne blague. Les cours de chant c'est pas ici, le haut-parleur. Ah attends, j'ai un appel du conservatoire qui me dit qu'il aurait trop honte d'avoir un élève comme toi. »

Elle mima un téléphone avec ses doigts qu'elle agitait juste devant les lunettes de son interlocuteur. Hizashi, quant à lui, serra les dents mais le regard arqué d'un sourcil de Shōta l'empêcha de se lever pour lui en mettre une. Déjà il en était incapable, et non pas parce que Tsukushi était une fille mais parce qu'il avait un certain principe de pacifisme, et aussi, la seule fois où il avait véritablement levé la main sur un autre élève par pure vengeance, il avait fini en boule dans un vestiaire... On va dire qu'il ne pouvait pas être réellement vexé non plus, étant donné qu'il n'avait jamais voulu aller dans un quelconque conservatoire. Il accepta donc de prendre sur lui, si cela pouvait éviter à cette garce d'embêter injustement d'autres élèves innocents. Et aussi repousser l'idée que le noiraud puisse le voir comme étant un gamin qui cherchait la bagarre.

La brunette émit un ricanement satisfait, contente d'avoir pu déverser sa haine contre son vieux camarade de classe, et s'éloigna pour prendre place près de la fenêtre, plus en avant dans la pièce. La colère du blond retomba en même temps que ses épaules. Ça aurait pu finir plus terriblement, après tout...

« Wow, elle est vraiment en rogne contre toi, fit remarquer celle aux yeux roses avec une petite moue consternée. C'est quoi, son alter ? »

Le blond ouvrit la bouche pour lui répondre avec tout le naturel dont il saurait faire preuve, et c'est alors que leur enseignant fit son interruption dans la classe.

« Bonjour les minables de la seconde A. Je suis votre professeur principal. »

Tout le monde se tut et se figea derrière son bureau. Hizashi émit même un léger 'urg' lorsqu'il croisa les yeux dénués de pupilles du titulaire.

« Six secondes pour que tout le monde soit à sa place. Décevant. Bon, on devrait faire la cérémonie d'entrée, le cours d'orientation, et blablabla, et bah vous savez quoi ? On va tous se retrouver au terrain de sport, vos culs dans ces tenus. »

Il jeta un uniforme bleu sur la première table, et les fixa avec un regard sévère.

« Qu'attendez-vous ? Aller, c'est moi le patron, et vous êtes mes poussins. Ici, à Yuei, la pédagogie est aussi ouverte que vos petits minois quand vous êtes choqués en voyant un super héros passer dans la rue. Et si vous ne voulez pas finir votre premier jour en omelette d'étudiants, je vous intime vivement de vous exécuter. On va tester vos alters. Celui qui arrive après moi sur le terrain sera viré du lycée. ROMPEZ ! »

Les élèves se précipitèrent hors de la classe à pas de course.

[...]

« Au collège, vous avez passé des tests d'aptitudes physiques sans alter. Si vous voulez savoir ce que vous valez en tant que futur héros, que vous soyez bons ou mauvais, vous allez devoir vous donner à fond pour éviter d'être casés dans la seconde catégorie. »

Le Sensei lorgna chaque élève avec dédain, avant de pointer Tsukushi Sutikkunori du doigt. Elle attrapa vivement une petite balle avec les deux mains, ne l'ayant presque pas vue venir, et leva un sourcil avec interrogation. Que devait-elle faire de ça ? Le professeur soupira et lui expliqua comme si c'était la consigne la plus logique de l'univers. Du moins, c'était ce que pensait Hizashi. L'univers n'avait rien de vraiment logique, au final.

« Active ton alter, débrouille-toi pour la jeter le plus loin possible. Mais ne dépasse pas les lignes du cercle, compris ? »

La brunette soupira silencieusement mais avec exécution. Yamada savait que son alter était totalement claqué, mais il ne s'attendait pas à ce qu'elle réussisse à battre son record de deux malheureux mètres. En effet, elle avait le pouvoir... De générer de la colle plus ou moins forte avec ses mains. On pouvait mieux comprendre l'intérêt – ou la jalousie – qu'elle portait pour la puissance de l'alter de celui qui subissait ses railleries depuis trois ans. Mais son score n'en resta toutefois pas ahurissant. Le titulaire parut irrité, mais n'en dit rien, bien que son visage eût l'air de siffler un « pathétique » silencieux.

Un nouvel élève s'approcha et la bouscula d'un coup de coude bien placé. Après la récupération du projectile manuel, il utilisa son souffle surpuissant pour éjecter la balle à plus de 700 mètres de sa position, ce qui attira les acclamations respectueuses des autres, et un grognement de la fille. Hizashi le trouva un peu prétencieux, cependant, il se demanda s'il n'allait pas user de cette même technique... Plusieurs autres élèves passèrent à tour de rôle, talentueux ou navrants. Lui patientait son tour, assis dans l'herbe encore humide, jouant avec une brindille entre deux doigts. Il n'a jamais été très connu pour avoir l'attention capté plus de quelques minutes, et ça, le professeur le remarqua bien.

Puis vint le tour tant redouté d'Hizashi qui n'a jamais été très à l'aise avec l'utilisation de son alter, ni même l'athlétisme en général. Ces dernières années, avec la mue de sa voix, il avait la fâcheuse tendance à faire plus de bruit que souhaité, ce qui faisait crisper désagréablement tous ceux qui avaient eu la malchance de se trouver à proximité de lui. Pour le second point, il n'avait que la physionomie d'une krill en pleine puberté.

L'homme, plutôt grand et toujours dépourvu de pupille, sembla le foudroyer du regard. Avait-il compris qu'il allait devoir garder un œil particulier sur l'énergique ? Celui-ci jouait distraitement avec le bord de sa combinaison, impatient, et sans se douter des suspicions de leur Sensei vis-à-vis la difficulté qu'il aura à le contenir. Peut-être qu'il allait devoir le fatiguer plus que ses camarades... C'était un bon plan, mais voyons déjà comment il s'en sortait avec son alter.

« C'est quoi ton record au lancée de balle ? »

Le blond réfléchit un instant.

« Quarante-deux mètres !!

- Moins fort, Yamada-san. Bon, active ton alter, débrouille-toi tant que tu restes dans le cercle, mais je veux te voir péter ce score de lâche. »

Les rires moqueurs fusèrent derrière lui, rapidement effacés sous le regard foudroyant de leur professeur. Yamada jeta un regard incertain en direction de Nao et Shōta. La première l'encourageait silencieusement, les deux pouces en l'air, le second se contenta de le regarder, blasé comme à l'accoutumé depuis qu'il avait l'âge de faire naturellement cette tête.

Hizashi leur tourna le dos, prit une profonde inspiration pour oxygéner sa tête envahie d'inquiétude, et se posta à l'intérieure de la délimitation blanche. Tsukushi s'exclama alors :

« J'espère que vous avez des bouchons d'oreilles ! »

Hizashi ignora sa remarque cinglante, se positionna, prit une nouvelle inspiration... Faire le vide dans sa tête... Ne penser à rien... Visualiser la balle entre ses mains. Sa forme sphérique. Sa surface d'un métal froid. Son poids, c'était comme tenir une pomme. Il se concentra sur la pomme, sur son alter, et au moment d'expirer, il envoya la balle valser à travers le ciel, poussée par l'onde assourdissante de sa voix puissante. L'objet disparut un instant de son champs de vision, avant de déchirer l'air en redescente et rebondir dans l'herbe fraîchement taillé. Il s'était tu pour la regarder retoucher le sol, prit une nouvelle inspiration pour mettre un terme au souffle qu'il avait coupé sous l'inquiétude, le regard fixé vers l'autre bout du terrain. Il se retourna finalement pour faire face à sa classe, une lueur de fierté dans son regard trop vert, rapidement effacée à la vue des élèves qui se bouchaient les oreilles de toute leur force. L'enseignant en avait même lâché le compteur où s'affichait 599.4 mètres, bien loin du record du second adolescent qui avait fait une performance de taille.

« D-désolé !! ... Désolé... »

Sa voix se faisait plus petite derrière ses mains tant il avait honte. La seule personne encore debout fut Nao. Elle fronçait des sourcils, la bouche entre-ouverte, et tournait la tête à gauche et à droite pour observer les dégâts. Comment avait-elle pu supporter le coup ? Ses tympans auraient pu exploser ! Et... ce fut d'ailleurs le cas pour Shōta, tenu un tout petit peu trop près du cercle à ce moment-là, et heureusement pour le Sensei, il s'agissait du seul élève de sa classe à avoir été blessé ainsi. Enfin, 'heureusement', tout était relatif.

Les oreilles encore sifflantes, il dévisagea les étudiants un à un avant de tomber sur celle aux cheveux bleus, toujours indemne. Il lui ordonna, en criant bien sûr pour s'entendre, d'emmener le jeune noiraud à l'infirmerie, mais celui-ci déclina l'aide d'un geste de la main et s'y engagea seul. Yamada hésita un instant, le regard tourné vers ses camarades de classe qui essayaient de déboucher leurs oreilles, avant de se précipiter à sa poursuite, se sentant beaucoup trop concerné pour ne pas faire face à ses responsabilités mais pas assez pour écouter les messes basses de ses camarades.

Sympa comme première heure de cours... Il s'attirait déjà une mauvaise réputation. Et leur Sensei le nota bien.

Aizawa tourna la tête vers le blond, sentant cette présence énergique débarquer à sa hauteur, et son expression crispée fondit bien vite à la vue de la frayeur qu'il percevait sur le visage de son voisin de banc. Il soupira, comprenant qu'il s'en voulait réellement. Il n'était pas du genre rancunier de toute manière.

« Ce n'est rien. Tu as un alter puissant, c'est comme ça. Estime-toi heureux au... au lieu de... »

La douleur de la brèche de ses tympans le fit ralentir soudainement, comme si l'adrénaline n'aurait servi que quelques petites minutes avant qu'il n'en ressente les effets. Il serra ses oreilles avec les mains. Ses traits de son visage se crispèrent par la souffrance sous ses cheveux noirs. Il étouffa un gémissement en chancelant maladroitement, comme si son équilibre lui échappait fébrilement. Celui aux lunettes teintées le rattrapa de justesse en entourant le bas de son dos avec le bras, la paume de sa main sur l'épaule. La honte d'Hizashi ne se faisait que plus grande lorsqu'il remarqua que du sang s'écoulait de ses conduits auditifs. Il voulait s'excuser, il le voulait plus que tout au monde en cet instant bien précis, mais il en était tout bonnement incapable. Aucun son ne voulait sortir, c'était comme si son cœur avait posé ses mains sur ses lèvres.

Et c'était peut-être mieux ainsi.

Il l'escorta au mieux jusqu'à l'infirmerie d'une femme que tous appelait poliment Recovery Girl. Celle-ci soupira simplement et tira le blessé à l'intérieur du cabinet sans trop de ménagement, par simple habitude, sans doute. Yamada, en revanche, ne fut pas invité à entrer et ce fut avec toute la peine du monde qu'il accepta de retourner en cours. Après tout, il y avait encore des épreuves à passer... Bien que ses remords ne le lui permettaient pas, il força un sourire à Shōta pour le rassurer, espérant en être encore capable, en lui gratifiant d'un pouce en l'air que le noiraud ne prit aucune peine à regarder. Le blond s'en alla, désorienté par les évènements. Ses jambes avancèrent sans qu'aucun ordre ne leur communique le souhait de s'en aller. Il aurait tant voulu se laisser tomber contre le mur pour retarder sa rencontre avec les autres élèves de sa classe, abandonner avant même d'avoir commencé... C'était une erreur. Il n'aurait jamais dû venir ici. Son costume, celui dont il avait tant rêvé étant petit, lui faisait presque un peu peur. Dans quoi s'était-il engagé ? Allait-il seulement réussir à contrôler la puissance vocale de son alter ? Et s'il blessait involontairement des civils lorsqu'il serait sur le terrain ? Ces craintes, vieilles de plusieurs années, lui revinrent comme un haut-le-cœur qui lui donnerait presque la nausée. Mais en les voyant de loin, les visages de ses nouveaux camarades, il constata que ceux-ci lui faisaient des signes, et qu'à partir du moment où il pouvait capter leurs mots, les apprentis n'hésitèrent pas pour exprimer leurs inquiétudes face à l'état de Shōta, en bons futurs pros qu'ils étaient.

'Tu as un alter puissant, c'est comme ça.'

Il ne faisait pas exprès de faire mal, lui, il voulait juste devenir un héros...

[...]

Après un passage à la cantine et l'admiration qu'il porta pour la cuisine, Hizashi, de retour en classe, chercha des têtes sympathiques pour discuter. Il se mouva jusqu'à un coin de la salle, attiré par une conversation.

« Woa, et tu n'as plus rien ?

- Hm hm.

- Tes tympans ont déjà été soignés ?

- Hm.

- Eh bein, c'est pas pour rien que Recovery Girl est la meilleure infirmière que pourrait rêver ce lycée ! On raconte qu'avec elle, les élèves n'hésitent plus à se donner à fond pendant les exercices. Il y a cet avantage comme il y a des inconvénients, ceci dit. »

Visiblement, ces deux élèves s'adressaient à Shōta comme s'ils se connaissaient depuis toujours. Ce dernier était assis les épaules voutées au-dessus de son bureau. Hizashi reconnut une certaine Fujimi, et Nao Ekoshi, sagement installée à sa place, les jambes croisées sous sa jupe. Hizashi se laissa tomber devant son voisin de banc, à même sa table, énergique, comme à son habitude, arrachant un rictus à la plus âgée. Il était enfin prêt à s'excuser sans flancher.

« Hey dude ! Désolé pour ce matin, je suis content que t'ailles mieux ! »

Aizawa leva les yeux devant lui, adiaphore. Celle aux cheveux sombres s'appuya un peu contre la table de Nao.

« On raconte qu'il faut habituellement quelques semaines pour se remettre d'un tympan percé. On a de la chance d'avoir une infirmière aussi douée. Et puis, la blessure n'était pas si grave, tu n'as pas dû y aller à pleine puissance. Vous avez eu de la chance. »

Cette pique, plus affirmative qu'offencive, eut l'effet d'un coup de couteau dans le cœur mais il ne se permit pas d'en perdre son sourire, faisant mine ne pas être touché par ses propos plutôt innocent.

Il avait pourtant essayé de se donner à fond. À ses oreilles, il y était allé à fond, il avait fait crisper ses camarades et blessé l'un d'eux. Comment pouvait-elle dire ceci sans aucune justification ? Une blessure mineure ? Vraiment ? Peut-être que la réputation de Yuei poussait réellement leurs élèves au-delà de leurs limites...

« Tu es Hizashi Yamada, n'est-ce pas ? Impressionnant ton alter. »

Tâchant de mettre de côté ses dernières pensées, son sourire fit écho au sien et ses yeux brillèrent sous ses lunettes extravageantes.

« Merci ! Je sais qu'il est incroyable !!

- Tu peux amplifier le son de ta voix à ta guise ? lui demanda Nao avec curiosité. »

Comment pouvait-on être aussi perspicasses ? Hizashi décida de mettre sur le dos de la curiosité polie, et n'en perdit aucunement sa bonne humeur, bien décidé à se lier d'amitié avec les élèves de sa classe.

« Yes ! It's that ! Et toi ?

- Je peux me connecter à l'ouïe des autres, expliqua tout bêtement la plus jeune.

- Oh, comment ça marche ? demanda Fujimi, à laquelle Hizashi avait déjà pu apprécier la puissance de l'alter sur le terrain sportif. »

La fille aux cheveux bleus rougit légèrement en se grattant la joue, sous le regard intéressé de Yamada et Fujimi, et je-m'en-foutiste de Shōta. Il était vrai que le blond n'avait pas eu l'occasion de comprendre l'alter de celle-ci.

« Eh bien, il suffit que j'aie la personne dans mon champ de vision, et indépendamment de la distance, je peux entendre ce qu'elle entend.

- C'est pratique comme alter ! Mais comment as-tu réussi à passer l'examen d'entrée ? »

Elle dévisagea la seconde fille avec hésitation.

« En fait... Je n'ai pas réussi à faire des dégâts aux robots, et je n'ai su qu'au dernier moment que j'ai reçu des points pour avoir sauvé deux personnes. Et comme j'ai eu de très bon résultats à l'écrit... Et toi ?

- Pareil haha. Mais j'ai eu vraiment peur, je suis avant-dernière dans le classement de la classe... raconta-t-elle, presque dépitée. Et vous deux, alors ? »

Elle s'adressait à présent aux garçons. L'un comme l'autre sortirent de leurs pensées respectives.

« Je leur ai hurlé contre et j'ai fini dans les cinq premiers du classement, c'était du easy de chez easy !

- Ah ! C'est donc toi qu'on a entendu ! rigola Nao. Et toi Aizawa-kun ?

- Oh, Aizawa a dit qu'il n'avait pas un alter qui lui permettait de réussir l'examen d'entrée ! leur expliqua Hizashi, ravi de s'en être souvenu, au plus grand damne de Shōta qui se renfrogna lorsqu'on lui rappela qu'il avait failli ne pas entrer à cause de cet échec.

- ... C'est parce que je n'ai pas d'alter, marmonna-t-il, le regard fuyant. »

Choc ? Surprise ? Les trois le fixèrent comme s'il s'agissait d'un extraterrestre.

« KwaAAAA nan tu déconnes ?! s'étonna le blond, les deux mains sur les joues. On peut vraiment entrer à Yuei sans alter ?? »

Shōta maintenu un certain mutisme comme s'il voulait éviter le sujet. Et c'est alors que le titulaire attira l'intention de quelques-uns alors qu'il entra dans la salle en rouspétant dans sa barbe inexistante.

« C'est pas vrai, ça fait même pas une journée et il y a déjà des réclamations... »

Une élève qui se tenait par-là l'entendit ruminer, et l'interrogea avec une pointe de curiosité.

« Quelque chose ne va pas, Sensei ? »

Celui-ci soupira patiemment.

« Un élève en filière Général qui demande à refaire ses preuves parce qu'il a échoué à l'examen théorique pour entrer ici. Qu'il attende le Championnat. Ou alors, il rentrera l'année prochaine, je n'ai pas encore la volonté de m'accommoder d'un imbécile qui ne sait qu'écrire son nom au coin de la feuille et qui passera sa scolarité la tête dans les nuages. »

Nao voulut reprendre la conversation en chuchotant :

« Faudra que tu nous expliques comment tu es entré ici, Aizawa-kun. »

Il se contenta d'hausser les épaules sans volonté, sans trop remarquer qu'Hizashi continuait de le fixer avec cette pointe de curiosité que ses proches lui connaissaient si bien.

[...]

Le soir vint enfin, il était éreinté. Éreinté mais terriblement heureux. Il avait survécu à sa première journée à Yuei, l'école dont il avait rêvée toute sa vie. Et malgré ce moment de doute, lorsqu'il s'était senti déstabilisé, il était fier d'être passé au-dessus de ses craintes.

Le blond était à présent allongé dans son lit, le cœur allégé, son casque sur les oreilles. Il avait les yeux fermés. Les mains sur le ventre. Les cheveux encore humides après sa douche qui coulaient sur son oreiller. « I've seen almost every side of the industry... Except the side we've been working seven years to see... » Il repensa à cette folle journée, à l'incident du cours de sport et le début maladroit de se faire des amis. Mais finalement, ces premiers instants à Yuei ne s'étaient pas trop mal passés... Il a eu la chance de rencontrer des gens très gentils, la cafétéria était top, il n'avait blessé qu'une seule personne et la fille qui le détestait n'avait entraîné personne dans son camp, pour le moment. Même si peu de gens l'appréciait, il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter. Cette fille était une vraie plaie.

Les yeux clos, il se voyait flotter dans un espace infinie. Tout était noir, avec des gerbes de couleurs estompées. Il y avait lui, immobile, ou pas totalement, qui tournait sur lui-même. Il y avait ceux qu'on avait appris à appeler 'les Autres'. Ces Autres flottaient autour, sans sentiment envers lui, sans y faire vraiment attention. Le monde était étrange. La vie aussi. L'univers tout entier. Mais si tout était étrange et différent, est-ce qu'être différent rendait tout le monde pareil, et être étrange, totalement normal ? Hizashi ne savait pas. Il n'en savait trop rien. Il avait juste l'espoir qu'un jour les moutons à cinq pattes puissent être acceptés dans le troupeau... Et un peu plus pour que la deuxième journée à Yuei lui permette de faire connaissance avec ses autres professeurs, et apprendre un peu mieux à connaître ses nouveaux camarades.

L'espoir fait vivre... Mais le jeune garçon ne vivait pas. Il rêvait d'une réalité qui lui était propre, où les gens respiraient la musique, pouvaient voir le sel marin dans l'atmosphère, trouveraient qu'aucun regard ne pouvait être trop vert, et que les illusions n'avaient rien de plus réelles. Qu'au final, l'espoir faisait rêver, et à force d'y penser, Hizashi ne fut bientôt plus capable de sentir le matelas retenir son corps en éveil...

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C'est quoi cet abus on a déjà dépassé les 100 vues dès le premier jour du prologue x)
Thanks guys, you give me determination !
Ce chapitre fait 5700 mots pour info :)

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Ça me ferait extrêmement plaisir ^^

À jeudi dans deux semaines pour le deuxième chapitre ! Et promis, dès que j'aurai plus de chapitres de prêts, je posterai plus souvent !

*(o・ω・o)*ノ ᴹᵉʳᶜᶤ ᵖᵒᵘʳ ᵛᵒᵗʳᵉ ᶠᶤᵈᵉ́ˡᶤᵗᵉ́

Musiques références : Big idea (AJR)

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