
Chapitre 5 : Les tributs
Fiana nous a prévenu que nous arriverons au Capitole demain dans la matinée. Les tributs du district un seront les premiers arrivés et ceux du douze les derniers.
Je suis émerveillée par l'intérieur du train, tout y est tellement luxueux. Je me demande à quel point les habitants du Capitole mènent la vie facile. Rien que ma chambre est deux fois plus grande que la maison dans laquelle je vivais avec mon père. Enfin, c'est beaucoup plus grand qu'une chambre, on y trouve un grand lit double avec un matelas des plus moelleux, un dressing et des tiroirs remplis de vêtements faits d'étoffes que je n'avais jamais eu la chance de toucher auparavant. Il y a même une grande douche en marbre avec l'eau courante que l'on peut passer de chaude à froide à notre guise, une véritable révolution.
Dans une heure, nous avons tous rendez-vous pour le dîner, je décide d'aller prendre une douche brûlante, d'enfiler une jolie robe en satin bleu ciel et de remettre mes petits souliers vernis. Je m'aide du grand miroir pour me faire une coiffure avec les rubans d'Angie et Aubrie et ré-enfile le collier de Rozann quand une voix se fait entendre de l'autre côté de la porte.
- Eucclésia ? Tu m'autorises à entrer ?
C'est la voix d'Ewen, je me demande ce qu'il me veut. Je lui ouvre la porte sans plus attendre.
- Waouh, très jolie robe, elle te va comme un gant.
- Merci, je n'ai pas vraiment l'habitude de m'habiller comme ça, dis-je embarrassée les joues rougissantes.
Lui a revêtu un pantalon kaki et un tee-shirt blanc, histoire d'avoir une tenue confortable.
- Qu'est-ce que tu voulais me dire ? je lui demande.
- Rien de spécial, je voulais juste qu'on se retrouve rien que tous les deux, c'était très courageux ce que t'as fait pour la petite Bowszmith.
- Je me suis pas vraiment rendu compte que je m'étais portée volontaire avant d'arriver devant le micro en fait.
On se met tous les deux à rire, ça me fait du bien de réussir à dédramatiser la situation.
- C'est pareil pour moi, je me suis rendu compte que j'avais été tiré au sort seulement quand ma famille est venue me dire au revoir, la tienne ne l'a pas trop mal vécu ?
- En fait je suis orpheline, ma mère est morte en me donnant naissance et mon père est décédé il y a sept ans.
- Oh je suis désolé, je n'en savais rien, s'excusa-t-il d'une voix faible.
Je lui relève la tête et plonge mes yeux dans les siens.
- Tu l'as dis toi-même, tu n'en savais rien, ce n'est pas la peine de t'excuser.
- Ça ne doit pas être facile tous les jours
- C'est vrai que je pense souvent à eux, mais j'ai ma nouvelle famille au foyer communal.
Je tente de le rassurer du mieux que je peux avant que nous soyons interrompus.
- Les enfants, à table !
Fiana est en train de fanfaronner dans le couloir à notre recherche.
- Je crois qu'on ferait mieux d'y aller avant qu'elle ne commence à chanter, dis-je en rigolant.
Ewen me sourit et me tend la main pour m'aider à me relever avant que je ne le suive dans le couloir.
Au milieu de la salle à manger, trône une immense table en bois blanc. Je n'ai jamais vu autant de couverts rassemblés pour une seule personne. Nous disposons tous d'un verre en cristal sur lequel on aurait peur de poser nos lèvres et d'une assiette ornée de délicates fleurs rouges. Je m'assieds entre Angus et Morciana et Ewen se place en face de moi aux côtés de Fiana et Talipé.
- Vous allez voir, ce sera le repas le plus complet qu'il vous aura été donné de manger !
Je trouve la remarque de Fiana déplacée sachant que les districts crèvent de faim pendant que le Capitole mangent plus qu'il ne le faut. Ewen me donne un coup de pied sous la table pour que j'arrête de fusiller notre hôtesse du regard.
- Eucclésia, Ewen, ne vous en faites pas, je vous donnerai les meilleurs conseils. Je ne suis pas un vainqueur pour rien après tout ! tente Angus pour relancer la conversation.
Il a dit "je" et non pas "nous" parce qu'il sait très bien que Morciana et Talipé ne nous seront d'aucune aide. Angus est le vainqueur le plus récent de notre district, il a gagné les jeux à quinze ans, il en a aujourd'hui vingt-quatre. Si Morciana et Talipé ont été ses mentors, je suppose qu'il a été obligé de se passer d'eux.
Une délicieuse odeur de potage aux champignons se met à flotter dans l'air et quatre serveurs déboulent dans la pièce, assiettes à la main. J'ai du mal à le croire, mais il ne s'agit que de l'entrée, nous attendent encore le plat, le fromage et le dessert. Dans notre district, on se contente d'un plat et parfois d'un dessert lorsque l'occasion se présente.
Je n'écoute même pas la conversation entre Fiana, Angus et Ewen, trop occupée à savourer ma soupe. Je crois que j'ai tâché ma robe, mais à ce moment précis, ça n'a pas d'importance.
La suite du repas est tout aussi incroyable : riz blanc et sa crème de légumes d'été accompagnés d'une escalope de volaille. Pour le dessert, j'ai l'impression d'être dans un rêve; une crème à la vanille encore chaude avec du coulis de framboise et deux petits biscuits secs à l'orange. Un régal pour les yeux, mais aussi pour l'estomac. Je n'en laisse pas une miette.
J'ai mangé plus en un repas qu'en une semaine dans mon district et j'ai peur de tomber malade après tout ce que je viens d'avaler. Soudain une pensée me vient à l'esprit, dans l'arène je ne serais pas aussi bien nourrie, je ferais mieux de réduire mes portions aux prochains repas. Mon estomac ne tiendra pas longtemps après avoir été autant chouchouté et ma préparation mentale aux Hunger Games a commencé dès que je me suis portée volontaire. Il est grand temps que débute ma préparation physique.
- Il est maintenant temps que l'on sache à qui vous aurez affaire, allons nous installer dans le compartiment télé, nous fait remarquer Fiana.
Mon poil se hérisse, le fait que je connaîtrai bientôt l'identité de mes adversaires m'effraie. Je m'assieds de force entre Morciana et Talipé, espérant entendre ce qu'ils auront à dire et peut-être même réussir à engager la conversation avec eux. Angus allume l'écran et s'apprête à afficher le résumé des moissons, la nôtre y compris. Ewen est anxieux, je le vois dans son regard. Ce moment va être le plus désagréable de ce voyage en train, ou le plus rassurant. Après tout, on ne sait pas à quoi s'attendre.
Sur les six carrières, quatre se portent volontaires et ils ne sont clairement pas venus pour jouer. Les carrières, ce sont les tributs des districts un, deux et quatre et ils ont un très gros avantage sur nous autres. Les tributs de ces districts s'entraînent depuis tout petits pour les Hunger Games, ce sont les chouchous du Capitole et ce sont en majorité eux qui sortent vainqueurs.
Les tributs du deux, Triffel Flathill et Sparkle Ashwater adressent un message des plus sinistres à leurs adversaires promettant de leur offrir une mort rapide. Lui, a une musculature déjà bien développée pour son âge et ne cesse de fixer la caméra comme pour être sûr que son message soit bien passé. Elle, a un visage de poupée, de grand yeux de biche et sourit sans arrêt dévoilant ainsi ses dents d'un blanc éclatant. En plus d'avoir des noms ridicules, ils se comportent de manière euphorique comme si les Hunger Games étaient une grande soirée. Angus nous explique que c'est une ruse pour avoir le Capitole dans la poche et ainsi, obtenir un maximum de sponsors une fois dans l'arène.
Fiana n'arrête pas de faire les éloges du tribut du district quatre, un garçon élancé à la chevelure blonde platine et parie qu'il sera cette année, le chouchou de Panem. Ewen dépasse sa tête de derrière notre hôtesse et me mime une envie de vomir, je tente de ne pas éclater de rire.
— Si c'est lui qui gagne, je vous jure que je me pends, lance Morciana d'une voix railleuse.
— Je risque de me retourner dans ma tombe si c'est le cas, tentai-je pour continuer la conversation.
Ma blague ne fit pas l'unanimité et je note dans un coin de ma tête de ne plus tenter ce genre de facétie à l'avenir.
Je réfléchis au moyen de plaire au Capitole sans paraître trop hypocrite quand une voix familière provenant de la télévision me ramène à la réalité. C'est celle de Fiana qui appelle Loula après avoir tiré au sort son nom.
Les larmes me montent aux yeux au moment où je me vois me porter volontaire, je repense à Rozann, à ce que m'a dit Loula et je resserre les rubans d'Angie et Aubrie comme pour me donner du courage. Talipé pose sa main sur la mienne afin de me montrer son soutien. Il me sourit et j'ai l'impression d'être en sécurité pendant un court instant. Je suis submergée par mes émotions et j'essaie tant bien que mal de les contrôler, je lutte pour faire le vide dans mon esprit. Ewen me propose de m'accompagner dans sa salle de bain sans se soucier de rater des moissons, je le suis sans demander mon reste.
Il engage la conversation pendant que je laisse couler un filet d'eau claire dans le creux de mes mains.
— Après ce que je viens de voir, je peux affirmer sans un doute que nous sommes les tributs les plus charismatiques de cette édition.
Je lui jette un sourire en coin avant de verser le contenu de mes mains sur mon visage humide pour me rafraîchir.
— Pas autant que le chouchou de Fiana, tu as vu cette épaisse crinière et ses yeux d'un bleu tellement profond qu'on pourrait s'y noyer, me moquai-je en reprenant les mots de notre hôtesse.
Nous nous mettons à rire à gorge déployée sans pouvoir nous arrêter. On dirait bien qu'Ewen adore parier sur l'humour quand il doit réconforter quelqu'un et ça marche plutôt bien. Dans ces moments, j'ai l'impression que seul lui est capable de m'aider et je suis bien contente de l'avoir à mes côtés.
— Vous allez rater la dernière moisson, cessez vos ricanements et rejoignez-nous, pour l'amour de Dieu !
Nous n'avons raté que trois moissons en tout, puiqu'Ewen et moi avons pris le temps de sortir de notre cachette et d'en regarder deux supplémentaires avant de rentrer à nouveau pour retarder le moment où nous devrions rejoindre le reste du groupe. C'est tombé sur le district huit et le neuf, ils ne m'ont pas marqués plus que ça.
— On devrait y aller avant que Fiana ne commence à pleurer, chuchota Ewen en mémoire à ce que j'avais fait remarquer avant le dîner.
Nous arrivons dans le salon au moment où la moisson du district douze commence. Je le vois, Haymitch Abernathy, le gagnant de l'année dernière tout de blanc vêtu. Mais ce n'est pas vers lui que mon regard est attiré, c'est vers cette fille qui vient d'être appelée et qui s'avance vers l'hôtel de ville. Elle a des cheveux courts avec de belles boucles blondes comme le blé et des yeux bruns comme la terre fraîche.
Elle s'appelle Bloom et je crois que je viens de tomber amoureuse.
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❝Down in the river, Telegraph❞
"Il est grand temps que débute
ma préparation physique."
Découverte des premiers adversaires d'Eucclésia et Ewen, qu'est-ce que vous en pensez ?
N'hésitez pas à me donner votre avis sur ce chapitre ❤ (et à la semaine prochaine pour la suite)
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