Chapitre 10
Le printemps vient de sonner ses cloches, les cerisiers devant le lycée sont en fleur, les différents élèves de Vérone ont abandonné leurs lourds vêtements d'hiver. La pluie commence à laisser sa place au soleil, ce dernier encore timide se cache derrière quelques nuages vaporeux. Le temps s'est rapidement réchauffé cette année, dire qu'il y a encore deux semaines Sébastian portait une écharpe, qui d'ailleurs n'est pas à lui, l'écharpe en cachemire bleu foncé a été piquée en représailles à un blond qui lui avait piqué un t-shirt en douce. Mais tout le monde sait que c'est Sébastian lui-même qui a oublié ce pauvre t-shirt.
Ces derniers jours sont passés à la vitesse de la lumière. Et avec le changement de saisons, se sont installés des changements dans la vie de nos protagonistes. Commençons par les séances hebdomadaires de révision du mercredi soir où Sébastian, Elliot et un certain joueur de hockey se retrouvent pour étudier leurs cours de maths et de physique-chimie. L'initiative est étrangement venue du mexicain, un après-midi où le professeur d'éducation sportive n'était pas là, une bonne partie de la classe s'est retrouvée à la bibliothèque. Sébastian, Eden, Elliot et Charlie se sont installés à la même table pour prendre de l'avance sur leurs devoirs. En réalité, la jeune femme et le blond ont passé leur temps à faire les clowns, au point de se faire réprimander par la bibliothécaire. Mais Elliot voulant sincèrement comprendre ces foutus cours de sciences, Sébastian lui a proposé de l'aide. Après leur première séance, Callum s'est invité. Et malgré le tempérament tumultueux du joueur de hockey sur glace, ce dernier se tient à carreau lors de cette heure de travail intensif, suite auquel il les quitte pour son entraînement. Toujours de façon bruyante, ce qui fait soupirer Elliot. Sébastian y repense en fumant sa cigarette assis sur les marches du perron du lycée en attendant que le blond le rejoigne.
Eden pointe enfin le bout de son nez, accompagné de Rosalie. Les deux adolescents ont été choisis pour les rôles principaux de la pièce de cette année. Le club a décidé d'interpréter un grand classique: Roméo et Juliette. Eden n'en revenait pas d'avoir été sélectionné aux votes. Il en a parlé pendant trois jours consécutifs, et même si Sébastian est très content pour lui, reste qu'il n'est pas enchanté par cette histoire de baiser, sur la bouche, sur scène, que le blond devra échanger avec Rosa. Bien que sa relation avec la jeune femme se soit grandement améliorée et que lors de quelques discussions il semble qu'ils aient retrouvé leur ancienne complicité. Eden a tenté d'argumenter en disant que ce ne serait qu'un simple smack. Il ne reste que personne ne touche à son copain !
Parce que c'est ce qu'ils sont, après un mois passé ensemble sans s'être entre-tués, mais en ayant passé leur temps entre sortie et embrassade, Sébastian peut dire que Eden est son petit ami. Il ne lui a toujours pas dit les trois mots fatidiques, mais il espère que ses actions témoignent de son affection. En arrivant à sa hauteur, monsieur Campbell regarde à droite, puis à gauche avant de déposer ses lèvres sur les siennes. Un baiser rapide en signe de "tu m'as manqué" alors qu'ils ne sont séparés que depuis deux heures . Rosalie ne se prive pas de le faire remarquer.
– Tout le monde sait que vous êtes ensembles, pourquoi faites-vous attention ? demande-t-elle.
– On veut juste pas s'afficher, on reste discret, ça évite les problèmes, se charge de répondre Sébastian.
Eden se contente d'acquiescer de la tête, si la plupart du lycée sait qu'ils sont en couple, l'autre reste dans le flou, et une infime partie est dans le déni. Ne rien montrer de compromettant permet de ne pas s'attirer des soucis, pas de curieux fanatiques, pas de photos prisent à leur insu, pas de remarque désobligeante dans les couloirs, pas de mecs aux idées dérangées pour venir leur taper dessus. Ne rien montrer pour survivre. Ce qui ne les empêche en rien de passer leurs journées ensemble, tous les deux, ou entourés de leurs amis.
Mais qui dit retour des beaux jours, dit que Sébastian pourra reprendre sa moto. Il y a près de trois semaines, Eden et lui se sont fait enguirlander par Carmen. La jeune femme a reproché à son frère de ne pas faire attention à sa sécurité, et Eden en a pris pour son grade parce qu'apparamment il aurait dû reprendre le brun sur ses agissements, au lieu d'en être complice. Sébastian trouve qu'il se fait un peu souvent engueuler par sa petite sœur, et il insiste bien sur le mot "petite". Il semblerait qu'il n'ait plus aucune autorité. Mais voilà, nous sommes mercredi soir, il attend que Eden quitte le club de théâtre pour aller à pied jusqu'au centre ville, pour prendre le bus qui les déposera à quelques minutes de leur quartier résidentiel. Il est privé de moto, Carmen a caché ses clés, et il n'y a plus de bus scolaire après dix-huit heures. Ils sont donc obligés de prendre les transports en commun.
En fait, non. Eden a le permis de conduire, son père une voiture civile, et il pourrait même en emprunter une au poste sans qu'elle soit affûtée de Detroit Police Department. Mais Eden aime ces moments de marche sympathique en plein air. Dans le centre-ville avec ces bâtiments à l'architecture saisissante, où se mélangent l'ancien et le neuf, ces pierres rouges, et ces vestiges de l'industrialisation. Au milieu de tout ça il se sent tout petit, comme un retour à l'humilité. Le début de soirée est une atmosphère particulière, certaines boutiques ferment, tandis que d'autres ouvrent, des bureaucrates sortent du centre d'affaires, coupant la lumière de bâtiments entiers, tandis que les immeubles commencent à s'illuminer. Il observe cette douce transition à travers ses yeux ou encore les vitres du bus, le croisement entre deux mondes le temps d'une heure ou deux. Ce brassage de populations, de langues, de couleurs et d'odeurs, le transporte jusqu'au calme de son quartier, où cette fois l'animation se fait par la tonalité grave de la voix de Sébastian. Qui ne dit d'ailleurs rien de très poétique, râlant sur le trafic automobile des heures de pointes.
Ainsi les jours passent à Vérone, entre cours, pause déjeuner, activité extrascolaire. Sébastian n'en revient pas qu'il soit non seulement en train de débuter une relation amoureuse, mais aussi en train de se faire des amis. Ce petit groupe: Rosa, Charlie, Elliot, quelques fois des athlètes des différents ensembles sportifs du lycée, crée tout de même un groupe soudé sur lequel il peut s'appuyer. Il est cependant douloureusement conscient que ce changement arrive bien tard. Seulement, grâce à Eden, il s'intéresse et s'intègre parmi des gens qu'il côtoie depuis maintenant plus de trois ans. Pour certains d'entre eux, ils sont dans la même classe depuis l'entrée au lycée. Il faut que ce soit sur sa dernière année que tous ces liens lui prouvent ce qu'il a raté en restant dans son coin. Parce qu'on ne peut pas dire que les jeunes qui travaillent pour son père sont de vrais amis, de ceux qui rient avec vous, vous encouragent, vous confient leurs craintes, partagent de bons moments avec vous, et vous soutiennent dans les pires.
C'est ce genre de réflexions que son père ne voudrait pas qu'il ait. Erniques dirait que seule la famille est fiable, que seuls les membres du gang sont des hommes à qui on peut confier sa vie. Pourtant ce sont ces hommes qui font de sa vie un enfer, entre son coming out volé, et le fait qu'ils l'entrainent dans des plans dangereux. Ces jeunes gens n'ont rien fait pour l'aider, au contraire. Entre alcool et drogue, il a commencé son adolescence avec des comportements dangereux, n'en reste aujourd'hui cette addiction à la cigarette.
Si le temps change, chaque personne qui interfère dans cette histoire espère que le temps des réponses va venir. Jusqu'à maintenant beaucoup de questions restent sans réponse, et le flou persiste dans la tête d'Eden et Sébastian. Pourtant l'un comme l'autre laissent les jours défiler sans rien changer à cet état de fait. Même si les questions se multiplient dans leur tête. Après tout, ils ont l'avenir devant eux pour en trouver les réponses. Tout du moins c'est ce qu'ils pensent.
Un samedi comme un autre Eden invite Sébastian a passer la journée chez lui, et qui c'est la nuit aussi. Les garçons ont trouvé une combine pour que William ne trouve pas Sébastian chez lui le dimanche matin. Mais bon si les temps ont changé, les habitudes des Campbell se trouvent un peu chamboulées. Sébastian n'a pas grand chose à craindre de croiser le Capitain chez lui, puisqu'il n'y est presque jamais. Voilà quelque semaines qu'il enchaîne service sur service. Entre nuit de patrouille, intervention, et recherche au poste. William ne voit pas beaucoup son fils. Juste le minimum social. Alors pour combler sa solitude, Eden a la chance d'avoir Sébastian dans son salon.
Désespéré, il regarde par la fenêtre la parcelle devant sa maison. Dire qu'il y a quelque temps là où se trouve de l'herbe fraîche, jeune pousse du printemps, il avait de la neige immaculée. Actuellement la terre est froide, glacée, boueuse, gorgée d'eau, lourde, et dangereuse. Avant il se fichait du chemin en béton pour accéder à son patio, mais après avoir failli se faire mal en rencontrant le sol tête la première à deux reprises, il a décidé que le béton verglacé était une meilleure option. Eden pousse tout de même un long soupir de résignation. Sa première expérience avec les petits cristaux de glace avait été de trop courte durée à son goût. Sébastian vient l'enlacer, les bras autour de sa taille, les mains sur son ventre, la poitrine contre son dos, ses lèvres dans sa nuque. Eden ne l'avouera jamais mais il pourrait bien jouer la comédie pour avoir plus de câlins de ce genre là.
Ayant trouvé un peu de réconfort, Eden est partant pour repartir sur ces devoirs de physique dont il ne comprend absolument rien. Mais comme Sébastian l'aide à répéter la pièce pour le lycée, il veut bien faire l'effort de ne pas être complètement nul dans la matière préférée du brun. Mais bon disons que ce n'était pas gagné. Sébastian usa de toute son imagination pour lui faire comprendre le système d'inertie et les formules de physique qui s'y appliquèrent. Mais peine perdue.
– Arrêtons le massacre, fit Sébastian en observant le plan de travail en granite de la cuisine des Campbell recouvert d'eau et de récipients contenant différents objets plus ou moins lourds.
– Je t'ai jamais dit de commencer, mais bon tu étais déjà lancé... C'est quand le concours d'exposé du club de science ? demande ironiquement Eden, un petit sourire en coin.
Eden avait découvert qu'il pouvait légèrement taquiner Sébastian sans pour autant que ça le mette réellement en colère. Il adorait leur petit bataille qui s'ensuivit après coup. Et si par malheur le brun devenait vraiment pas content, il lui suffisait de l'embrasser pour que tout nuage orageux s'envole. Bien souvent ce ne sont que des chamailleries enfantine. Un petit coup de stylo sur son cahier, lui jetait un petit poids au self, cette fois-là a bien failli partir en bataille générale, mais comme par hasard un surveillant est passé à leur table juste au moment où ça devenait intéressant. Quoi qu'il en soit Sébastian a bien vu à quel jeu jouer Eden et se venge allègrement à coup de chatouille sur les côtes et de privation de bisous.
Rangeant le plan de travail sans manquer de se chamailler, la sonnette de la maison retentit. Surpris les deux jeunes hommes se regardent, cessant tout mouvement.
– Tu attendais quelqu'un ? demanda Sébastian légèrement inquiet.
– Non.
Ils se dirigent vers l'entrée, Sébastian en première ligne. Son père n'oserait pas faire un mauvais coup maintenant ? L'idée lui traversa l'esprit et l'angoisse monta dans sa poitrine. L'idée même que son paternel ose envoyer quelqu'un sans prendre au blond juste à côté de chez eux lui paraît absurde et trop risqué. Il voudrait bien dire à Eden d'aller se cacher quelque part, au risque de passer pour un parano, mais il n'a aucun droit, actuellement il n'est pas chez lui. Il se permet tout de même d'ouvrir la porte de la maison des Campbell.
La personne qu'il trouve en ouvrant la porte se fige à la vue de Sébastian, il faut dire qu'il ne s'attendait pas à le voir. Après toutes ces années, il ne savait pas comment réagir, quoi lui dire. Par où commencer. Bonjour ? Pardon ? Comment ça va ?
De son côté Sébastian reste figé sur place, ne répondant pas aux interactions silencieuses d'Eden, pourtant le jeune homme tire sur son t-shirt au niveau de ses flancs essayant de le faire reculer pour voir qui se trouve sur le patio. Réussissant finalement à se glisser entre le bras du brun et l'embrasure de porte, il saute au cou du nouveau venu, faisant fit de ce qu'il porte dans les bras.
– Théo !
Le cri de joie d'Eden ramène Sébastian sur la terre ferme, du moins pour réaliser que Théodore Wilson se tient devant lui et que ça doit faire au moins 5 ans qu'ils ne se sont pas vu. Sébastian ne sait pas quoi faire est fonction en mode automatique, il voit bien Théo rentré dans le salon puis se dirigé vers la cuisine, déposé sur le plan de travail les sacs de courses qu'il portait en arrivant. Il observe les deux blonds ouvrir fermer placards et frigo pour y ranger les provisions. Il entend même Eden lui demander combien il lui doit pour les courses, et Théo lui répondre qu'il a déjà vu ça avec le Capitaine. Sébastian connait ce ton il sait d'instinct que l'adulte avec eux ment. Eden n'y voit que du feu. Sébastian se surprend à connaître encore les mimiques de Théo. Réalisant avec un pincement au cœur qu'il n'a pas changé, malgré le temps et les épreuves qui sont passés.
L'excitation d'Eden redescendus l'ambiance devient gênante. Ils restent là, debout dans cette cuisine ne sachant pas quoi se dire où quoi faire. Eden ne comprend pas trop ce qu'il se passe, alors il cherche encore la meilleure façon de lancer la conversation. Sébastian est toujours en mode bloqué et reste fixé sur Théo qui le dévisage. Le jeune officier ne le fait pas par méchanceté, il observe simplement le jeune homme qu'est devenu le petit garçon qu'il a laissé derrière lui il y a quelques années. Sébastian est plus grand, plus musclé et ne ressemble plus au petit garçon chétif et incroyablement gentil qu'il a connu. Alors bien sur le Sébastian actuel n'a plus rien de chétif, mais quelque chose dans ses tripe dit à Théo que ce petit est toujours aussi gentil qu'il était auparavant, sans aucun doute plus blessé qu'il l'a déjà été, mais toujours le même petit qui lui raconter ses journées d'école et lui parlait des galaxies à chaque fois qu'ils se croisaient. Le souvenir des moments qu'ils passaient ensemble se dessine devant les paupières de Théo, si nettement qu'il s'y croirait encore.
Malgré lui les larmes lui montent, ne voulant rien laisser paraître Théo s'apprête à quitter la pièce, et par la même occasion la maison. Il dira au Capitaine que son fils va bien et que les courses ont été livrées et rangées. Mais il n'a pas le temps de faire un pas que la voix grave de Sébastian l'interrompre.
– Tu ... Tu peux ne pas dire que tu m'as vu ici.
Sébastian aurait préféré que la première discussion depuis des années avec l'homme qu'il considérait comme un grand frère tourne autour de garder un secret. Mais au moins à ce sujet là il peut en parler, le reste reste coincé dans sa gorge, refusant de refaire surface aux mauvais souvenirs.
Théo est surpris du ton grave de la voix du brun, alors bien sûr sa voix à muer, mais c'est le ton désespéré presque suppliant qui s'y cache qui lui fait mal au cœur. Pourquoi un jeune homme aurait besoin de rester secret sur la relation qu'il entretient avec son petit ami. Théo sait bien pourquoi entre l'homophobie qui traîne dans les rues, et la situation familiale catastrophique des Mendoza, il sait bien ce qu'appartenir à cette famille signifie. Et pour cause, il a vu ces liens détruire à petit feu Bernardo.
Berni et lui se connaissent depuis au moins le début du collège, et leur relation de rivalité s'est transformée en une espèce d'amour haine, jusqu'au drame au matin de leur dix-huit ans. Pourtant Théo ne cesse de vouloir ramener Berni dans le droit chemin, le faire sortir de la noirceur dans laquelle il vit. Mais à chaque fois qu'il croit avoir fait un pas vers la lumière, Berni trouve un moyen de tout détruire en reculant de dix pas dans l'ombre.
Théo n'a pas oublié la douleur dans les yeux de Berni, à l'époque, quand il le suppliait de ne rien dire sur leur relation qui changeait vers quelque chose de doux, et incroyablement magnifique. C'est ce regard qu'il voit là dans les yeux de Sébastian, entre douleur, peine et inquiétude. Avoir peur de perdre la personne qu'on aime. Pas par simple rupture, non par peur que votre famille détruise le peu de bonheur que vous avez réussi à construire.
– Sébastian, je ...
Théo n'arrive pas à formuler une phrase correcte qui pourrait témoigner de ce qu'il ressent. Son cœur et son esprit entrent en confrontation. Son cœur veut rassurer le jeune homme qui se tient devant lui, tout comme il a consolé un petit garçon par le passé. Son esprit est encore sous le choc de le voir là sous ses yeux après autant de temps, et n'arrive pas à trouver les mots pour exprimer ce qu'il veut dire.
De son côté Eden est un peu perdu face à l'échange qui se passe devant lui. Bien qui ne connaisse Théo que depuis quatre mois, il ne l'avait jamais vu dans un état pareil. Ni Sébastian d'ailleurs, non pas qu'il n'est jamais vu l'air triste qui couvre son visage de temps en temps, c'est la première fois que l'expression qu'il y trouve lui fait aussi mal au cœur. Il se dit qu'il aurait peut-être dû parler avec Sébastian du fait que son père est au courant de leur relation. Pas qu'il l'accepte, mais il n'a pas vraiment dit qu'il était contre. Si il avait parlé en dépit de ses craintes peut-être qu'ils ne seraient pas dans cette situation. Eden ne connaît pas la relation entre Sébastian et Théo ni ce qui les lie, tout ce qu'il sait c'est que l'officier parle toujours en bien du jeune homme. Et les réticences de son père n'ont plus eu lieu depuis le dimanche de février lorsque le brun est passé chez lui. Finalement tout ça est un peu étrange, non pas que ce soit la fin du monde que tout ne soit pas très clair dans leur quotidien actuel, les quelques zones d'ombre qu'ils peuvent rencontrer ne les empêchent pas d'être heureux, du moins c'est ce que croit Eden. Dans son esprit il suffit d'élucider ces problèmes les uns après les autres, sans être conscient que la source de tout cela n'est qu'un seul et même homme qui n'a, par chance, jamais rencontré encore.
– Je ne ferai rien pour te nuir, ou pour vous nuir d'ailleurs.
Théo reprit ses esprits, arrêtant de calquer sa situation à celle devant ses yeux. Surtout il ne voudrait pas que les deux jeunes hommes auxquels il tient se retrouvent dans la même horreur que lui. Il tenta une approche vers Sébastian, un pas vers lui, un mouvement dans sa direction. Il ne sait pas s'il va l'accepter, comme avant. Si Théo considère le brun comme un petit frère, il sait que la réciproque est vraie. Du moins elle l'était.
Le blond a l'impression de reprendre son souffle lorsque, sans une quelconque intention préalable, Sébastian se fond brutalement dans ses bras. Une sensation différente de celle qu'il a connue il y a quelques années, il est plus grand que lui, plus musclé aussi, ainsi leur câlin est un peu bancal. Mais cette sensation d'être à la bonne place, lui avait, sans qu'il ne s'en rend compte, manquer.
Pour Sébastian aussi, cela faisait longtemps, trop longtemps apparemment, parce qu'il se surprend à serrer plus fort le corps de Théo dans ses bras, à avoir la larme à l'œil, et les membres qui tremblent. Il s'en voudrait presque de paraître faible, au yeux d'Eden et pour ceux de Théo, faible d'être rester ce petit garçon fragile et émotif. Décidément ces derniers temps les personnes de son passé qu'il avait le plus compté pour lui faisait apparition soudaine dans son quotidien. Brisant la carapace qu'il avait réussi à former. Pourtant bientôt il lui faudra colmater les fissures pour endurer les épreuves futures. Du moins c'est ce qu'il pense. Mais pour aujourd'hui il se laisse aller dans les bras d'un de ses proches dont il a été séparé depuis trop longtemps.
Une fois les larmes séchées et les esprits retrouvés, les garçons se séparent, non pas à contre cœur mais comme si cette courte étreinte avait suffi à rattraper le temps perdu. Eden, qui n'a pas bougé depuis, s'inquiète quelque peu à la vue des yeux rouges de son petit copain et de son ami. Doucement il rentre dans leur cercle, brisant ce moment solennel. Il questionne le brun du regard et se rassure quand celui-ci tend le bras pour caresser le sien et lui répond d'un sourire. Tout va bien.
Après toutes ces émotions et quelques blagues de Théodore pour détendre l'atmosphère, ce dernier est presque parti aussi vite qu'il est arrivé. Laissant derrière lui un cœur apaisé et une tête pleine de questionnement.
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A suivre ...
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