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Chapitre 6 - Ishan

Les mains de Shae étaient encore collantes de mangue quand Naher la somma. Enfin, c'était son tour de rencontrer le prince. Sans perdre de temps, elle goba le reste de son petit déjeuner, se débarbouilla rapidement, défroissa les plis de son sari blanc aux bordures orangées, puis suivit Naher.

Ce matin-là, elle s'était levée plus tard, épuisée par son escapade nocturne et consciente qu'elle ne pourrait pas profiter de la fraîcheur des thermes après sa rencontre de la veille. Elle n'avait pas non plus osé s'aventurer à l'extérieur de son dortoir, comme si elle craignait d'être reconnue par le garde de la salle mystérieuse.

Shae emboîta les pas du serviteur qui les menait à travers l'un des jardins. Elle abordait cet entretien avec beaucoup plus de sérénité que prévu. Après tout, elle savait que le prince n'avait aucun intérêt pour ses prétendantes et que les dés étaient pipés. Les rouages de son cerveau tournaient déjà pour chercher une autre stratégie. Maintenant qu'elle connaissait un peu mieux la disposition du palais, elle pourrait peut-être plus facilement s'y introduire. La piste de la pièce gardée était prometteuse. Il lui faudrait trouver un moyen d'y pénétrer et de...

Son flot de pensées fut interrompu par une jeune femme qui la dépassa, le pas rapide et le visage caché pour dissimuler des sanglots. Elle revenait visiblement de son entretien avec Ishan. Naher marqua un temps d'arrêt puis se tourna vers Shae avec un sourire désolé. Il la dirigea finalement vers une cour et lui fit signe de continuer sans lui.

La terrasse était encore plongée dans l'ombre matinale et le vent agitait doucement les feuilles des palmiers. Shae avança d'un pas incertain sur les pavés qui menaient au prince.

Les yeux fermés, Ishan passait une main lasse dans ses cheveux maintenus en arrière par une broche de perles. Il avait troqué sa chemise de la veille pour une autre tunique ample, d'un vert profond. Ses yeux cernés indiquaient qu'il avait passé une courte nuit. Il était assis sur une balançoire en bois sculptée retenue à un cadre par deux chaînes épaisses. En face, le même siège couvert de coussins attendait la prochaine prétendante. Entre les deux, des verres et une jarre remplie de citronnade trônaient sur une petite table couleur ivoire.

Ishan ouvrit finalement les yeux et observa la nouvelle arrivante. Un rire s'échappa de ses lèvres et il secoua la tête.

— Une ondine ! De mieux en mieux ! Qui donc t'a poussée à t'inscrire ? Je sais déjà qui ne l'a pas fait... Mais attends une seconde, je te reconnais, tu es l'espionne de la bibliothèque !

Shae se figea, elle n'avait même pas eu le temps de se présenter qu'elle était déjà acculée. Elle pinça les lèvres et tenta de prendre l'air le plus digne possible en prenant place sur la balançoire en face du prince. Elle le fixa en silence pendant plusieurs secondes.

— Je n'espionnais pas, répondit-elle finalement. Je lisais.

Ishan se renfonça dans son fauteuil et croisa les bras. Malgré sa capacité à détecter les mensonges, il affichait une moue sceptique.

— Et personne ne m'a poussée à m'inscrire, je suis venue de mon plein gré. D'autres questions ou accusations ?

Ishan baissa le regard et fit une moue mi-gênée, mi-amusée.

— Pardon, répondit-il en croisant les mains. Quel est ton nom ?

— Shae.

— Et pourquoi es-tu ici, Shae ?

— Et toi ? demanda-t-elle. J'ai cru comprendre que le mariage n'avait que peu d'intérêt pour toi.

— Alors tu espionnais.

— Tu parlais fort.

Ishan renifla, la commissure de ses lèvres se releva pour dessiner une fossette.

— Qu'as-tu donné pour ça ? questionna-t-il en désignant ses jambes d'un geste de la tête.

Shae se renfrogna. Les autres prétendantes avaient bien signalé qu'Ishan aimait poser des questions personnelles ou déstabilisantes, afin de tester l'honnêteté des prétendantes.

— Pourquoi pleurait-elle ? demanda Shae avec un geste derrière elle, faisant référence à la jeune femme qu'elle venait de croiser.

— Tu sais, si tu réponds aux questions par d'autres questions, la conversation risque d'être compliquée.

— Je suis ici pour devenir l'une de tes concubines. Quant à mes jambes, ce que j'y ai laissé est personnel et ne regarde que moi.

— Je crois que je préférais quand tu répondais par des questions... ironisa-t-il.

Shae le toisa. Ce qu'elle avait vu d'Ishan lui laissait présager qu'elle aurait affaire à un homme agacé et désagréable. Mais il lui semblait déceler plus d'amusement et de curiosité dans le ton du jeune homme que de réelle exaspération. Certes, il lui semblait las de ces journées à jouer un cœur à prendre, mais il restait courtois, quoique railleur.

— Réponds à ma précédente question, et peut-être te donnerais-je des réponses plus détaillées, continua-t-elle.

— Elle venait d'avoir quinze ans, finit-il par déclarer alors que tout sourire désertait son visage. J'en ai vingt-huit.

Shae opina. Elle ne comprendrait jamais ces parents qui donnaient en pâture une si jeune fille à un homme dont ils ignoraient tout, aussi riche soit-il. Shae ne connaissait pas son âge, une donnée que l'Autre avait omis de mentionner dans ses écrits. Bien que Kali n'ait pas pu lui fournir un âge précis, elle lui avait indiqué qu'elle pensait qu'elle avait entre vingt-quatre et vingt-cinq ans. Une estimation que semblait corroborer son reflet dans le miroir.

Voyant que Shae n'était pas déterminée à reprendre la parole, Ishan poursuivit.

— Alors, peux-tu me répondre maintenant ?

— Très bien. Jouons cartes sur table.

Elle avait le sentiment de commencer à comprendre la personnalité du prince, et elle pressentait que les beaux discours ou la flatterie ne fonctionneraient pas sur lui. Bien sûr, elle ne pouvait pas révéler entièrement son jeu, mais elle pouvait être aussi honnête que possible. Elle se servit un verre de citronnade et en tendit un à Ishan.

— Je n'ai pas particulièrement envie d'être ta femme ou l'une de tes maîtresses. Ce que je souhaite, c'est pouvoir vivre dans ce palais. Je suppose que je ne suis pas la seule parmi tes prétendantes à avoir des raisons de quitter son ancienne vie. C'est aussi pour ça que j'ai obtenu cette magnifique paire de jambes.

Elle agita les jambes dans un geste qu'elle voulait à la fois comique et séducteur. Devant l'expression inchangée d'Ishan, elle réalisa que ni l'un ni l'autre n'avait fonctionné. Elle toussota.

— Si tu veux simplement vivre au palais, répondit Ishan, tu pourrais y trouver un travail.

Shae se rappela les notes de l'Autre qui répondaient exactement à cette question, qu'elle-même avait eue plus tôt : "Tu dois penser, pourquoi pas rejoindre le palais en tant que domestique ou aide-cuisinière ? Eh bien d'abord, c'est plus compliqué qu'il n'y paraît. Il faut de l'expérience et généralement dans de très bonnes familles. Et admettons que tu parviennes à obtenir des références factices, tu te priverais d'un accès constant aux quartiers princiers. Et n'oublions pas que si tu arrives à séduire le prince, tu pourrais obtenir des informations directes sur l'endroit où se trouve ce fichu disque."

Cette dernière suggestion semblait perdue d'avance, et si la piste de la salle mystérieuse ne donnait rien, elle devrait certainement songer à un nouveau moyen d'habiter le palais, probablement par cette falsification de références.

— C'est différent. Le statut de concubine accorde une certaine... aura, ne nous voilons pas la face. Mais je ne cherche pas à paresser toute la journée dans les jardins ombragés au milieu des autres femmes.

Oh ça non, si elle avait la capacité, elle passerait ses journées à retourner chaque pièce et chaque recoin de cet édifice.

— Comme je l'ai expliqué lors de la première épreuve, j'ai reçu une éducation complète et j'ai été familiarisée dès l'enfance aux problèmes auxquels pouvait faire face ma famille dans la gestion de leurs terres. J'ai toujours eu un don avec les chiffres, et me plonger dans de longs rapports détaillés ne me fait pas peur. Je peux me montrer utile.

Ishan la regardait, l'air pensif, le menton posé dans le creux de sa paume, son autre main faisant tourner distraitement la citronnade dans son verre. Elle n'arrivait pas à savoir s'il était intrigué ou ennuyé. Il regarda alors derrière son épaule, Shae se retourna pour apercevoir Naher qui amenait une nouvelle jeune femme.

Shae se tourna rapidement vers le prince pour conclure.

— Et puis, je suis une ondine. Tu avais l'air plutôt remonté contre ton frère et sa femme dans la bibliothèque. Falak m'a bien fait comprendre que j'étais une moins que rien à ses yeux. Si je deviens l'une de tes concubines, imagine leur réaction. Tu te moques de qui fera partie de ton entourage, mais si tu me choisis, toi et moi pourrions avoir la satisfaction de les agacer. Une concubine ondine fera peut-être jaser un temps, mais soyons honnête, je ne serai pas ta femme et tu n'es pas le raja, cela n'aura aucune réelle répercussion politique.

Ishan haussa les sourcils et croisa ses bras, un air amusé sur le visage.

— Eh bien, c'est ce qu'on appelle un argument intéressant. Mais je crois malheureusement que notre entretien touche à sa fin.

Il se leva et Shae fit de même. Il la dépassait d'une tête et elle se sentit soudain minuscule face à cet homme qui semblait taillé dans du bronze. Il inclina la tête et lui indiqua la sortie.

— À bientôt, petite espionne.

*

Quand Naher prononça son nom pour confirmer qu'elle était toujours en lice, Shae laissa échapper un souffle de soulagement. Elle avait passé la journée à remâcher son entretien avec le prince, revivant chaque instant, chaque sourire, chaque regard. Elle était incapable de déterminer s'ils avaient partagé une réelle complicité ou si elle avait été perçue comme trop impertinente. Apparemment, sa stratégie avait fonctionné ; peut-être que son objectif de devenir l'une des concubines n'était pas hors de portée.

Shae croisa le regard de Zarin parmi les finalistes. La jeune femme du désert la dévisagea en plissant les yeux. Shae lui adressa un sourire franc. Elle représentait une menace. Elle s'attendit à une réaction furieuse de la part de la jeune femme du désert, mais cette dernière répondit par un sourire, comme si elle était amusée par ce défi silencieux.

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