Coucou tout le monde,
Levez vos plumes, la troisième étapes commence, partagez vos textes et donnez votre avis sur ceux des autres participants.

Mettez ici l'endroit où vous avez publié votre texte et votre interprétation. (Si c'est un de vos livres, le nom du livre et/ou du chapitre et si c'est en commentaire, l'étape ou vous les avez mis.)
---->

Je publierai le bilan samedi, la prochaine session commencera dans une semaine.
Lisez, commentez, donnez votre avis, et surtout prenez du plaisir. À bientôt.

La colombe

Une colombe volait dans le ciel, elle tournait autour de la cime d'un pin avant de fendre les nuages. Elle disparaissait derrière l'un d'eux avant de piquer vers les tours du château. Le volatile longeait les remparts avant de se poser sur le toit de la plus haute tour. Il se renvola immédiatement, apeuré par un bruit sourd. C'était les portes du balcon que la reine, Lysali venait d'ouvrir brutalement avant de les refermer tout aussi vite. La reine se laissa glisser, en pleurs, contre les vitres. Ses larmes s'arrêtèrent vite de couler, mais Lysali n'en était pas moins triste.
À la mort du roi, sa fille, Lysali lui avait succédé avec des millions de projets et d'idées pour le royaume et sa prospérité. Étant inexpérimentée et consciente de cette faiblesse, elle demanda conseil à la reine-mère. Cette dernière y vit l'opportunité d'imposer ses idées, et de diriger à travers sa fille, ce qu'elle n'avait pu faire avec son époux. Elle réussit, et maintenant, sa fille n'était plus que son reflet. Lysali en souffrait, mais ne pouvait le montrer, elle était la reine, si la reine tombait, le royaume tombait.
Lysali se releva, elle ne tomberait pas, elle se le promit. Elle sortit de sa chambre et continua la journée, encore sous les ordres de sa mère, elle préparerait un plan pour reprendre son royaume, mais pas dans la précipitation. Sur le mur, une ombre passa, celle de la colombe qui tournoyait autour du château.

Le major d'homme frappa à la porte avant d'annoncer la mère de Lysali qui était assise devant son bureau. Elle cachetait des lettres en attendant l'arrivée de sa mère qui s'assit en face d'elle sans plus de cérémonie. Elle n'en utilisa pas plus pour prendre la parole.
« — As-tu réfléchi ?
— Oui, répondit-elle d'un ton ferme sans se désintéresser de ses lettres. Je ne le ferais pas. Aucun des royaumes voisins ne nous manifeste d'animosité. Pourquoi devrions-nous leur déclarer la guerre ?
— Parce que nous n'avons pas assez de place pour notre population.
— Si nous perdons, en aurons-nous plus ? Lysali enchaîna, le visage droit, le regard planté dans celui de sa mère qui ne disait rien. De plus, il existe les négociations, si nous leur demandons un bout de terre ou un peu de leur récolte, nous pourrons régler ce problème et ils n'ont aucune raison de refuser.
— Tu ne les connais pas, reprit sa mère, avec une voix froide, son regard était lui aussi planté dans celui de Lysali, ils se serviront de notre dépendance pour nous éradiquer où ils nous abattront avec des dettes colossales, il y aura autant de morts, même plus qu'avec une guerre.
— Mais mère, ils ne nous veulent pas obligatoirement du mal. »
Les arguments ne servaient plus, elles n'arriveraient pas à convaincre l'autre, alors, elles se regardèrent, la première qui cillera, perdra cette bataille. Les secondes s'écoulèrent et devinrent bientôt des minutes avant que l'une d'entre elles ne fuît.
« —Mère, j'ai encore des lettres à cacheter, voulez-vous me laisser, nous reprendrons cette conversation plus tard. »
Sa mère partie, elle ne dit rien, n'afficha aucune émotion, pourtant, elle avait gagné cette bataille, elle était fière, c'était encore elle qui dirigeait ce royaume.
Lysali se dirigea vers la fenêtre, elle contempla le royaume de son père qui, malgré les titres, appartenait à sa mère. Une colombe passa devant la fenêtre. Elle retint l'attention de Lysali. Elle ressemblait aux colombes qu'on lançait lors des mariages royaux, mais son bec était légèrement plus brillant, comme si un petit diamant y était incrusté. Lysali se concentra sur le volatil anormal, elle remarque que le temps d'un battement de cils, l'oiseau se tinta d'un vert bleuté et de rouge avant de reprendre sa couleur d'origine. Était-ce un jeu de lumière, ou bien une hallucination ? Elle ne se pencha pas plus sur la question, le soleil déclinait déjà, elle devait se remettre au travail et trouver un plan d'attaque. Lysali ne savait pas comment, mais cette colombe lui avait redonnée l'espoir d'un jour être son propre reflet.

La reine avait convoqué la reine-mère dans son bureau. Elle l'attendait, non pas assise dans son fauteuil, mais debout devant la fenêtre. La reine-mère fut annoncée, elle s'assit comme à son habitude et prit la parole.
« — Pourquoi m'as-tu fait venir ? As-tu décidé de continuer notre discussion ?
— Mère, ici, dans ce bureau, la reine a convoqué la reine-mère, commença-t-elle en se retournant, elle planta son regard dans celui de sa mère et continua. De par ces titres, je suis plus importante que vous, je vous prierais donc de m'accorder le respect qui m'est dû, et ce, à chaque fois que je m'adresserais à vous en tant que reine. Ensuite, ces titres me confèrent, à moi, et à personne d'autre la direction de ce royaume. Si je vous demande des conseils, je ne suis pas tenu de les suivre, et vous ne pouvez en aucun cas m'obliger à faire un choix que je ne veux pas faire. La reine-mère la regarda abasourdie, comment sa fille pouvait-elle oser se révolter.
— Ma fille, je ne vous permets pas, c'est un affront, un manque de respect, vous n'avez pas le droit de m'écarter ainsi.
—Je ne vous permets pas non plus, elle continua en accentuant ses paroles, je suis la reine. Sa mère cilla, elle avait perdu, la reine reprit. Vous pouvez maintenant disposer, mais avant, je m'adresse à vous en tant que fille cette fois, je ne vous renierais pas, vous êtes ma mère et j'aimerais garder de vous l'image d'une mère et non pas d'une génitrice. »

Le royaume prospéra sous le règne de la reine Lysali, surnommée par le peuple la reine guide ou plus affectueusement Lyli. Elle fut inscrite dans l'histoire comme la reine colombe, en souvenir de cette colombe qui l'avait guidée pour qu'elle devienne elle-même un guide. La reine-mère, elle, fut oubliée, mais pendant le règne de sa fille, le peuple disait d'elle que ses conseils sages et avérés avaient leur part de responsabilité dans la prospérité du royaume et que d'une certaine manière, elle dirigeait main dans la main avec sa fille.

Fin

texte sous « © Tous droits réservés »