Il semblerait que c'était au tour d'Eros de me présenter ses amis. Je m'étais dépêché de sortir pour pouvoir rentrer chez moi et retourner rapidement chez Eros. Mais je fus surpris d envoie sa voiture garée devant le lycée.

Mon petit copain en sortit, adressa un signe de tète discret à Nathan pour le saluer et sans se préoccuper de mes autres amis -qui étaient désormais au courant de notre relation- il me prit par la taille.

-T'as passé une bonne matinée ? Me demanda-t-il avec un sourire craquant.

Mon cœur rata un battement et j'hochais frénétiquement la tête.

Eros se détacha de moi et se tourna vers mes amis. Je pinçais mes lèvres pour m'empêcher de sourire béatement.

-Salut. Je suis Eros, se présenta-t-il très brièvement.

-T'es le mec de Galileo, donc, voulu confirmer Yelena.

-Ouais, répondit mon noiraud alors que j'entendais Chloé marmonner quelque chose sur le physique de mon petit copain.

-Dis que je suis pas plaisant à regarder aussi ! S'exclama Peter en la poussant légèrement.

Je compris la nature de ses propos et rigolais en cœur avec mes amis.

-On va y aller nous, dis-je finalement lorsque je sentis la main d'Eros se fourrer dans la mienne.

Je les saluais d'un geste de la main et montais à côté de mon copain.

-Ça ne t'as pas dérangé ? Me demanda tout de même le noiraud.

-Jamais ! J'ai adoré, avouais-je en souriant doucement.

On arriva chez lui et j'en profitais pour enfiler quelque chose de plus décontracté. On sonna à la porte quelques minutes plus tard.

-Bonjour ! S'exclama une voix d'homme.

Je serrais la main du grand châtain qui s représentait devant moi.

-Fabien!

-Galileo, répondis-je heureux de faire enfin la connaissance du meilleur ami d'Eros.

-Et voici ma femme, Isabelle. Je crois que tu la connais déjà, reprit-il en laissant voir apparaître une tête rousse.

Je reconnus immédiatement ma professeur de musique. Je ne devais pas cacher ma surprise puisqu'elle éclata de rire.

-On se fait la bise ? Me proposa-t-elle en se penchant vers moi.

Je suivis le mouvement , étonné de la voir ici. Puis en y réfléchissant, je me rendis compte que ça coulait de source.

Eros nous invita à nous assoir sur le canapé. La discussion fut animée. J'appris a connaître Mme. Church d'une nouvelle manière, et j'étais heureux de rencontrer une personne si joyeuse.

Fabien comme Isabelle n'avaient pas l'air mal à l'aise qu'Eros et moi soyons deux mecs. Peut être par ce que c'était leur meilleur ami... ou que je le faisais des idées et que la société ne voyait plus l'homosexualité comme quelque chose de « peu commun » ou qu'on devrait cacher.

Je souris inconsciemment à cette pensée et me laisser entraîner dans la joie d vivre de ce repas et de cette après midi.

Ma décision était prise, je voulais en parler à mes parents. Le tour était de savoir quand et dans quelle circonstance.

Une semaine s'écoula, puis un mois et encore deux autres, depuis que j'avais pris cette décision. Je filais le grand amour avec Eros et je voulais révéler notre relation au grand jour. Je voulais arrêter de me cacher derrière une prétendue amitié liée par des souvenirs d'enfance et de la musique. Je voulais qu'il soit reconnu comme mon petit ami officiel. Pour tout le monde.

Mais à chaque fois que je me préparais à leur annoncer, quelque chose m'en empêchait. Ou je trouvais que le moment n'était plus propice.

Je passais ainsi jusqu'en Février, mes journées à me torturer l'esprit. J'avais l'impression qu'à n'importe quel moment ils pouvaient tout découvrir. Et s'il y avait bien une chose que je voulais, c'était leur annonce moi-même.

Mon corps, ma vie, mon orientation sexuelle, les parents. C'était de ma responsabilité de leur révéler, je suis leur fils. Et nous nous aimons.

Je savais que je ne devais pas être si effrayé, mais c'était ainsi. Une peur irrationnel de révéler quelque chose qui me toucher personnellement jusqu'au plus profond de moi.

Et enfin, il arriva.

Un soir où Eros me raccompagnait chez moi. Nous parlions de mon anniversaire. J'avais décidé de lui offrir ma première fois ce soir là, et pour ça je voulais que mes parents me laissent librement en prenant conscience que j'étais avec l'homme que j'aimais et non un simple ami.

J'attrapais la main d'Eros et plongeais mon regard dans le sien.

-J'ai besoin de ta force, lui dis-je car je savais très bien que sans lui je n'oserais jamais.

Mon noiraud se pencha vers moi, ferma les yeux et colla son front contre le mien.

Je sortis de la voiture suivit de mon petit copain. J'entrais dans la maison et remarquais mes deux parents qui étaient assis sur le canapé, en train de discuter.

-Bonsoir, leur dis-je alors qu'Eros faisait de même.

Les deux se levèrent et vinrent nous saluer.

-Comment ça va Eros? Ton travail ? Demanda mon père qui l'avait revu plusieurs fois depuis.

Ma mère claqua ses joues contre les siennes, heureuse de revoir mon ami.

-Tu veux rester pour manger ? Lui proposa-t-elle.

Eros échangea un regard perplexe avec moi.

-Je pense que tout va dépendre de la suite des événements, je déglutis difficilement et pinçais les lèvres.

Ma gorge s'assécha. J'étais complètement terrifié. J'avais envie d'attraper la main d'Eros, de la serrer jusqu'à ce que sa chaleur s'empare de tout mon être. De fermer les yeux et que lorsque je les aurais réouvert, je leur aurais avoué et ils auraient accepté.

-Ça fait un moment déjà, que je dois vous parler de quelque chose... commençais-je horriblement mal à l'aise.

Je cherchais mes mots. Ça faisait de mois que mon discours était près. Et pourtant, maintenant que j'étais face au boss final, j'oubliais tout. J'avais les mains glacées et je devais trembler légèrement. Pourtant, je ne devinais pas le regard de mon père.

-Je ne suis pas hétérosexuel, repris-je tournant les yeux vers ma mère, mais bisexuel. J'ai aimé Mathilda de tout mon cœur... Maintenant, j'aime Eros...

Mon père fronça les sourcils. Ma mère tourna la tête vers Eros, et lui sourit.

-Je le savais déjà, me dit-elle en réfrénant presque un rire, je suis ta mère, je sens ce genre de choses.

Je lui souris timidement. Je n'osais plus regarder mon père. Il ne parlait pas. J'avais peur qu'une tension s'installe entre nous quatre lorsqu'il prit enfin la parole.

-J'ai toujours soutenu les droits LGBT. J'ai toujours trouvé ça absurde que des personnes puissent pas accepter la sexualité d'une personne. Ce n'est pas leur vie, ce n'est pas leur corps, ce n'est pas à eux de décider. Mais je reconnais que j'ai toujours pensé, en mon fort intérieur « chez les autres oui, mais pas chez moi ».

Mon père prit une grande inspiration. Il me sonda du regard et je sentis ses yeux percer mes entrailles.

-Au contraire de ta mère, je ne m'y attendais pas du tout. J'aimerais te dire que je trouve ça bien pour toi, et ne te trompes pas : je suis fier que tu nous le dises. J'aimerais aussi ne pas avoir besoin d'un temps d'adaptation, être un bon père qui accepte sans sourciller la sexualité de son fils... mais je t'avoue Galileo, que je suis... surpris.

Ma mère caressa son bras, avant que mon père ne regarde Eros.

-Je ne doute pas que tu sois quelqu'un de bien. Je suis heureux pour vous deux... J'ai juste du mal à réaliser... et je me trouve horrible de penser une telle chose...

-Tu es bon père, l'interrompis-je soudainement, je ne vais pas t'en vouloir pour avoir besoin d'un temps d'adaptation. Je ne veux juste pas être rejeté.

-Petit con ! S'exclama-t-il en m'entraînant dans ses bras, ne pense plus jamais que je pourrais te rejeter. Jamais.

J'étais extrêmement ému. J'aurais voulu serrer Eros dans mes bras, pouvoir rester avec lui toute la soirée. Mais j'avais encore des choses à dire à mes parents.

Je me tournais vers mon noiraud et lui sourit doucement. Je pense qu'il comprit mon message puisqu'il déclina poliment l'invitation de rester à dîner de ma mère, et repartit en m'effleurant la main.

C'était le cœur à la fois lourd et léger que j'entendais le bruit de sa voiture démarrer puis partir.