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CHAPITRE 1²


 As tu pensé à moi, dans le silence, dans la foule ?

 







Lundi 04 SeptembreLycée Läckberg


« Je pars, j'ai pas le choix. Je suis désolée, je ne peux pas t'expliquer pour l'instant.                 Oublie moi...»

C'est de cette manière maladroite qu'elle avait simplement justifié son départ, un ridicule message que personne n'avait réellement comprit, envoyé à chacun d'entre nous et puis plus rien. Elle était bien là, debout devant nous, hésitante et même gênée, avec un sourire timide, elle ne savait pas trop quoi dire. Elle était apparemment douée pour apparaître - ou disparaître - par surprise. Et c'est ce que nous étions tous, surpris, paralysés, nous ne savions pas non plus quoi dire ou quoi faire, on avait l'impression de voir un fantôme. Finalement, elle eut un rire nerveux et puis elle murmura un simple bonjour, pensant faire disparaître les trois dernières années.  Adèlia et Raphaëll s'approchèrent d'elle, et les autres suivirent. C'était bien réel mais contrairement à elle ou aux autres peut-être, je n'étais pas ravi de cette situation.
Un sourire illumina son visage, heureuse de l'accueil minime qu'on lui accorda puisque certains se mirent à l'enlacer. Elle avait changé, physiquement, étant un peu loin de la petite rousse que j'avais connu. Elle avait pris pas mal de centimètres mais restait plus petite que moi et était plus mince. C'était à présent une jeune femme, qui semblait plus sûre d'elle. Elle était si belle, mais elle avait perdu cette chaleur qui émanait d'elle autrefois et qui de toute façon ne m'aurait pas attiré cette fois à cause de ma colère.
Et ses yeux se posèrent finalement sur moi, un regard triste et étonné à la fois. Ne te méprend pas, le garçon que tu as connu est mort. Je l'ai tué. Elle remarqua mon éloignement car je fus le seul à ne pas l'accueillir, et puis quoi encore, elle s'approcha doucement, comme une bête apeurée. Toujours avec ce regard qui me brûlait. Si elle avait pu pleurer, elle l'aurait fait sans retenue, pleurer de tristesse, de joie ou de honte.
Sans un mot, ses bras glissèrent le long de mes côtes jusque dans mon dos et elle m'enlaça, telle une enfant, sa tête posée sur mon torse. Mon sang se glaça, je fus davantage paralysé, jamais je n'aurais cru qu'elle oserait me toucher, ses mains sur mon corps qui s'accrochèrent à mon t-shirt. Je ne savais pas quoi faire, comment lui répondre. Va-t-en. J'aurais voulu la briser sur le moment, mais rien, j'étais incapable de bouger. Ce contact la rendait bien réelle et mettait fin à trois années de déni. Mais les morts ne reviennent pas... Les autres étaient intrigués, ils remarquèrent certainement l'angoisse et la colère sur mon visage, et attendaient. Je baissai rapidement les yeux vers elle, toujours dans mes bras, ses cheveux... ses cheveux semblaient encore plus roux qu'auparavant, ce feu... je ne rêvais pas et ce n'était pas non plus une hallucination. Malheureusement.


« ... C'est impossible.
Je suis rentrée à la maison... Enfin.. répondit-elle, d'une petite voix illustrée par un sourire.
A la maison... Pourquoi ? En trois ans, t'as sûrement du t'en trouver une autre.. rétorquai-je, énervé par sa tentative de me rassurer.
Je suis désolée... accorde moi la pause de ce midi et on en parlera, » me proposa-t-elle soudainement.
T'as intérêt à t'expliquer. »


Camille se détacha enfin de moi, comprenant que son retour ne me réjouissait pas vraiment. Elle me contempla, avec le même regard, un regard qu'elle avait finalement quelque part toujours eut, une profonde tristesse qui se remarquait déjà à l'époque.

« Toi, qu'est-ce que t'as changé, dit-elle, un peu intriguée en me contemplant.
Sûrement à cause des tatouages, répliquai-je en parlant de ceux visibles sur mes avant-bras.
Non, ça je savais bien que t'y passerais... c'est autre chose, dans ton regard... » son visage s'approcha du mien et ses doigts frôlèrent ma joue.

J'étais absolument troublé par son retour. Je priais pour que ce ne soit qu'une hallucination, une de plus, ou un rêve. Elle était là, comme si rien n'avait changé, elle essayait de nous mettre à l'aise et ça m'agaçait.
Je retirai assez brusquement sa main de mon visage avant de réellement sentir sa caresse, qu'elle se la garde sa tendresse. Elle fut étonnée mais comprit vite que c'était pas le moment, que c'était trop tôt pour moi, que je n'étais absolument pas heureux de la revoir. Camille était partie pendant trois ans peut être moins, sans donner d'explications, ni aucune nouvelle après son foutu message. On avait appris plus tard par sa tante qu'elle avait déménagé dans une autre ville avec son père pour des raisons professionnelles. Aucun d'entre nous n'y crut, sinon elle nous aurait prévenu. De plus, elle n'avait pas laissé d'adresse et ne répondait pas à nos appels. Étrange, surtout pour de simples raisons professionnelles. Non elle avait fuit.
On s'est inquiété la première année, croyant qu'elle reviendrait la bouche en cœur, puis on a arrêté d'en parler, totalement. Pendant presque trois ans, je n'avais pas prononcé son prénom. Je ne pouvais pas lui pardonner, si elle savait le vide qu'elle a laissé et surtout ce que son départ a engendré.
Ces retrouvailles infernale furent interrompue par la sonnerie qui nous rappela d'aller respectivement dans nos classes. Je ne pus même pas me réjouir d'être débarrassé d'elle puisque nous nous retrouvions avec le même emploi du temps. Ton visage, tous les jours...

• • •


12:21 Cafétéria


En bonne compagnie de ma jumelle et de Sora dehors devant la cafétéria, je terminais une cigarette. La matinée ne s'était pas déroulée comme je l'avais prévu, mais elle passa vite tout de même. Nous étions tous perturbés par son retour, qui, à l'instar de son départ, allait causer des emmerdes. C'était censé être une putain de bonne journée, nous avions prévu de fêter cette rentrée, nos retrouvailles, fêter le début de notre éventuelle dernière année tous ensemble et il a fallu qu'elle gâche tout. J'étais totalement remonté et je n'arrivais pas à me faire l'idée de devoir la supporter tous les jours désormais. Je ressentis d'un coup toute la haine accumulée ces dernières années, comme une bonne claque, une colère qui ne demandait qu'à sortir et tout détruire sur son passage. Une bonne nausée qui ne passerait pas. 

Sora et Adèlia affichaient une mine peu joyeuse, comme inquiets tous les deux. On n'osait se regarder dans les yeux, nous étions tendus et nous ne savions pas vraiment quel comportement avoir envers elle maintenant. Le brun à ma droite brisa le silence lorsqu'il s'assit soudainement sur une des marches derrière nous. Il passa une main sur son visage, il jura et nous contempla, un regard qu'il n'avait pas eu depuis longtemps.


« ... Mon dieu Camille, elle est douée pour ce genre d'apparition hein... c'était tellement irréel de la voir, sortie de nulle part, comme dans un rêve... déclara-t-il, cherchant ses mots.
J'ai aussi du mal à réaliser... c'est presque trop beau, rétorqua ma sœur, tout autant troublée.
Trop beau ? Vous déconnez là j'espère ? grognai-je soudainement, avec un petit rire.
Toi non plus tu t'y attendais pas... N'me fais pas croire que ça ne te fait rien Ash, poursuivit Sora, lui si timide d'habitude.

T'as raison, si tu savais comme ça me met hors de moi de la voir ici, si souriante, si tranquille et... Bordel j'y crois pas elle est quand même gonflée !
Elle a pas l'air si tranquille que ça tu sais... ça fait bizarre de la voir comme ça, grandie ! Nous aussi on est certainement bien loin des gamins qu'elle a connu » déclara-t-elle, d'une voix douce et hésitante.

En y réfléchissant maintenant, ma jumelle n'avait pas tort. Il est vrai que nous étions différents, tellement de choses s'étaient produites depuis la dernière fois, quelque chose s'était éteint en nous. Mais encore plus en elle, elle et ses cheveux, cette couleur, ses yeux, ce regard.. Est-ce que le chagrin l'avait tué elle aussi ? 


« Soit pas trop dur avec elle Ashley, au moins cette semaine, elle vient d'arriver... me pria Ada, en me prenant dans ses bras. Un câlin qu'elle ne s'autorisait qu'avec moi.
Je vais essayer de faire preuve de bonté, mais je te promets rien » répondis-je avec sarcasme.

Je fis un signe de tête à Sora, jetai ma clope et pénétrai enfin dans la cafétéria. Je ne comprenais pas cette soudaine gentillesse et cette clémence dont ils faisaient preuve tous les deux, après tout ce qui s'était passé.
Mon repas une fois récupéré, je cherchai où pouvait bien être Camille. Elle n'était pas à la table avec les autres, ni avec des nouveaux élèves, elle était à une petite table près de la fenêtre, seule. Elle avait détaché ses cheveux, qui lui arrivaient pile aux épaules, plus courts qu'à l'époque, et une frange logeait sur son front, mais ne cachait pas ses yeux. Je me rappelai ses longues tresses qui la caractérisaient, qu'elle adorait. Elle leva les yeux vers moi lorsque je fus enfin devant elle, le même regard qui continuait de me brûler, cette tristesse qu'on pouvait y lire me mettait si en colère, pourtant il était évident que ce sentiment était justifié. Elle décrocha un sourire, long et sincère, je ne l'avais même pas accueilli et elle savait que j'étais très remonté contre elle, pourtant elle demeurait joyeuse face à moi, mais ce rictus fut certainement le dernier que je verrai sur son visage avant un moment.

« Je suis contente que tu sois venu, » dit-elle. 


Cette sympathie me troubla, il y avait toujours cette bonté qui émanait d'elle, qui donnait presque la gerbe, cette douceur dans chacun de ses gestes, chacune de ses paroles. Elle ne rougit pas une seule fois, d'un naturel timide, mais était assurément mal à l'aise. Nous commençâmes à manger dans le silence, comme deux étrangers alors qu'on avait tant de choses à se dire, des choses qui me paraissaient désormais si futile tant j'étais en colère contre elle.


  « C'est long trois ans... soufflai-je, glaciale, en la fixant.— Je sais... vous m'avez tellement manqué, c'était dur.. répondit-elle, sa main glissa dans la mienne.— Cette douleur c'est toi qui l'a voulu, alors ne viens pas te plaindre, surtout pas devant moi. C'est pas ce que je veux entendre, je retirai sans délicatesse ma main de la sienne, agacé.
Et tu veux entendre quoi ? Je suis désolée Ash, je..
Non des excuses je m'en fous, c'est trop tard ! Je veux simplement savoir pourquoi, il me semble que c'est un minimum tu crois pas ? l'interrompis-je sans retenue.
J'aimerai te dire que finalement, la raison de mon départ importe peu, j'aurais aimé que tu me dises cela... mais je comprends ta colère, rétorqua la rousse, désenchantée.
Tu t'attendais peut-être à un accueil plus chaleureux, comme si on avait oublié, comme si ton départ était passé inaperçu. Désolée, mais c'est pas le cas. ... Mon père a perdu son emploi du jour au lendemain, s'ajoute à ça des problèmes de santé et de famille, tu sais comment c'est parfois.. Alors, il a décidé de tout recommencer ailleurs, sans prévenir personne et sans me laisser le choix. » raconta-t-elle d'une traite, sans gêne, telle une machine.


C'est bien, tu as appris ton texte par cœur. Comme si j'allais avaler ça. On part pas à l'autre bout du monde juste pour ça, quand bien même les emplois ne sont pas nombreux dans cette ville, quand bien même c'était le souhait de son père, elle pouvait rester, elle avait de la famille ici. Rien de tout ça n'expliquait pourquoi elle n'avait donné aucun signe de vie. Des mensonges et de la lâcheté, c'est de famille apparemment. Ne provoquons pas de scandale dès le premier jour.


« Et sans te laisser le choix, vous êtes allés vivre où ? repris-je calmement.— On a vécu la plupart du temps à Aberdeen, puis dans le sud du pays. Et enfin une année à Paris, jusqu'à cet été.. m'expliqua-t-elle. Je l'imaginais si bien déambuler dans les rues parisiennes, la nuit.— Comment ça cet été ?! T'es ici depuis cet été ! haussai-je le ton brusquement.
Plus ou moins... Je suis revenue quelques jours au mois de juillet, sans l'accord de mon père on va dire. Cette ville m'a tant manqué et vous aussi, bien que j'étais contente que vous soyez tous partis, j'avais honte de revenir de cette manière... Alors, j'ai fait une demande d'émancipation, qui n'est toujours pas officielle, mais je devais revenir ici tu comprends... ajouta-t-elle, tremblante.— Non désolé, je comprends pas... Un coup de fil, un mail, ça ne coûtait rien merde ! On était bel et bien amis il me semble, alors pourquoi... Comment tu as pu nous oublier comme ça.. lui répondis-je, sans crier, en restant calme le plus possible. Elle était presque choquée de mes paroles et attristée, désemparée.
Je vous ai pas oublié, pas un seul instant. Je pouvais pas c'est tout et.. et je peux toujours pas.
Moi ça ne me suffit pas.. J'ai besoin de temps, c'est trop d'un coup là. »


J'étais incapable de ressentir une chose à la fois et j'aurai tant aimé être simplement en colère, la détester et lui dire d'aller se faire voir. Au lieu de ça, je me retrouvais paumé et ne comprenais rien, c'était trop tôt pour m'engager dans des explications, chercher à savoir encore et encore, alors qu'elle ne dirait rien. Elle avait toujours ces réactions inattendues face aux problèmes, face à l'autorité, que je ne comprenais pas, ni aujourd'hui ni avant. Elle semblait se cacher dans une espèce de retenue, de honte, mais son visage ne laissait rien paraître, comme si en apparence elle s'en fichait. Et moi, je ne la comprenais pas et en même temps elle me touchait, c'était intenable. Ce fut sans doutes le repas le plus étrange de toute ma vie, même ceux partagés avec mes parents n'étaient rien. L'ambiance était pesante, on avait envie de parler tous les deux, fort et pendant des heures, mais rien ne sortit, paralysés, effrayés même. Finalement, c'était un échange réciproque : elle refusait de me dire la vérité, d'évoquer les raisons de son départ, d'être honnête et de mon côté, je ne lui avais rien dit sur ce qu'il s'était passé ici, ce que nous étions devenus, non pas par lâcheté, mais par peur de la tuer.


• • •


Je n'avais pas revu Camille depuis la fin du déjeuner. Raph' l'avait aperçue, sortant du lycée sans se retourner et en marchant très vite, comme pour nous éviter. Quelle ironie. Notre plan d'aller boire un verre entre amis pour fêter nos retrouvailles était tombé à l'eau, son retour nous avait fait passer l'envie, d'un coup. Le même schéma, la même atmosphère, les mêmes tronches qu'au retour de l'enterrement, sept mois plutôt. Comme si le chagrin était revenu lui aussi, exactement ce dont on avait besoin. D'ailleurs, comment étions nous censés lui annoncer cette tragédie et elle n'avait même pas remarqué son absence ni même demander après lui à aucun moment. Elle n'avait pas cherché après lui..


« Tiens, on est tous les deux, c'est déjà ça, »


Adèlia me tendit une canette de bière et s'assit à mes côtés, dans le deuxième transat. Les soirées commençaient à se rafraichir, mais il faisait toujours clair, parfois jusque 21h, alors nous profitions de cette lumière jusqu'à ce que l'obscurité revienne. La seule lumière que l'on avait encore. J'ouvris ma bière, elle fit de même avec sa rouge, nous trinquâmes mais rien à fêter, au contraire. La présence de ma sœur réussit à m'apaiser, mais il y avait toujours ce goût amer, était-ce plutôt de la rage que je ressentais, encore remonté de l'avoir vu débarquer ici comme une fleur. On l'avait imaginé des dizaines de fois son retour, de tant de manières différentes, je m'étais souvent demandé si elle était encore vivante ou bien décédée à la suite d'un accident de voiture ou qu'importe. Tout ce temps perdu à la chercher pendant un an...


« Elle était à Paris... Elle en parlait déjà à l'époque, aller là bas, murmurai-je.
Quoi ? Qui ça ? demanda Ada, à peine sortie de ses pensées. Camille..elle a passé cette dernière année à Paris, répondis-je, presque étonné par mes propres paroles.
C'est la première fois que tu prononces son prénom depuis qu'elle est revenue... depuis trois ans, » rétorqua ma moitié.

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