8.
[Left and right — Charlie Puth & BTS]
Un nouveau jour s'était installé doucement, dissipant sur son passage les traces d'une nuit sombre remplie d'incertitudes et de questions sans réponses. Hinata, qui avait perdue le fil de la réunion tournant autour du nouveau projet en collaboration avec le célèbre designer venu de Suna, observait d'un air pensif le panorama s'offrant à elle, du dixième étage de l'immeuble dans lequel elle se trouvait.
Après sa dispute avec le beau blond, la jeune femme s'était isolée dans la chambre d'amis, sa nouvelle chambre attitrée, où elle avait passé une grande partie de la nuit à songer à son altercation avec Naruto et à s'imaginer les raisons pour lesquelles il ne voulait pas lui parler de cette femme aux cheveux roses. Elle en était venue à la conclusion qu'il s'agissait peut-être d'une de ses ex. En revanche, elle ne savait pas pourquoi celle-ci avait décidé de réapparaître dans sa vie.
A son réveil, la brune avait pris une décision, celle de ne plus donner de l'importance aux faits et gestes de Naruto et respecter la distance imposée. Mais elle se rendit vite compte que tant que son cœur ne serait pas de paire avec son cerveau, elle n'y arriverait pas. Ainsi, Hinata se retrouva une fois de plus piéger dans la boîte à souvenir à ressasser le bon vieux temps. La jeune femme se surprit même à souhaiter revenir sur les traces du passé.
— Hey, Hinata, viens par là ! entendit-elle Naruto l'appeler.
La brune sortit d'abord la tête de la vitre latérale de la Chevrolet Chevelle noire. Elle leva ses yeux gris pétillants de malice vers le ciel sombre strié de rideaux scintillants et parsemé d'étoiles, appréciant la beauté de ce spectacle si peu commun, puis le chercha du regard. Quelques mèches blondes au dessus du pavillon attirèrent son attention.
— Mais qu'est-ce que tu fais ? s'étonna-t-elle. On devrait rester dans la voiture, Naruto.
— Allez, viens ! Tu ne vas pas le regretter.
— Ce n'est pas très prudent, Naruto. T'imagines si y'a un truc qui te tombe dessus?
Il la jaugea pendant un moment, hésitant entre la stupeur ou l'hilarité. Prise d'un sursaut de remords, la brune se mordit la lèvre inférieure, consciente que c'était insensé. Naruto roula des yeux.
— La seule chose qui peut me tomber dessus c'est la pluie, Hinata, la pluie! T'as cru qu'on était sur Syfy* ou quoi ?
— Evidemment que non, s'indigna-t-elle en accrochant une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Y'a pas que la pluie qui peut te tomber dessus, la crotte d'un oiseau géant peut aussi bien atterrir sur ton crâne.
— La crotte d'un oiseau géant? Tu veux vraiment parler de ça ?
Si les yeux de Hinata ne voyaient pas complètement le visage du blond caché dans la pénombre de la nuit, son esprit, lui, se dessinait sans trop de mal la réaction qu'il devait avoir. Un frisson ondula le long de sa colonne vertébrale en imaginant son sourire espiègle.
— Oublions ça, tu veux ? Et descends de là, déclara-t-elle le rouge aux joues.
— La vue est superbe d'ici, Hinata. Monte jeter un coup d'œil. La belle étoile, ça te tente pas ?
— Bien sûr que si.
L'aplomb avec lequel elle avait répondu lui fit sourire. Rouge de honte, Hinata tendit sa main moite et légèrement tremblante vers celle bien plus ferme de Naruto et, de la fenêtre, grimpa sur le pavillon de la voiture. Comme lui, la brune s'allongea sur le métal dur du toit.
— Waouh, s'émerveilla-t-elle devant la beauté des étoiles qui brillaient au-dessus d'elle.
— T'as vu ! s'exclama le blond.
Il l'admira en silence. Son regard était empli d'une douceur infinie, reflétant la pureté de son âme et la profondeur de ses rêves pourtant inconnus. Elle contemplait les constellations avec une fascination presque mystique, se perdant dans les secrets de l'univers et les mystères de la vie.
— C'est si beau, murmura-t-elle, transportée dans un univers infini, invitée à rêver et à imaginer les merveilles qui se cachent au-delà des étoiles.
— De ouf. T'imagines si on se marie sous un ciel aussi impressionnant ?
Elle ne décrocha pas une seule seconde ses yeux du voile noir constellé de joyaux scintillants et haussa les épaules à la fois confuse et incertaine. Puis, Naruto tourna une fois de plus la tête dans sa direction.
— T'aimerai te marier sous un ciel étoilé, Hinata ?
Sous un ciel étoilé, dans une chapelle, à la mairie ou au bord de la mer, qu'importe l'endroit, elle était prête à dire oui tant que c'était avec lui.
Hinata n'était pas du genre à s'imaginer se faire passer la bague au doigt. Elle n'était pas non plus le genre de fille qui rêvait de robe de mariée, de lune de miel ou de fleurs. La brune était plutôt de la caste de celles dont le mariage passait en dernière position dans ses priorités. Mais depuis que Naruto avait glissait sur la chaise en face de la sienne dans la cafétéria le sourire aux lèvres pour l'aborder, Hinata envisageait depuis lors une relation avec lui et peut-être même une union sous les cerisiers.
— Oui, je me vois bien, avoua-t-elle.
Tandis qu'ils se tenaient allongés côte à côte sur le toit de la voiture, Hinata, remarquant que le doigt de Naruto tapait d'un mouvement machinal la surface métallisée, avait rapproché les siens pour les poser sur sa main.
Leur regard se croisa un bref instant. Naruto éclata de rire, puis se releva alors qu'il coupait le semblant d'intimité qui s'était formé en ajoutant :
— Pour ça faudra déjà qu'on trouve nos partenaires, si on veut pouvoir se marier à la belle étoile.
La jeune femme sourit tristement, ses yeux reflétant la douleur de son cœur brisé. Elle avait espéré que ce soit lui, mais il voyait les choses autrement. Sa réponse avait éteint la flamme de son espoir.
Pourtant, malgré sa déception, la brune garda un sourire mélancolique sur ses lèvres, cachant sa peine derrière une façade de courage. Son visage était empreint d'une certaine sagesse, témoignant de sa force intérieure et de sa capacité à surmonter les épreuves. Elle savait que le temps guérirait ses blessures et que peut-être, changerait-il son point de vue si jamais ils sortaient ensemble.
Hélas, Naruto n'avait pas changé d'avis. Il ne s'imaginait pas bâtir une relation solide et durable avec elle. Elle le comprenait finalement après toutes ses années.
Perdue dans ses pensées, son regard fixé sur l'horizon lointain, Hinata ne remarqua pas tout de suite le bouquet de fleurs qui se trouvait devant elle, mais lorsque son parfum doux et enivrant lui parvint, elle se tourna lentement vers lui. Derrière le bouquet, elle découvrit le célèbre designer venu de Suna et son cœur fit un bond dans sa poitrine.
— Uchiha ? s'étonna-t-elle se rendant compte qu'il n'y avait plus personne et que la réunion avait prit fin.
Elle accepta les fleurs déconcertée, mais touchée par cette attention inattendue. Le jeune homme restait là, silencieux mais présent, telle une figure protectrice qui veillait sur elle. La jeune fille se sentit en sécurité en sa présence, comme si elle avait soudain trouvé un havre de paix dans son monde tumultueux.
— Que me vaut ce privilège ?
— Ne vous méprenez pas, Hyuga, ceci n'est pas un cadeau. Je me débarrasse juste de ces fleurs immondes que j'ai trouvé sur mon bureau ce matin. Puisque vous semblez ne pas vouloir quitter la salle, autant vous en faire don. J'imagine que vous saurez vous y prendre mieux que moi pour les garder.
— De un, pas la peine de me vouvoyer, on est collègues maintenant alors appelle moi Hinata comme tout le monde. Et de deux, ces fleurs sont magnifiques. Ça m'étonne qu'un designer de ton calibre ne le sache pas.
— Laisse moi te dire, Hinata, commença-t-il en appuyant chaque syllabe de son prénom, que les roses sont démodées. Elles n'ont plus autant de valeur du fait que les gens les popularisent.
— Cela dépend toutefois des goûts et des préférences de chacun, non ? rétorqua la brune. Les roses sont une fleur souvent associée à l'amour et à la romance. C'est bien pour cela qu'elles sont populaires.
— C'est bien ça le problème, à force d'être associée à l'amour et la romance, on finit par la détester quand cet amour est mal nourri.
Hinata se raidît, vraisemblablement affectée par les mots de cet homme à la peau si clair, presque fantomatique, qui éraflait son cœur sans le savoir. Le visage de l'homme demeurait fermé, ses traits tirés par un chagrin dont elle ne connaissait l'origine. Il donnait l'impression d'être un poète perdu dans sa propre contemplation. Elle se résolut néanmoins à ne pas trahir ses émotions et garda un air contrôlée, bien décidée à l'écouter jusqu'au bout.
— Pourtant, elle a d'autres signification bien plus glorieuses, assura-t-il en retirant une fleur parmi d'autres. Une rose ne définit pas forcément l'amour.
— Tu m'as l'air de t'y connaître en fleurs, es-tu jardiner à tes heures perdues, Uchiha ?
— Non, je suis ventriloque.
Son aveu fut accueilli par un léger silence, durant lequel Hinata scruta avec intensité le visage de son nouveau collègue, à la recherche du sourire qui lui affirmerait qu'il s'agissait d'une plaisanterie. Elle le vit au coin de ses lèvres avant qu'il n'envahisse sa bouche, les forçant tous les deux à se tordre de rire là, dans cette salle de réunion.
— Sans déconner, j'ai bien failli y croire un court instant, avoua la brune.
— Là au moins, tu m'as l'air d'être plus vivant que pendant la réunion.
Son rire se bloqua. Hinata releva la tête et croisa à nouveau les prunelles noires du brun. Si, en cet instant, elle le trouvait d'une beauté singulière, elle rejetait aussitôt cette idée.
— J'aimerais qu'on mette les choses au clair, amorça-t-il d'un ton dur. Je suis là pour un bref délai certes, mais j'aime que le travail soit bien fait, alors tâche de ne pas être distraite. Tes problèmes, tu les laisse à la maison tant que tu es au boulot.
— Je n'ai pas de problème, feignit-elle, gênée d'être mise à nue.
Il la regarda longuement, comme s'il cherchait à détecter son mensonge ou à lire ses pensées. Finalement, il soupira. Elle vit l'exact moment où il perdit tout intérêt pour sa personne, levant les yeux au plafond en secouant la tête de lassitude.
— Évidemment que t'en as, sinon tu n'aurais pas eu la tête en l'air pendant toute la réunion. Vous les femmes ! Un petit bobo et vous perdez le sens des réalités.
Le regard qu'il posa sur elle en cet instant lui sembla dédaigneux, probablement enragé par son manque de professionnalisme.
— Je veux que ce projet aboutisse alors démerdes-toi, mais restes concentrée sur l'objectif.
Le brun esquissa un pas vers elle et dit:
— Un petit conseil, apprends à faire la part des choses et sépare ta vie professionnelle de ta vie privée.
Et sur cette dernière phrase, Sasuke Uchiha quitta la pièce d'un pas rageur, laissant derrière lui une femme désorientée. Seule, elle regarda longuement le bouquet de roses qu'elle tenait toujours dans ses mains alors qu'un sourire étirait les recoins de sa bouche. Malgré le comportement hautain du designer, un détail avait attiré son attention : il lui avait offert ces fleurs parce qu'il avait remarqué son état. Elle sourit de plus belle.
— Je n'aime pas les fleurs, murmura-t-elle en humant leur parfum.
Sasuke Uchiha ne le savait pas encore, mais ce geste et ces paroles lui remplissaient le cœur plus qu'ils ne la meurtrissaient.
•••
Syfy* = chaîne de télévision américaine.
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Désolé j'ai pris énormément de temps. Beaucoup trop de boulot à faire vu que je me rapproche de mes d'études, mais voilà le chapitre. Dites-moi donc, quelles sont vos impression sur ce chapitre ?
Merci d'avoir lu ^^
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