5.
[Kiss & Make Up — Dua Lipa, BP ]
Hinata fut ramenée au présent par le cri que poussa Tenten à l'autre bout du téléphone. Son cœur s'arrêta, pris de peur par la soudaineté de sa réaction qui causa un choc à la demoiselle. La brune éloigna l'appareil de son oreille, se donnant un peu de temps pour calmer les palpitations de son cœur, puis d'une voix inquiète s'adressa à son amie :
— Qu'est-ce qui ne va pas, Ten ?
— Oh mon Dieu, Hinata, j'ai carrément zappé de nourrir Tornade. C'est fichu, il va me détester.
L'air lasse qui déforma le visage de la brune en disait long sur le caractère très commun de la situation. Au cours d'une journée, Tenten oubliait une fois sur deux de remplir le bol de Tornade, son Maltipoo à la robe abricot et aux petites oreilles tombantes. Ses multitudes de tâches à accomplir par jour faisaient d'elle une femme étourdie qui accordait peu de temps à sa maison et à son animal de compagnie. Hinata se demanda si en tant que secrétaire du maire de Konoha, son amie trouvait un créneau pour prendre soin d'elle ? La brune ramena ses genoux pliés vers sa poitrine et poursuivit en disant :
— Arrête, Ten. Tu sais bien que Tornade ne peut pas te détester. Il va peut-être bouder, mais ça va lui passer.
— Mais si, je te dis.
Sa réponse fut accueillie par un léger silence durant lequel Hinata imagina le petit chien. Tornade, très affectueux et câlin, adorait sa maîtresse au point de se méfier de toute personne qui, selon lui, représentait un danger ; c'est à dire elle, parce que Tenten tenait à elle et Tornade ne supportait pas que quelqu'un d'autre que lui monopolise l'attention de sa maîtresse. Hinata esquissa un sourire.
— Tu racontes n'importe quoi. Allez, ne perds pas plus de temps et va le nourrir. On se capte après.
— D'accord, à plus. Gros bisous.
La jeune femme raccrocha, puis se leva précipitamment du fauteuil lorsque son ventre émit une gargouillement. Elle se dirigea vers la cuisine préparer un repas pour deux, comme elle en avait toujours eu l'habitude, cependant elle se ravisa à mi-chemin, se souvenant que Naruto ne mangeait rien de ce qu'elle lui laissait dans le frigo quand il rentrait tard. Qu'il passait de moins en moins de temps à la maison.
Sa cuisine lui déplaisait-elle au point de le faire fuir ? Bien qu'elle doute que ce soit le cas, Hinata ne put s'empêcher de se poser la question. Et contre toute attente, elle estima qu'il était inutile de faire à manger – ce serait un gâchis pour ses talents culinaires et une perte de temps. Alors, la brune se dénicha une boîte de chips dans un placard et changea de direction. Elle monta à l'étage finir l'article qu'elle avait mis de côté durant tout le week-end.
Assise devant l'écran de son ordinateur depuis une bonne heure, incapable d'aligner trois mots, la jeune femme finit par lâcher un long soupir et s'adossa au dossier de sa chaise. L'inspiration avait décidé de lui faire faux bond au pire moment possible. Son article devait être placé sur le bureau de son supérieur le lendemain pour la révision, mais à ce rythme elle risquait de ne pas pouvoir le finaliser. Il semblerait que le journalisme ait des subtilités qui lui étaient encore difficile à cerner malgré son année et demi dans le milieu.
La brune lutta pour se creuser les méninges, son attention se porta plus sur le décor simpliste du bureau dans lequel elle se trouvait plutôt que sur son article.
— Ça suffit, j'abandonne, déclara-t-elle, en s'affalant sur son bureau.
Elle tenta de dormir, ou du moins se reposer quelques minutes afin de régénérer les cellules mortes lui empêchant d'utiliser son cerveau à bon escient toutefois, La sonnerie de son portable résonna. Hinata grommela, contrariée par le soudain bruit lui brisant les tympans, puis releva la tête.
Un sentiment d'incompréhension paralysa ses membres, lui évitant de toucher l'appareil. Deux appels un dimanche lui parut étrange, très étrange. Cela faisait bien longtemps que personne ne la contactait un dimanche. Avant qu'elle ne devienne l'ombre d'elle-même, le dimanche représentait le seul jour de la semaine qu'elle se réservait afin de profiter d'un peu de tranquillité et ses proches avaient toujours respecté cette règle qu'elle leur avait imposé. Se pourrait-il que beaucoup pensent à elle ?
Hinata prit le téléphone en main. Lorsqu'elle regarda l'écran, elle sut alors que c'était Neji, que c'était pour le travail. Elle ne manquait à personne.
La demoiselle rejeta l'appel, sachant pertinemment qu'il allait lui reprocher son manque de professionnalisme et lui prier d'envoyer son article à la première heure demain. Elle aimait son cousin, mais parfois il était insupportable.
Le claquement de porte au rez-de-chaussée hérissa les poils de son cou. Le rythme du battement de son cœur s'accéléra, pris dans le tourbillon d'émotions contradictoires qu'elle ressentait chaque fois que Naruto était de retour à la maison. Hinata se mordit le pouce, indécise à l'idée de descendre le voir ou rester scotchée devant son ordinateur.
Le jeune homme éveillait en elle ce côté de sa personnalité qu'elle apprenait chaque jour à dompter, à défaut de pouvoir le cacher. Elle ne supportait pas la femme assujettie, la wi-fi* qu'elle devenait quand il était dans les parages, mais ne pouvait faire autrement. Un peu comme s'il l'enchantait, alors elle agrippa la table dans une vaine tentative de résistance.
Elle perçut ses pas dans les escaliers. Son souffle se coupa et tout son être se crispa. À mesure qu'il avançait, son cœur dansait au rythme d'un son endiablé dans sa poitrine, paniquée à l'idée de le voir s'arrêter devant la porte du bureau et de se retrouver face à lui.
Elle l'entendît cogner à la première porte, la chambre d'amis, celle qu'elle occupait désormais. Son cœur rata un battement lorsqu'il l'apostropha. Elle n'osa lui répondre tant elle était en proie à une lutte intérieure. Puis, ses pas se rapprochèrent du bureau, de là où elle était.
La brune vit son ombre se dessiner sous la porte. Elle ferma les yeux, suppliant le ciel de le faire partir. Naruto toqua, elle garda le silence, bien décidée à ne pas se dévoiler. Cependant, il y'avait ici-bas, des prières qui n'aboutissaient jamais. Celle de la jeune femme en fit partie lorsque par maladresse, sa main poussa sa boîte à crayon qui s'écrasa au sol et que Naruto apparut devant elle.
— Rien de casser, Hinata ? s'enquit-il en portant la main à son visage.
Comme à chaque fois qu'elle se retrouvait prise au piège par son eau de Cologne, d'où se dégageaient des notes de bergamote et de musc, sa peau se couvrit de frissons et son esprit s'opacifia. Hinata dut quitter sa chaise pour tenter de maintenir le contrôle de ses émotions contradictoires. Naruto l'avait à peine effleurée, pourtant elle se sentait déjà troublée.
Le jeune homme se garda de s'approcher, malgré l'envie qui lui dévorait de la tenir près de lui, se contentant de ramasser les crayons. Il s'y prit lentement, de sorte à remettre ses idées en place et définir la manière la plus abordable d'entamer la conversation. Une fois les avoir remis sur la table, le blond admira sa copine assise sur le rebord de la grande fenêtre. Dehors, le ciel se couvrait peu à peu de ses couleurs crépusculaires. Un sourire dont la brune ne sut dire s'il était narquois ou bienveillant, étira ses lèvres. Mal à l'aise, Hinata finit par croiser les bras sous sa poitrine.
— Tu m'en veux pour hier, pas vrai ?
Le regard meurtrier qu'elle lui adressa fut bien plus expressif qu'un simple « oui », Naruto hocha la tête.
— Je sais que je n'ai aucune excuse, Hinata. C'etait immoral de ma part, j'ai debordé sur ce coup.
— Heureusement que tu en as conscience, c'était vache.
— Je ne m'emporterais plus, je te le promets.
Un triste sourire dérida son visage, la jeune femme était aussi déçue qu'exaspérée. Inutile de dire qu'elle ne le croyait pas, la confiance aveugle qu'elle avait une fois placée en lui s'était peu à peu éffriter avec le temps. Certes ses paroles l'hypnotisaient, mais leur effet ne tardait pas à s'estomper. Le silence s'installa de nouveau. Elle attendit, persuadée qu'il allait ajouter quelque chose vue la manière dont il se pinçait les lèvres. Seulement, il ne pipa mot.
— Si tu n'as plus rien à me dire, je vais continuer à bosser sur mon article.
Naruto fit l'opposé de ce à quoi elle s'attendait. Plutôt que de sortir, le blond se précipita sur elle; elle eut un mouvement de recul contre la fenêtre, si brusquement qu'elle se cogna la tête contre la parois. Les bras du jeune homme l'encadrèrent, Hinata déglutit et son regard se perdit dans le sien.
— Je n'aime pas quand tu es fâchée contre moi, Hinata. Tu te renfermes sur toi et c'est comme si je n'existais plus. J'ai envie que tout soit comme avant. S'il te plaît, parles-moi, lui murmura-t-il.
— Pour ça, faudrait au moins que tu me dises ce qui ne va pas, non ? On sait tous les deux que quelque chose te tracasse, mais tu me gardes dans le noir.
Naruto se raidit, peu enclin à s'aventurer sur cette pente glissante. La demoiselle l'étudia en silence, se demandant s'il allait cracher le morceau. Il demeura calme, mais ses traits tirés par l'agacement laissaient présager un nouveau mutisme. Hinata se résolut à ne pas laisser cette chance lui filer entre les doigts. Campée sur ses positions, elle ne baissa pas le regard, bien décidée à l'affronter.
— Je, je ne pense pas que ce soit nécessaire, lui répondit-il sur le qui-vive.
— Et moi je pense que ça l'est. Pourquoi tu ne me dis juste pas ce qui va de travers pour qu'on trouve une solution ensemble?
— Ce n'est rien de grave, lui assura-t-il en caressant sa joue.
— Pourtant tu es distant et à cran. Tu passes de moins en moins de temps à la maison. Dis le moi, si t'as une famille cachée à prendre en charge, ironisa-t-elle.
Hinata sentit le jeune homme se crisper, le doute s'implanta dans son cœur songeant qu'éventuellement, il avait bien une famille à nourrir. Elle tenta de sonder son regard pour y voir plus clair, pour, peut-être, y découvrir la vérité qu'il se démenait pour cacher, mais il était tel qu'un mur infranchissable.
— Tu ne comptes vraiment rien me dire ?
Le silence du blond fut poignant. Hinata dut faire appel à toute sa volonté de fer pour ne pas s'écrouler en larmes devant lui. Au fond d'elle, une peine immense lui tordait les entrailles. Il ne comptait rien lui révéler. Elle refoula sa tristesse, préférant se cacher derrière un masque d'indifférence et s'écarta finalement de lui.
— Hinata !
Naruto la retint par le bras, l'attirant tout doucement, comme un animal blessé qu'il essayait d'apprivoiser. La demoiselle aurait pu le repousser, mais son toucher, tendre et quémandeur, sa voix au timbre si particulier et son regard inquisiteur avaient eu raison d'elle. Elle sut, là en cet instant, lorsqu'il glissa sa main au creux de son dos et que l'autre releva son menton, qu'elle s'était résignée à succomber une fois de plus à tout ce qu'il lui dirait, quelque soit la douleur qu'elle ressentait.
Quand il posa ses lèvres contre les siennes, qu'il l'embrassa tendrement en l'entourant de ses bras protecteurs, elle se laissa prendre dans les feux de ses baisers enchanteurs, oubliant la colère qui l'embrasait. Hinata ne le savait pas encore, mais ce baiser consolateur n'était qu'un petit moment de calme avant la tempête...
•••
Wi-fi: Une fille qui dit toujours oui (LaFouine)
Les cachotteries emmènent toujours plus de problèmes. Selon vous, qu'est-ce qui pousserait tant Naruto à ne rien dire à Hinata ? Et puis, Hinata devrait-elle insister pour savoir?
Merci d'avoir lu ^^
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro