III

[Done for Me — Charlie Puth]

Hinata partit.

Elle s'éloigna, emportée par une tempête de solitude, s'enfonçant dans les méandres d'un hiver impitoyable, loin, très loin de cette demeure qui, telle une chrysalide, engourdissait son être dans un froid glacial. Les frissons mordants paralysaient ses membres, figeant ses larmes en cristaux étincelants sur ses joues, chaque goutte étant une douleur, une étreinte glaciale, aussi vive que les blessures béantes de son cœur meurtri.

Cette maison, véritable réceptacle de souvenirs enfouis, de visages fantomatiques et d'histoires qui la hantaient, était devenue un labyrinthe d'angoisse. La brune tremblait à l'idée de rester une minute de plus à l'intérieur, près de Naruto Uzumaki et des échos d'un passé tumultueux, de peur de succomber aux démons qui, tels des spectres, s'éveillaient lentement en elle, prêts à la dévorer.

Dans l'obscurité abyssale de la nuit, silencieuse comme une ombre, Hinata erra dans des rues désertes, mal éclairées, où l'écho de ses pas se mêlait à la mélancolie ambiante et finit par se tenir devant le seuil de son amie. Celle à qui elle n'avait cessé de penser quand Naruto avait entamé son récit sur son passé avec Sakura. Celle qui, selon elle, saura la consoler comme personne. Celle qu'elle considérait comme sa sœur d'une autre mère.

Tenten.

La seule étoile dans son ciel assombri, celle dont le souvenir brillait comme un phare dans la tempête. Elle était son refuge, son ultime espoir, celle qui - par le passé avait et qui - pouvait encore apaiser son âme tourmentée lorsque tout s'effondrait autour d'elle.

Hinata se glissa rapidement dans l'immeuble haut de dix étages dans lequel vivait son amie, sans laisser au gardien le temps de l'interpeller, et s'engouffra dans l'ascenseur qui se referma bien vite sur elle.

Une fois parvenue à son étage, Hinata, le cœur battant à tout rompre, se précipita avec une frénésie désespérée vers la porte de l'appartement de Tenten. Chaque pas résonnait comme un tambour dans son esprit tourmenté, et la peur d'être trop tard l'empoignait. Elle frappa avec une vigueur presque frénétique, ses poings s'abattant sur le bois avec une fureur désespérée, tandis que sa voix, rauque et tremblante, s'élevait en un cri déchirant : « Tenten ! »

Lorsque la porte s'ouvrit enfin, révélant le visage inquiet de son amie, le monde autour de Hinata sembla se figer. Dans un élan incontrôlable, elle s'effondra dans les bras de cette dernière, laissant échapper un torrent de larmes qui s'écrasaient comme des vagues tumultueuses contre un rivage inondé. Les deux femmes tombèrent au sol, unies dans une étreinte désespérée, comme si cette chute était la seule manière de partager le poids de cette souffrance.

Hinata pleurait, son corps secoué par des sanglots profonds, chaque souffle chargé de mots inachevés, de douleurs inexprimées. Elle murmurait le nom de Tenten, comme une litanie, une invocation à la vie, à l'amitié, à la lumière perdue. Les souvenirs des derniers mois, sombres et tortueux, défilaient dans son esprit, des ombres accablantes qui l'avaient isolée dans un abîme de désespoir.

Tenten, le visage marqué par une inquiétude palpable, tentait de la calmer, ses mains caressant doucement les cheveux de l'Hyuga, cherchant à apaiser cette tempête d'angoisse qui l'étreignait. « Je suis là, je suis là », répétait-elle, mais les mots semblaient dérisoires face à l'intensité de la douleur qui les entourait.

— Essaie de te calmer, Hinata et raconte moi ce qui se passe, supplia Tenten, que t'est-il arrivé pour que tu te retrouves dans cet état ?

— J'ai... j'ai mal !

Tenten crut d'abord qu'il s'agissait d'une douleur physique et chercha alors sur son corps les marques d'une plaie. Elle comprit bien vite, ne voyant rien sous les vêtements chauds de son amie, qu'elle parlait de douleur émotionnel.

La jeune femme soupira, perdue, puis aida Hinata à se mettre debout et l'invita à prendre place sur son canapé deux places sans jamais la lâcher. Dans cette étreinte, les cœurs battant à l'unisson, Tenten fit de son mieux pour la calmer. Les larmes de l'Hyuga, chaudes et salées, mêlées aux murmures de son amie, formaient un cocon de réconfort au milieu de la tempête.

— Qui t'a fait du mal, Hinata ? lui demanda Tenten lorsque ses sanglots diminuèrent. Un accrochage au boulot ?

— Non, ce n'est pas ça, répondit-elle après un moment d'hésitation.

— Alors c'est Naruto, souffla la jeune femme dont le visage se referma à l'évocation de ce nom. Qu'est-ce que cet idiot à encore fait ?

Les mots, d'abord hésitants, commencèrent à s'échapper, comme des oiseaux libérés de leur cage. Hinata lui raconta ce qu'elle avait appris sur le passé de Naruto, l'apparition de Sakura, en évitant de mentionner le jeu de passager ainsi que les confidences de Temari et Tenten, attentive, accueillait chaque confession, chaque cri du cœur sans jamais laisser transparaître ses émotions.

Lorsque Hinata acheva son récit de ces derniers mois, une vague d'émotions tumultueuses l'envahit, et elle se tourna vers son amie avec l'espoir ardent que Tenten, comme à chaque fois qu'elle avait eu besoin d'elle par le passé, serait là pour la soutenir.

Dans son esprit, elle imaginait déjà la chaleur réconfortante d'un étreinte, la douceur des mots apaisants qui viendraient couler de ses lèvres comme un baume sur son cœur abîmé. Elle désirait ardemment que Tenten, avec sa sagesse innée et son instinct protecteur, la prenne dans ses bras, lui offrant refuge, mais à sa grande consternation, le tableau qu'elle avait peint s'effaça comme un mirage.

Tenten, le visage marqué par une froideur inattendue, se leva du canapé avec un soupir lourd, un geste qui trahissait une impatience sourde. Ses yeux, d'habitude si pétillants, roulaient avec une exaspération palpable, comme si le poids des mots de Hinata était devenu trop lourd à porter. Cette réaction, à la fois déconcertante et déchirante, frappa cette dernière comme une vague de désillusion.

Les paroles de réconfort qu'elle espérait tant ne venaient pas, et l'écho de son propre chagrin résonnait dans le silence pesant qui s'était installé entre elles. L'incompréhension et la tristesse se mêlaient en elle, ajoutant davantage de peine à son cœur.

— Je ne comprends pas ce que tu continues de faire avec un homme qui n'arrête pas de se moquer de tes sentiments. Tu fais pitié, à force !

Hinata resta un moment abasourdie, ayant du mal à réaliser les paroles de son amie.

— Ça fait des années que je te dis que ce mec n'est pas bien et là, tu me donnes enfin raison !

Tenten, le sourire au coin des lèvres, croisa les bras sur sa poitrine, se tenant droit, tel un juge sur le point de donner son verdict, devant Hinata qui, la tête baissée, semblait ne plus réagir.

— Si tu ne t'étais pas mise en couple avec lui, rien de tout cela ne serait arrivé. Tu mérites mieux qu'un mec aussi ignoble.

— C'est tout ce que tu trouves de mieux à dire ? l'interrogea l'Hyuga dont le moral était au plus bas.

— Quoi, tu préférais peut-être que je te dise que tout ira bien et que les choses vont s'améliorer entre vous ? rétorqua Tenten en soupirant de lassitude.

— Non mais j'aurais préféré que tu m'épaules, pas que tu viennes remuer le couteau dans la plaie ?

— Hinata, ça fait des lustres que ça dure. Cette mascarade a assez duré. Tout le monde sait que ça ne fera pas long feu entre vous. Tu peux demander Kiba, il pense comme moi. En plus...

La lueur d'écœurement qui passa dans le regard sombre de l'Hyuga l'obligea à se taire. La jeune femme, essuya les sillons de larmes sur ses joues et bondit de son siège, animée par une rage qui fit reculer Tenten, surprise par sa soudaine réaction. Elle avait les poings serrés le long de ses jambes.

— Pourquoi ma relation te rebute-t-elle autant ? Tu ne veux pas de mon bonheur ?

— Ton bonheur ? rit Tenten, choquée. Alors que tu débarques tard chez moi en larmes, t'appelles cette relation le bonheur, toi ?

— Tu ne comprends rien ou tu fais exprès ? Je viens de t'expliquer la situation, que le problème en soit c'est cette femme, Sakura. Et toi, tu ramènes tout sur Naruto. Je reconnais qu'il n'est pas totalement irréprochable, mais...

— Le problème dans l'histoire c'est Naruto, pas Sakura, affirma Tenten comme si elle en savait plus qu'elle.

Hinata se tut, le cœur lourd, se demandant si elle n'avait pas commis une erreur en débarquant chez Tenten et si elle avait mal jugé la profondeur de leur lien, car l'Hyuga ne comprenait pas comment il pouvait lui être si facile de prendre la défense d'une femme qu'elle connaissait à peine et douter de ce qu'elle lui disait. D'ailleurs, maintenant qu'elle y songeait, d'où est-ce que Tenten connaissait Sakura Haruno pour affirmait de telles paroles ?

La jeune femme se souvint de leur dîner au Spice & Grill et la mine éclatante de Tenten en voyant la rose débarquer lui revint en mémoire. Elle fulmina.

Hinata ne chercha même plus à savoir ce que Tenten avait contre sa relation. Au début, elle avait toujours cru que c'était pour la protéger, parce qu'elle tenait à elle. Mais aujourd'hui, la brune en avait la certitude. Elle avait réaliser qu'elle avait eu tort depuis toutes ces années. Tenten n'essayait pas de la protéger. Faisant les cent pas devant le canapé, elle avait retiré ses gants en tremblant et ne put se retenir de se pincer les mains, comme pour vérifier qu'elle ne s'était pas égarée dans un cauchemar.

— D'où tu connais Sakura, dis-moi.

L'Hyuga toisait sa vieille amie de toute sa hauteur. Celle-ci ne cilla pas, et ses lèvres s'incurvèrent en une moue hautaine.

— Je l'ai croisé une fois, quand je passais te voir. Je suis tombée sur elle devant ta porte. Mais ni toi, ni Naruto n'étiez là, alors on a fait le chemin retour ensemble et elle m'a un peu parlé d'elle.

— Tu veux donc me dire que le simple fait d'avoir échanger avec elle à quelques reprises te permet d'affirmer que le problème n'est pas elle, mais Naruto ?

— Écoute, Hinata, commença-t-elle en se rapprochant.

Tenten agrippa gentiment son bras, la brune résista d'abord, refusant de se laisser cajoler maintenant qu'elle ne le désirait plus, et se dégagea de son emprise.

— Sakura n'a pas l'air saine d'esprit, je te l'accorde. Mais ne penses-tu pas que Naruto est celui qui tire les ficelles depuis le début ? S'il t'aimait vraiment comme il le dit, pourquoi n'avoir pas tout raconté dès le départ ?

Hinata se retrouva dans l'incapacité de répondre, elle déglutit. Malgré elle, son esprit envisagea la possibilité que son amie avait raison, que Naruto se foutait de sa gueule.

— Je pense que c'est un prétexte et qu'il continue ce jeu de passager avec toi également.

L'Hyuga écarquilla les yeux, interpellée par les paroles qui vinrent de quitter la bouche de Tenten.

Jeu de passager. Lors de son récit, Hinata avait fait exprès de ne pas mentionner ce détail car trop humiliant selon elle. Mais le fait que sa vieille amie en avait eu vent signifiait que quelqu'un lui avait tout raconté avant ce soir. Tenten était déjà au courant de ses déboires.

Il ne fallut qu'un instant à Hinata pour comprendre, dans un éclair de lucidité, que Sakura lui avait tout révélé. Une onde de trahison déferla en elle, aussi violente qu'un blizzard. Tenten, celle qu'elle croyait une confidente précieuse, celle en qui elle avait déposé ses secrets les plus intimes, s'était laissée envoûter par Sakura, le serpent perfide qui aspirait à détruire son couple.

La douleur s'insinua dans son cœur, comme une ombre grandissante, et les larmes, chaudes et salées, montèrent à ses yeux, perles de désespoir qui menaçaient de déborder.

Hinata éclata de rire devant Tenten qui l'observa comme si une deuxième tête lui était apparue. Elle rit si fort que la jeune femme à ses côtés prit peur.

Il lui avait fallu du temps pour comprendre mais désormais, la réponse lui sautait aux yeux. La raison pour laquelle Tenten n'avait jamais approuvé sa relation avec Naruto et le détestait autant, pourquoi elle croyait si facilement les paroles de Sakura qu'elle connaissait à peine, allant jusqu'à tisser des liens avec elle dans son dos était une évidence. La brune était juste trop naïve pour le remarquer à l'époque, mais les pièces manquantes du puzzle se joignaient finalement.

— Hey Tenten, tu ne serais pas victime du jeu de passager toi aussi ? s'indigna Hinata avec un mépris teinté d'amusement.

•••

Coucou tout le monde ! Ça fait super longtemps. Désolé d'avoir disparu comme ça, je vous avoue qu'après la rédaction de ma thèse que j'ai validé, j'étais mentalement fatiguée et j'avais besoin de repos. Je n'arrivais plus à écrire, je vivais un peu le syndrome de la page blanche. Mais ça va un peu mieux maintenant.
J'espère que l'attente n'a pas été trop longue et que vous ne vous êtes pas désintéressé.e.s de l'histoire.

J'espère que ce chapitre vous a plus.

Merci d'avoir lu ^^