30.
[Scared To Be Lonely — M.G & Dua Lipa]
Tout avait commencé à l'université. Dans le murmure feutré de la faculté, là où les esprits s'éveillaient et les cœurs se rencontraient, Naruto, d'un pas nonchalant, déambulait devant la cafétéria. Ses yeux s'attardèrent sur une silhouette familière : Hinata, plongée dans l'intimité de son ordinateur. Les doigts agiles, elle pianotait avec grâce sur son clavier, une mélodie invisible, une partition de vie.
Un sourire éclaira son visage et le blond se souvint alors des précédentes fois où il l'avait aperçue, solitaire, toujours fidèle à cette chaise où elle semblait à son aise, compagne de la vitre qui lui renvoyait le monde en reflet.
Et puis, il se rappela aussi de leur rencontre fortuite, à cette fête organisée par Hidan, où l'alcool coulait à flots, où la musique battait le rythme des jeunes âmes en liesse. Hinata, une présence discrète au milieu de la foule, avait su capturer son attention, sans pour autant la monopoliser.
Lui cherchait une étincelle, un feu ardent dans le regard d'une femme de caractère. Hinata, elle, semblait plus une énigme, un petit chien perdu au milieu d'une meute de loups, une douceur dans un monde de brutes. Elle n'était pas de la catégorie de femmes qu'il côtoyait et ses amis le lui avaient bien fait comprendre.
Mais ce jour-là devant la cafétéria, quelque chose l'avait invité à franchir le seuil de l'indifférence, à s'approcher de cette belle femme qui, peut-être, cachait plus que ce que son apparence laissait présager et à transformer son moment de calme en un rencard improvisé avec lui.
Leur lien s'était tissé à l'improviste, d'une façon différente des autres, où la pluie avait rythmé leur conversation, les transportant à des lieux de la cafétéria. Tout avait commencé par un simple geste de sa part, lorsqu'il lui avait dédié son plus beau sourire en se glissant sur le siège en face d'elle. Il n'avait pas imaginé que tout allait finir d'une manière aussi abrupte.
Les bras de Naruto retombèrent le long de son corps, semblables à des branches affaissées sous le poids d'une tempête intérieure. Ses yeux, jadis remplis de tendresse et de passion, décrivaient désormais une terreur sans nom, une angoisse indicible qui ébranlait son être jusqu'au plus profond de son être.
Le blond ne pouvait saisir la réalité de ses paroles, l'idée même de la séparation lui était étrangère. Il n'avait peut-être pas pensé, au début de leur relation, qu'elle occuperait une place cruciale dans sa vie, mais sans elle, chaque horizon semblait lointain, chaque rêve inaccessible. Perdre Hinata, c'était perdre le fil conducteur de son existence, c'était errer dans un labyrinthe sans fin.
Un instant d'hésitation le fit reculer, comme s'il ne savait plus quoi faire, la peur rendant ses pensées incohérentes. Puis un rire étrange, presque frénétique, s'échappa des lèvres de l'Uzumaki, comme un écho discordant dans le silence pesant qui enveloppait la scène. Hinata, figée, sentit son cœur se comprimer dans sa poitrine, l'air lui devenait insoutenable. Il y avait dans son rire une promesse et une menace, un refus de laisser partir ce qui avait été le centre de son univers.
— Non, entre toi et moi, ça ne peut pas finir, Hinata, s'exclama-t-il, comme pour conjurer les ombres menaçantes qui se dressaient devant lui.
— J'en ai plus qu'assez de cette situation. Je n'en peux plus d'être avec toi, cette relation me rend malade.
Hinata avait murmuré ces ultimes paroles d'une voix brisée, ses yeux embués de larmes. En face d'elle, son amant demeurait immobile, désemparé. Il se mordit l'intérieur de la joue, contemplant sa compagne avec une fatalité silencieuse. Ses paroles avaient meurtri son âme.
— Hinata...
Naruto s'avança de nouveau, son ombre se découpant dans la lumière vacillante de la pièce. Il ignora son sursaut lorsqu'il tendit la main vers elle et saisit son menton. Son geste, ni brutal ni doux, fit naître en Hinata une peur sourde. Elle repoussa sa main d'un geste vif, comme si le simple contact de sa peau brûlait la sienne.
— Ne me rejette pas comme ça, supplia-t-il. Pas comme si tu avais peur de moi. Hinata, c'est moi, Naruto.
Hinata mit de la distance entre eux. Elle se réfugia dans l'ombre bienveillante du plan de travail, ses mains s'accrochant à la froideur du marbre comme à une bouée dans la tempête de ses émotions. La tête baissée, elle cherchait en vain le calme au milieu de la tourmente, ses sanglots étouffés par le poids de sa decision.
— Hinata, s'il te plaît...
— Ne t'approche pas, je t'en supplie.
Naruto serra les poings, son visage un masque de confusion et de douleur. Il ne comprenait pas comment leurs liens, autrefois si forts, s'étaient transformés en chaînes qui les entravaient tous les deux.
— Hinata, s'il te plaît, avant de prendre une quelconque décision, laisse-moi t'expliquer ma version des faits. Ne crois pas aveuglément ce que Sakura t'a dit.
— Est-ce que moi aussi je ne suis qu'un jeu de passager pour toi ? Une femme sans importance avec qui tu t'amuses tout ça pour ne pas t'ennuyer ?
— Évidemment que non, Hinata. Comment tu peux dire ça ? Je t'aime sincèrement !
— Tu m'aimes sincèrement ? Raison pour laquelle tu m'emmènes vivre dans une baraque avec tous tes souvenirs de cette fille ?
Le jeune homme hoqueta de surprise et se tut. Son mutisme amplifia la colère de Hinata. Elle tremblait de tout son corps à présent. La rage la dévorait de l'intérieur. Elle brûlait de fureur, de haine et de douleur.
— Dis moi Naruto, tu pensais à elle quand on couchait ensemble ? C'est parce que t'attendais impatiemment son retour que tu refusais chaque fois de refaire la déco ?
— Non, jamais de la vie. Je ne pense à personne d'autre que toi, Hinata. Entre elle et moi, c'est fini depuis longtemps.
L'Uzumaki tenta de réduire l'espace entre eux, elle l'en dissuada d'un mouvement de la tête. Un reflet de désespoir apparut cette fois dans ses yeux. Hinata ne se laissa pas attendrir.
— Pourquoi m'as-tu caché son existence et celle de Sasuke ? Pourquoi fallait-il que j'apprenne tout de leur bouche ?
— Je ne t'ai pas parlé d'eux parce qu'ils font partie de mon passé, j'ai tiré une croix sur eux depuis longtemps. Je ne voulais pas que leur présence empiète sur mon présent et mon futur, mais j'ai eu tort. J'ai simplement voulu te préserver et éviter que tu te mêles de toute cette histoire.
— Tu dis m'aimer, mais tu m'as aussi utilisé pour aller rejoindre Sakura à Suna.
Naruto se pinça les lèvres, visiblement surpris par toutes les révélations faites par Sakura. Il passa ses doigts dans ses cheveux blonds et soupira en contemplant le plafond, l'air de chercher une réponse. Puis il reporta son attention sur sa belle.
— Si je l'ai vu à Suna, commença-t-il en bégayant. C'est parce que le docteur me l'a demandé. Pas parce que j'en avais envie.
— S'il te plaît, Naruto ne me ment pas, j'en ai assez des mensonges, rétorqua Hinata la voix brisée.
— Je ne te mens pas, je te le jure.
— Il faut que je sache, Naruto, commença-t-elle en sondant son regard pour y chercher la vérité. Est-ce que tu en as après l'argent de mon père, raison pour laquelle tu m'as demandé de sortir avec toi ?
La jeune femme demeura silencieuse, laissant à Naruto le loisir de réfléchir lentement avant de lui répondre. Elle put lire dans son regard tous les sentiments qui le traversait. Le blond semblait ébahi, froissé, déçu, mais elle n'en tint pas compte, préférant détourner ses yeux.
L'Uzumaki savait que Sakura avait nourri cette idée en elle, et il regretta davantage d'être rentré tard car sans le savoir, il lui avait donné le temps nécessaire pour semer la zizanie dans l'esprit de son amante. Cette femme, elle était rusée pour mélanger la vérité au mensonge et retourner la situation à son avantage, songea-t-il en lâchant un soupir à fendre l'âme.
Animé par un désespoir sauvage, Naruto franchit l'espace qui les séparait et enveloppa Hinata de ses bras, tels des lianes d'acier. La brune, en une colombe prise au piège, battit des ailes avec ferveur, cherchant à s'échapper de cette cage de chair et d'os. Il plongea son visage dans l'antre parfumé de son cou, ignorant ses protestations, ses mouvements désespérés pour se libérer.
Dans son étreinte, l'Uzumaki cherchait à lui transmettre la chaleur de son amour, l'intensité de ses sentiments, espérant qu'elle sentirait la sincérité de son cœur à travers le rythme de son pouls. Il espérait qu'au-delà des mots et des rumeurs, elle pourrait ressentir la vérité de son attachement, un lien qu'aucune tempête ne pourrait briser.
Hinata, épuisée par la lutte, cessa de se débattre, et dans le calme qui suivit, s'agrippa à son pull camionneur en laine. Le jeune homme laissa courir ses doigts dans sa chevelure ébène pour tenter de l'apaiser. Puis peu à peu, la tension quitta le corps de l'Hyuga, comme si chaque frôlement dissipait les ombres de son inquiétude.
— Sakura souffre d'un trouble obsessionnel compulsif, commença-t-il, sa voix n'était qu'un murmure, mais portait l'écho d'un cœur brisé. Elle est constamment poussée à mentir et à tricher pour soulager son anxiété. Pour être honnête avec toi, je ne sais pas quand cela à commencer. Peut-être au collège ou au lycée. Ce n'est que bien plus tard, en licence, que j'ai réalisé son problème.
Hinata entendit le cœur du blond battre plus vite, preuve que l'histoire qu'il entamait ne le laissait pas indifférent car lui aussi en avait souffert.
— Elle mentait sur tout et n'importe quoi, c'était un besoin inexplicable. Elle ne reconnaissait jamais ses torts, préférant rejeter la responsabilité sur quelqu'un d'autre. J'ai plusieurs fois subi sa fourberie, mais je l'aimais en ce temps, du moins, je le croyais. Moi aussi je souffrais, que ce soit de l'absence de mes parents, des problèmes de santé de grand-père Jiraya qui nécessitait que j'aille constamment à l'hôpital ou mon boulot à temps partiel et mes cours, j'en avais plein les mains.
Hinata se souvint qu'il lui avait une fois parlé de cette période chaotique, en mettant bien évidemment quelques informations de côté.
— Malgré ça, j'ai essayé d'être là pour elle. J'ai fait face à pas mal de bastons et de quiproquos à cause d'elle. On m'a accusé de pas mal de choses et malheureusement, cette mauvaise image m'a suivi jusqu'à mon retour à Konoha pour le master.
L'Hyuga réalisa que l'étiquette de mauvais garçon qu'on lui avait collé à l'université venait de Sakura. Il fit une légère pause avant de reprendre sur un même ton calme, mais rempli d'émotions.
— J'avais placé ma confiance en elle, mais elle s'est servie de mes faiblesses, de mon manque d'amour propre, d'estime de soi et du manque d'attention causée par l'absence de mes parents, pour me faire du mal. J'étais tellement aveuglé par mon amour pour elle que je ne m'en suis pas rendu compte.
Hinata le sentit trembler. Ses bras s'étaient resserrés autour de son corps comme pour appuyer ses dires. Elle lui rendit inconsciemment son étreinte, tous deux davantage préoccupés par leur conversation.
— Elle utilisait des tactiques d'abus émotionnelles sur moi, comme le jeu de passager pour m'inciter à aller voir ailleurs quand elle en avait marre de moi et me garder toujours près d'elle quand elle avait besoin de moi. Je détestais quand elle me chassait, ça me donnait l'impression de ne pas être assez bien pour elle, inférieur aux autres mecs qu'elle fréquentait. Dans ces cas là, je m'efforçais de la satisfaire comme je pouvais. Ça jouait beaucoup sur ma santé mentale. Alors j'ai fini par développer un stress intense en sa présence et une méfiance à son égard.
Le fameux dîner que lui raconta Temari lui revint en mémoire. La brune comprit enfin ce que son amie voulait dire.
— Puis il y'a cette histoire avec Sasuke, enchaina-t-il avec un air sombre sur le visage.
Hinata ne le voyait peut-être pas, mais elle le ressentait dans le timbre de sa voix, ils arrivaient au point crucial.
— Sakura était tombée sous le charme de Sasuke et moi je le jalousais parce qu'il avait su retenir son attention, chose qu'elle me donnait que par moment. Il ne l'aimait pas, c'était une amie à sa petite amie, Ayame. Elle ne venait pas d'une famille aisée et vivait avec son père. Étant la secretaire du bureau des étudiants en plus d'être une bonne étudiante, le bahut lui avait octroyé certains privilèges. Sakura a alors usurpé son identité pour accéder à ses ressources et ses privilèges. Elle s'est faite renvoyer en plein année académique. Sakura m'a fait porter le chapeau devant Sasuke, depuis il me déteste.
La jeune femme fit enfin le lien entre les deux hommes.
— Quelques temps après ça, elle a falsifié des documents académiques pour obtenir une bourse pour laquelle elle n'était pas éligible. Je l'ai dénoncé car j'en avais par dessus la tête. Elle n'a pas pu poursuivre les études en médecine comme elle le désirait et sa famille a décidé de la faire suivre par un spécialiste. Sasuke pense toujours qu'elle a été accusé à tort et continue de me haïr.
Hinata écoutait, les yeux clos, se laissant bercer par les vagues de son histoire, sans jamais l'interrompre.
— C'est ce docteur qui m'a contacté quand on partait à Suna, il a dit qu'elle demandait à me voir et ne continuerait cette thérapie que si je venais lui rendre visite une fois. Je l'ai fait pour ses parents, car ils me suppliaient. Puis y'a deux mois et demi environ, après des années sans nouvelles, elle m'a fait signe...
Le cœur de la brune rata un battement. Cela coïncidait au changement radical dans le comportement de son bien-aimé. Son éloignement, ses sautes d'humeur, son agressivité... Le sang de Hinata bouillonna en prenant concience de l'impact néfaste de la rose sur sa relation.
— Elle voulait que j'aille la voir, j'ai refusé en lui disant que j'avais pas le temps, que j'avais une vie et des occupations. Elle me menaçait de débarquer à Konoha et de me porter la poisse, ça m'a déprimé. Puis elle a appris à ton sujet. Je sais pas comment elle a fait pour savoir au sujet de ta famille, mais elle m'a appelé quand on était arrivé au Spice & Grill, elle m'a parlé des richesses de ton père et je l'ai menacé de rester loin de toi.
Naruto la libéra de son emprise et fit quelques pas en arrière. Il prit sa main avec délicatesse, l'élevant vers ses lèvres pour y déposer un baiser ardent. La jeune femme, surprise par cette marque d'affection inattendue de son amant, resta figée, immobile, pendant un court instant.
Lorsque les lèvres pulpeuses du blond se retirèrent, il glissa ses doigts sur ses joues pour effacer les traces de larmes, ne la quittant pas des yeux.
— Si j'ai pas voulu t'en parler, c'est parce que j'essayais de résoudre cette situation seul et j'ai grave merdé. Je ne veux pas te perdre à cause de quelqu'un sur qui j'ai longtemps mis une croix. Je reconnais mes torts et mes manquements, mais s'il te plaît, laisse-moi réparer mes erreurs. Ne laisse pas notre histoire se terminer comme ça.
Hinata tressaillit sous son regard de braise. Son corps s'embrasait, criant la reddition. Son esprit, vigilant, exigeait le recul pour méditer. Quant à son cœur tourmenté, il la conjurait de lui accorder la clémence. La jeune femme prit une grande bouffée d'air et retira sa main de celle de Naruto.
— J'ai besoin de temps.
La réponse ne combla pas son désir, mais il consentit, une lueur de chagrin dans les yeux. Puis, se déplaçant légèrement sur le côté, la jeune femme s'éloigna en direction de l'étage, l'abandonnant seul dans la cuisine.
•••
Je pense bien que c'est le plus long chapitre, je me voyais mal le diviser. Naruto a finalement tout révélé à Hinata. Devrait-elle lui pardonner ou devrait-elle prendre ses distances une bonne fois pour toute ? Il y'a encore quelques zones d'ombres à explorer.
Fin de la deuxième partie.
Merci d'avoir lu ^^
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