[Better Days — J.Mystery]

Hinata renifla.

   Aucun rayon de soleil ne filtrait à travers les rideaux d'une teinte sombre qui recouvrait la baie vitrée. Son regard fatigué fixait, sans vraiment la voir, l'horloge contre le mur, loin derrière la lumière de la lampe de bureau lui brûlant les rétines et la jeune femme prit conscience de l'heure tardive. L'air s'engouffrait par la petite ouverture qu'elle avait décidé de laisser plus tôt, pour mieux se rafraîchir, malgré le vent froid de décembre et elle frissonna, regrettant désormais ce choix.

   Le silence lui fit réaliser que tout le monde avait vidé les locaux de VogAttitude... ou presque. La demoiselle savait que son cousin était encore là, dans le bureau à l'opposé du sien, de l'autre côté du couloir. Il ne rentrait jamais avant vingt-et-une heure, heure qu'ils atteindraient dans moins de dix minutes.

   Savait-il qu'elle était encore dans son bureau, à faire des heures supplémentaires, afin de mettre à jour son travail avant de partir pour les vacances de Noël ? — Pas sûr. Neji ne remarquait jamais rien au delà du bout de son nez. « Trop concentré sur le plus important » disait-il avec fierté, les yeux pétillants de clarté. Mais qu'est-ce qui était important au juste ? Le travail, les amis, la famille ?

   Son regard gris se perdit quelque part au niveau du plafond en songeant qu'elle avait tout mis de côté pour un homme dont elle n'était plus sûre de connaître. Elle grimaça, écœurée de voir que malgré avoir travaillée dans le but d'oublier son existence, son cerveau trouver le moyen de la ramener à celui pour qui elle délaissait sa famille.

Sa famille...

— Merde ! Merde ! Merde ! souffla-t-elle.

   Hinata jeta rapidement un regard à l'écran de son smartphone, s'apercevant qu'elle n'avait pas rappelé Hanabi comme elle le lui avait promis quelques heures plutôt. Cette dernière voulait confirmer sa présence au réveillon de Noël à la demeure familiale où tout le monde, ses amis y compris, se réuniraient. La brune se pinça la lèvre inférieure sachant pertinemment que sa soeur devait être déçue, tout comme son père, mais jugea tout de même nécessaire d'appeler.

   La jeune femme composa le numéro de sa sœur et raccrocha au bout de trois coups, puis tenta de joindre son paternel. Pour son plus grand soulagement, il décrocha.

— Hinata, c'est bien toi ! s'exclama-t-il heureux.

— Oui, c'est bien moi, rit-elle, émue d'entendre sa voix.

— Hime, ça fait tellement longtemps que je n'ai pas de tes nouvelles. Neji m'a dit que c'est parce que t'es débordée cette saison. Beaucoup de projets à gérer simultanément.

— C'est vrai, la boîte est un peu surchargée en ce moment. On a deux projets sur le bras, en plus de notre boulot habituel.

— Tu m'en diras tant ! Tu me manques énormément, ma chérie.

   Ses paupières s'humidifièrent et la jeune femme chassa la petite larme qui perla au coin de ses yeux. Elle prit une profonde inspiration pour calmer son émoi tout en se disant qu'elle avait de la chance d'avoir un père qui la chérissait bien trop et ne désirait qu'une chose : le bonheur de ses filles adorées.

— Toi aussi tu me manques, papa. Terriblement ! Les chaussons aux pommes que tu fais aussi.

   Elle l'entendit rire à l'autre bout de l'appareil et sourit, heureuse de le savoir en bonne santé.

— Il y'en aura tout plein quand tu viendras jeudi, pour le réveillon de Noël avec Naruto.

Hinata se mordit l'intérieur des joues. Elle tritura la manche de son pull alors qu'une profonde écorchure creusait sa poitrine en songeant une fois de plus à Naruto. La brune, doutant de pouvoir se joindre à sa famille pour les festivités, déglutit avec peine, triste à l'idée d'avouer à son père qu'elle ne viendrait pas et que Naruto non plus.

Elle savait que son paternel le prendrait mal, il lui reprocherait son absence de plusieurs mois et ajouterait à son sermon que Hanabi aurait voulu passer du temps avec elle, que son éloignement leur faisait souffrir, qu'ils avaient besoin de se retrouver tous ensemble, en famille et qu'elle ne devait pas ainsi les fuir. Puis son père s'inquièterait, au point d'imaginer toute sortes de raisons plus farfelues les unes les autres. Et tel qu'elle le connaissait, il finirait par se demandait si tout allait bien dans son couple.

Hinata avait toujours eu une relation harmonieuse avec son père. Ils avaient un lien que beaucoup d'enfants n'avaient pas avec leurs parents, ils étaient très proches. Et après le décès de sa tendre mère l'année de ses neuf ans, leur lien s'était davantage renforcé. Elle ne lui cachait rien. D'ailleurs, Hiashi Hyuga avait été le premier à savoir pour le début de ses règles, tout comme il avait été le premier à connaître l'identité de son tout premier coup de cœur. Elle savait que si son père l'interrogeait au sujet de Naruto, elle ne pourrait pas lui mentir.

— Hinata, tu m'entends ?

Sa voix rauque fit tressauter les épaules de Hinata. La brune s'éclaircit la gorge avant de répondre.

— Oui je t'entends, papa.

— Alors, je peux compter sur toi jeudi ?

— C'est que... je ne sais pas trop, répondit-elle hasardeuse.

La demoiselle prit une profonde inspiration pour gorger ses poumons d'oxygène tandis que le silence s'immisçait entre eux. Cette réponse ne lui plaisait pas, pas du tout. Elle attendit, redoutant sa réaction.

— Comment ça tu ne sais pas trop ? s'enquit-il finalement.

— J'ai vraiment beaucoup de boulot, prétexta-t-elle.

— Mais ça peut bien attendre une journée ou deux, ça ne va pas fuir.

— Oui je sais papa, mais en ce moment je suis débordée et...

— Tu ne vas pas rater Noël à cause de ton travail Hinata, il en est hors de question !

— Papa, tu ne comprends pas. Je dois vraiment me focaliser sur les projets de la boîte.

— Tu auras tout le temps de le faire après le réveillon, ma chérie.

   La demoiselle tenta de lui faire entendre raison en affirmant que ce sacrifice était pour la bonne cause. Toutefois, Hiashi Hyuga refusa de l'écouter, ne lui donnant pas d'autre choix que de rentrer pour les fêtes. Hinata soupira en reposant son téléphone sur la surface du bureau une fois l'échange terminer. La tête entre les mains, elle songea que son père était un homme difficile à persuader et se demanda comment elle allait en parler à Naruto.

La jeune femme ne put s'attarder bien longtemps sur la question car trois coups vinrent résonner à sa porte. Bien vite et sans son autorisation comme à son habitude, Sasuke Uchiha mit pieds dans son bureau.

— Qu'est-ce que tu fais encore là ? lui demanda-t-elle sans masquer son étonnement.

— Je tenais à finir les quelques dossiers que j'avais sur mon bureau avant de partir. Je constate que tu fais pareil.

— J'ai fini, figure-toi. Je m'apprête à partir. T'en as pour longtemps ?

— Non. Juste un dernier papier à réviser et je suis bon. Ça te dit qu'on fasse la route ensemble ?

   Bien que sa requête la prit au dépourvu, Hinata acquiesça, quelque peu rassurée à l'idée de ne pas avoir à faire la route seule et de se retrouver coincer au milieu de ses propres pensées sombres à broyer du noir. Sasuke s'éclipsa dans son bureau pour finir sa tâche et elle rangea ses affaires avant de quitter le sien pour aller à sa rencontre.

La demoiselle le trouva assis devant l'écran de son ordinateur et décida de s'installer sur le canapé en attendant qu'il finisse.

— Ton week-end s'est bien passé dans l'ensemble ?

— Plutôt, oui. Épuisante, mais ça va.

— Épuisante ?

L'Hyuga haussa les épaules et évita de le regarder. Il avait sûrement du remarquer son air fatigué et les poches sous ses yeux. Hinata avait mal dormi ces derniers jours, à trop se poser des questions au sujet de Naruto. Ces nuits passées dans la tourmente au côté de son bien aimé n'avaient pas été les meilleures.

— C'est à cause de Naruto ? demanda Sasuke. C'est bien de lui que tu m'as parler l'autre fois, pas vrai ?

   Hinata hocha la tête, quelque peu gênée en se souvenant avoir partagé ses peines de coeur à cet homme qu'elle côtoyait depuis quelques semaines. Bon sang, qu'est-ce qui lui avait pris de tout lui balancer ? En plus de ça, il s'avérait être le cousin de Ino. La jeune femme mettait sa main à couper qu'il la prenait pour une dégénérée mentale, aveuglée par l'amour qu'elle porte à son amant.

   Elle songea à lui présenter ses excuses, afin de ne pas s'étendre davantage sur le sujet, mais il la devança en demandant :

— Vous sortez ensemble depuis longtemps ?

— Depuis la fin de mes études universitaires, oui, répondit-elle aussitôt.

— Et ça va entre vous, depuis ce que tu m'as raconté ? Il m'a semblé au dîner, le samedi dernier, qu'il y avait un souci.

— Tout va bien, ne t'en fais pas.

— En es-tu sûre ? insista Sasuke, d'un air méfiant. Il ne t'aurait pas forcé à te taire par hasard ?

   Hinata tiqua. Quelque chose au fond d'elle s'éveilla et ses sourcils se plissèrent. L'interêt de Sasuke pour son couple lui parut soudain suspect. Il ne se mêlait jamais aux affaires des autres dans la boîte, se contentant de faire ce que l'on attendait de lui sans jamais créer de lien au delà des rapports professionnels avec leurs collègues, sauf avec elle se rendit-elle compte. Une lueur d'interêt traversa ses perles grises.

— Quelle genre de relation entretiens-tu avec Naruto ?

   La question tomba de nulle part et Sasuke Uchiha se rendit compte de son erreur. Il baissa une brève seconde les yeux, semblant chercher ses mots, puis d'une voix neutre répondit :

— Nous n'avons aucun lien, je le connais à travers Ino tout simplement.

   Un frisson désagréable traversa le corps de la femme ; elle se sentit de plus en plus mal à l'aise sur le canapé.

— Pourtant, tu l'observais de manière assez intense le samedi. Comme si tu lui reprochais quelque chose.

   Pour la première fois, elle entendit un rire nerveux s'échapper des lèvres de Sasuke Uchiha.

— Tu dois sûrement te faire des idées. Lui et moi ne sommes pas amis.

Mais ils pouvaient être ennemis, songea-t-elle sans oser le dire de vive voix. Hinata laissa son regard vagabonder dans la pièce alors que dans son cerveau, une nouvelle équation s'ajoutait à l'énigme. Sasuke Uchiha ne lui disait pas tout, il y'avait anguille sous roche.

La fatigue reprit le dessus sur elle et la demoiselle préféra laisser ses questions à un autre jour. Le jeune homme termina la révision de ses documents et finalement ils purent enfin quitter les locaux de VogAttitude. Mais en posant le pied hors du bâtiment, Hinata avait réalisé, avec surprise, qu'elle avait oublié les clés de sa maison dans son bureau. Elle se traita de tous les noms et s'excusa auprès de Sasuke, lui promettant de faire vite.

Il accepta. Alors, la brune reprit l'ascenseur, résignée et remonta les étages, d'un pas pressé. Le silence pesait lourd dans le couloir désert et elle se sentait un peu comme un oiseau, cherchant un abri pour se réchauffer et qui ne trouvait que le froid pour la consoler. Mais enfin, elle arriva devant la porte et y introduit sa clé. Elle trouva l'objet convoité sur son bureau et les récupéra.

Une fois redescendue, Hinata s'approcha de Sasuke et lorsqu'elle vit Naruto se tenir en face de lui, le dévisageant le regard rempli d'animosité, son corps se paralysa. Il ne fallut pas bien longtemps au blond pour remarquer sa présence et, comme si une telle expression n'avait jamais étiré ses traits, il lui sourit d'un air innocent.

— Te voilà enfin !

Sasuke se tourna lentement vers elle, le regard vide d'émotions. Elle frissonna de peur, ne pouvant s'empêcher de se demander ce qu'ils avaient bien pu se dire, puis d'une démarche mal assurée, avança vers eux. Naruto la prit aussitôt par la main.

— Je m'inquiétais de ne pas te voir rentrer, alors je suis venu te chercher.

   La demoiselle acquiesça sans un mot. Elle chercha le regard de Sasuke, se disant que peut-être, en lisant à travers ses yeux, elle comprendrait la situation, mais il la fuyait, regardant partout autour de lui sauf dans sa direction. La jeune femme se pinça la lèvre inférieure, agacée.

— Bien dans ce cas, commença Naruto en attirant l'attention. Ce fut un plaisir de te revoir Sasuke, salut Ino pour moi et à la prochaine.

   Naruto ne donna pas à Hinata l'occasion de le saluer et l'entraîna à sa suite vers sa voiture stationnée sur le trottoir.

— Contre combien de gars dois-je donc me battre pour t'avoir rien que pour moi ? lui demanda le blond, d'un air renfrogné, une fois au volant de sa voiture.

   Déboussolée par tous les événement qui s'enchaînaient, Hinata ne répondit pas se perdant dans la contemplation du monde en dehors de l'habitacle et s'enfonçant davantage dans sa tourmente.

•••

Toutes mes excuses, je devais préparer ma pré-défense, raison pour laquelle j'ai pas publié. J'espère que vous avez apprécié le chapitre.

Merci d'avoir lu^^