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22.

[Toxic — BoyWithUke]

Le dîner de retrouvailles de la clique, comme Temari surnommait cette rencontre, remontait à trois semaines, soit quelques jours avant qu'elle ne surprenne Sakura Haruno devant chez elle. Hinata, en réalisant que cette jeune femme, dont elle ignorait tout, avait été en contact avec le blond plus de fois qu'elle ne l'eut cru, se sentit en danger. Son estime de soi essuya un coup et l'inquiétude imprégna ses perles grises.

En s'imaginant à la place d'un architecte devant une œuvre qu'il avait pris du temps à construire, Hinata avisa des fissures apparaître sur les fondations de sa relation qu'elle avait espéré solide et manqua de s'étouffer. Son sang, à l'inverse de sa peau comme figée dans du givre, bouillonna de telle sorte qu'elle ressentit des picotements sur son épiderme. Elle crut entendre les moqueries de la rose à l'égard de son ignorance et de sa mollesse devant son attitude proactive. Et, sous les yeux compatissant de son amie, lutta de toute ses forces pour ne pas perdre son calme.

Hinata, en gardant contenance, porta sa tasse de chocolat qu'elle tenait des deux mains vers sa bouche, se préparant mentalement au supplice que ce serait d'écouter Temari parler de son compagnon et d'une autre femme.

— C'était un mardi, si je me souviens bien, débuta Temari, les yeux égarés dans le contenu de son verre.

Ce jour-là, Shikamaru, son fiancé qui lui travaillait comme backend developer dans une compagnie de technologie, s'était proposé de venir la chercher pour dîner après qu'elle eut consulté son dernier patient, une demoiselle atteinte de schizophrénie souffrant d'une émotivité réduite. Ce qu'il avait omis de préciser, lorsqu'il l'avait amené à Ichiraku, était qu'il ne s'agissait pas d'un souper en tête à tête, mais d'une soirée avec ses amis.

Et il lui avait paru, au vu de l'air étonné de Naruto, assis à leur table habituelle, dès lors qu'ils se postèrent devant lui, qu'il ne s'était pas attendu à la voir. Malgré tout, l'Uzumaki lui avait offert un sourire amusé, preuve que sa présence, inopinée soit-elle, ne le dérangeait pas.

— Ah, bah ça alors, on me ramène la psy ! s'était exclamé Naruto d'un ton théâtral. Tes consultations ne te suffisent plus on dirait. C'est pour une séance forcée que t'es là, Tem ?

— Va voir ailleurs si j'y suis, Naruto ! avait répondu la blonde. Jamais je ne voudrais t'avoir en client. Je préfère laisser à Hinata tes sautes d'humeur et tes élucubrations journalières.

— Aïe, avait-il lâché, la main posée sur son cœur. Ça c'est blessant Tem, très blessant. Tu viens encore une fois de me prouver à quel point tu es horrible. Je me demande comment fait Shikamaru pour te supporter.

— Ah non, je te défends de me mêler à ça, Naruto.

— Parce que t'as peur de dire que tu penses comme lui, c'est ça ? s'était interrogée Temari, la tête tournée vers lui. Tu me trouves insupportable en fait !

   Bien que joueur, son regard faussement meurtri fit plier son amant. Shikamaru avait alors attiré sa fiancée à lui et posé ses lèvres contre sa joue. Naruto grimaça, simulant le dégoût, les suppliant de ne pas heurter la sensibilité des convives du restaurant, tandis que derrière son sourire, la blonde discerna dans ses pupilles de la tristesse face à leur complicité.

— Tu sais très bien que ce n'est pas le cas, madame.

   Shikamaru l'obligea à s'asseoir sur la banquette en cuir et passa nonchalamment un bras autour de ses épaules, la rapprochant de lui alors que plusieurs regards indiscrets s'étaient posés sur eux. Ce geste avait incité des rougeurs sur les pommettes de sa fiancée. Il fit appel au serveur. Ce dernier s'empressa de prendre leur commande.

— Comment va Hinata ? Elle s'en sort avec son boulot ? Tu sais si ça va avec ses collègues ? Et sa famille ? Elle doit être encore plus belle que dans mes souvenirs.

Naruto parut décontenancé par tant de questions s'abattant sur lui aussi soudainement qu'une averse. Il avait conscience que la relation entre les deux jeunes femmes tanguait depuis quelques années, mais savait aussi avec certitude que, comme elle, sa compagne désirait arranger les choses. Mais il ne pouvait pas s'en mêler, elles devaient être assez courageuses pour se confronter sans son intervention. Tant et si bien qu'il finit tout de même à rappeler à Temari qu'elle devait contacter Hinata si cela lui tenait à cœur d'en apprendre plus sur sa vie. Ce à quoi la psychologue répliqua en expiant un soupir :

— Oui je sais, mais je suis pas sûre que ce soit une bonne idée.

— Essaie quand même, insista le blond. T'as rien à perdre.

— Et si ça ne marche, tant pis. Tu retournes à ta petite vie tranquille à mes côtés, lui proposa son amant.

   Temari lui assena un coup dans les côtes avant de reprendre la conversation sur un sujet différent sans pour autant arrêter de mentionner le nom de l'Hyuga par-ci, par-là.  Naruto ne put retenir un sourire face à son entêtement et secoua la tête de dépit.

   De tous les amis de la brune, Temari était de loin sa préférée. Non pas parce qu'elle sortait avec son pote, raison qui pour lui, n'était pas suffisante pour apprécier quelqu'un, mais parce qu'elle ne jugeait pas un livre à sa couverture. La blonde forgeait son opinion non pas sur l'avis des autres, mais sur son expérience. Elle avait du caractère et défendait avec fermeté ses convictions. Elle ne se rabaissait jamais devant personne, pas même Shikamaru. Si ce dernier était en couple avec elle, Naruto était persuadé que c'était pour cette raison.

— Enfin je vais me régaler, s'extasia Temari lorsque le serveur revint avec leurs plats. T'as commandé quoi Naruto ? Ton plat à l'air mieux que le mien.

L'Uzumaki n'eut pas le loisir de répondre à son amie, car Ino Yamanaka choisit cet instant pour se montrer en compagnie de Sakura Haruno. Sa faim fut très vite chassée par la présence de la rose et son repas lui parut soudain fade. Shikamaru, qui lui aussi s'apprêtait à plonger sa fourchette dans son plat, reposa ses couverts, ennuyé.

Intriguée par l'apparition de cette femme qu'elle ne connaissait pas et qui réveillait le mauvais côté de son fiancé, Temari en oublia son assiette fumante et n'eut d'yeux que pour Ino et son invitée. Elle se garda cependant de lui adresser la parole, prenant le temps d'étudier ce nouveau personnage.

— Temari je suis super contente de te voir, ça fait tellement longtemps depuis la dernière fois. Comment vas-tu ? Une grossesse en vue ? s'enjouit Ino en l'enlaçant.

— Ino, soupira Shikamaru. Arrête avec ça ! On t'a déjà dit qu'on prenait notre temps.

— Oui c'est vrai, mais n'attendait pas trop longtemps, rit la blonde en embrassant la joue du brun.

— Qu'est-ce qu'elle fait là ?

Rien dans son ton, son regard et son comportement ne démontrait une envie quelconque de se retrouver en la présence de la rose. Ino en avait conscience lorsqu'elle avait proposé à Sakura de l'accompagner. Toutefois, elle ne s'attendait pas à un tel mépris de la part de Naruto.

— Ecoute Naruto, faudrait vraiment avancer dans la vie et je n'en disconviens pas, les choses sont un peu compliquées entre vous, mais tu pourrais laisser ça derrière toi.

— Ce n'est pas aussi facile que ça, Ino, intervint Shikamaru, les bras croisés.

— Je sais, Shikamaru. Mais faut bien qu'on arrive à passer outre cette situation un jour à l'autre, poursuivit Ino en soupirant. Je veux pouvoir m'asseoir avec les deux sans que ce ne soit gênant.

— Je sais que tu veux pas de moi ici...

— Alors pourquoi t'es venue ? dit le blond, l'empêchant de finir.

   Le ton montait d'une octave. Avisant les têtes se tourner dans leur direction, Shikamaru poussa un profond soupir et, en dépit de l'air renfrogné de son camarade blond, décida d'accepter Sakura sur leur table.

— Ce n'est vraiment pas le moment de se donner en spectacle les gars, dit-il. Naruto, laisse couler pour cette fois et toi Ino, ne l'invite plus sans nous prévenir.

   Celle-ci sourit victorieusement, ayant apparemment obtenu ce qu'elle désirait. Le blond grimaça, grognon, puis se leva en attrapant son blouson d'hiver.

— Je vais prendre l'air, les informa-t-il.

Un silence embarrassant accompagna le départ de Naruto.Temari, muette depuis le début de l'échange, vit son fiancé maugréer contre lui-même, puis jeter un regard réprobateur à Ino. Bien décidée à ne pas faire de commentaire et conserver ses questions pour plus tard, dès qu'elle et son compagnon seraient loin des oreilles indiscrètes, la psychologue, dont l'instinct avait flairé les problèmes, jugea prudent de changer de sujet de discussion.

— Sympa, tes cheveux, lâcha-t-elle en s'adressant à la rose. Moi c'est Temari, et toi ?

Devant ses yeux inquisiteurs, l'invitée surprise serra les dents, comme si elle s'était sentie attaquée. Puis, elle planta un regard glacial dans ses opales, défiant ouvertement Temari.

— Sakura Haruno, répondit cette dernière en rejoignant Ino.

Peut-être n'avait-elle pas apprécié son compliment, pensant sûrement qu'elle tentait de se moquer d'elle. Cela dit, Temari songeait que ce n'était pas la meilleure facon de répondre à quelqu'un qui essayait de lui tendre une perche hors de cette situation bizarre. Frustrée, la jeune femme sirota distraitement son cocktail alcoolisé en écoutant son fiancé discuter de banalités avec Ino.

   Quand les yeux d'un bleu intense de Naruto se posèrent à nouveau sur Sakura à son retour, une subtil lueur d'inconfort les traversa. S'il demeura froid et se contenta de vider son assiette en écoutant, dans un silence presque religieux, les railleries de Ino au sujet d'un certain Sai, ce ne fut qu'en apparence. Temari, qui avait un bon bagage scientifique sur les comportements humains, discerna un certain trouble chez le blond. Son regard fuyant piqua davantage la curiosité de la jeune femme.

— L'agence de mannequins dans lequel je travaille organise bientôt un jeu concours pour récolter de l'argent afin d'acheter des cadeaux pour les orphelins de la ville, informa Ino en souriant.

— Waouh, c'est fantastique ! s'exclama Temari dont l'idée semblait plaire.

— Oui, c'est génial ! On invite les gens de plusieurs milieux sociaux à y participer pour mobiliser davantage de fonds. Les inscriptions aux jeux se font par équipe de deux.

— Ça te tente d'y participer, Shikamaru ?

— Bien que l'idée est sympa, je n'ai aucune envie de m'y prêter. Trop galère les compétitions.

— Et toi, Naruto ? demanda la rose en se tournant vers lui.

Le blond ne releva pas la tête, trop occupé par son plat dont il s'était donné pour mission de finir avant de quitter la table. L'orgueil blessée, Sakura poussa un soupir à fendre l'âme.

— Ah, pardon ! J'oubliais que, étant toi-même orphelin de père de mère, la question ne se pose pas.

À ces mots, l'Uzumaki s'était raidi, incapable de manger le morceau de viande coincé entre les crocs de sa fourchette. Choqué d'apprendre quelque chose qu'elle ignorait au sujet du blond, Temari, les sourcils froncés, jeta un regard appuyé à son fiancé.

— Tu vas y participer à condition qu'aucun de tes proches ne le fasse. Dans le cas contraire, ils vont risquer leur peau car tu n'as aucun sens de ce qu'on appelle le fair-play.

Temari s'attendit à ce qu'il lave son honneur ou que Shikamaru et Ino le fasse pour lui, hélas, personne n'élèva la voix. Un silence gênant les enveloppa. Elle fut encore plus étonnée lorsque, avec condescendance, il se contenta de répondre :

— Ouais, pas faux !

Pourtant, Temari savait que ce n'était pas vrai. La rose tapa des mains, enthousiaste, puis but le reste de son verre en quelques gorgées avant de reposer bruyamment le récipient sur la table. Son attitude troubla la psychologue.

— Faudrait vraiment que tu participes, ajouta-t-elle. Allez, pense à tes frères et sœurs orphelins. Si jamais tu gagnes, ils vont se croire capable de soulever des montagnes.

Sakura écrasa sa main sur l'épaule du jeune homme qui, écœuré par son toucher, se dégagea bien vite.

— Et puis qui sait, commença-t-elle d'un ton moqueur, tu te rachèteras peut-être pour ton crime.

Temari vit Naruto écarquiller les yeux au ralenti, comme si, tel un ballet macabre, les paroles de la rose s'étaient glissées furtivement dans les recoins les plus sombres de son esprit et s'insinuant dans ses pensées, comme des serpents venimeux rampants dans l'obscurité de la nuit.

La joie qui s'était alors peinte sur le minois de Sakura Haruno lorsque le blond se mit à trembler de peur laissa Temari croire qu'elle n'était pas au bout de ses surprises. Et que, bien des choses étaient à découvrir.



•••
Arrivez vous à saisir le comportement de Sakura et à déduire ce qu'elle veut rien qu'avec les informations déjà acquises ? Dites-moi tout de ce qu'elle vous évoque.

Chapitre fini à l'avance, les jeudis deviennent charger pour moi.

Merci d'avoir lu ^^

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