2.
[Boy — Little Mix]
Quand Hinata ouvrit les yeux ce matin-là, le soleil s'élevait à peine dans le ciel enveloppé d'une couche épaisse diffusant une couleur rouge. Malgré avoir supplié Morphée pendant des heures pour l'accueillir dans son cocon protecteur et apaiser son cœur meurtri, le fils du sommeil ne s'était pas gêné pour l'éjecter hors de ses bras réconfortants, trop tôt.
Ses larmes s'étaient taris sur l'oreiller de ce lit étranger qui devenait, chaque jour un peu plus, le sien. Son parfum à la lavande imprégnait les draps d'une blancheur glaciale, lui rappelant avec amertume qu'elle avait déserté sa chambre où l'odeur de Naruto résidait en permanence. Ça, et sa présence inexistante à ses côtés.
Il lui manquait terriblement.
La lumière s'infiltra à travers les rideaux à moitié fermés et lui chatouilla le visage. La brune fût tentée de ne pas ouvrir les yeux pour ne plus avoir à se frotter à l'aigreur de son bien aimé et son infâme comportement, pour éloigner d'elle les retombées de ce qui s'était passé la veille. Mais les souvenirs encore frais dansaient avec joie sous ses paupières closes. Hinata grogna de mécontentement et se retira de la chaleur de ses couvertures.
Naruto était là, juste à quelques mètres d'elle, dans la chambre à l'autre bout du couloir. Il ne lui restait plus qu'à trouver le courage de mettre le pied dehors et de l'affronter à son réveil.
L'envie n'y était pas, la motivation encore moins. Autant rester cloîtrée entre les murs ternes de cette chambre presque vide qui lui ferait office de prison pour les dix prochaines années, le temps que la situation s'arrange d'elle-même. D'ici là, il serait sûrement redevenu le jeune homme qu'elle aimait, pas vrai ?
La fausseté de cette conviction lui donna la force nécessaire pour s'extirper de son lit de substitution. La jeune femme se chaussa de ses pantoufles renard et tira les rideaux. Tandis qu'elle camouflait un bâillement derrière sa main, elle se posa sur la banquette sous la fenêtre, désireuse de contempler le voisinage qui sortait doucement de sa torpeur, mais aussi d'arrêter de penser à lui.
Sans vraiment voir le temps filer, Hinata avait passé deux heures devant la grande fenêtre, bercée par le chant des quelques oiseaux qui avaient daigné sortir de leurs nids en faisant fi du froid hivernal. Alors qu'elle songeait à prendre une douche pour changer son peignoir, un coup presque inaudible la fit tourner la tête vers la porte. Elle hésita à bouger, incertaine.
— Hinata ? entendit-elle Naruto dire derrière le bois qui les séparait. Tu es réveillée ?
Il patienta dans l'espoir d'obtenir une réponse de sa part, puis au bout d'une minute, il cogna de nouveau.
— Hinata, je sais pas si tu es debout, mais j'aimerais qu'on discute.
Discuter ?
La jeune femme eut presque envie de rire en repensant à la manière dont il l'avait rejetée la veille. Il lui manquait peut-être, mais elle ne voulait pas le voir, pas maintenant. Alors, elle garda les lèvres scellées.
— Écoute, je suis désolé, je... di-il en faisant une pause. Je n'aurais pas dû réagir comme ça. J'étais sous l'effet de l'alcool et je ne me suis pas contrôlé.
Le silence s'invita de nouveau, alors qu'à travers la fenêtre, le vent glacial s'engouffrait dans la pièce. Hinata tressaillît et tira sur son peignoir comme pour se réchauffer. Son regard s'attarda sur les visages du large tableau en blanc et en noir au dessus du grand lit.
Il représentait des personnes heureuses, une décoration que la grand-mère du blond avait choisi pour exprimer, d'une manière ou d'une autre, sa joie d'accueillir des visiteurs dans cette maison presque inhabitée. Hinata ne se sentait pas la bienvenue. Depuis son aménagement, elle avait toujours eu le sentiment d'empiéter sur un terrain qui ne lui appartenait pas. Et dans la solitude de cette chambre, elle avait peur de laisser le doute lui faire croire que Naruto était sincère.
— Hinata, s'il te plaît réponds-moi, implora-t-il d'une voix douce. Je sais que tu es réveillée.
Non, elle ne devait pas, se répétait-elle alors que l'envie d'ouvrir cette porte et se jeter dans ses bras lui comprimait la poitrine. Trop souvent, il s'était excusé. Trop souvent, il avait recommencé. Elle lui pardonnait, pensant qu'il s'agissait d'une mauvaise passe, puis il s'y remettait.
Il était Naruto, l'homme qui l'énervait avec son caractère à deux balles. Mais aussi l'homme qui partageait sa vie. Celui au regard océan, à la peau bronzée et aux lèvres succulentes. Celui qu'elle aimait.
— Hinata, excuse-moi, souffla-t-il pour la dernière fois.
Ses pas s'éloignèrent, il partait. Une étrange sensation lui cogna le ventre. De la déception, ou du soulagement ? Elle n'en savait rien, et n'était pas certaine de vouloir connaître lequel des deux était la bonne réponse.
La jeune femme entendit ses pas dans les marches de l'escalier, nulle doute qu'il descendait au rez-de-chaussée. Elle perçut le bruit de la porte qui se fermait dans un fracas assourdissant, puis plus rien. Le silence total.
Les sourcils froncés, la brune bondit de son siège et se décida finalement à sortir de la chambre. Pas un seul son ne vint crier dans ses oreilles, alors elle descendit, se demandant ce qu'il pouvait bien comploter, pour au final trouver la maison déserte. Naruto était parti.
Hinata ferma fortement les paupières tout en espérant qu'en les ouvrant, sa peine se serait volatilisée, comme par magie. Elle en avait assez de se morfondre à cause de lui. Lorsque ce fut le cas, son chagrin persistait toujours, mais elle décida qu'il était temps pour elle de prendre une douche et de s'occuper.
Fraîchement vêtue d'un pyjama bleu nuit et confortablement installée sur le canapé, Hinata regardait son émission préféré du dimanche quand tout à coup, son téléphone se mit à vibrer. Le nom de Tenten, son amie d'enfance, s'afficha sur l'écran, lui dérobant un sourire au coin des lèvres.
— Ten ! s'exclama-t-elle en décrochant. Si tu savais à quel point tu m'as manqué.
— Ah non, tu ne me l'as fait pas à moi, rétorqua Tenten qui semblait boudée remarqua-t-elle.
— Allez, ne fait pas la gueule je t'en prie.
— Oh, mais je ne fais pas la gueule, répondit Tenten d'un ton faussement calme. Je suis juste déçue que mon amie à qui je tiens tellement ne m'appelle jamais.
— Ce n'est pas ce que tu crois, tenta de lui expliquer la brune, en jouant avec ses cheveux.
— Ce que je crois, c'est que t'es tellement à fond sur ton beau blond que tu oublies que t'as des amis et une famille en dehors de lui.
Hinata tiqua, la honte s'abattît aussitôt sur ses épaules voûtées. Elle mordilla nerveusement sa lèvre inférieure tout en réfléchissant rapidement à une excuse. Ses yeux plissés regardaient le plafond avec un certain intérêt.
— Tu sais que ce n'est pas vrai, Tenten. Je ne vous oublie pas, essaya-t-elle de se convaincre elle-même en grimaçant.
— Tu te voiles la face, invectiva son amie d'humeur massacrante. Je suis sûre que tu te souviens même pas de la dernière fois qu'on s'est vues.
Était-ce à la cérémonie d'investiture du maire et du conseil municipal à laquelle Tenten les avaient conviés – elle et son cousin – pour couvrir un reportage sur l'événement. Ou était-ce à la fête d'anniversaire de ce dernier s'étant déroulée dans le manoir Hyuga, où elle n'avait pas remis pieds après ce jour ? Hinata ne saurait le dire. Ça remontait à cinq mois déjà.
La jeune femme soupira lourdement, consciente d'avoir laisser sa famille et ses amis de côté. Ce qu'ils doivent lui en vouloir ! Surtout Hanabi, sa petite sœur, qu'elle n'avait pas vu depuis un siècle. Ils devaient tous penser que Naruto en était pour quelque chose. Ce qui, après courte réflexion, n'était pas totalement faux. Son regard lorgna la télévision d'un air absent.
— Tu as raison, je suis désolée, avoua la brune soudain bourrelée de remords.
— Ah ! soupira Tenten en reprenant une voix plus calme. C'est des choses qui arrivent !
L'ombre d'un sourire passa sur le visage de Hinata. Sa voix bienveillante et chaleureuse lui avait manqué. La présence de Tenten qu'elle côtoyait depuis le primaire avait toujours réussi à la détendre. D'une année plus âgée, elle la considérait comme sa grande sœur, une personne sur qui elle pouvait compter quelque soit les difficultés. Hinata se calla confortablement dans le creux du canapé d'angle. Elle soupira, fatiguée.
— J'avais l'esprit ailleurs, ces derniers temps, admit-elle tout doucement.
— J'ose espérer que c'est parce que Naruto prends tellement bien soin de toi au lit que tu te vois plus vivre sans lui, ironisa sa camarade sans masquer son fou rire.
Hinata accusa le coup sans broncher. Elle se contenta d'observer la fenêtre panoramique à gauche du canapé, lequel donnait sur le magnifique jardin d'entrée. Même involontairement, Tenten savait piquer là où ça faisait mal. Une image fugace des joies de la luxure, lui étant depuis fort longtemps interdit, vint pavaner dans son esprit. La brune resta bouche bée, ne sachant quoi rétorquer.
— Hinata, est-ce que tout va bien ? s'enquit Tenten une fois qu'elle remarqua le silence de sa camarade.
Devant la sincérité de son inquiétude, Hinata perdit le peu d'assurance qu'elle s'était démenée pour revêtir alors qu'elle se mirait dans la glace après le départ de Naruto. Son mécanisme de défense s'écroulait brique par brique sans qu'elle ne puisse freiner sa chute inévitable. La brune voulut tout lui révéler, mais elle n'avait pas le courage de lui raconter son chagrin. Pas qu'elle ne lui faisait pas confiance, elle avait honte. De toute façon, à quoi cela servirait si ce n'est perdre son temps ?
Tenten n'aimait pas Naruto.
Ça depuis le premier jour. La jeune femme le supportait à cause d'elle, pour elle, mais pas parce qu'elle l'appréciait, loin de là. Tenten disait que c'était pas un homme sérieux, qu'il cachait quelque chose derrière son sourire de pub dentifrice, qu'il n'était pas honnête. Mais Tenten ne le connaissait pas, pas comme elle le connaissait.
— Hinata, commença sa camarade dont la voix montait à nouveau. Si il a osé te faire du mal, je te jure je vais...
— Tout va bien, affirma-t-elle du bout des lèvres.
Mensonge.
— Bien, lâcha son amie, l'air soulagée. Parce que si ça n'allait pas, tu me le dirais pas vrai ?
— Bien sûr !
Deuxième mensonge.
Hinata grimaça. Elle avait honte d'elle-même, honte de son mensonge, honte du fiasco qu'était sa relation amoureuse après seulement quelques mois. Une boule lui noua l'estomac.
— Tant mieux ! s'en réjouit Tenten à l'autre bout du téléphone. Sinon, je lui aurais fait sa fête, comme le jour de notre première rencontre.
Un triste sourire s'implanta sur son visage alors que son esprit faisait un saut dans le passé...
•••
Pas facile facile d'être triste et de garder ça pour soi. Pensez-vous que Hinata a raison d'agir de la sorte ?
Merci d'avoir lu ^^
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