[Arcade — Duncan Laurence]

Hinata contemplait le paysage qui s'étendait devant elle à travers les grandes vitres de son large bureau simplement meublé. Elle se sentait un peu perdue depuis sa dispute avec Naruto et son accrochage avec Kiba. L'un comme l'autre lui était si cher qu'elle avait beaucoup de mal à accepter la situation désastreuse dans laquelle elle se trouvait. Les larmes pointaient à l'horizon alors qu'elle se demandait comment tout cela avait pu arriver.

Pourquoi diable Kiba avait-il agi aussi inconsciemment ? Et pourquoi Naruto persistait-il à la garder dans le noir ? Les mots qu'elle aurait aimé dire tournaient en boucle dans sa tête, mais il était trop tard pour les prononcer. Contrariée, la jeune femme se mit à pianoter rageusement sur le clavier de son ordinateur de bureau, tentant désespérément d'esquiver ses remords.

Le souvenir fugace de la main de Kiba sur son corps traversa son esprit. La culpabilité s'invita soudainement dans sa tête, s'appliquant à ronger son être entier.

Hinata se sentit bête de n'avoir rien vu venir. Elle se traita de tous les noms, écœurée par sa propre personne. Elle frissonna de dégoût, repensant au goût horrible de sa langue. Si seulement elle pouvait retourner le temps et tout changer... Comment avouer à Naruto qu'elle avait embrassé Kiba contre son gré ? La croirait-il ? Évidemment que non !

Naruto et Kiba étaient comme chien et chat, ils entretenaient une relation difficile à comprendre, tendue et conflictuelle. À la fac, les deux hommes se disputaient sans cesse, se cherchant des poux, comme s'ils étaient condamnés à être ennemis pour toujours.

   Cela n'avait qu'empirer après que l'Hyuga se soit mise en couple avec le blond. Ils étaient devenus des rivaux, chacun cherchant à avoir le dessus sur l'autre. Et elle avait le pressentiment que son aveu allait tout gâcher entre elle et Naruto. Elle ne voulait pas prendre le risque de couper le dernier fil qui les retenait encore liés.

Cependant, en valait-il vraiment la peine ? Pourquoi s'acharnait-elle à vouloir les garder unis ?

Ces trois derniers mois, Naruto la traitait de la pire des façons, il lui manquait de respect et trouvait constamment le moyen de la fuir. Elle n'avait pas signé pour un tel comportement quand elle avait accepté, sous la lune pour seul témoin, de sortir avec lui, lorsqu'elle s'était penchée sur le balcon de l'appartement qu'elle partageait autrefois avec Tenten pour le regarder.

Était-ce ce pour cette attitude vile et trompeuse que ses amis s'étaient tant obstinés contre la relation allant jusqu'à essayer de la dissuader ? Devrait-elle alors envisager de rompre ?

De longues secondes s'écoulèrent sans qu'elle ne puisse prendre de décision. Hinata préféra couper cours à ses pensées et continua de regarder par la fenêtre, espérant trouver un peu de réconfort dans la beauté du paysage. Mais même la vue la plus magnifique ne pouvait pas effacer la douleur qu'elle ressentait à l'intérieur. La demoiselle se sentit seule et vulnérable, comme si elle était sur le point de tomber dans un abîme sans fin.

— À chaque fois que je te vois, j'ai l'impression que tu perds un peu plus d'éclat, remarqua Sasuke Uchiha en entrant dans son bureau.

— Ah j'y crois pas, s'exclama-t-elle, agacée. Ton arrogance te fait-elle croire que tu as le droit d'entrer sans cogner ?

— Ça fait plus de cinq minutes que je cogne, mais tu n'as rien entendu. Tu m'as l'air complètement à l'ouest, lui dit-il en prenant place sur le siège en face de son bureau.

   Le designer posa quelques documents sur l'immense table qui les séparait. Hinata s'humecta les lèvres, gênée, puis s'éclaircit la gorge avant de s'excuser tout doucement, les joues en feu. Il l'observa, perplexe.

— Quelque chose ne va pas ?

— Tout va bien, répondit-elle, la voix teintée de rage.

— En es-tu sûre ? Avec un visage aussi pâle, on croirait presque que tu as tué quelqu'un hier soir et que tu ne sais pas où cacher la dépouille.

— Je me demande bien d'où te viennent ces idées saugrenues...

   Sasuke arqua un sourcil, puis, un sourire traversa discrètement son visage. La brune eut à peine le temps de voir le coin de ses lèvres se courber.

— Je te conseillerai de brûler le corps, puis de l'incinérer comme ça, il disparaît ni vu, ni connu.

   Hinata écarquilla des yeux, choquée. Elle en resta sans voix, ne trouvant rien d'intelligent à rétorquer. Ce mec était tout simplement incroyable en son genre. L'homme fouilla dans la poche intérieure de sa veste sur mesure, et tira une cigarette de son paquet. Il usa de son briquet pour allumer la clope, coincée entre ses lèvres et Hinata eut envie de le gifler pour ça, car il lui rappelait, sans le faire exprès, son baiser avec Kiba et la culpabilité qui la bâfrait.

— C'est fou comme tu te crois tout permis.

— Et c'est fou comme tu peux être grincheuse, renchérit-il sur le coup. Ça t'arrives d'arrêter de te plaindre ?

— J'arrêterai quand tu auras éteint cette chose. Mon bureau n'est pas un fumoir, gronda-t-elle.

— Tu es encore plus désagréable que d'habitude, lui fit-il savoir.

— Je le serais moins, si tu évitais de me coller aux basques.

— La seule chose qui me pousse à venir vers toi, c'est le travail. Rien d'autres, alors redescend sur terre.

Bien qu'elle ne le veuille, les paroles de Kiba ressurgirent dans sa tête, faisant écho avec celles prononcées par le brun assis en face d'elle, lui perçant le cœur de cette dague avec laquelle elle apprenait à se familiariser depuis un certain temps.

   La jeune femme se sentit soudain petite et diminuée. Kiba lui avait fait comprendre que Naruto ne supportait pas sa présence. Et lui sous-entendait qu'elle n'avait aucun sex appeal.

   La jeune femme le regarda, perdue, à la recherche d'une quelconque lueur d'amusement, mais rien. Comme un verre soumis à une température plus élevée, son cœur se fissura. Incapable de soutenir son regard plus longtemps, Hinata préféra baisser la tête, observant piteusement ses doigts, reposant sur son pantalon de jogging.

Qu'est-ce qui lui manquait ?

   Hinata le savait bien, au fond d'elle-même, qu'elle ne devait pas se comparer aux autres femmes. Elle avait conscience que chacune était unique et belle à sa façon, que la beauté ne se mesurait pas à l'apparence.

   La brune n'avait pas oublié qu'elle devait s'aimer telle qu'elle était, que son corps était un cadeau précieux, un atout secret, qu'elle devait lutter pour conserver sa confiance en elle si durement cultivé et ne pas laisser les autres décider de son estime.

   Pourtant, en cet instant, malgré cette sagesse intérieure, Hinata ne put s'empêcher de se sentir inférieure. C'était plus fort qu'elle, cette petite voix la dévorait. Elle se moquait en lui disant qu'elle n'était pas assez bien pour Naruto, pas à la hauteur, qu'elle n'en valait pas la peine.

— Suis-je laide à ce point, vociféra-t-elle, submergée par ses émotions.

— Quoi ? s'égosilla Sasuke, inquièt par la tournure des événements. Qu'est-ce que tu me chantes encore ?

Survoltée, la demoiselle quitta son siège pour se verser une tasse de thé vert, bien chaud.

— Suis-je répugnante, réitéra-t-elle. Me manque-t-il du caractère ou peut-être un côté mystérieux ?

Il la regarda, en silence, prendre un croissant et se poster devant les grandes vitres, l'observant à son tour, d'un air réprobateur.

— Ne suis-je pas jolie, raison pour laquelle on ne veut pas passer de temps avec moi, qu'on m'évite, qu'on me fuit comme la peste.

— Mais qu'est-ce que tu racontes ? ronchonna le brun, dépassé, les joues légèrement roses.

— Mon petit ami pense comme toi, avoua-t-elle en croquant dans sa viennoiserie. Et un de mes amis aussi. Il semblerait que je ne sois pas le genre de femme qui pourrait garder un homme à ses côtés. Pas assez attirante.

— Je n'ai jamais dit ça, rétorqua Sasuke, perdu.

— Oh mais c'est tout comme. Mon mec trouve toujours le moyen de manquer à l'appel, à croire que ma présence le gêne, renchérit-elle en déposant sa tasse sur un meuble.

— Hinata, souffla le designer, paniqué.

— Le comble dans tout ça, c'est que je ne sais même pas pourquoi. Alors dis moi Sasuke, toi qui est un homme, est-ce parce qu'il ne me trouve pas assez bien pour lui ?

Quand les yeux de Sasuke rencontrèrent les siens, Il perçut le désespoir dans ses pupilles voilées par une douleur sans nom. Son regard attentif et sensible remarqua la légère contraction de ses sourcils, et le léger tremblement de ses lèvres, subtils. Il observa les nuances dans ses perles grises, des teintes d'insécurité et de vulnérabilité et, contre son bon vouloir, ressentit un pincement au cœur.

— Tu es une très belle femme, Hinata, lui dit-il d'un ton sérieux. Belle, attirante, pleine de vie.

— Il ne le pense pas, soupira-t-elle, peinée.

   Sasuke se tint là, immobile et perplexe, incapable de savoir s'il devait s'approcher ou rester assis. Son cœur était lourd, sa tête pleine de doutes, ses membres paralysés. Le jeune homme se sentait incapable de trouver les mots justes pour l'aider... en avait-il le droit ? 

   Pourtant, le silence les enfermaient dans une capsule qu'il voulait à tout prix détruire. Il devait trouver le courage de briser cette confusion.

— J'arrive pas à croire ce que je vais faire, marmonna-t-il en se frottant le visage.

Sasuke se leva doucement, s'approchant de Hinata avec précaution. Il lui tendit la main, sans dire un mot, juste pour lui offrir son affection, chose qu'il ne faisait pas souvent et s'interdît de rougir lorsque ses joues se réchauffèrent tant cette situation le mettait mal à l'aise.

— Hinata, ne laisse jamais un homme te faire croire que tu n'es pas assez bien, commença-t-il en s'efforçant de paraître serein. Tu as tout pour plaire, j'imagine mal un homme te rejeter. Tu vaux mieux que ça, c'est pas un idiot qui va te faire croire que t'es nulle alors que t'es une femme canon, plein d'estime et de caractère. Rappelle-toi que la confiance en soi vient de l'intérieur et que personne ne peut te l'enlever, pas même ton mec, qu'importe ce qu'il dit ou fait.

Elle voulut parler, il serra sa main pour l'inciter à se taire et à l'écouter. Elle obéit sans broncher.

— Quant à ta relation, je te suggère de communiquer ouvertement avec lui. Parle-lui de tes préoccupations et de tes sentiments, écoute sa réponse et essaye de trouver un terrain d'entente. Il est possible qu'il ne se rende pas compte que ses actions ou ses paroles t'affectent, alors il est important de lui faire savoir comment tu te sens.

Quand leurs regards se heurtèrent de nouveau, Sasuke ressentit une connexion, il recula, effrayé par l'appel à l'aide que dépeignaient ses traits.

— Tu mérites d'être aimée et respectée pour qui tu es, poursuivit-il en lui tournant le dos. S'il ne t'apprécie pas pour cela, alors peut-être qu'il est temps de réévaluer cette relation. Mais avant tout, prend soin de toi et fait confiance en ta propre valeur.

Un silence s'installa entre eux. Hinata, au bord des larmes, le regardait s'éloigner vers son bureau, ne sachant quoi dire. Il récupéra les documents en même temps que la porte s'ouvrît brusquement.

— Ah vous êtes là, c'est parfait, s'exclama le directeur artistique en entrant. J'ai besoin de vous deux...

Hinata se tourna vers la baie vitrée et enleva toute preuve de tristesse sur son visage. Sasuke ne chercha pas à entendre ce que son supérieur avait à lui dire et sortit du bureau, la tête baissée.

— Sasuke, où vas-tu ? s'enquit Neji, surpris de le voir partir.

— Neji, ta cousine est folle, dit-il alors qu'il cachait ses joues cramoisies.

•••

Dans les relations où les mots ont difficilement leur place, une personne finit toujours par avoir un complexe d'infériorité, ce dont souffre Hinata, blessée par le comportement de Naruto. Qu'avez-vous pensé de l'attitude de Sasuke?

Merci d'avoir lu ^^