Pour donner suite au réveil de Charles, les deux niveaux neuf eurent une longue discussion avec le directeur, mais aussi avec Logan, pour qu'ils comprennent leur bêtise. Etrangement, Charles restait calme, perdu dans ses pensées. Il répondait par des monosyllabes aux questions posées, comme s'il était en pilote automatique.

Il s'isolait régulièrement, les yeux perdus dans les étoiles. Seul les membres du commando alpha arrivaient à le faire sortir de son mutisme. Cela dura presque un mois, jusqu'à l'arrivée de Malicia. La jeune femme devait avoir dans les 25 ans et faisait partit d'un groupe de recherche de mutants. Elle vadrouillait dans le monde entier, pour assurer la sécurité de ses paires. Ayant aussi été une élève de l'institut, elle avait répondu à l'appel de son ancien directeur, M. Lebrun.

En arrivant dans le bâtiment, Malicia avait été rapidement mise au courant des problèmes de Charles. Selon l'avis collectif, elle était plus à même de comprendre une mutation aussi importante et qui détraquait la vie. Pendant longtemps, elle n'avait pu avoir aucun contact physique, sous peine de tuer la personne.

C'est ainsi qu'un matin de juin, elle rejoignit le jeune homme dans le parc. Il ne se retourna pas pour l'accueillir, ni faire le moindre signe. Il lui parla simplement par télépathie :

-Vous devez être Malicia je suppose

-Oui, toi, tu es Charles. De ce que j'ai compris, tu as un léger problème avec ta mutation ? Je comprends, j'en ai moi-même eu...

-Arrêtez-ça ! S'exclama Charles, en se retournant vers la jeune femme, pourquoi me montrez-vous vos souvenirs !

-Car tu seras plus à même de comprendre

-Non ! Je n'en peux plus ! J'en ai marre de connaitre la vie d'une personne quand elle me parle, de savoir avant elle ce qui va être dit, de ressentir tout ça ! Je veux...

-Je veux simplement que ça s'arrête, que ma malédiction disparaisse pour de bon, pour être enfin normal, ne plus sentir sur soi les regards terrifiés, pouvoir s'approcher de quelqu'un, avoir une famille, continua Malicia, je n'ai pas du tout le même pouvoir que toi, mais je comprends tes sentiments. Jusqu'à mes 17 ans, je n'ai eu aucun contact physique. J'étais tellement terrifiée que je repoussais tout et tout le monde, jusqu'à ce que je rencontre le directeur. Lui, je n'ai pas pu lui faire de mal, mes pouvoirs n'avaient aucun effet sur lui. Tu sais ce que j'ai compris ? Que notre mutation sert à nous protéger. Si nous avons peur et que nous la repoussons, alors on passe à côté de tout

-Je n'ai pas qu'une seule mutation, j'en ai une vingtaine. Cela fait un peu plus d'un mois que j'y réfléchis, tout ce que je suis capable de faire et je... j'ai...

-Tu te demandes si tu n'es pas un monstre ?

-Je peux contrôler tout le monde ! S'écria Charles

-Et moi, je peux te voler ton pouvoir. De nous deux, qui est le plus dangereux ?

-Vous, vous vous contrôlez

-Toi aussi tu pourrais, si tu apprenais

-Ce n'est pas ce que je disais. Vous avez envie de vous contrôler, d'aider les autres. Je ne sais pas si j'ai cette mentalité. Après tout, pourquoi m'abaisserais-je à suivre les règles, si je peux toutes les défaire d'une simple pensée ?

-Si tu penses ainsi, alors il n'y a aucune chance que tu le fasses, calma Malicia, si tu as des sentiments, que tu as peur de ce que tu pourrais être capable de faire, tu te retiendras, c'est ce qui différencie un être vivant d'un monstre

-Je ne suis pas humain, murmura Charles, je ne suis qu'une expérience de laboratoire

-Je n'ai jamais dit humain, j'ai dit être vivant. Un être vivant vit en relation avec ce qui l'entoure. Il a pour objectif de protéger les siens, ceux comme lui. Une meute de loup protège son territoire et les animaux à l'intérieur. Un humain protège ses semblables. Un monstre, lui, ne vit que pour la destruction

-Je pourrais tous vous détruire

-Tu pourrais, mais tu ne l'as jamais fait. Un véritable monstre abuserait de ses pouvoirs, sans se poser une seule question morale. Un monstre cherche uniquement son plaisir personnel, sans se soucier de ce qui l'entoure. C'est pour cette raison et uniquement celle-ci, que tu es un être vivant et que tu mérites de vivre. Au lieu de réfléchir à ce que tu pourrais faire pour détruire le monde, vois plutôt ce que tu pourrais faire pour le protéger

-Protéger ? Je n'ai rien ni personne à protéger

-Tu es peut-être omniscient, mais certaines choses te restent bien obscure, se moqua légèrement Malicia, je peux simplement te donner un conseil. Ne laisse pas tes mutations être le centre de ta vie, ouvre-toi à d'autres choses et au moment venu, tu y arriveras

-Comment... comment avez-vous réussi à vous contrôler ? Demanda soudainement Charles, je n'arrive pas à le lire dans votre esprit, pour personne, je n'arrive pas à comprendre

-Justement, il n'y a rien à comprendre, cela se ressent. Ton pouvoir fait partie de toi, il faut que tu t'acceptes en entier, pas juste ce qui te plait. Personne ne se contrôle entièrement, on se laisse simplement aller, nous ne réfléchissons pas

-Mais tes barrières, quand tu touches quelqu'un, tu dois toujours lui faire du mal ! C'est...

-Non, car j'ai compris que les autres ne m'étais pas hostile. Mon seul ennemi, c'étais moi. J'ai eu du mal au début, c'est vrai, je pensais que c'étais impossible. Je n'ai pourtant rien abandonné et j'ai dépassé les limites que je me suis fixée. Il y a quelque chose qui est particulièrement vrai pour les mutants, c'est que nous nous posons nous même nos barrières. Nous voulons nous dépasser, mais nous ne le faisons pas, par crainte. La seule chose qui te retient, c'est toi

            Malicia se leva et partit, laissant Charles réfléchir à ses paroles. Le jeune mettrait du temps à comprendre, cependant, une fois qu'il aura trouvé sa place, il deviendra le plus grand protecteur des mutants au monde et qui sait, peut-être que grâce à lui, la cohabitation sera possible ?

Charles n'avait pas compris tout ce que lui avait raconté la jeune femme, pourtant, il se sentait apaisé. Il n'était pas le seul à avoir un pouvoir destructeur, il suffisait de regarder Éric, qui pourrait désaxer la terre s'il le souhaitait réellement. Dans tous les cas, il devait essayer de changer. Sur cette bonne résolution, le jeune homme se leva, décidant de rejoindre le commando alpha.