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19 - Ouvre-moi ta porte

Réfugié dans sa demeure bourguignonne, Isidore arpenta de long en large le salon pendant un quart d’heure – le temps que durèrent les caquètements bruyants du volatile qui avait élu domicile sur son gazon. Un grand gaillard comme lui, qui connaissait un peu de boxe, ne pouvait pas craindre un pauvre oiseau ! Il avait beau se raisonner, ses phobies prenaient le dessus sur ses bonnes résolutions. Pourquoi cette poule hurlait-elle ? Était-elle folle ou en train de mourir ? Devait-il prévenir les voisins de l’agonie de leur bestiole ? Allait-on subir une attaque de volailles enragées ? En mordillant sa lèvre inférieure, le brun alluma une cigarette pour accompagner son angoisse.

Un silence morbide qui durait depuis plusieurs minutes attira le citadin au dehors. Aucun cadavre, ni zombie, aviaire n’était en vue. En s’approchant du petit tas de feuilles sèches, l'homme y vit quelque chose en forme d’œuf, d'une couleur suspecte : vert clair. Sourcils froncés, il se lança dans une recherche rapide sur Internet, grand pourvoyeur depuis vingt ans de réponses aux questions étranges que les gens se posaient.

Un soupir de soulagement passa les lèvres d’Isidore. L'air un peu fautif, il regarda ensuite de tous les côtés avant de se pencher pour ramasser l'œuf, tout à fait comestible et fraîchement pondu par la poule de race exotique. Tu as été déposé sur ma propriété, je te garde, pensa le voleur avec un sourire en coin.

Près de trois heures plus tard, pendant qu'il répondait avec son mobile professionnel à ses e-mails, l'avocat en reçut un de son assistante : « Le coursier devrait arriver dans quelques instants. Tu es sur place ? » La sonnette de l’entrée résonna presqu’au même moment. Un homme en habits et casque de moto remit à Isidore un paquet trop grand pour contenir l’unique appareil demandé. Le destinataire y trouva un costume, deux chemises, et un petit sac de sport, avec des vêtements de rechange, qu'il gardait toujours au bureau en prévision des lendemains d'urgences qui le retiendraient sur place pour la nuit. Tout au fond du colis, l’ordinateur portable se trouvait dans une mallette protectrice. Quant au costume et aux chemises, Ashley avait pris bien soin de les emballer pour le transport. La veste portait tout de même quelques plis disgracieux. Magnanime, le patron tête-en-l’air, qui avait oublié qu'il portait son dernier boxer propre depuis la veille au soir, remercia sa secrétaire avec un texto : « thx, u r a star! »

La livraison avait interrompu son travail. Autant en profiter pour déjeuner. Un sandwich à l’omelette accompagné de salade verte plus tard, l’avocat se remit à la tâche. Lors d'une de ses pauses clope de fin d’après-midi, il s’octroya une balade dans son jardin pour se dégourdir les jambes. Une considération tout à fait futile traversa son esprit : le peu de nourriture qu'il lui restait ne pourrait pas constituer un dîner. L'univers envoya une réponse ironique à cette pensée. Une voix criarde s'exclama depuis la propriété voisine : « Ced, t'es là ? Chuis rentrée ! »

Le grand brun ne comprit pas la raison pour laquelle ses réflexes l’avaient soudain jeté à terre, pour se cacher d'une enfant de six ans trois-quarts. En époussetant ses habits, le digne homme se releva, la joue un peu tachée de gazon écrasé. Depuis le trou dans la haie qui la séparait d'Isidore, une minuscule tête ronde ornée de couettes rousses passa. La petite carotte dévoila un sourire où manquait une dent de lait.

« Salut, ça va ?

— Merci, et toi ? demanda l'adulte, sans répondre, et sur un ton beaucoup moins joyeux que son interlocutrice.

— Bock ! »

Bien sûr, l'affreuse peluche grise se trouvait dans les bras de Maé. Quand Cocotte tourna sa tête emplumée pour fixer Isidore d'un œil reptilien, l'homme se souvint que les volailles descendaient de monstres préhistoriques. À ce niveau d’angoisse, le visage du citadin était devenu très calme. Il semblait attentif en écoutant le récit décousu de la journée d'une fillette à l’école primaire. Il lança même quelques questions appropriées à la discussion. Ravie de cet intérêt, la petite déposa Cocotte, puis moulina des bras en parlant avec son nouvel adulte préféré. Seule la main gauche d'Isidore bougeait. Elle grattait frénétiquement son épaule opposée.

« J’vais demander à Maman si on peut t’inviter à dîner ! Tu voudras bien ? » supplia Maé à la fin de son monologue. Pendant que ses doigts labouraient la peau de ses pectoraux à travers son t-shirt, Isidore articula avec beaucoup de sérénité : « Je te remercie, mais je dois refuser. J’ai beaucoup de travail. » Après un mignon bruit de déception, l’enfant repartit quelques secondes plus tard, avec ces mots terrifiants : « À demain, Ced ! » En marmonnant des paroles incompréhensibles et ignorées par Maé, Isidore dégaina son téléphone. Il fallait absolument trouver une pharmacie dans ce trou à rats.

Une heure et demi plus tard, un préparateur en pharmacie s’apprêtait à fermer boutique, quand un brun au visage rouge et suant bloqua la porte vitrée. « J'ai besoin de médicaments ! » haleta Isidore, ses paumes moites, les jambes tremblotantes dans son bas de jogging noir, au-dessus de baskets coordonnées. Son t-shirt collait comme un vieux chewing-gum à son dos purulent à cause de son allergie campagnarde et caroténoïde.

« Euh oui, fit l’employé de pharmacie. Que désirez-vous ?

— Cortisone ! Quinze milligrammes ! grogna l’étrange client.

— Avez-vous une ordonnance ?

— Merde ! souffla Isidore.

— Eh, s’écria son interlocuteur, restez poli !

— Pardon. Attendez-moi deux minutes ! »

L’original engagea ensuite une conversation atypique avec quelqu’un au téléphone : « Ash, help! J'ai besoin de l’ordonnance de cortisone dans le deuxième tiroir de mon bureau à la maison ! Oui, il est tard... I know you’re busy! Come on, gimme a hand, here! » Cinq secondes plus tard, il promit : « Je t’offre un repas dans un trois étoiles avec ton copain ! …Ok, week-end en relais-château tous frais payés. Please! Oui, mes clés sont à l’endroit habituel. » Les yeux fous, le client se tourna alors vers l’employé qui n’avait rien demandé : « Quel est le numéro de fax de cette pharmacie ? Vous aurez une copie de mon ordonnance dans vingt minutes. Ça vous convient ? » En craignant pour sa vie, le préparateur pharmaceutique déglutit, hocha la tête, et donna le renseignement exigé.

Traduction (libre) des échanges d'Isidore avec Ashley :

« thx, u r a star! » = merci infiniment, lumière de mon firmament !

« Ash, help! I know you’re busy! Come on, gimme a hand, here! » = Oskour, Ash ! Je sais que t’es occupée (à cause de mes stupidités) ! Allez, file-moi un coup de main ! »

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