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Chapitre 8

Dawn

Le samedi matin s'étire lentement, enveloppé d'un silence presque oppressant. La lumière du soleil passe à travers les rideaux fins de la cuisine, dessinant des motifs ondulants sur le carrelage. Savannah est déjà là, comme d'habitude. Le percolateur gronde doucement sur le plan de travail, l'odeur du café emplissant l'air. Elle essuie une tasse avec des gestes lents, ses mouvements méthodiques m'apaisant autant qu'ils m'agacent.

Je reste un instant à l'entrée, immobile. La scène devant moi semble sortie d'un tableau : une normalité paisible, trop lisse pour me convaincre. Une part de moi envie cette sérénité, l'autre la rejette, incapable de l'accepter. Une tension sourde me noue le ventre. Ce n'est pas un samedi comme les autres. Je le sais. Elle le sait. Pourtant, personne ne dit rien. Je finis par avancer, mes pieds nus rencontrant le carrelage froid.

— Tu veux du café ? demande Savannah, sans me regarder, concentrée sur ses gestes.

Je hoche la tête, même si je sais qu'elle ne me voit pas. Mes mains se posent sur le dossier de la chaise, hésitantes, avant que je m'assoie. La tasse qu'elle me tend est brûlante, et la chaleur se diffuse rapidement dans mes doigts. Pourtant, je ne bois pas. Je me contente de fixer le liquide noir, son reflet dansant sous la lumière.

— Le camion arrive ce matin, lâche-t-elle enfin, presque à voix basse.

Mon estomac se noue. Les mots tombent dans la pièce comme une pierre dans l'eau.

— D'accord, dis-je simplement, ma voix presque inaudible.

Je voudrais ajouter quelque chose, n'importe quoi, mais les mots restent bloqués. Savannah ne dit rien de plus, respectant ce silence étrange. Pourtant, il me pèse, lourd et inévitable. Pas un mot, pas un geste. Le silence retombe, mais il est lourd, oppressant. Je me lève, mes mouvements automatiques, et quitte la pièce. Mes pieds résonnent sur les marches en bois alors que je monte lentement. Chaque pas me rapproche de ce que je redoute le plus. Je veux juste fuir ce qui m'attend.

Portant, les graviers crissent déjà sous les pneus du camion. Je l'entends s'arrêter devant la maison, un bruit banal mais chargé d'une gravité qui me cloue sur place. Assise sur mon lit, je regarde fixement la fenêtre ouverte. Le vent agite les branches des arbres, un contraste cruel avec l'immobilité de mes pensées.

Savannah appelle depuis le bas des escaliers.

— Dawn ! Le camion est là, descends !

Je ne réponds pas tout de suite. Mes jambes refusent de bouger. Mais elle insiste, et je sais que je n'ai pas le choix.

Quand j'arrive dans le salon, Savannah se tient près de la porte. Elle me regarde avec une inquiétude contenue, mais elle ne dit rien. L'homme en gilet fluorescent frappe doucement, et elle ouvre.

— Dawn Oswen ? demande-t-il, en consultant une feuille.

— Oui... c'est moi, dis-je, la voix tremblante.

Il me tend un stylo et une planche en plastique avec des formulaires. Mes doigts tremblent légèrement en attrapant l'objet. Je signe rapidement, sans lire. Mes yeux évitent soigneusement son regard. Il repart sans un mot, et quelques instants plus tard, le bruit des portes arrière du camion qui s'ouvrent me fait sursauter.

Le premier carton entre dans la maison, porté avec précaution par le livreur. C'est un choc, plus brutal que je ne l'imaginais. Ce carton, marqué de mon nom au marqueur noir, n'a rien d'inhabituel en apparence, mais il contient un morceau de ce que j'ai perdu. La vue de mon prénom griffonné en lettres maladroites me serre la gorge.

Un deuxième carton suit, puis un troisième. Ils s'empilent rapidement dans le salon, chaque boîte ajoutant un poids invisible à mes épaules. Je reste là, immobile, mes bras croisés, les ongles s'enfonçant dans mes paumes. Savannah reste près de moi, silencieuse, mais je sens son regard inquiet.

Quand le dernier carton est déposé, le livreur me tend un formulaire pour confirmer la livraison. Je le signe mécaniquement avant qu'il ne reparte. La porte se referme, et un silence étrange envahit la pièce.

Je fixe les cartons comme s'ils allaient s'animer, comme s'ils allaient exploser et révéler quelque chose que je ne suis pas prête à affronter. Mon souffle est irrégulier, mes pensées se bousculent.

— Tu veux qu'on les mette quelque part ? propose Savannah, sa voix douce et prudente.

Je secoue la tête, incapable de répondre. Mon regard reste fixé sur les boîtes, et une boule d'émotions monte dans ma gorge. Les larmes me piquent les yeux, mais je les retiens.

— Dawn...

Savannah pose une main légère sur mon épaule, et ce simple geste fait éclater la digue. Une première larme roule sur ma joue, suivie par une autre. Les sanglots montent avant que je ne puisse les retenir.

Savannah m'attire dans ses bras. Ses gestes sont hésitants au début, mais quand je me laisse aller contre elle, ses bras se referment avec plus de certitude.

— C'est normal de pleurer, murmure-t-elle près de mon oreille. Tu n'as pas à porter tout ça toute seule, tu sais. Ce n'est pas être faible que de se laisser aller.

Ses mots me frappent en plein cœur. Je n'avais pas pleuré pas même à l'enterrement. Pas une seule larme depuis l'annonce à l'hopital. Maintenant, tout explose, et Savannah reste là, solide, me laissant vider cette douleur que je traîne depuis si longtemps.

Je m'écarte légèrement des bras de Savannah, mes yeux brûlants de larmes que je n'ai plus la force de retenir. Elle me regarde avec une douceur qui désarme mes dernières défenses, et pour la première fois, je sens que je peux m'autoriser à être vulnérable.

— On peut les monter au grenier si tu préfères, propose-t-elle doucement. Ils attendront que tu sois prête.

Je secoue la tête, inspirant profondément pour calmer mes sanglots.

— Non... Je veux les ouvrir, dis-je d'une voix enrouée.

Savannah hoche la tête, respectant ma décision sans poser de questions. Elle attrape un couteau de cuisine sur le meuble près de la porte et me le tend. Je prends l'objet, mes doigts encore tremblants, et m'agenouille devant le premier carton.

Le scotch résiste un peu avant de céder dans un bruit sec. L'odeur qui s'échappe aussitôt est celle de mon ancienne maison : un mélange de bois, de papier et cette odeur de lavande que ma mère adorait vaporiser partout. Mon souffle s'accélère. Tout revient d'un coup, trop fort, trop rapide.

Savannah reste près de moi, silencieuse, comme un ancrage.

Je soulève lentement le couvercle. Le premier objet que je vois est une étole en soie, délicatement pliée. Je la reconnais immédiatement. C'était à ma mère. Elle la portait tout le temps. Mais surtout, lorsque j'étais malade, elle me l'enroulait autour des épaules, me disant que son odeur me protégerait.

Mes doigts effleurent le tissu, doux et fragile. Une vague de chaleur mêlée de douleur m'envahit. Je serre l'étole contre moi, fermant les yeux. L'odeur est toujours là, légère mais suffisante pour réveiller des souvenirs que je pensais avoir oubliés.

Savannah s'accroupit à côté de moi, posant une main sur mon épaule. Elle ne dit rien, mais sa présence suffit.

Sous l'étole se trouvent des albums photos, des livres usés aux couvertures cornées, et d'autres petits objets que je n'ai pas encore la force de regarder. Mon regard s'arrête sur un carnet, son cuir vieilli portant les marques d'une utilisation fréquente. Je le reconnais : c'était le journal de ma mère. Je ne savais pas qu'elle l'avait gardé.

Je le prends avec précaution, mes mains tremblantes. Savannah me regarde, son sourire léger, presque mélancolique.

— Elle écrivait toujours dedans, dit-elle doucement. Surtout quand elle voulait se rappeler des choses importantes.

Je hoche la tête, incapable de parler. J'ouvre le carnet à une page au hasard. L'écriture familière de ma mère danse sur le papier, élégante et serrée. Les mots semblent s'adresser directement à moi, même si je sais qu'ils ne le font pas.

"Aujourd'hui, Dawn est revenue de l'école avec un sourire radieux, les joues rouges de froid mais les yeux pétillants. Elle m'a tendu une feuille pleine de ses dessins – de simples gribouillages, disait-elle, mais je n'en crois pas un mot. Chaque trait avait un sens, une intention, une petite partie d'elle-même. Elle ne se rend pas compte à quel point elle est douée, à quel point elle voit le monde différemment. Parfois, je l'observe, et je me demande comment quelqu'un d'aussi jeune peut déjà porter en elle une telle lumière. Elle ne le sait pas encore, mais cette lumière, c'est sa force. Elle est mon miracle."

Mes doigts tremblent, et les larmes reviennent, silencieuses. Savannah, assise près de moi, observe en silence. Elle me laisse lire, me laisse ressentir. Ses yeux brillent aussi, mais elle ne dit rien, respectant ce moment.

Je referme le carnet, le gardant précieusement contre ma poitrine.

— Elle t'aimait tellement, murmure Savannah, sa voix brisée par l'émotion. Tu n'as pas à tout porter seule, Dawn. Elle aurait voulu que tu sois heureuse, pas que tu t'enfermes dans ta douleur.

Ses mots franchissent les barrières que j'avais érigées depuis des mois. Je me tourne vers elle, et cette fois, je l'étreins. Je ne dis rien, mais elle comprend. Elle me tient comme si elle recollait chaque morceau brisé en moi.

Je reste un moment dans les bras de Savannah, mon souffle irrégulier, mais mon cœur un peu plus léger. Ses mains me serrent avec une douceur qui me rappelle que je ne suis pas seule. Pas vraiment. Je finis par m'écarter, essuyant mes joues du revers de ma manche. Elle me tend un mouchoir, un sourire en coin.

— Tu sais, les manches, c'est pratique, mais pas très efficace, plaisante-t-elle doucement.

Je souris malgré moi, un sourire qui me surprend. Cela fait si longtemps que je ne l'ai pas ressenti : une légèreté, même infime, même fragile.

— Merci, murmuré-je.

Elle incline la tête, respectant le poids de ce mot. Savannah récupère les albums photos et les pose délicatement sur la table basse. Son mouvement est calculé, presque cérémonieux.

— Si tu veux, on peut regarder ça ensemble, propose-t-elle.

Je hoche la tête, mais pas tout de suite. Mon regard revient sur l'étole que je tiens toujours. Je la ramène contre moi, me noyant dans son odeur apaisante. Un symbole. Pas une simple étoffe, mais un lien tangible avec ma mère.

— Tu sais... commence Savannah, hésitante. Ta mère et moi, on n'avait pas toujours une relation facile. Elle était si... indépendante. Elle voulait tout faire toute seule, tout porter. Et moi, je voulais qu'elle partage plus, qu'elle m'autorise à l'aider. Elle n'a jamais vraiment su comment. Mais je crois qu'elle s'est toujours dit que toi, tu apprendrais à faire autrement.

Je lève les yeux vers elle, surprise par sa sincérité.

— Tu n'as pas à être comme elle, Dawn. Ce n'est pas une faiblesse de s'appuyer sur quelqu'un. Moi, je suis là.

Ses mots touchent une corde sensible, et je sens une nouvelle vague d'émotions monter en moi. Mais cette fois, elles ne m'effondrent pas. Elles m'apaisent. Je respire profondément, comme si un poids quittait mes épaules.

— Merci, Savannah. Vraiment.

Elle se contente de me sourire, avant de se lever pour se diriger vers la cuisine.

— Je vais faire du thé. Je crois qu'on a mérité une pause.

Je la regarde s'éloigner, ses pas légers résonnant sur le parquet. Mon regard revient sur les cartons autour de moi. Il reste tant de choses à découvrir, tant de morceaux de mon passé à recoller. Mais pour la première fois, cela ne m'effraie plus autant. Je peux avancer, un pas à la fois.

Je prends l'album photo posé sur la table et l'ouvre doucement. Les pages craquent sous mes doigts, dévoilant des images figées dans le temps. Ma mère, souriante, me tenant dans ses bras quand j'étais bébé. Mon père, maladroit, essayant de me faire rire avec une grimace. Une larme roule sur ma joue, mais cette fois, elle ne fait pas mal.

Savannah revient avec deux tasses fumantes et s'assied à côté de moi. Elle tend une tasse, et je la prends avec reconnaissance. Nous passons le reste de la matinée à regarder les photos, partageant des souvenirs, des rires, et parfois des silences chargés de nostalgie.

Pour la première fois depuis longtemps, le silence dans cette maison ne me semble plus oppressant. Il est doux, presque réconfortant. Une promesse que, peut-être, les choses peuvent s'arranger. Pas tout de suite, pas facilement. Mais avec le temps.

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