Dawn

L'explosion secoue l'église, une onde de choc brute et implacable. Les ombres de Nox éclatent en fragments, se dispersant dans l'air comme des éclats de nuit déchirée. Sa silhouette vacille au centre de ce chaos, son corps ployant sous l'assaut des Gardiens et de Seth.

— Nox ! hurlé-je, ma voix se brisant sous le poids de ma propre panique.

Je m'élance vers lui, mais la lumière qui m'entoure vacille, écrasée par l'énergie noire et glaciale qui emplit l'espace. Chaque pas que je fais est un combat, chaque battement de mon cœur une lutte pour ne pas flancher.

— Dawn ! reste où tu es ! gronde Nox, sa voix vibrante d'une force désespérée.

Il se retourne légèrement, juste assez pour croiser mon regard. Ses yeux dorés, brûlants d'une intensité presque insoutenable, me transpercent.

— Je ne peux pas ! crié-je, mes mains tendues vers lui. Je ne peux pas te laisser faire ça !

— Tu n'as pas le choix, murmure-t-il, un sourire triste effleurant ses lèvres.

Les Gardiens s'avancent à nouveau, leur présence écrasante emplissant l'air d'une gravité oppressante.

— Isis..., résonne leur murmure dans l'église. Tu es l'équilibre. Accepte-le.

— Non ! Je ne suis pas Isis ! Je suis Dawn ! hurlé-je, ma lumière éclatant dans une vague dorée.

Mais cette fois, elle ne suffit pas. L'énergie des Gardiens se contracte, se densifie, et je sens leur jugement peser sur moi, implacable.

C'est alors que Nox frappe.

Il s'élance, ses ombres déferlant sur les Gardiens avec une force brutale.

— Vous ne l'aurez pas ! rugit-il, sa voix résonnant comme un coup de tonnerre.

Son énergie s'enroule autour d'eux, les repoussant, les déstabilisant. Mais je vois la tension dans son corps, le poids écrasant qu'il porte.

— Arrête ! crié-je, ma lumière vacillant sous l'intensité de ma colère.

Mais il ne m'écoute pas. Ses ombres se tordent, se brisent, et à chaque attaque, je vois un morceau de lui s'éroder.

Seth, en arrière-plan, observe la scène, un sourire déformé sur le visage.

— Pathétique, murmure-t-il. Toujours le héros tragique.

Il lève une main, et une vague d'énergie noire jaillit, s'écrasant sur Nox.

— Nox ! hurlé-je, mes jambes se dérobant sous moi.

Il vacille, ses ombres se dissipant légèrement. Mais il se redresse, ses yeux brûlant d'une détermination féroce.

— Dawn, murmure-t-il, sa voix rauque. C'est à toi de finir ça.

Ses mots me frappent comme un coup de poignard.

— Non ! crié-je, ma lumière éclatant à nouveau. Pas comme ça !

Mais il ne m'écoute pas.

Nox

Je sens mon corps céder, chaque fibre de mon être brûlant sous l'assaut des Gardiens et de Seth. Mais je tiens bon. Pour elle.

Dawn.

Elle brille comme une étoile, sa lumière éclatant dans l'obscurité comme un phare dans la nuit. Mais je sais qu'elle ne pourra pas le faire si je ne fais pas ce qui doit être fait.

— Je t'aime, Dawn, murmuré-je, ma voix se perdant dans le tumulte.

Je me tourne vers Seth, son sourire tordu m'accueillant.

— Alors viens, Nox, grogne-t-il. Finissons-en.

Je rassemble mes ombres une dernière fois, leur énergie grondant autour de moi comme une tempête.

— Pour elle, dis-je, ma voix emplie d'une gravité que même Seth ne peut ignorer.

Puis je frappe.

Dawn

L'impact de l'explosion me projette en arrière, ma lumière vacillant sous l'assaut. Je tombe à genoux, mes mains tremblantes.

— Nox ! hurlé-je, mais ma voix se perd dans le chaos.

Quand la poussière retombe, il est là.

Son corps est agenouillé, immobile, ses ombres dissipées.

— Non..., murmuré-je, mes jambes cédant sous moi.

Je rampe vers lui, chaque mouvement me coûtant un effort immense.

— Nox, murmuré-je, ma voix tremblante. Non, s'il te plaît...

Je prends son visage entre mes mains, sa peau glacée sous mes doigts.

— Dawn..., murmure-t-il, sa voix à peine audible.

Ses yeux, ces yeux dorés que j'aimais tant, se fixent sur moi une dernière fois.

— Je t'aime, chuchote-t-il, un sourire léger effleurant ses lèvres. Pour toujours.

Puis son regard se vide, et son corps s'effondre dans mes bras.

Un hurlement s'échappe de ma gorge, brut, primal. Ma lumière éclate autour de moi, une vague d'énergie incontrôlable qui balaie tout sur son passage.

Et alors, je sens quelque chose en moi se briser.

La lumière dorée gronde dans mes veines, comme un torrent prêt à tout balayer. Chaque battement de mon cœur est une déflagration, chaque inspiration, un écho qui semble vibrer dans l'église entière. Mais ce n'est plus seulement mon souffle. C'est celui de Nox qui s'est tu. Et avec son silence, quelque chose en moi se déchire.

Je tombe à genoux, incapable de soutenir le poids écrasant de son absence. Mes mains tremblent, et quand je les regarde, elles brillent d'une lumière si vive que je ne peux plus discerner où commence ma peau et où finit cette énergie brute. Une partie de moi veut se recroqueviller, s'éteindre. Mais une autre... Une autre hurle.

Seth rit, un son creux, sans vie, mais chargé d'une satisfaction malsaine.

— Alors c'est ça, Dawn ? susurre-t-il, ses yeux brillants d'une lueur affamée. Enfin... tu commences à comprendre.

Je relève la tête, lentement, mes yeux se posant sur lui. Ce n'est pas du désespoir qu'il voit dans mon regard, et il le sait. Sa mâchoire se crispe, et son sourire vacille une fraction de seconde.

— Ne parle pas de lui, sifflé-je, ma voix déchirant le silence comme une lame.

Seth recule légèrement, mais il retrouve vite son aplomb. Il tend une main, son énergie noire ondulant autour de lui comme une marée montante.

— C'était inévitable, Dawn. Nox ne pouvait pas survivre. Il était un poids. Un frein. Il ne t'aurait jamais laissée être... ce que tu es censée devenir.

Je sens la colère monter en moi, mais elle n'est pas seule. Elle s'accompagne d'une certitude brûlante, une vérité qui explose à travers mes pensées. Seth ne contrôle rien. Il n'a jamais contrôlé que sa propre illusion.

— Tu ne sais rien de lui, dis-je, mes mots plus calmes, mais chargés d'une puissance froide.

La lumière dorée autour de moi vacille, mais cette fois, ce n'est pas une hésitation. C'est un avertissement. Seth semble le sentir. Son sourire s'efface lentement, remplacé par une méfiance qu'il ne parvient pas à masquer.

— Dawn, tente-t-il, sa voix se faisant plus douce, plus persuasive. Nous avons traversé tant de choses, toi et moi. N'oublie pas... C'est moi qui ai toujours été là. C'est moi qui ai...

— Non, coupé-je, ma voix montant. Tu as toujours été là, oui, mais pas pour moi. Pour toi. Pour nourrir ta propre obsession.

Seth vacille, ses doigts tremblant légèrement. Il ne s'y attendait pas, à cette vérité. Pas dans ma voix. Pas maintenant.

La lumière en moi s'amplifie. Elle devient plus qu'un éclat : une vague, un ouragan qui fait vibrer l'air autour de nous. Les murs fissurés de l'église craquent sous la pression. Et pourtant, je ne ressens aucune peur. Juste cette colère froide et brûlante, cette résolution que rien ne pourra briser.

— Tu veux que je sois Isis, grogné-je, mon regard planté dans le sien. Mais je ne suis pas Isis. Je ne suis pas une clé, ni un outil, ni un trophée. Je suis Dawn. Et je ne t'appartiens pas.

Seth recule, ses traits déformés par une colère et une peur qu'il ne peut plus dissimuler.

— Tu ne comprends pas ! hurle-t-il, son énergie noire éclatant autour de lui. Sans moi, tu n'es rien ! Tu n'as aucune idée de ce que tu es vraiment !

— Et toi, Seth ? demandé-je, ma lumière explosant autour de moi comme une marée. Tu es quoi, toi ? Une ombre ? Un écho ? Une erreur ?

Ses traits se figent, sa rage se transformant en une haine viscérale. Il tend les mains, et une vague d'énergie noire jaillit, fonçant droit sur moi. Mais cette fois, je ne recule pas.

Je lève mes mains, et la lumière dorée en moi éclate. L'impact de nos énergies emplit l'église d'un fracas assourdissant, fissurant le sol et projetant des éclats de pierre dans toutes les directions. Mais je ne vacille pas. Pas cette fois.

— Je ne suis pas ton jouet, Seth, crié-je, ma voix résonnant dans l'espace. Et je ne suis pas ton obsession.

La lumière autour de moi s'intensifie, transformant l'église en un brasier doré. Seth hurle, son énergie noire se repliant sous la pression. Mais il ne renonce pas. Il ne renoncera jamais.

— Tu crois que ça suffit ? crache-t-il, ses yeux brûlant de rage. Tu crois que ta lumière peut briser ce que j'ai construit ?

Je ne réponds pas. Pas avec des mots. Ma lumière parle pour moi. Elle jaillit, s'enroule autour de lui, repousse son énergie comme si elle n'était rien. Seth vacille, puis tombe à genoux, ses mains tendues comme pour se protéger.

— Dawn... murmure-t-il, sa voix tremblante. Tu ne comprends pas... Sans moi... Sans moi, tu es perdue.

Je m'avance lentement, mes pas résonnant sur le sol fissuré. La lumière en moi brûle de plus en plus fort, si intense que même les ombres semblent s'effacer.

— Non, Seth, dis-je doucement, mais fermement. C'est toi qui es perdu. Pas moi.

Et alors, je lâche prise. La lumière éclate dans une explosion massive, repoussant Seth avec une force écrasante. Son hurlement se perd dans le chaos, son corps emporté dans une vague dorée qui déchire tout sur son passage.

La lumière m'entoure, me porte, me libère. Et dans cet instant, je comprends enfin. Ce n'est pas une malédiction. Ce n'est pas une cage. C'est moi. C'est ce que j'ai toujours été.

Je ferme les yeux, laissant cette vérité m'envelopper. Et quand je les rouvre, l'église n'est plus qu'un champ de lumière.

Le monde autour de moi vacille. Ce n'est plus seulement une église brisée par le poids des siècles et des batailles ; c'est une arène, un champ de forces primordiales s'entrechoquant dans un chaos incandescent. La lumière dorée explose autour de moi, et je ne peux plus distinguer où elle finit et où je commence.

Seth hurle quelque chose, mais ses mots se perdent dans le tumulte. Son énergie noire se tord et se replie comme une bête acculée, cherchant désespérément à survivre. Mais je ne lui laisse aucune chance. Pas cette fois.

Je lève les mains, et la lumière jaillit comme un raz-de-marée, écrasant tout sur son passage. Seth recule encore, ses mouvements désordonnés trahissant sa panique. Son masque de contrôle, si solidement fixé pendant des siècles, se fissure. Et sous cette façade, je vois enfin la vérité : il a peur.

— Dawn ! hurle-t-il, son ton suppliant. Arrête ! Tu ne comprends pas ce que tu fais !

Je m'avance, mes pas résonnant comme des tambours de guerre sur le sol brisé. La lumière danse autour de moi, vivante, brûlante, irrépressible.

— Je comprends parfaitement, Seth, dis-je, ma voix vibrante de certitude. Je mets fin à tout ça.

Sa mâchoire se crispe, et il tente une dernière fois de se redresser. Mais l'énergie dorée le repousse, chaque tentative de riposte se brisant contre une force qu'il ne peut plus contenir.

— Ce n'est pas comme ça que ça devait finir ! hurle-t-il, sa voix déformée par la rage et la peur. Nous devions être ensemble ! Tu devais...

Je ne lui laisse pas finir. Une vague lumineuse jaillit de moi, coupant ses mots et son souffle. Il vacille, ses genoux frappant le sol avec un bruit sourd. Sa silhouette s'efface lentement, son énergie noire se dissolvant dans l'air comme de la fumée.

Et alors, dans cet instant suspendu, je vois autre chose. Pas l'homme obsédé qui m'a manipulée et tourmentée à travers les âges, mais un être brisé, consumé par sa propre folie.

— Je t'ai aimée, murmure-t-il, ses mots à peine audibles.

Je serre les poings, mes bras tremblant sous le poids de ma colère et de ma tristesse. Ce n'est pas de l'amour. Ça n'a jamais été de l'amour.

— Je suis désolée, Seth, dis-je doucement. Mais ce n'est pas toi qui m'as aimée. C'est toi qui m'as enfermée.

Je ferme les yeux et laisse la lumière s'intensifier une dernière fois. Un éclat aveuglant emplit l'église, suivi d'un silence absolu. Lorsque j'ouvre les yeux, Seth n'est plus là. Il ne reste qu'un vide où il se tenait, et une paix étrange s'installe en moi.

Mais ce n'est pas fini.

Le sol tremble sous mes pieds, et une fissure serpente le long des murs. Les runes gravées dans la pierre scintillent, mais leur éclat vacille. Je lève les yeux, et pour la première fois, je sens le purgatoire lui-même s'effriter. Les Gardiens. Ils sont toujours là.

Leur présence écrasante m'enveloppe, leurs silhouettes immenses vacillant dans l'air saturé de lumière. Ils avancent, leur énergie froide comme une lame, mais ils n'attaquent pas. Pas encore. Ils attendent.

— Isis... murmure une voix désincarnée, résonnant directement dans mon esprit.

Je secoue la tête, mes poings serrés. Je ne suis pas Isis. Mais je ne suis plus simplement Dawn non plus. Je suis les deux. Et je suis bien plus que ce qu'ils veulent me réduire à être.

— C'est fini, dis-je, ma voix résonnant dans l'église comme un écho infini. Vous ne me contrôlerez pas. Vous ne contrôlerez plus personne.

Les Gardiens hésitent, leurs formes se déformant légèrement, comme s'ils ressentaient une hésitation qu'ils ne comprennent pas. Leur énergie oscille, et je sais que c'est le moment. Le moment où tout peut basculer.

Je ferme les yeux, laissant la lumière en moi s'amplifier une dernière fois. Je ressens tout. Chaque vie que j'ai vécue. Chaque sacrifice. Chaque perte. Et au centre de tout, une vérité éclatante : je ne suis pas un outil, ni une clé. Je suis le changement.

— Vous voulez l'équilibre, murmuré-je, ma voix emplie d'une certitude absolue. Alors regardez-moi.

La lumière explose, s'élevant comme un soleil naissant. Elle engloutit tout, le purgatoire, les ombres, les Gardiens eux-mêmes. Je ne vois plus rien, mais je ressens tout. Leur présence, leur jugement, leur hésitation... et finalement, leur capitulation.

Une chaleur douce m'envahit, et je sais que c'est la fin. Pas seulement de ce combat, mais de ce cycle. De cette boucle infinie de douleur et de sacrifice.

Et alors, tout s'efface.

Je me tiens dans un vide infini, baigné d'une lumière douce et apaisante. Autour de moi, le monde semble suspendu. Il n'y a plus de douleur. Plus de colère. Juste une paix que je n'ai jamais connue.

Et puis, doucement, une silhouette émerge de la lumière.

Nox.

Son visage est calme, ses traits marqués par une fatigue infinie, mais ses yeux brillent d'une tendresse que je n'oublierai jamais. Il s'approche, et je sens mon cœur se serrer.

— Nox... murmuré-je, ma voix brisée.

Il hoche la tête, un sourire triste effleurant ses lèvres.

— Tu as réussi, Dawn, dit-il doucement. Tu as tout changé.

Je veux lui répondre, mais les mots se coincent dans ma gorge. Il tend une main, et je sens ses doigts effleurer les miens.

— Tu dois continuer, murmure-t-il. Sans moi.

— Non, dis-je, ma voix tremblant. Pas sans toi.

Il sourit à nouveau, mais cette fois, ses yeux brillent de larmes.

— Tu es plus forte que tu ne le penses, Dawn. Et tu n'es pas seule. Pas vraiment.

Avant que je ne puisse répondre, il recule, sa silhouette se dissolvant dans la lumière. Je tends la main pour le retenir, mais il disparaît, et avec lui, le vide autour de moi s'efface.

Lorsque j'ouvre les yeux, je suis allongée sur le sol froid de l'église. Les murs fissurés sont calmes, les ombres dissipées. Il n'y a plus de Gardiens. Plus de Seth. Seulement moi.

Et un silence écrasant.

Je regarde autour de moi, espérant voir son visage, entendre sa voix. Mais il n'est pas là. Il ne sera plus jamais là.

Une larme glisse le long de ma joue, et je la laisse tomber, silencieuse, sur le sol. Puis, lentement, je me lève, mon corps tremblant, mais intact. La lumière en moi est toujours là, douce et apaisante, comme un rappel de ce que j'ai accompli.

Mais à quel prix.

Je prends une profonde inspiration et me dirige vers la sortie de l'église. Chaque pas est un effort, mais je continue. Parce que je le dois. Parce que c'est ce qu'il aurait voulu.

Parce que je suis Isis. Et je suis libre.