Chapitre 37
Nox
Le silence dans l'atelier n'est troublé que par le froissement délicat des pinceaux sur la céramique usée, les murmures des étudiants échangeant des observations, et le grattement léger des crayons annotant des schémas sur des carnets. La lumière douce, filtrée par les hautes fenêtres, éclaire les tables encombrées d'outils, de pots de colle, et de fragments d'objets antiques. Chaque détail du lieu respire une tranquillité que je devrais trouver apaisante. Mais je ne peux pas.
— Faites attention à la pression du pinceau, lancé-je d'un ton neutre. La moindre erreur peut endommager la structure et compromettre tout le travail.
Les étudiants lèvent brièvement les yeux vers moi avant de se replonger dans leurs tâches. Je déambule lentement entre les tables, mes mains jointes derrière mon dos. Je devrais être concentré, vigilant, mais chaque fibre de mon être est tendue vers un point précis de la pièce. Là où ils sont.
Dawn et Seth.
Ils partagent la même table, leurs épaules se frôlant. Elle est penchée sur un morceau de vase ancien, ses doigts fins manipulant un petit outil avec une précision qui devrait me remplir de fierté. Mais tout ce que je ressens, c'est une tension insupportable. Lui, de son côté, semble bien plus intéressé par elle que par la restauration. Il chuchote quelque chose à son oreille, et je vois ses lèvres s'étirer en un sourire. Un sourire qu'elle lui rend, éclatant, sincère. Cela me déchire.
Mon regard s'attarde sur sa main, qui repose un peu trop près de celle de Dawn. Chaque fois qu'il bouge, chaque fois qu'il l'effleure, une colère sourde monte en moi, incontrôlable. Je serre les dents, refusant de céder à l'impulsion de les séparer. Je ne suis pas un adolescent jaloux. Je suis leur professeur. Je suis censé être au-dessus de tout cela.
— Seth, fais attention à ton mouvement, dis-je finalement, ma voix plus sèche que je ne l'aurais voulu. Ce vase date de l'époque hellénistique. Tu voudrais être responsable de sa destruction ?
Il relève la tête, ses yeux pétillants de malice. Il sait. Il sait exactement ce qu'il fait.
— Bien sûr, professeur, répond-il avec ce sourire insolent. Mais je pense que Dawn est plus compétente que moi. Je devrais peut-être lui laisser tout le mérite.
Dawn rit légèrement, et ce son, si rare, si beau, m'écorche. Je détourne les yeux, m'éloignant avant que ma façade ne se fissure. Je m'arrête à la table voisine, corrigeant distraitement la position d'un outil, mais mon attention reste focalisée sur eux. Chaque murmure, chaque geste entre eux est une lame qui s'enfonce un peu plus profondément.
Je passe une main sur ma nuque, luttant pour reprendre le contrôle. C'est ridicule. Je ne devrais pas ressentir ça. Pas ici, pas maintenant. Mais je suis incapable de m'en empêcher. Parce que tout ce que je vois, c'est lui qui envahit son espace, sa vie. Et tout ce que je ressens, c'est que je suis en train de la perdre.
Je reprends ma marche, tentant de concentrer mon attention sur les autres étudiants, mais ma volonté vacille à chaque éclat de rire venant de leur table. Le cours devrait être une bulle de calme, un espace où le bruit extérieur du monde n'a pas sa place. Mais aujourd'hui, chaque son semble amplifié, chaque murmure une agression.
Je les observe du coin de l'œil, dissimulant mon trouble derrière une apparente nonchalance. Seth s'approche un peu plus de Dawn, se penchant pour murmurer quelque chose à son oreille. Elle sourit, un sourire qui illumine son visage, et quelque chose en moi se brise. Une mèche de ses cheveux tombe sur son visage, et il tend la main pour la replacer derrière son oreille, un geste si intime qu'il semble se moquer de ma présence.
Mon poing se serre involontairement, et je détourne les yeux, fixant une étagère poussiéreuse dans un coin de la pièce. L'envie de le faire disparaître de ce tableau idyllique est presque écrasante. Mais je ne peux rien faire. Pas ici. Pas devant tous ces regards.
— Professeur Iskander ?
La voix hésitante d'une étudiante m'arrache à mes pensées. Je me tourne vers elle, m'efforçant d'adopter un ton neutre.
— Oui, Hazel ?
Elle me montre une fissure sur un fragment de poterie.
— Je voulais savoir si je devrais utiliser une résine plus fine pour éviter que la structure ne cède... ou si une colle à base de cire serait mieux adaptée ?
Je prends une inspiration profonde, m'agrippant à cette distraction pour garder le contrôle.
— La résine est trop rigide pour un objet aussi fragile, dis-je calmement. Utilisez une cire souple. Elle permettra une certaine flexibilité sans endommager davantage la pièce.
Elle hoche la tête avec reconnaissance, mais je sens son regard linger un peu trop longtemps sur moi, comme si elle percevait une faille dans mon masque. Je me détourne rapidement, retournant à mon cheminement habituel entre les tables.
Mais ma trajectoire me ramène inexorablement vers eux.
Je fais semblant d'ajuster une lampe au-dessus de leur espace de travail, mais je ne peux m'empêcher de remarquer chaque détail. La manière dont Dawn incline légèrement la tête vers Seth lorsqu'il parle. La façon dont ses doigts frôlent les siens lorsqu'il lui tend un outil. Le regard qu'il lui lance, mi-taquin, mi-attentif, et qui me donne envie de l'arracher à cet instant.
— Dawn, ne presse pas trop sur la surface, dis-je, ma voix plus sèche que je ne l'aurais voulu. Tu risques d'effacer des détails importants.
Elle sursaute légèrement, levant les yeux vers moi, ses sourcils se fronçant.
— Je sais ce que je fais, réplique-t-elle, une note de défi dans la voix.
Je serre les dents, retenant une réponse acerbe. Mais Seth, bien sûr, ne peut pas s'empêcher de jeter de l'huile sur le feu.
— Ne vous inquiétez pas, professeur, Dawn est parfaitement capable, dit-il avec un sourire en coin. Peut-être même plus que certains ici.
Son ton est léger, presque innocent, mais le regard qu'il me lance est un défi clair. Il sait exactement où frapper.
Je me redresse, croisant les bras sur ma poitrine, et je le fixe un moment, assez longtemps pour qu'il détourne les yeux. Mais le sourire satisfait qu'il adresse à Dawn me donne envie de renverser la table.
— Très bien, continué-je d'un ton tranchant. Si tout le monde est si compétent, je suppose que je peux me taire.
Un silence gênant s'installe à leur table, mais je n'en ressens aucune satisfaction. Mon regard dérive à nouveau vers Dawn, qui évite soigneusement de me regarder, son attention entièrement concentrée sur son travail. Quant à Seth, il semble presque jubiler.
La tension en moi monte, brûlante, étouffante. Je me détourne une fois de plus, mais je sais que je ne pourrai pas ignorer cette colère bien longtemps.
Je m'éloigne d'eux, faisant semblant de vérifier les autres tables, mais mes pensées s'accrochent à chaque éclat de rire de Seth, chaque murmure échangé entre eux. La tension qui bouillonne en moi atteint son paroxysme, et, comme à chaque fois que je suis au bord de l'explosion, il apparaît.
— Eh bien, Nox, quelle performance. Tu devrais vraiment considérer le théâtre comme une reconversion.
La voix de Khepri est un murmure sarcastique à mon oreille, invisible et inaudible pour tous les autres. Je serre la mâchoire, luttant pour ne pas lui répondre. Je sais qu'il attend cela, qu'il se nourrit de mes failles comme un charognard sur une carcasse encore tiède.
— Sérieusement, regarde-toi, poursuit-il en riant doucement. À quoi ça sert tout ce contrôle ? Elle est là, avec lui, et toi... tu fais semblant de ne pas mourir à l'intérieur.
Je pivote légèrement, évitant de croiser son regard éthéré qui se reflète pourtant dans une vitre. Khepri flotte près de l'étagère la plus éloignée, ses yeux brillant d'un amusement cruel.
— Tais-toi, murmuré-je entre mes dents, en passant près d'une table vide.
Mais bien sûr, il n'obéit jamais.
— Oh, Nox, tu es si prévisible. Tu sais qu'il joue avec toi, n'est-ce pas ? Ce Seth... il n'est pas seulement agaçant, il est calculateur. Regarde-le. Il connaît ton point faible, et il appuie dessus à chaque occasion. Et toi, tu restes là, comme un idiot.
Khepri glisse jusqu'à une lampe suspendue, ses traits déformés par la lumière. Ses mots s'infiltrent dans mon esprit, piquant là où ça fait mal.
— Peut-être que c'est ce qu'elle veut, murmure-t-il d'une voix plus douce, presque séductrice. Peut-être qu'elle en a assez de ton silence, de ta distance. Peut-être qu'elle préfère quelqu'un qui lui montre ce qu'il ressent.
Je me retourne brusquement, mes doigts crispés autour du bord d'une table. Une étudiante lève les yeux vers moi, surprise, et je réalise trop tard que mon expression a dû la troubler.
— Tout va bien, professeur ? demande-t-elle timidement.
Je fais un effort surhumain pour adoucir mes traits.
— Oui, tout va bien, dis-je, ma voix rauque. Continuez votre travail.
Elle hoche la tête, hésitant encore un instant, avant de baisser les yeux sur sa pièce de poterie. Je me redresse, inspirant profondément, et je sens la présence de Khepri revenir près de moi.
— Tu vois ? Même tes élèves remarquent que tu es à deux doigts de craquer, ricane-t-il. Alors, qu'est-ce que tu attends ? Tu vas te contenter de regarder Seth lui voler ce que tu veux vraiment ?
Je ferme les yeux une fraction de seconde, luttant contre l'envie de réagir. Mais ses mots trouvent leur chemin, comme toujours.
— Il va continuer, tu sais. Il ne s'arrêtera pas tant qu'il n'aura pas tout pris. Dawn, ses sourires, ses pensées... Tout.
Je tourne la tête vers leur table, et mes yeux tombent sur Seth, qui se penche à nouveau vers elle, une main posée négligemment sur le bord de sa chaise. Il murmure quelque chose, et elle rit, un éclat de lumière qui me coupe le souffle.
— Ce rire, ce sourire... Ils étaient pour toi, une fois, souffle Khepri, sa voix pleine d'un faux regret. Mais tu les as perdus. Et lui, il les prend, un par un.
Je serre les dents, mes poings se contractant involontairement. Les mots que je veux hurler restent coincés dans ma gorge, étouffés par cette rage impuissante qui menace de me dévorer.
Khepri sourit, satisfait. Il sait qu'il a gagné cette manche. Mais cette fois, je sens que je ne vais pas rester silencieux bien longtemps.
Je m'éloigne de la scène que Seth orchestre si bien. Chaque seconde passée à les observer m'érode un peu plus, comme de l'acide sur une pierre déjà fissurée. Mes pas me mènent vers l'une des étagères en bois sombre, où repose une pile de livres anciens. Mon refuge, mon échappatoire.
Mes doigts effleurent la tranche d'un volume aux pages jaunies, celui que j'ai feuilleté avant que le cours ne commence. Un livre ancien, relié de cuir, dont les mots en égyptien ancien dansent encore dans mon esprit. Je l'ai trouvé il y a quelques jours, enfoui parmi des manuscrits oubliés. Une partie de moi aurait voulu ne jamais ouvrir ce livre. Une autre s'accroche à son contenu comme à une planche de salut.
Un rituel. Un moyen de briser le cycle.
Je ferme les yeux, le poids de cette pensée m'écrasant. C'est un pari insensé, un acte désespéré. Mais n'est-ce pas exactement ce que je suis devenu ? Désespéré ? Le rituel exige un sacrifice, bien sûr. Tout rituel puissant en exige un. Et ce sacrifice, je le connais déjà. Moi.
Le livre était explicite : pour libérer une âme d'un cycle infini, pour briser une malédiction, il faut qu'une des âmes concernées s'efface totalement. Définitivement. Pas une mort ordinaire. Une disparition complète. Plus de résurrection. Plus de boucle.
— Tu réfléchis encore à ça, n'est-ce pas ? murmure Khepri à côté de moi, sa voix douce mais moqueuse.
Je ne réponds pas. Mon regard glisse sur les pages que je connais déjà par cœur, les instructions précises inscrites dans une langue morte. La complexité du rituel, ses risques, et cette lueur d'espoir trompeuse qu'il offre.
— Tu penses vraiment que ça fonctionnerait ? poursuit Khepri. Que tu pourrais la libérer sans qu'elle en paye le prix ? Quelle noble idée, vraiment. Mais... crois-tu vraiment qu'elle te pardonnerait ?
Je serre le livre entre mes mains, le poids physique égalant celui dans ma poitrine.
— Elle n'a pas besoin de me pardonner, murmuré-je, la voix rauque. Si elle est libre... c'est tout ce qui compte.
Khepri éclate de rire, un son qui résonne dans ma tête plus qu'autour de moi.
— Libre ? Oh, Nox. Tu penses qu'elle sera libre, mais regarde-la. Crois-tu qu'elle veuille de cette liberté ? Elle veut toi. Pas une vie sans toi.
Mes mains tremblent légèrement alors que je referme brusquement le livre. Khepri flotte à mes côtés, ses yeux brillants d'une curiosité malsaine.
— Alors, qu'est-ce que tu vas faire, Nox ? Sacrifier ta vie pour elle ? Encore ? Ou peut-être... regarder Seth prendre ta place pendant que tu te perds dans tes nobles dilemmes ?
Je range le livre dans l'étagère, le glissant entre deux volumes sans même le regarder. Ma mâchoire se serre, et je sens la colère monter, cette fois dirigée autant vers moi que vers tout ce qui m'entoure.
— Tais-toi, Khepri, dis-je doucement, mais ma voix trahit l'intensité de ma rage.
Mais Khepri ne se tait jamais. Sa voix est un écho constant, une présence omniprésente dans les recoins sombres de mon esprit. Et aujourd'hui, ses mots trouvent leur cible.
Je me retourne lentement vers la salle, mon regard tombant sur Dawn et Seth à nouveau. La vision de lui, son bras négligemment posé sur sa chaise, son sourire insolent, est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
Khepri ricane doucement à côté de moi.
— Alors, qu'est-ce que tu attends ? Fais-le. Confronte-le.
Et cette fois, je sais qu'il a raison.
Le tintement d'un stylo tombant sur le sol marque la fin du cours, un bruit insignifiant qui annonce la dispersion des étudiants. Les conversations éclatent, les chaises raclent le sol, et les sacs se referment. Tous se lèvent avec une énergie légère, insouciante. Tous, sauf moi.
Mon regard reste fixé sur Seth. Il est encore assis, penché vers Dawn. Je le vois murmurer quelque chose, et elle rit doucement, un son qui me transperce. Elle se lève, prête à partir, mais Seth lui attrape doucement le poignet. Un geste qui se veut tendre, peut-être, mais qui me semble provocant. Il se penche vers elle, et mes doigts se crispent contre le bord du bureau.
Et puis il l'embrasse. Pas un baiser rapide, pas une marque discrète d'affection. Non. C'est lent, presque possessif. Mes mâchoires se serrent, et je dois m'accrocher à ce bureau pour ne pas céder à l'élan violent qui monte en moi.
— Je t'attends dehors, bébé, dit-il avec un sourire, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde.
Bébé.
Le mot roule dans mon esprit, acide, corrosif. Dawn hoche la tête, encore rouge de l'intensité du moment. Elle passe près de moi, son sac sur l'épaule, et nos regards se croisent une seconde. Une seule. Je ne bouge pas, et elle détourne les yeux avant de sortir.
Seth reste assis, s'étirant comme un chat satisfait, avant de finalement se lever. Mais alors qu'il s'apprête à suivre Dawn, je parle enfin.
— Seth. Reste.
Ma voix est basse, mais elle coupe à travers le brouhaha restant. Il se fige, se retourne lentement, un sourcil levé.
— Oui, professeur ? demande-t-il avec ce ton légèrement moqueur qui me donne envie de l'étrangler.
— Je veux te parler. Cinq minutes.
Son sourire s'élargit, narquois, et il s'approche de mon bureau avec une nonchalance calculée. Il s'appuie contre le bord, croisant les bras, ses yeux brillants d'un éclat provocateur.
— Alors, que puis-je faire pour vous, professeur ?
Je reste debout, droit, les bras croisés, le regard plongé dans le sien. Chaque muscle de mon corps est tendu, mais je refuse de bouger, de céder à la rage qui bout sous ma peau.
— Tu joues un jeu dangereux, Seth, dis-je finalement, ma voix calme, mais tranchante.
Son sourire s'élargit encore, et il se penche légèrement vers moi.
— Je ne vois pas de quoi vous parlez, répond-il, faussement innocent.
— Ne me prends pas pour un imbécile, Seth. Tu sais exactement de quoi je parle.
Il rit doucement, un son qui me fait l'effet d'un coup de couteau. Il se redresse, croisant les bras sur son torse.
— Vous êtes tendu, professeur. Trop tendu. Est-ce que ça a quelque chose à voir avec Dawn, par hasard ?
Le simple fait qu'il ose prononcer son nom m'enrage. Mais je ne bouge pas. Pas encore.
— Écoute-moi bien, dis-je, ma voix baissant d'un ton. Tu peux jouer au petit ami parfait devant elle, mais je te vois. Je vois à travers toi.
Son sourire vacille une fraction de seconde. Une minuscule brèche dans son masque. Mais il se reprend rapidement, haussant les épaules avec désinvolture.
— Et qu'est-ce que vous voyez, exactement ? demande-t-il, son ton léger mais ses yeux soudain plus sombres.
— Quelqu'un qui ne veut pas son bien, dis-je, mes mots aussi tranchants qu'une lame. Quelqu'un qui joue un rôle.
Il se penche à nouveau, son sourire devenant presque cruel.
— Vous parlez de moi ou de vous, là ? Parce que, si vous voulez mon avis, professeur, vous êtes loin d'être un modèle de vertu.
Je sens ma mâchoire se contracter, mais je reste immobile. Son arrogance est insupportable, mais je ne lui donnerai pas la satisfaction de perdre le contrôle.
— Reste loin d'elle, Seth. C'est un avertissement.
Il rit à nouveau, mais cette fois, le son est plus amer. Il s'éloigne légèrement, levant les mains comme pour se rendre.
— Vous savez, c'est drôle. Vous me dites ça, mais je ne vois pas Dawn ici pour confirmer vos dires. Elle est partie, non ? Avec moi. Pas avec vous.
Je m'avance enfin, réduisant la distance entre nous. Nos regards se croisent, et cette fois, je ne cache pas la colère dans mes yeux.
— Si tu la blesses, Seth... commence-je, ma voix grondante.
— Vous ferez quoi ? m'interrompt-il, son ton devenant plus tranchant. Vous allez me frapper ? Me menacer avec vos petits secrets ? Allez-y. Mais Dawn ? Elle ne vous verra jamais comme vous voulez qu'elle vous voie. Parce qu'elle mérite mieux que... ça.
Il me désigne d'un geste vague, son sourire narquois toujours présent. Et cette fois, je sens le contrôle m'échapper. Je serre les poings, mais je me force à ne pas bouger. Il le voit, et il jubile.
— Vous êtes pathétique, professeur. Vraiment. Vous passez votre temps à la surveiller, à jouer les héros silencieux, mais à la fin, elle ne verra jamais autre chose qu'un homme cassé. Un homme qui la détruira.
Mes doigts se crispent encore plus, mais je ne cède pas. Pas cette fois. Il recule finalement, ramassant son sac avec une lenteur exagérée.
— Faites-moi confiance, professeur. Je prendrai soin d'elle. Peut-être pas comme vous le voudriez, mais au moins, elle sera heureuse.
Il me tourne le dos, prêt à partir, mais il se retourne une dernière fois, son regard brillant d'une lueur que je ne comprends pas.
— Vous devriez vraiment lâcher prise. Pour son bien. Et pour le vôtre.
Il sort enfin, me laissant seul dans la salle. Le silence qui s'installe est assourdissant, et je me sens vide, déchiré entre le désir de le suivre et celui de tout abandonner. Je ferme les yeux, tentant de retrouver un semblant de calme. Mais il n'y a pas de calme. Seulement le chaos.
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