Ils fuient. Pathétiques, maladroits, haletants. J'observe leur petite course désespérée, leurs silhouettes vacillantes comme des ombres brisées sous une lumière cruelle. Un cri déchire l'air, une supplique étouffée. L'un trébuche, un autre titube, les bras tendus comme pour s'accrocher à une bouée dans un océan de terreur. Quelle scène délicieuse.

Je reste immobile, caché dans l'ombre, savourant le spectacle. Chaque cri, chaque gémissement, chaque regard empli de terreur nourrit un feu bien agréable dans ma poitrine. Chaque battement frénétique de leur cœur résonne comme une symphonie. Une cacophonie de désespoir.

« Dawn... »

Toujours prête à se jeter dans les flammes pour protéger ses petits amis. Elle pense qu'elle peut tous les sauver. Mais elle oublie une règle essentielle du jeu : plus on protège, plus on s'expose. Son dévouement est une faiblesse criante.

Je plisse les yeux en voyant son visage se tordre de panique alors qu'elle tente de ramener tout ce petit monde en sécurité. Tyler, avec son arrogance creuse, hurle des ordres comme un homme qui veut convaincre, mais qui sait qu'il est perdu. Ava, fragile comme du verre, se raccroche à l'illusion de sécurité. Quant à Brielle... une poupée brisée, inutile, déjà prête à se rendre.

« Trois nouveaux pions sur l'échiquier... Comme c'est intéressant. »

Je penche légèrement la tête, les observant disparaître dans leur fuite chaotique. Ces trois-là ne sont pas comme elle. Ils sont faibles. Brisables. Mais c'est précisément ce qui les rend précieux. Plus on est de fous, plus le jeu devient amusant.

Et puis, il y a Nox. Ah, mon cher Nox. Tu serais presque touchant, si ta souffrance n'était pas si divertissante. Toujours à jouer les héros maudits, toujours à te sacrifier. Toujours à échouer. Et toujours pour elle. C'est presque romantique. Presque... pathétique.

« Mais tu sais comme moi que ça ne finit jamais bien, n'est-ce pas, Nox ? »

Je laisse échapper un rire silencieux, un souffle amusé qui se perd dans l'air vicié. Leurs efforts, leur courage, leur espoir... tout cela est vain. Ils ne font que retarder l'inévitable.

Les Gardiens ont échoué cette fois, c'est vrai. Mais ils ne sont qu'un outil, un rouage dans une machine bien plus grande. Moi, je joue à un niveau supérieur.

« Profitez de ce répit. Le jeu a ses règles, et je m'assure que personne n'en sortira indemne. »