Chapitre 45 Epilogue
Le Berlinois observait perplexe les différentes rangées de bibliothèques taillées en bois brut poussiéreux. Il traversa le passage entre deux d'entre elles pour observer de chaque côté les croisements de rayonnages poursuivant en parallèle. Il continua sur le second passage pour découvrir une similitude, mais plus courte.
— Les rangées de bibliothèques forment des carrés de plus en plus petits en partageant un même passage.
Matt l'ignorait en prenant le pendentif de Anne entre les doigts pour l'observer. Il représentait deux dragons entrelacés, un rouge et un blanc.
— D'où provient-il ?
— Un cadeau de Gecko, répondit la dame en chassant ses doigts d'un revers.
— Qui est Gecko ?
Elle le repoussa pour se coller contre la lourde porte. Ludwig amena Matt à l'écart.
— Gecko était un voleur d'antiquité. Ce pendentif doit être aussi onéreux qu'ancien. Viens, lui conseilla-t-il en approchant d'une bibliothèque.
Matt restait concentré sur Anne, mais ne pouvait partager sa tristesse. Il n'avait pas eu le temps de connaître son père.
— Ces sculptures proviennent de l'art gallois médiéval, remarqua Ludwig !
Il regarda la reliure d'un volumineux ouvrage nommé bataille de Llongborth qu'il retira de son emplacement pour le lire.
— C'est une copie datant d'au minimum deux, voir trois siècles aux vues...
— Connaissais-tu l'existence de ce lieu, le coupa Matt ?
— Non, il avait dû être enfoui sous le manoir à sa construction. Il doit être antérieur à la construction du château au sixième siècle !
Le Berlinois aperçut Anne marchant silencieusement dans le passage séparant chaque rangée de bibliothèques. Elle détourna le regard pour afficher les paupières fermées tout en croisant les doigts sur le pendentif luminescent. La fille du comte accéléra le pas pour bientôt se retrouver à mi-distance du centre. L'ombre de la fille du comte ne coïncidait ni dans ses proportions ni dans la silhouette plus masculine. Il supposa une erreur d'appréciation due à la fatigue !
— Où allez-vous, comtesse ?
Matt tenta de l'empoigner, mais fut violemment repoussé en arrière par une puissance inconnue.
— Putain, il se passe quoi Ludwig, s'exclama-t-il en le dévisageant ?
Un puissant flash de lumière inonda ce qui était en fait une immense grotte de cinquante mètres de haut pour deux cents de large. Ludwig découvrit que les bibliothèques extérieures se trouvaient à seulement un mètre du vide. Le rougeoiement en profondeur ressemblait à de la lave. La clarté se stabilisa pour permettre seulement la vision de l'intérieur des bibliothèques. Une odeur de soufre, de chair brûlée assaillirent leurs narines. Une respiration rauque résonna lourdement dans la grotte.
— Cet endroit ne peut exister, c'est impossible... suivons là !
Le Bordelais restait sur ses gardes, mais que pourrait-il y avoir de pire que les zombis ? Ils pressèrent le pas pour la rejoindre à quelques mètres d'un cube opaque de deux mètres. Anne toucha la paroi pour faire apparaître un vitrail en son centre, on discernait un moine baptisant un homme barbu genou à terre. Il était écrit au-dessous, Kentigern sur la gauche et Myrddin sur la droite !
Anne passa sa main au travers. Le paysage se disloqua, se craquela, se lézarda de mille couleurs. La dame commençait à apparaître au côté de l'homme agenouillé sur le vitrail. Matt tenta de l'agripper, mais ne palpait que du vide. Ludwig plongea sans hésitation dans le cube opaque pour prendre place sur le vitrail à demi voûté de la comtesse. Matt recula pour se figer en ressentant une présence dans son dos. La longue inspiration gonflant son veston présumait un lourd gabarit. Le léger reflet sur le cube le terrifia, il choisit la fuite. Il bondit en avant pour être aussitôt gravé sur le vitrail au côté de Anne, Ludwig, Kentigern et Myrddin. Un souffle chaud embrasa des livres, les bibliothèques.
La lourde porte d'entrée se fissurait par le tranchant d'une lame que le vitrail disparaissait dans un nuage s'évaporant.
FIN///
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