Chapitre 33 Héritage familial
Le comte discernait avec peine les mouvements. Il luttait pour rester les yeux ouverts, son organisme lui faisait défaut. Il entendait grognements, gémissements, altercation physique. Un corps le survola pour s'écraser contre le mur. Des craquements d'ossature, déchirures musculaires, boîtes crâniennes explosées démontraient un combat sans merci. On assurait avec certitude sa sécurité, mais qui ? Il avait cru avoir entendu la voix de sa fille, mais sa présence en Italie l'empêchait. Son esprit lui jouait des tours !
Il sentait son esprit défaillir, sa température baissée, son cœur ralentir. Était-ce la fin ?
Une silhouette s'agenouilla pour lui planter une aiguille dans le cœur. Les battements cardiaques accélèrent démesurément pour battre la chamade. Une poussée d'adrénaline le fit suffoquer en lui rendant le contrôle de son corps. Il se raidit pour stopper les tremblements de ses membres. Il essuya la bave dégoulinant de ses lèvres en découvrant l'identité de son visiteur.
- Vous êtes archaïque, père, la guerre a pris une autre tournure, le sermonna Anne en ayant fait remonter le masque au dessus de son visage !
Il agrippa fermement la nuque de sa fille pour approcher son visage.
- Attention fillette, ne mélanges pas sermon et déduction ?
Anne se pencha pour le baiser à la joue.
- Oui, père, moi aussi je suis contente de vous revoir !
- Que m'as-tu injecté ?
- Une poussée d'adrénaline, répondit-elle en l'empoignant.
Le comte retira sa main pour se rattraper à son épaule afin de ne pas trébucher. Il en profita pour dévisager sa fille avec rancœur.
- Que m'as-tu injecté ?
- De l'adrénochrome synthétique, simple oxydation de l'adrénaline !
Le comte relâcha sa fille pour fermer les paupières, puis fit demi-tour sans fournir la moindre explication.
- Père ? Père, s'exclama-t-elle en accélérant le pas !
Luciang prit appui sur le mur. Anne hésitait à le consulter, elle le connaissait suffisamment pour savoir lorsqu'il était souhaitable de se taire.
- Je réfléchis, cesse de me fixer !
- On n'apprend pas à un singe à faire des grimaces, regretta-t-elle aussitôt sa plaisanterie.
Il fit volte-face pour la dévisager avec colère.
- Pourquoi es-tu revenu en France ?
- J'ai délégué tout pouvoir à Gecko afin de revenir en Gironde.
- C'est une blague ? Il n'a aucune autorité pour te représenter.
- Ce n'est plus un louveteau, je l'ai éduqué, il a...
Le comte serra le poing de colère.
- Les guerres de territoire ne sont pas des jeux de maternelle, elles demandent une ténacité exemplaire.
- Dis le vaincu mis à terre, ironisa-t-elle en le fixant.
Luciang peinait à contrôler sa colère, il serra les poings pour calmer ses ardeurs.
- Tu n'es qu'un fanfaron, une imitation de clown de basse-cour.
- Attention fillette, tu vas trop loin.
- Tu ne fais peur qu'à toi-même. Tes serviteurs rient de toi, se moquent en silence.
Anne découvrit avec stupeur les griffes de son père à seulement quelques centimètres de son visage. Elle n'avait perçu aucun mouvement.
Luciang ne pouvait en supporter plus, une haine féroce obscurcissait son esprit. Il avait été à deux doigts de se jeter sur sa fille ! Les paupières du comte furent subitement prises de spasmes, le recoin de ses lèvres tremblait. Il frissonna subitement sur tout le corps. Des étincelles jaillirent des contours des yeux, des oreilles.
Luciang s'écroula comme un pantin désarticulé. Anne s'agenouilla aussitôt pour prendre la main de son père.
- Je suis désolé, il n'existait aucune autre solution pour enrayer la progression des morpius. Je devais te pousser à bout.
Le comte retira sa main pour pivoter à contre sens. Il se leva tout en lui tournant le dos.
- L'austérité bien ordonnée commence par soi-même !
- Père, je n'avais pas le choix !
- Le seul mauvais choix en est l'absence.
Elle agrippa son épaule pensive, mais relâcha l'étreinte. Il fit demi-tour pour lever la main. Elle ressentit avec surprise les doigts de son père sur sa joue.
- L'élève dépasse le maître !
- Sérieux ? Tu es sérieux, là, s'exclama-t-elle en balayant ses doigts ?
Luciang esquissa un sourire, tel père, telle fille ! Il détourna subitement le visage en entendant le vrombissement de moteur d'un véhicule de transport militaire.
- Et si nous prenions nos visiteurs en étau ?
- Êtes-vous en état, père ?
- Tu es là pour m'épauler ! N'est-ce pas ?
Elle acquiesça pour remonter la rue en courant.
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